ELYSIAN (au) - Wires Of Creation (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2012
Pays : Australie
Genre : Death Metal Mélodique Progressif
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 49 Mins
Depuis quelques temps, l’Australie - plus connue pour ses AC/DC, AIRBOURNE, et compagnie… - nous abreuve de belles découvertes dans le milieu du Death Metal Mélodique. Pour ne citer qu’eux : BE’LAKOR, UNIVERSUM, CHAOS DIVINE ; tous ont la prétention de se pavaner dans le son de Göteborg, pilier du genre, en y ajoutant une patte personnelle bluffante qui leur permet vraiment de s’élever au-dessus. Désormais, il faudra également compter sur ELYSIAN qui, six ans après leur formation et un EP à leur nom, sortent, par leurs propres moyens, Wires Of Creation, un album en or pour le quintette de Melbourne, concrétisation d’un talent phénoménal.
Rarement il a été donné, ces dernières années, de tomber sur une première production aussi inspirée, respectant les codes du genre tout en les tordant et les contournant pour assouvir l’esprit créatif musical du combo. Avant d’étayer davantage sur le contenu, il est indispensable de jeter un œil à l’illustration du contenant. Une œuvre dessinée fantastique, que l’on doit au coup de crayon du bassiste, assez similaire à celui de Derek Hess d’ailleurs - un style tout en traits d’ébauche. La pochette captive de son interprétation parfaite du titre. La représentation de l’élévation de l’Homme, d’abord du corps, puis de l’esprit ; il prend conscience de son être, et veut transcender l’existence. La variation des couleurs, de froides à chaudes, symbolisent les différentes étapes mais aussi l’acquisition du savoir et de la reconnaissance, tout en correspondant au feeling des sections mélodiques et atmosphériques envoûtantes.
Les morceaux ne sont pas pressés et laissent davantage le soin aux ambiances de se développer et à l’instrumentation d’écrire des fresques qui émerveillent, surtout de par les leads de Gabriel et Nathan. Malgré un son à tendance agressive, le rendu demeure aéré et les lignes des guitares ont ce côté lissé totalement fluide. Comme « Conquest » l’affiche, il existe sur ce disque un travail extrêmement poussé, tant du niveau rythmique que des riffs legato entêtants. Les solos ne sont donc pas en reste, accompagnés de pas mal de tapping, pour des dénouements souvent fous et virtuoses (« The Climb From Fear »). Jolis, peaufinés, les leads conduisent superbement la mélodie au sein des titres. La conséquente « A Cry For Helplessness » profite à faire ressortir le côté Progressif avec son découpage en trois actes, traversant les rythmes aiguisés et l’acoustique pour une conclusion vocale démente.
Le chant de Ben apparaît dans une constante extrême rauque appropriée, mais aurait mérité d’être sensiblement plus varié. Enclin à montrer, quelques fois, toute la propension de son organe en se faisant intense sur les refrains, l’homme au micro manque tout de même de profondeur et nuances tonales, en dépit d’un doublage qui le densifie. Il y a ce côté DARK TRANQUILLITY sur le placement de la voix éraillée, à l’instar de « Sigma » - qui pique également le riff de « ThereIn » - mais ses vocaux demeurent trop monotones, ce qui ne réussit pas à « The Gate ». A contrario, « Sense Offender » y trouve son plaisir dans ce chant brut, du fait d’une optique plus incisive. Effectivement, avec sa rythmique vicieuse - palm-mutes et polyrythmie au programme - et une basse ronflante à en pleurer, elle apporte un contraste dans l’album, et met en avant l’esprit de structures plus techniques d’ELYSIAN qui se ressent sur la plupart des compositions.
Le cheminement n’est pas forcément classique, les Australiens y vont plus à l’instinct. Ce qui explique les breaks acoustiques synthétisés soudains, et les nombreuses sections purement instrumentales. Avec des interludes tels que « Eternal Breath » et « Calming The Storm », l’on se rend compte que le groupe a pensé Wires Of Creation comme un tout, et sait aisément l’articuler pour la meilleure expérience possible, à l’image des morceaux le constituant. Ces deux pistes instrumentales servent de respirations ; la première, très légère, navigue entre Post-Rock et Post-Metal, tandis que la seconde affiche un magnifique développement de son lead principal dans des samples électroniques. C’est tout aussi surprenant que l’introduction un poil Country de « Play The Hand ».
Les pistes ont vraiment toutes des ambiances différentes, à l’image de « The Climb From Fear » et son Death atmosphériques à la FRACTAL GATES, ses breakdowns Metalcore, et une basse bien honorée. D’ailleurs, Tristan, de sa présence monstrueuse, vole un peu la vedette à la batterie qui n’est pas si prononcée que cela. Le jeu de Jordan claque, mais l’on ressent que le mix ne s’en sert que comme d’un support plutôt que d’un atout pour sonner fort. Ainsi, il n’y a jamais de passages détonants au blast beat et à la double, même sur le tonitruant « Machine » qui agit plus en morceau coup de poing avant l’ode finale, avec une technique exacerbée des guitaristes en prime. La cadence est mid-tempo, et privilégie le potentiel de composition du quintette qui fait s’entrechoquer les ambiances dans une symbiose folle. Et le travail sur la basse profite du soin apporté à l’élaboration de cette rythmique dynamique et évolutive, pour faire prévaloir l’instrument comme rarement (« Mans Design »).
Wires Of Creation, c’est cinquante minutes d’un voyage démesuré, où les Melbournais nous abreuvent de plages colorées. Malgré une production et un chant perfectibles, ce sont différents horizons qui se rencontrent et cohabitent grâce à la richesse d’écriture du groupe, au travers de mélodies prenantes et d’une force de frappe persuasive. Jouant aussi bien sur le plan technique que la facilité d’un refrain fédérateur, la dynamique de ce premier album frôle la perfection dans son développement rythmique, ses accalmies atmosphériques, et la diversification musicale qui s’empare de chacune des pistes.
Ajouté : Mardi 02 Octobre 2012 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Elysian Website Hits: 7624
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