DELAIN (nl) - Charlotte Wessels (Mars-2012)
DELAIN est à la base un projet de Metal Symphoniquen néerlandais né des méandres du cerveau de Martjin Westerhold ancien clavier et compositeur de WHITIN TEMPTATION. Il enregistra avec eux les albums Enter, The Dance et Mother Earth. Malheureusement en 2001, le bougre s’est vu contraint de quitter le groupe alors en pleine ascension suite à une maladie qui l’empêchait de faire quoi que ce soit à part rester alité. Cette immobilisation contrainte et forcée lui permis de composer et de se consacrer corps et âme à ce qui allait devenir le premier album de DELAIN Lucidity qui se retrouve dans les bacs en 2007. Sa chance c’est d’avoir su dénicher une chanteuse charismatique dotée d’une tessiture parfaite pour le gang en la personne de Charlotte Wessels. Le succès fut immédiat et ce qui était au prime abord une association agrémentée de nombreux special guest (Liv Kristine, Sharon Den Adel, Marco Hietala….) se transforma petit à petit en groupe à part entière. DELAIN venait de naître et allait entamer sa course vers les cimes métalliques. Et ceci malgré des changements incessants au sein du combo, on ne compte plus les départs et les arrivées sur les cinq dernières années. S’en suivi l’album April Rain en 2009 qui leur permis de s’imposer et de tourner en Europe notamment en première partie de WHITIN TEMPTATION (Zenith et Bataclan). Fin 2011, le groupe revint à Paris cette fois ci en tête d’affiche pour un concert à l’Alhambra (le 21 Mai 2011) qui se solda par un triomphe, de quoi les inciter à revenir le plus vite possible. Après de nombreuses péripéties suite au rachat de Roadrunner Records par Warner Music, le combo s’apprête à sortir leur tant attendu troisième album We are the Others le 4 Juin 2012. Un véritable soulagement pour tout le gang et pour ses fans qui commençaient sérieusement à s’impatienter !
De visite à Paris pour un Week End où la belle est venue rendre visite à quelques amis, Charlotte la charmante et sympathique chanteuse du combo a bien voulu nous accorder un entretien afin d’apporter quelques éclaircissements sur les différents soucis rencontrés par DELAIN ces derniers mois et nous donner quelques infos pertinentes sur ce nouvel opus qui s’avère plus que prometteur ! L’album de la maturité ? Au dire de la princesse, c’est évident !
Line-up : Charlotte Wessels (chant), Martijn Westerholt (claviers), Timo Somers (guitare), Otto Smimmelpenninck (basse), Sander Zoer (batterie)
Discographie : Lucidity (Album - 2007), April Rain (Album - 2009), We are The Others (Album - 2012), The Human Contradiction (2014)
M-I Interviews du groupe : DELAIN (nl) - Charlotte Wessels (Mars-2012), DELAIN (nl) - Charlotte Wessels (Mars-2014)
Metal-Impact. Bienvenue à Paris, tu es en vacances ou tu viens faire la promotion du nouvel album ?
Charlotte Wessels. Les deux en fait, j’ai profité de ce week end pour aller rendre visite à des amis et aussi pour me balader à Paris car c’est une ville que j’adore. Je suis aussi allé voir une exposition, j’aime bien découvrir vos musées. C’est tellement intéressant de pouvoir connaitre toute cette culture unique qui foisonne dans votre capitale.
MI. La dernière fois que tu es venue, c’était avec DELAIN pour un concert à l’Alhambra quel souvenir en gardes-tu ?
Charlotte. C’était génial, c’est la première fois que nous avions une standing ovation et ça fait chaud au cœur ! Il y avait une ambiance de folie, c’était complètement dingue dès que nous avons commencé à jouer, c’était l’hystérie générale. Tout le monde a passé un moment extraordinaire, les gens chantaient. C’est ce qui m’a le plus marqué, cet accueil des Parisiens qui a été fantastique. Je suis très pressée de revenir, on jouera le 11 mai 2012 dans la même salle et ça devrait être un grand moment.
MI. Tu es devenu une vraie parisienne ?
Charlotte. Rires ! Oui, j’espère revenir le plus souvent possible.
MI. Vous avez eu beaucoup de soucis pour la sortie de We Are The Others, que s’est-il passé ?
Charlotte. Oui ça a été une période très difficile pour moi et pour tout le groupe. Roadrunner a été racheté par Warner Music récemment et les gens de Warner n’étaient pas tous d’accord pour sortir l’album. Ça nous a mis dans une colère noire. Mais on ne pouvait rien faire, on était totalement impuissants. Quand tu as une fusion comme ça, tout devient très compliqué pour les artistes qui ont été signés par le label qui est racheté. D’un coup tout le monde s’est mis en compétition au sein de l’entreprise et ça a créé beaucoup de frictions. Après de long mois d’attente, on a finalement trouvé une solution, l’album va sortir chez Cnr Entertainment qui est une filiale Hollandaise créee par l’ancien dirigeant de Roadrunner. Du coup, on va pouvoir continuer à travailler avec les mêmes personnes. Des gens qui nous apprécient et on est très satisfaits par la nouvelle situation. J’ai entendu pas mal de mauvaises choses à l’encontre de ces personnes, elles n’y étaient pour rien, ce qui est arrivé est lié directement au rachat de Roadrunner.
MI. Tu es consciente que cela à pu semer la confusion au sein des fans ?
Charlotte. Oui et il n’y a pas qu’eux qui étaient perturbés. Je comprends tout à fait ce qu’ils ont pu ressentir. Nous aussi on était totalement perdus, impuissants face à cette situation. On a travaillé énormément sur cet album et le fait qu’on soit dans l’incertitude concernant sa sortie nous a affectés directement. Cette situation a eu des conséquences sur nos vies personnelles et aussi sur notre situation financière. On était très inquiets parce qu’on ne pouvait absolument rien faire, notre avenir était entre les mains de personnes de la maison de disque qui avait le pouvoir de décision. C’est pourquoi aujourd’hui je suis vraiment très heureuse car la situation vient juste de se débloquer. Lundi (ndi :l’interview à eu lieu le samedi 25 Mars 2012), nous allons annoncer sur notre site Web la date de sortie officielle de ce nouvel album : ce sera le 4 juin 2012. Maintenant on est soulagés et on peut penser à la nouvelle tournée et avancer sereinement.
MI. Quand s’est terminé l’enregistrement ?
Charlotte. A la fin de l’été dernier, on l’a enregistré à Stockholm en Suède au Hellner’s studio avec Jacob Hellner qui a travaillé avec APOCALIPTICA et RAMMSTEIN pour n’en citer que quelques uns et aussi avec Fredrick Thomander et son compère Anders Wikstrom qui ont travaillé avec les SCORPIONS et LES BACKYARDS BABIES mais aussi avec de nombreux artistes venant d’horizons différents. Ils nous ont énormément appris !
MI. Comment s’est passé l’enregistrement avec trois producteurs différents ?
Charlotte. C’était très différent de ce qu’on avait l’habitude de faire mais c’était très bien parce que chacun d’eux avait ses priorités ! Ils avaient une mission précise et s’occupaient chacun leur tour de certaines parties des morceaux, ça a été très enrichissant. Ce n’est pas comme s’ils étaient tous les trois présents au même moment dans le studio. Le processus d’écriture a été aussi très intéressant car d’habitude on n’était que deux au grand maximum à écrire ensemble, on travaillait en petit comité. Cette fois-ci, on était au minimum 7 dans la même pièce pour écrire. On se demandait ce qui allait pouvoir arriver car c’était vraiment nouveau pour nous, ça nous obligeait à changer radicalement d’attitude pour pouvoir s’adapter aux autres. C’était très inédit pour moi mais je suis très heureuse du résultat.
MI. Et au niveau chant, tu as beaucoup appris ?
Charlotte. Oui bien sur, chacun à ses propres règles et ses habitudes et je pense qu’il faut toujours progresser et ce qui est important, c’est d’apprendre des gens avec qui tu travailles et qui ont cette énorme expérience, ça ne peut être que bénéfique. Mais en même temps tu dois rester toi-même et garder ta propre identité artistique. Je me souviens parfois que je devais chanter des centaines de fois le même mot ou bien une phrase pour que le résultat soit bon à leurs yeux. A la longue, ça peut devenir pénible et terriblement épuisant. Alors parfois il faut savoir dire stop !!! C’est fini on s’arrête là. J’ai appris à m’imposer et à savoir dire non ! Stop je ne continue pas !!! [Rires] Mais l’expérience m’a vraiment plu et on a eu de la chance de pouvoir travailler avec eux. On a énormément appris avec des producteurs aussi talentueux et chevronnés qu’eux : leur vision de la musique, comment ils la comprennent, comment ils l’analysent, c’était passionnant et ils nous ont beaucoup apporté.
MI. Tu as joué deux nouveaux morceaux sur la dernière tournée est ce que ces titres ont évolué en studio par rapport à leur version live ?
Charlotte. Oui mais pas énormément. On a voulu jouer ces deux titres en concert car il était important pour nous de voir la réaction des fans ! Finalement on a décidé de changer quelques parties comme par exemple pour « Get The Devil Out Of Me » où on a modifié le refrain. Mais « Mother Machine » n’a pas trop évolué par rapport à la première version. Mais bien sur en studio tu retravailles les titres, tu ne cesses de vouloir les améliorer. Ce qui était intéressant, c’était de voir que le public appréciait tel ou tel passage, ça nous permettait de revoir les parties moins percutantes. C’est une chance de pouvoir tester tes morceaux devant ton public car au final c’est eux qui décident de la destinée d’un album. D’habitude, on rentrait en studio après avoir tout écrit et ensuite il n’y a que toi et le producteur pour juger du résultat. Ce fut une très bonne expérience.
MI. L’album s’appelle We Are The Others le thème c’est la tolérance envers les autres ?
Charlotte. Ça n’a rien à voir avec la tolérance, je déteste ce mot tolérance !!! [Rires] Si tu penses tolérance, cela signifie en fin de compte que tu désapprouves quelque chose ou quelqu’un mais que tu le supportes tout en étant contre. Si je te dis « j’aime tes chaussures », c’est positif et c’est qu’elles me plaisent. Si je te dis « je les tolère », ça prend une dimension différente et ça veut dire que je les supporte mais que je ne les apprécie pas forcément, c’est une différence essentielle ! Je préfère le mot acceptation, c’est beaucoup mieux et ça prend tout son sens à mes yeux !
MI. Est-ce qu’il y a un thème général qui réunirait tous les titres ensemble ?
Charlotte. Pas vraiment, le titre de l’album est justement fait pour qu’on puisse évoquer différentes significations. Si je pense à ce qui me passionne par rapport à ce que l’album m’inspire, je dirais que l’acceptation des femmes dans la société est une chose très importante à mes yeux. Mais j’aime aussi les chansons dramatiques et mélancoliques qui parlent d’amour entre deux êtres, qui parlent de rupture quand l’un s’éloigne et que l’autre ne veut pas qu’il parte. C’est ce genre de thème qui m’a inspiré.
MI. Le titre We Are The Others traite d’un fait divers qui t’a particulièrement affecté ?
Charlotte. Oui, c’est une histoire qui m’a bouleversée, c’est un fait divers atroce. Je raconte ce qui est arrivé à Sophie Lancaster, une jeune femme Britannique qui se promenait tranquillement avec son petit ami et ils ont été littéralement attaqués par une bande de jeunes de quinze ans. Ils l’ont battu à mort. Elle est décédée des suites de ses blessures. Ils se sont acharnés sur elle et son petit ami pour une simple histoire de look gothique. C’est l’exemple extrême de ce que peut provoquer la stupidité des gens qui jugent les autres sur leur apparence et qui n’ont pas l’acceptation d’autrui. Le message que j’ai voulu faire passer à travers cette chanson, c’est que ne pas accepter l’autre peut conduire à des drames atroces. Quand tu pointes du doigt quelqu’un sans rien savoir de lui, c’est très dangereux. Cela concerne tous les gens qui d’une manière ou d’une autre sont différents, qui ne sont pas dans la norme imposée par la société. Ils peuvent se démarquer par leur attitude, leurs idées, leur culture, la façon dont ils se comportent et cela ne justifie en aucun cas que l’on se comporte mal avec eux.
MI. En tant que chanteuse as-tu ressenti ce genre de problème d’acceptation dans le monde très masculin du Metal ? Te sens-tu différente ?
Charlotte. Différente de quoi ?! [Rires] De ne pas être un homme mais je suis une femme !!! [Rires] C’est vrai qu’il y a déjà eu des problèmes dans le Rock mais je pense que les choses ont évolué. Je ne me sens pas isolée, il y a maintenant de nombreux groupes qui ont une femme voir plusieurs en leur sein ce n’est plus comme dans les années 80. Quand je pars en tournée, c’est vrai que je suis entourée d’hommes que ce soit les membres de DELAIN, les roadies et tous ceux qui travaillent avec nous. Mais c’est tout le contraire qui se passe, ils s’occupent de moi, je suis plutôt bichonnée. Où c’est grave c’est quand on te juge par rapport à ton look quand tu es sur scène ou ailleurs. Je déteste ce genre de types. Ceux qui viennent aux concerts avec des tee-shirts provocateurs et qui pensent que les femmes sont des objets sexuels, que la femme doit ressembler à leur fantasme, être ultra maquillée avec une coupe de cheveux très sexy. Je déteste ce genre d’attitude. Ils n’ont aucun respect pour la femme et voient seulement en elle un objet de désirs. Ils pensent qu’une chanteuse doit être habillée ultra sexe ou être presque nue. Comment peuvent-ils penser que sous prétexte que tu es une femme dans un groupe de Metal tu dois faire toutes ces choses, c’est n’importe quoi !!! Je n’aime pas du tout ce genre d’attitude !!!
Ce sont des clichés qui n’ont pas lieu d’être au XXI Siècle. Tu dois être simplement naturelle, tu n’es pas là pour satisfaire leurs fantasmes, leur vision de la femme dans le monde du Rock est totalement primaire ! Je vais te donner un exemple précis certains prennent des photos en mettant mes jambes en avant et les retravaillent avec Photoshop, je leur ai posé la question mais pourquoi faites vous cela et ils m’ont répondu mais parce que tout le monde veut voir ce genre de photos. C’est vraiment idiot. C’est une attitude très dérangeante, je ne suis pas inquiète pour moi mais je pense à toutes ces jeunes filles qui voient ces photos dans les médias et qui pensent que c’est la bonne attitude à avoir. Dans cet univers virtuel tout le monde est parfait car ces photos sont retravaillées, ce n’est pas la réalité ! Ça me met très en colère parce que la perfection n’existe pas.
MI. Tu es très naturelle quand je te vois là face à moi !
Charlotte. Merci, j’espère ! C’est bien !
MI. Je crois qu’un concert qui t’a marqué s’est passé dans une église ?
Charlotte. Oui j’ai adoré, c’était dans ma ville natale à Zwolle en Hollande on à fait un concert unique dans ce style. Tous les ans pour célébrer le début de l’hiver, il y a ce type d’événement, cela s’appelle novembering day. Il y a beaucoup d’invités, ça crée une atmosphère particulière et unique. Bien sur au niveau son ce n’était pas évident car il y avait beaucoup d’échos et ça résonnait énormément. Mais on a tous adoré !
MI. Tu aimerais faire ça à Paris ?
Charlotte. Ce serait fabuleux, j’aimerais trouver une église ou une cathédrale pour y jouer oui bien sur. J’adore ce genre d’expérience !
MI. Quels sont selon toi les différences essentielles entre cet album et les autres ?
Charlotte. Les morceaux sont tous différents, ils sont nouveaux !!! [Rires]
MI. On dit souvent que le troisième album est le plus important dans la carrière d’un groupe, qu’en penses-tu ?
Charlotte. On m’a aussi dit ça pour le premier et le deuxième album !!! [Rires] Pour moi ce qui est important, c’est qu’on se soit tous énormément investis dans cet album et qu’on a pu travailler réellement ensemble. On s’est rapproché et on a écrit d’une manière collégiale, tout le monde a participé. Il y a des titres avec beaucoup d’orchestration et d’autres qui sont beaucoup plus directs comme « Electricity ». On a des morceaux très puissants et d’autres avec beaucoup de groove, je crois que c’est un des plus de cet album car le groove est très présent. Je pense que c’est un album très pur !
MI. Est-ce qu’il y a des ballades sur cet album ?
Charlotte. Oui, il y en a une qui sera dans les bonus sur l’édition limitée. Et il y a un titre que j’adore qui commence comme une balade « I Want You » c’est un de mes titres préférés.
MI. Est-ce qu’au niveau vocal tu as beaucoup travaillé ?
Charlotte. Complètement, il y a beaucoup de titres très intenses ou j’ai du atteindre des notes très hautes. C’est très difficile de savoir comment chanter un titre qui vient d’être composé. Pour moi, ce qui est primordial, c’est que je puisse faire passer l’émotion et que cela se ressente à l’écoute de l’album. J’ai énormément travaillé et j’espère avoir progressé mais pour l’instant je ne me rends pas bien compte. Je crois que le véritable test sera la scène ! Jouer devant un public te permet tout de suite de voir si ça passe ou pas. J’aurai aussi déjà une meilleure idée à ce sujet quand on aura commencé à répéter.
MI. Que représente cet album pour toi ?
Charlotte. Whao, je serai contente déjà que les gens prennent la peine de l’écouter ou au moins essayent de s’intéresser aussi à ce que j’ai voulu faire passer à travers les textes. Ce serait fantastique ! C’est un disque que j’ai fait avec cœur, je souhaiterais que les gens en retirent quelque chose de positif et de bon. Et surtout n’oubliez pas que We Are The Others sort le 4 juin 2012 et qu’on sera à Paris en concert à l'Alhambra le 11 Mai 2012 ! Et qu’il y a une édition limitée qui sort avec des titres bonus mais je ne sais pas encore lesquels à la date d'aujourd’hui.
MI. Merci Charlotte.
Charlotte. Merci à toi pour ce moment.
Ajouté : Jeudi 10 Mai 2012 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Delain Website Hits: 16662
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