PUNK ROCK BLITZKRIEG : My Life As A Ramone (2016)
Auteur : Marky Ramone
Traduction : Stan Cuesta
Langue : français
Parution : 23 mars 2016
Maison d'édition d'origine : Touchstone (janvier 2015)
Maison d'édition Française : Rivages Rouges
Nombre de pages : 403
Genre : Autobiographie
Dimension : 23 x 15 cm
ISBN-10 : 2743635983
ISBN-13 : 9782743635985
Comme tous les artistes, les RAMONES ont leur part d'ombre. Il y a l'image qu'ils donnaient en public, la tenue, les noms de famille et la dégaine rebelle. Et il y a la réalité. Joey souffrait de troubles obsessionnels du comportement, Dee Dee était alcoolique et drogué, Johnny était radin et raciste. Passées les premières années de galère et les premières années de succès, les trois ne se supportent plus, ne s'adressant presque jamais la parole et subissant les tournées comme une épreuve. Il fallait une pièce rapportée, un élément extérieur ayant connu le groupe de l'intérieur pour relater cette histoire sans tomber dans le règlement de compte, et c'est Marky Ramone, deuxième batteur du groupe qui s'y colle dans ce récit autobiographique qui met les points sur les i avec les RAMONES mais aussi avec le Punk. Mark Bell, dit Marky Ramone, remplace Tommy Ramone en 1978. Il est licencié en 1983, à cause de son addiction à l'alcool et revient aux fûts de 1987 à l'épilogue du gang.
Cette autobiographie de Mark Bell est en grande partie consacrée aux RAMONES, mais pas uniquement. De construction plutôt classique le récit démarre par les années de jeunesse de Marc Bell à Brooklyn, les déboires à l'école, la première petite amie, les parents, la découverte de la musique etc... tout ceci n'est ni très original, ni très intéressant. C'est un peu le passage obligé de toute autobiographie, toute comme le long chapitre consacré aux alcooliques anonyme et au sevrage de l'alcool qu'on retrouve invariablement dans les bios de rockstar, ceux qui n'ont pas réussi à décrocher n'étant généralement plus là pour se raconter.
Mais avant d'en arriver là (ce décrochage de l'alcool ne se déroulant qu'en 1983, après l'éviction des RAMONES), Mark Bell, raconte la genèse du Punk américain. En spectateur puis acteur privilégié de ce mouvement, il entraîne le lecteur dans les soirées au CBGB, la folie subversive de poètes maudits comme Richard Hell (Mark rejoint les VOIDOIDS en 1977 et participe à l'enregistrement de Blank Generation). Enfin, Mark Bell rejoint les RAMONES et devient Marky Ramone. Jusqu'alors, l'auteur s'était abstenu de décrire le quatuor autrement que comme il apparaissait en public, mais dès qu'il pénètre l'intimité de la formation, Marky Ramone révèle les dessous pas très glorieux. Mais outre les portraits peu flatteurs des trois autres musiciens, de leurs défauts et de leurs vices, le récit met le doigt sur les incohérences entre ce qu'étaient les RAMONES et ce qu'ils ont fini par devenir en survivant bien plus longtemps que tous les autres groupes Punk et même que le courant Punk qui a finalement duré moins d'une décennie.
Même s'il n'était pas là aux premières heures du gang, Marky Ramone a vécu de grands moments du groupe dont le récit est particulièrement délectable. Me reviennent notamment en mémoire la tournée en Angleterre et la découverte du public anglais qui crachait sur le groupe pour marquer son approbation, le tournage du film Rock'n Roll High School (1979) produit par Roger Corman. L'enregistrement de l'album End Of The Century produit par Phil Spector. La rencontre avec Stephen King et la composition de la bande originale de son film Simetierre.
L'histoire racontée par un musicien, qui plus est batteur (ce qui est plutôt rare) donne au récit des enregistrements une couleur particulière très intéressante et si l'on se passerait bien de la trop longue partie consacrée à la désintoxication de Marky Ramone, le livre est bien équilibré et agréable à lire, tout comme sa traduction en version française publiée chez Rivages Rouges, la collection de l'éditeur Payot consacrée à la musique.
"Je vois d'incalculables quantités de gens porter des T-shirt des RAMONES partout dans le monde. C'est une bonne chose, mais je me demande souvent si c'est comme les gens qui portent un T-shirt de Che Guevara sans savoir qui il est. Ou qui ne connaissent même pas le nom du gars dont le portrait orne leur T-shirt.
Si j'avais plus de temps, je serais heureux de leur raconter qui étaient vraiment ces gars. L'importance des opinions politique de John a été exagérée. Même s'il jouait parfois au petit chef dans le van, l'Amérique qu'il aimait finalement était celle des libertés. Dee Dee était un poète piégé dans un corps punk. Il n'a jamais réellement trouvé la liberté qu'il cherchait sur terre, mais la balade qu'il nous a fait faire a été libératrice. Joey était un hippie punk qui avait trouvé une étrange liberté autoproclamée dans la cave de la galerie d'art de sa mère, l'avait emballée et offerte au monde en cadeau."
Ajouté : Samedi 29 Octobre 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Ramones Website Hits: 9390
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