BLACK ARTS CEREMONY II (FRA) - Le C.C.O. à Villeurbanne (28/09/13)
Groupes Présents au concert : UDYR (FRA), MYRKVID (FRA), MALMORT (FRA), FROSTMOON ECLIPSE (it), VORKREIST (FRA), GOSPEL OF THE HORNS (au), ACHERONTAS (gr)
Date du Concert : samedi 28 septembre 2013
Lieu du Concert : C.C.O. (Villeurbanne, France)
Lorsqu’en 2010, l’association lyonnaise Wintermoon Productions organisa la première édition de son mini-festival Black Metal, le Black Arts Ceremony à la MJC Ô Totem, avec notamment la venue de CARACH ANGREN en tête d’affiche, le bilan à la suite de l’événement fut mitigé. Cependant, ceci n’empêchera pas les passionnés qui composent l’asso de remettre le couvert deux ans plus tard.
L’organisation a vu les choses autrement pour cette deuxième édition. Pour commencer, avec le déménagement dans le Temple des concerts Metal sur Lyon, la fantastique salle du C.C.O. (décidément, j’y passe pas mal de temps dans cette salle… C’est pas pour me déplaire, remarque). Le Vormela Black Fest en mars dernier avait largement prouvé que des concerts de Black Metal sur une demi-journée prenaient une dimension particulière et délicieusement intimiste dans cette salle. Ensuite, l’affiche : sa radicalisation et son orientation True Black Metal sont évidents ! Il suffit de jeter un œil au flyer… Un ami (plus intéressé par les grosses polyrythmies que par les ambiances à trucider son hamster) à la vue du flyer en question résuma à lui seul l’idée de fond : « Ouais, c’est bien un festival de Black Metal… Y a pas un seul logo de lisible ! ». Une affiche qui s’adresse bien évidemment à une branche restreinte d’adeptes… A tel point que de très nombreuses personnes auront fait le trajet depuis Paris, Nancy, Montpellier, Grenoble, ou encore Strasbourg, rien que pour l’événement.
UDYR
C’est aux Lyonnais d’UDYR, qui commencent petit à petit à faire parler d’eux, que revient la tâche d’ouvrir la cérémonie. Avec pour influence revendiquée EMPEROR (du coup, vous étonnez pas de croiser les loustics dans la foule du Hellfest cette année), le groupe évolue dans un Black Metal mélodique relativement classique, et riche en ambiances. Ce qui frappe directement, à la grande surprise des quelques cent personnes alors présentes dans la salle, c’est la qualité du son, limpide et très clair. Les compositions efficaces et carrées du groupe font mouche, le public est récepteur et on est bouche-bée devant ces très beaux interludes au clavier au beau milieu des morceaux. Malgré la présence scénique assez faible du groupe, cette demi-heure aura fait rentrer tout ce petit monde dans l’ambiance. (7/10)
MYRKVID
MYRKVID, qui débarque sur scène avec barbelés autour du pied de micro, bougies et tout le tremblement en impose directement un peu plus. C’est banal, certes, mais au final, ça fait toujours son petit effet. Officiant dans un Black Metal incisif typé années 90, c’est leur très bon EP Satanic Inquisition qui sera à l’honneur, puisqu’il sera d’ailleurs joué dans son intégralité, avec notamment l’excellent titre « To Our Roots ». MYRKVID fait monter d’un gros cran l’ambiance blasphématoire de la chose (au bout d’un moment, soit on est Black Metal, soit on l’est pas !). Le groupe délivre également quelques compositions inédites, ce qui n’est pas pour déplaire à un public ravi. Un dernier « Eternal Winter » sur lequel le frontman Myrk réclame que ça bouge un peu dans la fosse… Et c’est ainsi que j’aurais eu l’honneur d’assister au plus petit pogo de l’Histoire du Metal ! Sur album comme en live, difficile de ne pas adhérer. Simple, carré, efficace. (8/10)
MALMORT
Histoire d’enfoncer encore un peu plus le clou dans l’occulte, un petit voyage dans l’Histoire… MALMORT, formation de Chambéry, officie dans ce que la presse qualifie de « Black Metal Médiéval ». Ayant très à cœur l’histoire de sa patrie, les paroles du groupe traitent de la période des Croisades notamment. Cependant, ne vous attendez pas à trouver ici des ambiances moyenâgeuses. MALMORT, musicalement, c’est du Black Metal. Point barre. Reicheran et ses sbires débarquent au son de l’intro de leur dernier effort, Vox In Excelso. D’entrée de jeu, la horde bénéficie d’un son incroyablement puissant, permettant à leurs compostions soignées et morbides de conquérir un public curieux mais manifestement convaincu. Big-up à la tuerie qu’est « Cruciatus », pour lequel un clip est sorti, qui a fait monter la fièvre d’un cran. On applaudira également la performance du nouveau guitariste live, Syrkuss, pour qui ce show au Black Arts Ceremony était le premier avec MALMORT. Le concert se fera de façon très pro, mais on pourra reprocher aux membres du groupe leur non-communication la plus totale avec le public. Ceci dit, est-ce vraiment nécessaire, vu tout ce que MALMORT dégage, et tout ce qu’il a dire ? Une entité délicieusement maléfique, qui peut se vanter d’être un atout majeur de la scène Black Metal en France. (10/10)
FROSTMOON ECLIPSE
La scène Black Metal italienne, popularisée par le succès de FORGOTTEN TOMB, est riche en pépites, c’est connu. Mais ce soir, c’est un diamant que le Black Arts Ceremony jette en pâture à un public maintenant conséquent. Les pionniers locaux, FROSTMOON ECLIPSE, qui trimballent derrière eux déjà vingt ans de carrière et cinq album, envoûteront le public à l’aide de leur Black assez standard sur le fond, mais qui flirte souvent avec le Doom bien sale et le Heavy Black bien vicieux comme on aime. Personnellement, n’ayant jamais été un grand adepte des chimères musicales tordues qui ne respectent pas un minimum le chemin d’un sentier déjà battu, je baisse mon chapeau bien bas, car j’ai été conquis. Ni plus ni moins. Sachant se montrer tour à tour lourd, groovy, onirique par ses magnifiques et sensuels passages acoustiques, et bien sur malsain, FROSTMOON ECLIPSE quittera les planches au son d’une reprise de l’universel et intemporel « Black Sabbath » (rassurez-moi… Vous savez tous que ce morceau est une reprise de IRON MAIDEN, n’est-ce pas ?), qui mettra tout le monde d’accord. C’est peut être dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs confitures, mais en attendant, on souhaite à ces jeunes vétérans de longues et belles années pour la suite ! (9/10)
VORKREIST
Alors que je suis au sortir d’un entretien avec le taciturne Reicheran de MALMORT et que VORKREIST monte sur scène, le contraste de l’un à l’autre va être dur, très dur pour votre serviteur. Ceux qui ont déjà eu la chance de vivre un concert de ces vieux de la vieille me comprendront. Car c’est bien on stage que ce Black / Death de haute volée déchaine tout le monde, aussi bien sur scène que dans la fosse. Les cinq délivrent un concert qui transpire la passion et le blasphème, aidé par le chant lacérant et rampant du charismatique Saint Vincent. C’est bien là le groupe le plus (relativement) accessible musicalement du festival, le groove teinté Death Metal insufflé dans les morceaux les rendent imparables et ravageurs en concert. De tous les côtés, ca hurle, ca beugle, ça pogotte… A.K., guitariste du groupe, me disait qu’il aimait que ça sente la bière et l’animal lors d’un concert de VORKREIST. Il n’a pas dû être déçu du résultat, car la température ambiante est subitement montée de quelques degrés ! Puisant dans sa discographie de quatre albums, c’est cependant le dernier, Sigil Whore Christ, qui squattera en majorité la setlist. Technique, rapidité d’exécution, violence et anti-cléricalisme seront de la partie, pour le bonheur de tous. Avec dans ses rangs des membres de HELL MILITIA, BLACKLODGE ou encore MERRIMACK, ce que le guitariste A.K. décrit lui-même comme une entité (dont les membres ne sont ni plus ni moins que des gars de 35 ans qui croient en ce qu’ils font), aura donné un show d’une violence aussi saine que prenante. (8/10)
ACHERONTAS
Le voilà, le gros morceau de la soirée… Leur position en tête d’affiche a sans doute dû leur filer une inflation de chevilles, car les Grecs d’ACHERONTAS ont fait sortir par la sécu tout le public présent dans la salle pendant leur installation sur scène. Pour préparer un décor de scène spécialement pour le public Lyonnais ? Pour s’imprégner des lieux dans le calme avant la Messe Noire ? Bah non. Pour mettre des bougies sur scènes. Bref, no comment.
Mais bon, peu importe, car voilà, je les attendais de pied ferme, et je n’étais pas le seul manifestement. Et bon sang, ça en valait le coup… L’ambiance solennelle et religieuse à souhait est posée d’entrée de jeu, le groupe basant son imagerie non pas sur une dévotion maléfique banale, mais grâce à une inspiration puisée dans l’ésotérisme Sumérien (tout de suite moins banal, n’est-il pas ?). Encore une fois, aucune communication avec le public, et on voit clairement que les quatre musiciens, le visage masqué par un foulard, sont tout simplement possédés par leur Art et impliqués autant que possible dans la prestation qu’ils sont en train de donner. Ayant particulièrement apprécié leur album de 2011 Vamachara, les quelques extraits du disque joués ce soir là, notamment l’incroyable « Blood Current Illumination » et son pont aux vocaux caverneux, m’auront fait atteindre un état que seul la remarque d’un ami à la fin du concert saurait synthétiser : « Bordel, que c’était bon… ». Il semble que la grande majorité du public présente alors se trouve totalement hypnotisée par ce Black Metal technique aux atmosphères mystiques à souhait dont la portée mélodique n’est pas sans rappeler DISSECTION. Après, soit on adhère, soit on n’adhère pas. Difficile d’avoir le cul entre deux chaises pour un groupe si « spécial »… On aurait peut-être souhaité un jeu de lumière moins linéaire, la scène baignant pendant quasiment une heure non-stop dans des nuances de rouge sombre. Certes, c’est très particulier sur le fond, aussi bien musicalement que conceptuellement, mais le groupe dégage en concert une énergie et une aura mystique tout simplement fascinantes et scotchante. (9/10)
Pari tenté, pari réussi pour Wintermoon Productions, qui a d’ores et déjà annoncé la tenue d’un Black Arts Ceremony III. Une très belle édition, aussi variée qu’intéressante et surprenante, le tout dans une ambiance parfaitement bon-enfant (cela va de soi, quoi qu’en dise M6, on n’est pas des sauvages). Cette ambiance dans les concerts de Black Metal, marquée par le contraste entre des groupes qui se prennent méchamment au sérieux et le public qui préfère la déconne aux dévotions maléfiques me fera toujours bien marrer. Un grand bravo aux organisateurs qui, malgré les galères auxquelles ils ont du faire face aussi bien avant que (manifestement) pendant l’événement, ont livré un taf de passionné au service des 200 passionnés présents ce soir. La classe.
Ajouté : Mercredi 09 Octobre 2013 Live Reporteur : Hizia Score : Lien en relation: Wintermoon Productions website Hits: 13971
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