Conseil d’ami, oubliez les investissements inutiles dans les grosses productions du moment et jetez votre dévolu sur ce disque. Vous n’en aurez que meilleur conscience. Parce FOETUR, avec ce premier jet, vous proposera une expérience de réflexion bien plus intense que n’importe quel autre achat tendance. Le nom n’est pas très ronflant et leur notoriété peine encore à dépasser les banlieues parisiennes, mais ce papier est là pour contribuer à une évolution. Et ce n’est que justice, pour une fois qu’un groupe français fait tout pour sortir de l’ordinaire. La Vie Est Belle, un baptême du feu bien cynique il est vrai pour une formation qui jamais, ne renie son attirance pour le Brutal Death. Mais au-delà de l’aspect musical, c’est la mise en forme qui surprend. Cet album est conditionné dans un emballage de sarcasme et de politiquement incorrect qu’ils assument à 100%. Mieux encore, il nous est présenté comme un programme TV. Chaque chanson correspond à une catégorie de programme qui va de la téléréalité au débat politique. Ainsi, vous vous retrouvez avec un plateau-télé gourmand pour occuper vos vendredis soirs.

Cette mise en scène originale n’est que poudre aux yeux. Car derrière, FOETUR efface cette image de joyeux lurons avec leur Death hautement traditionnaliste rehaussé par la force des mots. Le chant est en français. Mieux encore, les paroles ne sont pas que du vent. Elles ont un sens et sont très bien écrites avec un amour de la rime manifeste. C’est trop rare pour être souligné. Abordant souvent des sujets funestes voire gores, les parisiens n’en oublient pas moins d’harmoniser leurs propos avec une musique relativement malsaine et exécutée proprement. Ce n’est pas vraiment la boucherie décrite dans « Mort Rouge » mais plutôt un travail de chirurgien. Le Brutal Death demande de la technicité et de la pratique ? Pas de problèmes, FOETUR a eu son Bac Pro RECUEIL MORBIDE. En effet, les parisiens accusent quelques similitudes avec les francs-comtois, dans cette façon de lancer les hostilités dès la première seconde par exemple ou dans l’art de ne jamais faire retomber la pression. Cet opus nous met en face de nos responsabilités en nous servant une grosse demi-heure de matraquage, amplifiée par une production sans artifices qui rend chaque note audible. Voilà des garçons qui ne se démarquent pas vraiment par l’originalité de leur Brutal Death, élevé en plein air et nourri au grain mais plutôt par leur aisance à maintenir un rythme effréné tout au long des compositions. Compositions compactes et rugueuses, qui possèdent chacune leurs petits signes distinctifs. Accélération progressive de tempos sur « L’Equarisseur », riffing syncopé en ouverture de « Protection 001 » ou groove avoué sur « Pour Le Salut De Nos Âmes », FOETUR s’y prend à la perfection pour amadouer son public. Et devant l’intensité que dégage cette galette, on ne peut que constater qu’ils sont parvenus à éradiquer les premiers sourires de nos sales gueules sans trop de difficultés. Surprenant à bien des égards, La Vie Est Belle possède une durée de vie tout à fait honorable et suffisante pour nous permettre d’apprécier ces quelques créations à leur juste valeur. Mention particulière pour les vocaux de Guillaume, abyssaux et qui ont même tendance à déflorer quelques truies (« Tentative d’Humanité »).

Je ne peux pas garantir le succès d’un tel album qui trouvera certainement l’une ou l’autre oreille réfractaire. Mais quand on tombe sur un groupe comme ça, qui vous met une bonne claque et que dès lors, vous avez envie de tendre l’autre joue, ce n’est pas un signe de vénération religieuse mais plutôt un signe de vénération de la bonne musique. Alors je veux bien l’avouer, c’est peut être une conclusion un peu guimauve et qui ne colle pas très bien à l’esprit de ce full-lenght, mais faire ce type de rencontres, ça rend assurément la vie plus belle.