NOMEANSNO (ca) - Le Point Ephémère à Paris (18/11/12)
Groupes Présents au concert : LE SINGE BLANC (FRA), NOMEANSNO (ca)
Date du Concert : dimanche 18 novembre 2012
Lieu du Concert : Le Point Ephémère (Paris, France)
Bon, j’aime ça, c’est vrai… Les concerts, la musique, voir des groupes, faire des tofs, suer en regardant les musiciens sur scène… Et en plus, ça me permet de découvrir des endroits que je n’aurais certainement jamais connus.
Prenez le Point Ephémère par exemple… Je ne connaissais pas cet endroit, et j’avoue que j’ai flashé… Un bar sympa aux prix attractifs, un personnel cool, et surtout, une salle d’expo étonnante, un restau, et bien sur une salle de concert… J’ai eu le sentiment de me retrouvé plongé des années en arrière, lorsque j’avais découvert Le Confort Moderne à Poitiers… Même ambiance conviviale, même DJ inspiré… Celui-ci hier soir a d’ailleurs eu le bon goût de nous attiser avec les RAMONES, IGGY, et autres vintage Punk candies… Une barquette de frites et un coca plus tard, me voici dans la salle, au pied de la scène que finissent par investir…
LE SINGE BLANC… Quel nom bizarre pour un trio qui ne l’est pas moins. Et ma découverte frenchie du soir a laissé une trace indélébile dans ma mémoire… Comme un rêve étrange dont on émerge sans vraiment savoir si on dormait ou pas… Les Messins, actifs depuis l’orée des années 2000 pratiquent un mélange homogène, résolument personnel, qui est extrêmement difficile à définir.
Deux chanteurs bassistes, un batteur, et le reste… Pour ceux qui ne connaissent pas et qui n’étaient pas là hier soir (mais où étiez vous, lâches ?), LE SINGE BLANC, c’est de l’équilibrisme entre l’absurde et le burlesque rythmique. C’est une rencontre improbable entre MORPHINE, John Zorn, NOMEANSNO bien sur, mais aussi Standard, Mike Patton, et j’en passe… C’est un exercice d’endurance rythmique, avec le langage codé de Christian Vander…Des cris, des borborygmes, des dissonances, mais surtout une performance hors du commun, qui laisse pantois… Car loin d’être rébarbatif, le mélange est transcendant, enivrant, et nous emporte haut, très haut… Aussi complémentaires que différents, les deux bassistes malmènent leur instrument, en hurlant, criant, gémissant, tandis que le batteur funambule cimente leur délire à grandes interventions risquées et pourtant assurées. C’est une chasse au dahu musicale, une communion de l’étrange, et en tout cas, plus qu’une mise en bouche, une expérience chamanique. Je suis resté collé, baba d’admiration devant ce B-A-BA de l’improbable, faisant face à des êtres qui n’avaient d’humains que le nom, et qui semblaient venir d’une planète exotique sur laquelle fleurissent les fleurs d’une autre vérité…Alors, certes, j’en conviens. Si vous n’entrez pas dans le délire, la porte vous attend au bout de deux morceaux. Mais lorsque les notes se font répétitives, que le percussionniste tente une performance sprintée sur la longueur d’un demi fond, la salle se transforme en champignonnière géante, et le trip se colore d’accords que l’on peut peindre sur des murs déjà témoins de bon nombres de performances passées. Une hallucination collective ? Peut être, mais qui laisse euphorique, et sans bad trip… Gagné les mecs, je suis fan. Je VEUX vous revoir. Et pas que pour ta barbe salement taillé monsieur le bassiste de gauche. (9/10)
NOMEANSNO... Merde, ça fait 27 ans déjà ?? Non, je ne peux pas le croire… En tout cas, trop longtemps depuis la tournée 0+2=1. Poitiers encore, et deux batteurs à l’époque. Et nous sommes encore là, chanceux de faire partie de votre fan base, de ce following qui ne vous trahira jamais. Vous êtes toujours là frères Wright, le cheveu définitivement blanc, mais la joie de jouer en bandoulière. Et tu peux te marrer Rob en montant sur scène, tu sais très bien ce qui va se passer… Après tout, tu es M.Wrong… Et pourtant ce soir, encore une fois, tu vas avoir tout juste. Tu as presque la soixantaine mon salaud, comme ton frère d’ailleurs vient d’avoir ses cinquante, mais tu ressembles encore à un jeune homme, prêt à dégainer une bonne vanne Jazz-Punk.
A tes côtés, M.Right bien sur, et aussi Tom, qui ressemble de plus en plus à Rémi des Musclés… Mais qu’est ce que tu en as a foutre, tu es le Robin Williams du Punk Jazz, tu vas encore incendier ta basse et ton micro, comme d’habitude… Et tu balances la sauce avec « The River », d’un album composé à deux, avec ton frangin, une fois le premier compère parti… Et justement, nous aussi nous sommes partis, mais partis dans VOTRE monde, celui que vous avez construit depuis la fin de ces putain d’années 70… Ca commence déjà à chauffer, mais tu blagues, tu souris, parce que ton groupe est sans doute la plus sérieuse plaisanterie à être sorti de ton Canada natal…
Et puis hop, cap sur le petit dernier avec « In Her Eyes »…et retour sur 0+2 avec « The Fall »… Merde, ça joue, mais ça on le sait déjà…Do we know the meaning of ? Mais évidemment les gars… John est presque à la limite de l’épiphanie, suinte, hurle, ferme les yeux et balance ses bras tentaculaires de tous les côtés, d’une frappe coulée qui laisse songeur… Mais merde quel batteur à la fin… Un des mes héros, et ce soir, je sais pourquoi, parce qu’il vit chacun de ses coups, parce que ses baguettes ne sont que l’extension de son cœur, et toi Rob, derrière ton micro, tu nous raconte tes histoires, avec ces mimiques qui te sont propres… Un clown surdoué, un passeur d’images, un conteur de son…Et au moment où résonne « Jubilation », on peut se dire qu’elle résume parfaitement notre relation n’est ce pas ?
Vous ignorez de quoi je parle ? Mes mots ne vous disent rien ? Mais NOMEANSNO… C’est un élastique qu’on se prend en pleine face, un délire rythmique hors du commun, ou TOUT est instrument…Ce sont des instrumentistes justement hors norme, capables de passer d’une note répétée à l’envie à un délire Free Jazz incontrôlable, et toujours avec le même plaisir…Pas de démonstration ici, c’est de la fumisterie, et les frangins savent depuis trop longtemps. C’est un bassiste/fabulateur, dans le sens premier du terme, c’est un batteur unique, au groove contagieux, qui vous colle la mâchoire inférieure au sol pendant quatre vingt dix minutes par sa dextérité, et un guitariste complètement hors du temps, véritable nerd tricoteur, qui délire dans son coin, avec sa vieille SG et ses lunettes de comptable.
Les longues digressions s’installent, et l’ambiance surchauffe, à la limite de l’implosion… Ca pogote comme à la bonne époque, et c’est bon enfant… Mais il est vrai que lorsqu’on entend pour la énième fois un truc comme « Obsessed », qu’on connaît déjà par cœur, on a qu’une envie, le partager, mentalement, physiquement et spirituellement… Sex Mad, c’était il y a vingt cinq ans… Les DESCENDENTS, Biafra, cette scène politiquement et socialement éveillée… On y revient toujours aux sources… Et puis, voir ces mecs qui se connaissent depuis si longtemps, qui se foutent du Biz’ comme de leur premier short, c’est authentique, ça ne s’invente pas…C’est violent bien sur, mais c’est rempli de tendresse…
Et puis « The Tower » je veux dire… C’est Wrong quoi ! Leur chef d’œuvre selon moi…Comme une marche vers un destin que nous partageons tous ce soir…Jeunes, vieux, hommes, femmes…Ca ne trompe pas, derrière moi j’avais un vieux keupon et une jeunette à lunettes d’à peine la vingtaine…Et qui dansaient !!! Et c’est vrai, vous n’avez pas joué « Big Dick », alors je vais passer pour un con, surtout auprès de mon copain Yves, mais nous achever sur « Oh No ! Bruno », c’est pareil… Les graines core sont toujours là, prêtes à éclore, encore et encore, pour une floraison intemporelle…On ne peut pas se tromper avec trois mecs pareils, qui se sont évadés d’un cartoon il y a déjà bien longtemps et qui n’ont plus d’âge, sauf celui de leur musique, toujours jeune…
Merde, je relis, et c’est tout sauf un live report ce truc…On dirait le journal intime d’un vieux quadra débile et nostalgique…Mais vous savez quoi ? Je m’en tape… Je ne peux pas avoir tort…Tous ceux qui étaient là vous le confirmeront. Nous nous sommes tous regardés, nous avions raison d’être venu, parce que c’est comme ça. Parce qu’il y a des rendez vous qu’on ne peut pas manquer. C’est ça qui nous reste parfois. Une sorte d’amour. L’amour de la musique, et de ceux qui la jouent. Pour nous. Pour eux.
Pour qu’on se sente moins seul. (10/10)
Ajouté : Lundi 26 Novembre 2012 Live Reporteur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Nomeansno website Hits: 12841
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