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S.O.D. (usa) - Speak English Or Die (1985)






Label : Megaforce Records
Sortie du Scud : Décembre 1985 (Original Vinyl), 1995 (Re-Issue), 2000 (Platinum Re-Issue)
Pays : Etats-Unis
Genre : Sargent D. is coming
Type : Album
Playtime : 21 Titres - 28 Mins





Bien souvent, une one-time-joke peut tourner au culte. Un sketch fameux au Saturday Night Live, une réplique sur un plateau de télé, un film tourné pour quelques milliers d’euros. Ca peut même parfois se révéler embarrassant, tant les gens se réfèrent à cette anecdote pour définir un artiste.
Mais il est vrai que parfois l’anecdotique s’avère plus qu’indispensable, et alors que l’on croyait juste avoir partagé un délire entre potes, on se retrouve face à un phénomène quasi incontrôlable, dont il faut porter le fardeau toute sa vie.
C’est exactement ce qui s’est passé avec S.O.D. Conçu comme une blague de potaches de mauvais goût, genre le pote réveillé à coup de guitare acoustique dans la tronche (Hein Bam & Ryan Dunn ???), Speak English Or Die s’est avéré être un monstre qui a dévoré tout cru ses créateurs.
Après l’enregistrement de Spreading The Disease, Scott « Not » Ian et Charlie Benante se retrouvent avec un peu de temps libre, ce qui pouvait arriver de pire au monde moderne vu le gabarit des deux gus. Et comme ils ne sont pas du genre à rester à rien faire, ils réalisent très vite que le meilleur moyen de combler cette vacation forcée est de foutre le bordel.
Ca tombe bien, Dan Lilker, leur futur ex bassiste n’a pas grand-chose à glander non plus. Une fois le trio rythmique constitué, ils comprennent rapidement qu’un projet instrumental n’est pas de mise. Mais ils connaissent assez bien un taré notoire, skinhead à ses heures perdues et qui hante le CBGB comme d’autres les comptoirs de rades sordides.
Le quatuor fatal est donc au complet avec l’arrivée de Billy « Fat & Proud » Milano. Et avec quatre membres de ce pédigrée, impossible d’enregistrer un album à la va-vite. Il faut plus. Une ligne conductrice, un concept fatal.
Et c’est une fois de plus la passion qui va guider leur choix. En tant que grands fans de comics (comme leurs potes de METALLICA, enfin surtout Kirk), ils décident de créer leur propre personnage, le Sargent D. Militaire nationaliste un brin dérangé, le fameux sergent à des aventures pour le moins agitées et loufoques.
D’une fascination pour le lait (« Milk », dont Scott Ian dira « Mais comment peut on sérieusement composer une chanson sur le lait ??? »), on passe à une diatribe enragée contre les étrangers incapables de s’exprimer dans la langue de leur pays d’adoption (« Speak English Or Die », irrésistible refrain !), pour en arriver à une incitation au suicide claire et nette (« Kill Yourself », bien vu les gars !).
Et comme le Sargent D. ne crache pas de temps à autre sur une bonne boutade, cet album en est justement rempli ras la gueule. Entre le faux hommage à Jimi Hendrix (« Ta, ta, ta, ta, You’re Dead ! » blague qu’ils réitéreront avec Michael Hutchence…Vive le bon goût…), le larsen salvateur (« Hey Gordy »), et les intermittences suraigues vraiment crispantes (« What’s That Noise »), Speak English Or Die est une blague tordue, un hymne non stop à la bêtise indispensable et à la moquerie au 10ème degré.
Mais ce qui chez certains se cantonne à l’humour carambar pitoyable s’avère ici une réussite totale. Car nos quatre larrons en goguette n’ont pas oublié qu’une farce a d’autant plus d’impact que lorsque elle est savamment élaborée.
Et musicalement, c’est l’épiphanie Crossover. Je n’hésiterais pas à affirmer que sans S.O.D., nous n’aurions pas eu d’EXCEL, de NUCLEAR ASSAULT ou d’UNCLE SLAM. Ils furent quand même les premiers à oser pratiquer ce doux mélange de Thrash et de Hardcore, à une époque ou le mélange des scènes n’était pas le bienvenu.
Combinant la puissance du premier, la vitesse et le nihilisme verbal du second, Charlie, Scott, Dan et Billy réussissent le tour de force de composer un classique instantané, constitué de vrais morceaux solides comme un pet dans ta face, et qui donnent envie de headbanger jusqu’à la fin de la nuit (Je défie quiconque d’écouter cet album sans avoir envie de dézinguer tout ce qui bouge au Famas).
Et réaliser un lifetime classic tout en s’amusant, c’est forcément génial.
Mais malheureusement, ou heureusement, beaucoup de gens ont pris ces lyrics pseudo nationalistes pour argent comptant, et on accusé le groupe de fascisme de bas étage. Il est vrai qu’en pleine administration Reagan, toujours prompte à caresser l’orgueil de quelques blancs du sud dans le sens du poil, le second degré pouvait aisément vous passer sous le nez.
Mais que voulez vous, c’est du Milano dans le texte, et il aura d’ailleurs le même genre de soucis plus tard avec son autre combo phare, M.O.D.
Mais la blague à plus que fonctionné, et après avoir rapidement vendu plus de 100.000 exemplaires de l’album concerné, le groupe fantôme s’est retrouvé au pied du mur, sommé de faire une tournée en bonne et due forme. Etant dans l’incapacité de mettre en standby leurs groupes respectifs, Charlie, Scott et Dan refusèrent toute promotion, au grand dam de Billy, qui se retrouvait comme un con. Il en tiendra longtemps rigueur d’ailleurs à ses deux anciens potes.
Avant de se reformer dans les années 90 pour un live assez bon, Live At Budokan, et deux autres albums studio, plutôt réussis, mais quand même largement en deça de la boutade d’origine (Bigger Than The Devil, parodiant la pochette de The Number Of The Beast de MAIDEN, en 1999, et un album d’inédits, Rise Of The Infidels en 2007).

Aaaaaah….

En résumé, mettre une grosse bouffe à un gamin sans raison, c’est drôle.
Mais le faire après lui avoir fait un câlin, et lui avoir déclaré tout son amour, c’est hilarant.

Surtout si ça lui fait mal.



Ajouté :  Vendredi 27 Août 2010
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Hits: 13057
  
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