SEPULTURA (br) - Nouveau Casino à Paris (08/08/11)
Groupe(s) Présent(s) au concert : SEPULTURA (BR)
Date du Concert : lundi 8 août 2011
Lieu du Concert : Nouveau Casino (Paris, France)
Forts d’un nouvel album, Kairos, plutôt bon et aussi bien accueilli par la presse que par les fans, les quatre terroristes sonores de SEPULTURA viennent nous rendre visite dans notre belle capitale, secouée par les intempéries et les multiples dysfonctionnements des transports en commun.
Lever de rideau à 20h30, pas de première partie, ce soir on va à l’essentiel, et c’est tant mieux. De toute façon, jouer avant SEPULTURA, c’est mission suicide, alors autant s’abstenir.
C’est le public du Nouveau Casino - pas assez nombreux pour remplir la salle mais enthousiaste - qui a été choisi par les brésiliens pour célébrer leur retour en France (si l’on excepte la prestation d’Andréas avec ANTHRAX au Sonisphère, mais nous y reviendrons….), et si la qualité musicale fut au rendez-vous, on peut dire que l’attitude fut aussi à la hauteur.
Tout commence au doux son de l’intro de « Arise », et c’est parti… S’ensuit bien sur le morceau éponyme de cet album mythique, et première constatation : le son est excellent ! Les basses sont dynamiques, le chant est parfait, la guitare sonne juste et claire, et la batterie donne l’impulsion cardiaque sans écraser les tympans. Du grand art !
On reste dans les classiques avec un « Refuse/Resist » du meilleur tonneau, avec un Derrick parfaitement à l’aise et qui s’essaie aux percus, puis, promotion oblige, léger détour par le petit dernier avec un « Kairos » qui passe diablement bien l’épreuve du live.
« Convicted In Life » nous ramène aux belles heures de Dante XXI, tandis que « Choke » replace Derrick derrière ses percus pour se remémorer le premier album de SEPULTURA en sa compagnie.
Seconde et troisième constatations. D’une, le public est chaud, et acquis à la cause du groupe (Il n’y avait qu’à voir les yeux du fan du premier rang m’annonçant triomphalement qu’il avait croisé l’après midi même Paulo sur les Champs, ce même Paulo qui lui remettra quelques instants plus tard une setlist dédicacée !), et de deux, ce même groupe reste pour l’instant en retrait sur scène et ne communique pas avec ses fidèles. En témoigne le blanc presque gênant de presque une minute qui a suivi la fin de « Choke ». Mauvais point pour SEPULTURA, qui va bien se rattraper plus tard.
Après le furieux « What I Do ! », précédé de l’intro du Sab’ « Cornucopia », le combo reste sur Dante XXI, album honteusement sous estimé, et « The Treatment » déboule à fond la caisse pour nous rappeler que ce disque est sans doute ce que le quartette nous a proposé de mieux depuis le départ de Max. Son « éternel remplaçant » Derrick annonce un nouveau morceau, extrait selon lui « D’un album très spécial, qui vous est tous dédié, vous les fans, car nous sommes tous implacables ! », et « Relentless » de le prouver derechef, avec sa lourdeur mâtinée d’accélérations infernales.
La moitié du concert est déjà atteinte, et si le groupe assure au niveau de sa prestation (même si Paulo est toujours aussi discret), avec comme à l’accoutumée un Andréas intenable et un Mister Green aussi imposant qu’affable (vu d’en dessous, c’est… impressionnant !), on note quand même un contact timide avec le public, et surtout, un Jean Dolabella, qui, s’il reste un fameux frappeur doublé d’un habile technicien, n’a pas le groove de son prédécesseur.
Autre reproche notable, quoique anecdotique pour beaucoup de monde, les soli de M. Kisser sur les nouveaux titres ont tendance à beaucoup se répéter, usant et abusant des bends, du feedback et du vibrato en bas du manche. Mais bon, ceci n’est qu’une remarque mineure en live…
Car pas le temps de se reposer, puisque SEPULTURA nous ramène loin dans le temps, en enchaînant pas moins de trois morceaux du génialissime Schizophrenia, que Derrick nous présente comme du bon vieux « Old School SEPULTURA » !
Et comme à la parade, le classique « Troops Of Doom », épileptique, et la fusion démoniaque de « Septic Schizo » et « Escape To The Void » nous embarquent vingt quatre ans en arrière, pour un instant de folie pure que le public ne peut contenir ! Derrick joue avec la foule, multiplie les mimiques, et mérite toujours autant son surnom de « Gentil Predator », tant son sourire le trahit. Cela dit, cela n’empêche pas le groupe de proposer une version atomique de « Void », tellement supersonique que cela en devient surhumain ! Et la voix du leader n’a jamais autant ressemblé à celle de Max, ce qui confère au morceau un doux parfum de nostalgie contrebalancé par l’énergie apocalyptique avec lequel il est joué.
Il faut bien admettre que Derrick est un vrai frontman, dans le sens le plus noble du terme, qui ne se place pas de lui-même au dessus du public, mais bien au même niveau, n’ayant sans doute jamais oublié qu’il a été, et qu’il restera toujours un fan de musique.
Petite retour atypique sur le phénoménal Arise avec un « Meaningless Movements » qui restera comme le moment faible du show. C’est en effet un morceau très anecdotique au regard des classiques du même cru absents ce soir là, tels « Desperate Cry », ou encore « Dead Embryonic Cells », mais bon, ça passe quand même…
Après les compliments de tournée d’usage (« Paris est la meilleure ville du monde pour jouer ! »), SEPULTURA se lance dans une reprise divine du « Just One Fix » de MINISTRY, présente sur son dernier album, Kairos, et prouve de fait qu’une cover organique d’un morceau électronique est tout à fait possible. Chapeau à Jean d’avoir assuré comme une boite à rythmes !
« Seethe » sera le dernier arrêt sur la case « nouveau né » de la soirée avant le démentiel final.
« Territory »…Tout a été dit sur ce classique et pourtant à chaque fois, il file la chair de poule. Son statut spécial est sans doute le même pour le public que pour le groupe, car pour la première fois de la soirée, Andréas s’en va rejoindre son confrère Paulo sur la droite de la scène pour un furieux headbanging, tandis que Derrick est juste intenable au chant. Une tornade, un cyclone, que dis-je, une fin du monde. Le public devient fou, et tout le monde scande le refrain/slogan d’une seule et unique poitrine, et c’est émouvant. Et que dire de la reprise juste après le second refrain ?
Rien, à part se la manger dans la face comme une tonne de brique balancée du balcon.
Que faire après cette secousse sismique ?
Déconner ?
Bah oui, et Andréas de se lancer dans le thème de Batman, avant que Derrick ne se foute de sa gueule et ne lui demande s’il « s’est bien amusé avec ANTHRAX ? ». Il n’en fallait pas plus pour qu’il n’amorce le riff de « I Am The Law » en opinant du chef…
Quel groupe, qui n’oublie pas de plaisanter sans pour autant torcher ses chansons ! Hilarant, pour le moins !
« Inner Self », dans une très bonne version sera le dernier titre avant le rappel et l’extinction temporaire des lumières.
Seulement une petite minute suffira à ramener le groupe sur scène pour une très bonne version de « Ratamahatta », avec un duo Andréas/Derrick au chant, puis Derrick/Jean aux percus, mais décidemment, le batteur à vraiment du mal avec le groove de ce morceau… N’est pas Igor qui veut !
Et un concert de SEPULTURA, c’est comme un film que l’on connaît par cœur, même si on sait comment ça va se terminer, on attend que ça…
Alors le groupe s’amuse, Derrick serre des mains, Andréas joue du Sab’ à la gratte et singe Ozzy au chant, tandis que son chanteur l’encourage « à continuer pour se débarrasser de son obsession ! »
Et puis puisqu’il faut en arriver là…
Bah oui, « Roots, Bloody Roots » bien sur, et sur ce coup là, chaque individualité du Nouveau Casino, public, roadies, techniciens, petits, grands, femmes, hommes ne font plus qu’une seule entité qui reprend à tue tête ce chef d’œuvre qui a ouvert en grand à SEPULTURA les portes du marche français (100.000 exemplaires à l’époque, unique pour un groupe de cette intensité !), et c’est l’orgie finale… Puisqu’il faut bien une fin…
Une heure et quart, c’est court pour une tête d’affiche, mais que demander de plus ? SEPULTURA confirme avec ce concert son statut de bête live, et nous enchante au plus haut point, marquant son grand retour dans l’actualité, avec un nouvel album qui tient diablement bien la route. Mais… Aviez-vous seulement cru une seconde qu’ils allaient se laisser repousser en seconde division comme ça, sans rien faire ?
La sépulture n’est pas prête de se refermer, et l’enterrement n’est pas pour demain.
Tenez le vous en pour dit.
Ajouté : Mercredi 10 Août 2011 Live Reporteur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Sepultura website Hits: 15134
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