SERPENTINE PATH (usa) - Serpentine Path (2012)
Label : Relapse Records
Sortie du Scud : 11 septembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Doom / Death Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 42 Mins
Le mieux, c’est d’être à jeun. Non, sérieux, évitez le café, la clope, les cachets Juvamine, l’alcool, les sodas ou pire encore, l’impardonnable whisky-coca. Juste un petit shoot d’héro, grand maximum. Et encore. Idem, évitez de passer cette rondelle en bagnole, surtout si vous rentrez d’une longue journée de boulot ou d’une soirée trop arrosée. Vous pourriez bien vous retrouver la tête sur le klaxon ou pire encore, dans le pare-brise. Vous êtes quand même sur le point d’écouter SERPENTINE PATH, alors si vous êtes excités comme des puces, vous risquez de ne pas comprendre le délire. Et pour cause, l’œuvre de ces New-Yorkais provoque de sérieux ralentissements cardiaques. Avec à son bord, d’anciens membres des maisons ELECTRIC WIZARD, VILLAINS et UNEARTHLY TRANCE, on ne pouvait résolument pas s’attendre à un groupe de Speedcore-Grind-Crust-Extratone. Et on a vu juste. Avec leur premier album éponyme sorti le 11 septembre 2012 par Relapse Records (le même jour que celui d’HOODED MENACE, une formation finlandaise similaire), ces garçons vont très certainement réenchanter le rêve Death / Doom de chacun.
SERPENTINE PATH est peut-être un groupe qui n’a même pas encore fêté son premier anniversaire au moment de la sortie de son debut-album, mais ce dernier étale tant d’atouts que sa conception ne peut être que le fruit d’une intense réflexion. Je ne conçois pas qu’une telle formation, créée en un claquement de doigt, qui sort dans la foulée un premier CD sur un label prestigieux, ne puisse pas avoir bossé dans l’ombre depuis des années. D’autant plus que le Doom est un style musical éminemment complexe, aussi indigeste qu’un gratin de fraises tagada s’il est mal conçu ou s’il ne véhicule que du vent. Et pourtant, SERPENTINE PATH maitrise avec arrogance et insolence. Ce Metal lipidique, sudoripare, tellement gras qu’il transformera vos selles en napalm, diffuse lentement son poison dans votre organisme. Lent. C’est peut-être le mot qui reviendrait le plus souvent dans ce papier si je n’avais pas sous la main le dictionnaire des synonymes. Parce qu’à part ses tempos apathiques, sa production horripilante d’amateurisme, ses guitares hypnotiques et la voix trachéotomisée de Ryan Lipynsky, il n’y a rien dans cette œuvre qui vaille le détour. Rien de sensationnel, même pas une pointe de pragmatisme. C’est très simple. Pour apprécier cette absence totale de spectacle, il faut y être disposé. Il faut accepter de se dévoiler. Parce que SERPENTINE PATH vous glisse des mots doux au creux de l’oreille, vous endort pour mieux vous la mettre bien profond. Situé quelque part entre IRON MONKEY, HELLMOUTH et ACID KING, cet opus rivalise d’irrégularités. Les frappes de Darren Verni (batteur et potentiel cousin de D.D. Verni, bassiste d’OVERKILL) sont imprécises, aléatoires, parfois surplombées de samples maladroits. On a constamment l’impression que ces mecs sont en train de s’endormir sur leurs instruments. Non seulement parce que les cadences déjà lymphatiques ont tendance à devenir létales, mais parce qu’au bout d’un moment, on atteint un point de non-retour dans l’absence d’énergie (« Compendium Of Suffering »). En bons vétérans qu’ils sont, les SERPENTINE PATH savent exactement ce qu’ils font et en viennent fréquemment à grossir leurs traits de caractère les plus Sludge / Doom, au point de tomber dans la caricature la plus ingrate qui soit. C’est cynique, c’est oppressant, et pour être tout à fait franc, c’est finalement assez jouissif.
J’ai mis des heures à rentrer dans le vif du sujet, simplement parce qu’avec un tel objet entre les doigts, on a l’impression que le temps s’arrête. Cette substance, hautement psychotrope et hallucinogène, vous dépouille intérieurement. Et s’il est arrivé avec autant de perfidie à franchir l’épiderme, c’est forcément parce que quelque part, bien caché sous ses couches de gras, ce Serpentine Path a du génie. D’ailleurs, je trouve extrêmement paradoxal d’en arriver à évoquer la notion de génie pour parler d’une formation qui techniquement ne s’est pas foulée et qui n’a jamais pris le moindre risque. Mais après tout, c’est du Doom, et ça vaut ce que ça vaut.
Ajouté : Mercredi 07 Novembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Serpentine Path Website Hits: 8684
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