Damned, voici un retour dont on se serait bien passés en cette période où les cœurs sont réchauffés par des gobelets de vin chaud, où Santa Klaus fait à nouveau office de cambrioleur attaché comme un pantin aux balcons et où flotte une bonne odeur de sapin dans les chaumières. Pour LEGION OF THE DAMNED, il n’en est rien. Leur nouvelle offrande hume plutôt le sang, la sueur et la chair décomposée. Un pot-pourri qu’on retrouve rarement autre part que dans les brûlots des hollandais. Que voulez-vous ? Il suffit de voir la pochette pour constater que les bataves font une nouvelle fois preuve de bon goût. Ça aurait pu être ironique, mais il faut bien avouer que cette cover est tout bonnement réussie et qu’elle colle à merveille avec cette notion de mort et de sacrilège qui va généreusement servir de concept à ce disque. Ils sont comme ça ; fins, légers, poètes déchus. A peine quatre ans qu’ils sévissent, les bougres et leur nom à déjà traversé les frontières d’Europe comme en témoigne leur participation au Wacken après seulement une année de présence.
L’origine profonde de cette invitation est bien évidement à chercher dans les propositions de ce groupe extrême, qui officie entre le Thrash et le Death. Tout un programme. Ambiance blasphématoire oblige, Cult Of The Dead ne pouvait commencer autrement que par une introduction horror/gothique et grand guignolesque façon « prépares-toi pour l’affenage, ça va chier ». Et effectivement, pour déféquer, ça défèque grave ! Nos hollandais envoient la sauce avec un « Pray & Suffer » aux rythmiques saccadées qui en feront bouger plus d’un. Musicalement, rien n’a bien changé par rapport à Feel The Blade apparu en début d’année ou même à Sons Of The Jackal qui avait fait grand bruit lors de sa sortie, il y’a deux ans de cela. On ne peut pas reprocher grand-chose à LEGION OF THE DAMNED qui est, semble t’il, bien décidé à rester sur son fondement pour ne pas se risquer sur un terrain abrupte. Mais force est de constater qu’au fil des minutes, la cadence diminue et l’intensité retombe jusqu'à un point où le squelette de leurs compositions commence à gonfler méchamment. Les guitares semblent avoir été bénites sur l’autel du Thrash, tant les références à SODOM ou KREATOR sont omniprésentes sur chaque morceau. La voix n’apporte rien de bien concret, Swinkels refaisant éternellement ses gammes dans des tons presque Black/Death dont la linéarité ne joue pas en sa faveur. Il n’y a, au final, que la batterie qui semble suffisamment rôdée, tenant jusqu’au bout son rôle, avec quelques enchaînements sympas et originaux qui garnissent épisodiquement l’opus. C’est bien famélique. Peut-être trop puisque à mon avis, les bataves ne doivent leur salut qu’a une entrée en piste fracassante, qui laissait augurer le meilleur. N’importe quel amateur reconnaîtra une indéniable qualité dans un « Black Templar», « House Of Possession » ou « Black Wings Of Yog-Sothoth ». Plus rares seront ceux qui jubileront à l’écoute d’un « Lucifer Saviour » ou « Necrosophic Rapture » qui tombe presque dans le Brutal Death. Dernière preuve du manque d’inspiration du quatuor : « Final Godsend » qui aurait du être renommée « This Is The End » tant Swinkels s’égosille avec cette phrase pour nous faire comprendre que c’est bientôt fini. Après quatre minutes de leur plus fade inspiration, LEGION OF THE DAMNED conclut Cult Of The Dead avec un solo de piano. Oui, c’est beau à pleurer mais non, ça ne colle absolument pas à leur œuvre. C’est comme dessiner des moustaches à Mona Lisa. N’est-elle pas déjà suffisamment laide ?
Abordant un thème déjà assez lourd de nature, Cult Of The Dead rend son écoute très longue et pénible avec un ersatz de Death/Thrash. Et au vu de leur CV, il n’est pas désuet de dire que ce disque est une déception.