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THE OTHER HOLLYWOOD : L’histoire Du Porno Americain Par Ceux Qui L’ont Fait (2011)





Auteur : Legs McNeil, Jennifer Osborne
Traduction : Claire Debru
Langue : Français
Parution : 7 avril 2011
Maison d'édition Française : Editions Allia
Nombre de pages : 784
Genre : Démystification
Dimension : 17 x 22 cm
ISBN-10 : 2844853994
ISBN-13 : 9782844853998







Aujourd’hui, il est de bon ton si l’on est un magazine papier ou télévisuel de faire figurer dans ses reportages des allusions directes ou indirectes à l’industrie adulte du plaisir. Que l’on voit s’étaler sur nos écrans de télé des pétasses endimanchées toutes excitées à l’idée de participer à des réunions tupperware inondées de sex toys, ou de montrer à leur copine leur petit lapin coquin histoire d’être dans le vent, ou bien que les scénaristes utilisent les codes modernes de la pornographie pour mettre au point un scénario aussi indigent que ses acteurs sont incapables (Le pitoyable Hard de Canal, le plus sobre Xanadu d’Arte), le porno dit « chic » est partout, se vend, se lit, se montre, et devient, de fait, un lieu commun pas plus fascinant que l’underground tribal souillé par des pisseuses toutes fières de leur dernier piercing, ou de la dernier vague core à la mode aux USA, et dont le public est majoritairement constitué d’abrutis pré pubères, certains de toucher là à la quintessence de la rébellion adolescente.

Fuck Off.

Mais il fut un temps ou le Porno était un genre à part entière, avec ses codes, ses secrets inavouables, son industrie parallèle peuplée d’une faune interlope, et dont on parlait du bout des lèvres, sans le nommer, de peur d’être considéré comme un animal se vautrant dans sa fange.
Certains d’entre vous vont certainement se demander quel parallèle je peux dresser entre le monde « cinématographique » du Porno et notre musique favorite, le Heavy Metal ?
Sur un plan sémantique rudimentaire, les deux mondes partagent tout d’abord la même racine, le fameux « Hard », en contradiction avec « Soft ». Dans le Porno Soft, l’acte sexuel est simulé. Dans le Metal Soft, la violence aussi.
De plus, il existe une étroite (sic) interaction entre les deux univers, d’un point de vue thématique tout d’abord, mais aussi plus physique et concrète (allusion directe à une sexualité débridée, actrices porno figurant dans des clips de Metal, couples formés de musiciens et d’actrices/starlettes), ce que ce livre aborde dans ses derniers chapitres, avec les relations entre Slash et Savannah, Axl Rose et Savannah, Vince Neil et Savannah, Vince Neil et sa sex tape avec Jasmine St Clair, j’en passe et des meilleures. Chapitres assez tragiques d’ailleurs, présentant un décalage flagrant entre la fragilité d’une jeune femme tombée dans les pièges et excès d’un genre qui la broie, et des musiciens camés et Egocentriques. Chapitres dont nos « héros » sortent quelque peu égratignés. La seule exception restant bien sur l’extraordinaire et extravagante relation entre notre cher Tommy Lee et sa non moins extravagante partenaire Pamela Anderson et leur histoire de sextape volée. Et croyez le ou pas, après lecture du chapitre, on en vient à croire en leur bonne foi !

Mais revenons à l’ouvrage. Ouvrage qui a nécessité des années d’enquête et de réalisation (sept pour être juste), et qui pour une fois, ne narre pas les évènements de l’extérieur, mais laisse la parole à ses protagonistes directs, stars connues ou businessmen de l’ombre.

Le livre suit un déroulement chronologique bien senti, qui permet de mesurer toute l’évolution d’un marché né dans l’amateurisme le plus total de la fin des sixties, devenu une machine brassant des milliards de dollars de revenus, que ce soit en vidéo, en VOD, en gadgets et autres shows live de nos jours.
Vous retrouverez le long des lignes (de coke ou autres), le parcours de figures essentielles telles que Linda Lovelace, celle par qui le scandale à éclaté (actrice principale de Deep Throat, considéré comme le premier flick Hard-core de grande envergure), et qui a fini par retourner sa veste en tombant même dans le pathétique trip de la New Born Christian Woman, John Holmes, monsieur 35 centimètres, déjà abordé d’une manière plus exhaustive dans l’excellent JOHN C. HOLMES : 35 Centimètres De Talent de Daniel Lesueur, Gerard Damiano, le pape du Porno responsable de bon nombre de classiques, et pèle mêle, la clique des fausses sœurs Lynn (Ginger, Amber, et la liste est trop longue pour être reportée ici), l’incontournable et paillard Ron Jeremy, Tracy Lords et le scandale du porno infantile, plus quelques forces du FBI et de la mafia Italo-New Yorkaise et Californienne. Et surtout, au final, les multiples cas de SIDA avérés dans le métier (qui finalement, avec ses contrôles drastiques reste l’un des univers les plus sur en matière de protection), où l’on s’aperçoit que certains n’hésitaient pas à dissimuler leur contamination pour ne pas perdre leur travail.

Mettons tout de suite les choses au point, ce livre est essentiel. Si le monde de la pornographie vous a un jour fasciné, c’est l’ouvrage à avoir et à dévorer comme Linda le faisait avec des bites toujours plus longues qu’elle s’enfonçait au fond de la gorge. Pour être clair, 27€ pour ce pavé diabolique, on ne se fait pas enculer. The Other Hollywood a le mérite de présenter un monde tel qu’il est, et non pas comme tout le monde le voit. Tantôt gentiment naïf et amateur dans ses premières années (le passage du loop avec le clébard et Linda Lovelace est aussi glauque que drôle), mais aussi sombre et désespéré dans certains cas (la mort de Savannah, le contrôle total de la mafia sur les revenus et les sorties de films, la contamination par le VIH), il se pose en témoin de plusieurs époques révolues, le temps où le Porno pouvait être fait avec amour, et ou les filles figurant sur la pellicule n’étaient pas de simples boudins de frairie embauchées à la hâte et incapables de faire bander un semi bouseux dans une salle de bain crasseuse, le tout pour 50 dollars la journée.
Et le simple fait de ne jamais tomber dans la narration indirecte (il n’y a aucun passage d’analyse, juste des témoignages et surtout rien de romancé ou de supposé) lui confère un rythme dément, duquel il est impossible de s’extraire. Tout le monde parle ici, les actrices, les acteurs, les réals, les producteurs, les mafieux, le FBI, les macs, les putes, les serveuses, les journalistes, et The Other Hollywood prend des allures de reportage du non sens basé sur l’industrie du plaisir qui la plupart du temps n’en avait que le nom. Et les déclarations sont souvent hilarantes (le passage sur l’analyse de la DP - Double Pénétration - comme substitut indirect d’une homosexualité refoulée est juste irrésistible…), parfois touchantes, mais toujours justes.

Alors bien sur, à la fin de la lecture, on ne sait toujours pas qui dit la vérité ou pas, on ne sait toujours pas si Traci Lords a utilisé sciemment son âge comme atout susceptible de lui faire gagner des millions de dollars tout en faisant interdire ses films, ni si Linda Lovelace a vraiment été exploitée et violentée, ni si John Holmes n’était qu’un loser pathétique ou bien un individu lucide et dangereux. Mais vous savez quoi ?

On s’en branle.

Car tout au fond, n’est qu’une histoire de branlette, avec ou sans sopalin. Car si tous ces gens ont fait ceci, à ce moment là, c’était pour que le public se sente excité, et qu’il se branle à la maison, au peep-Show, ou dans les cinémas. Le tout en engrangeant le maximum de flouze possible. Sans se faire choper. C’est pas cool ça ?

Alors merci à Legs McNeil et Jennifer Osborne de n’avoir pas choisi votre camp et d’avoir laissé les premières sources s’exprimer pleinement, dans un râle de douleur ou dans un cri orgasmique.
Et merci à vous Traci, Amber, Ginger, Seka, Olivia, Gerard, John, Ron, Harry de nous avoir tant excité au travers de vos performances toujours plus acrobatiques mais sympathiques et rigolardes.

Et comme le chantait ce bon vieux Franky, « You did it your way ». Tiens c’est marrant lui aussi fricotait avec la Mafia. Mais pas sur qu’il ait déjà tenté la DP par contre…

(NDC : Vous voulez voir ce qui vous attend ? Vous voulez des indices ? Car vous avez du mal à imaginer n’est ce pas ? Vous avez du mal à imaginer comment on peut être fasciné par ce monde et lire ce livre, le finir et au final regretter de ne pas avoir connu ça ! Alors lisez ce petit passage que je reproduis tel quel, pour l’amour de la formule :
Tim Connelly (Acteur) : « Je traînais au Melody en regardant le strip-tease d’Helen Madigan, et puis je vais aux toilettes pour pisser, et j’entends la voix d’une actrice porno que je connais dans l’un des chiottes ; elle était en train de vendre un flacon d’urine à un type. Il allait la payer 100 dollars pour ce flacon, mais uniquement à condition de pouvoir la regarder pisser dedans.
Je me suis seulement dit : « J’adore ma vie, Oh, j’adore ma putain de vie !!!! » »
Capish ??)


Ajouté :  Vendredi 12 Août 2011
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
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