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STAAR (FRA) - Thomas et Julien (Jan-2012)


On devrait toujours se méfier de ses voisins. Je pensais vivre en paix dans un quartier serein avec de charmants riverains. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir par le plus grand des hasards que parmi eux habitait le créateur d’un groupe de Black Metal absolument singulier ! STAAR, c’est son nom. Et son géniteur, Thomas, a des choses à dire. Sur leur premier album éponyme notamment. Sur leur vision de la scène Black Metal actuelle également. Et le garçon n’est pas du genre à avoir la langue dans sa poche. Quelques vérités, une pointe de cynisme et beaucoup de franc-parler, voilà de quoi sera faite cette interview qui, j’en suis sûr, vous donnera envie d’en savoir plus sur ce groupe du terroir. Entretien.

Line-up
: Thomas (chant et claviers), Julien (guitare et basse)

Discographie : Staar (Album - 2011)



Metal-Impact. Salut Thomas ! Je suis Stef pour le webzine Metal-Impact. Peux-tu tout d’abord nous présenter STAAR, nous parler de sa création, de son développement, de l’état d’esprit dans lequel évolue le groupe ?
Thomas. J’ai créé STAAR avec Julien en octobre 2009 à Strasbourg en tant que groupe de Black / Thrash Metal. C’était un projet que j’avais en tête depuis déjà quelques années à l’époque. Pour ma part, avant STAAR, j’avais participé à plusieurs projets musicaux qui n’avaient mené à rien de très constructif, mais c’est à cette époque que se sont formés la plupart des idées et des concepts que j’utilise pour STAAR aujourd’hui. C’est en 2007, quand j’ai fait la connaissance de Julien, que les choses ont commencé à se préciser. Nous avons assez vite parlé de fonder un groupe ensemble. Il a fallu attendre 2009, après avoir partagé nos goûts musicaux et pas mal de bières, pour que les choses se concrétisent. Je ne saurais pas dire pourquoi, mais nous n’avons pas réellement tâtonné au départ comme je l’aurais imaginé ; notre musique nous est venue assez naturellement (je parle ici des riffs, de la construction des morceaux, etc…). Là où les choses ont évolué de façon bien plus aléatoire, c’est en ce qui concerne notre style. Nous n’avions pas de style bien défini au départ dans lequel nous voulions jouer. C’était juste une rencontre de deux mondes musicaux : celui du Heavy / Thrash de Julien, et le mien, plus Black / Death old-school. Et nous ne savions pas, et ne voulions pas savoir, ce que cela allait donner. On n’a pas commencé en se disant : « bon, on va essayer de trouver de bons riffs de Black et on va faire un album ». On a fait un mélange de tout ce qui nous plaisait (Heavy, Speed, Death, Thrash, Black …) sans se demander si ça allait sonner Black ou pas (je ne suis d’ailleurs pas encore vraiment convaincu que notre album soit réellement un album de Black, mais bon). C’était une démarche directe et sans superflu, basée sur ce qu’on avait vraiment au fond des couilles et pas sur ce qui pouvait faire « classe » dans la scène Metal extrême actuelle. C’est donc pour renforcer cet état d’esprit que nous avons opté pour une production crue et froide en enregistrant la plupart des pistes avec un simple dictaphone à cassettes. Le son devait rester authentique, artisanal, « fait maison ». Notre musique, c’est ce que nous avons au plus profond de nous, de notre âme. Elle nous vient de façon directe et sans artifices, nous la restituons donc de la même manière.

MI. Tu formes avec Julien un duo qui semble assez complémentaire. C’est pour ne pas rompre cette complémentarité que vous avez choisi d’évoluer ainsi ? Resterez-vous un duo quoiqu’il arrive ?
Thomas. Comme je le disais, nos univers musicaux sont assez complémentaires, c’est ce qui nous permet d’avoir beaucoup d’idées assez variées. Cette complémentarité est essentielle pour STAAR. Pour autant je ne sais pas si nous resterons un duo quoi qu’il arrive. Tu sais, plus il y a de membres dans un groupe, plus c’est le bordel pour s’organiser et prendre des décisions. Moi et Julien avons des vies bien remplies (et pas que par STAAR). Si nous voulons continuer à avoir du temps pour STAAR, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps inutilement, ce serait détruire notre projet. Je ne peux pas dire s’il y aura un jour un ou plusieurs autres membres. Il faudra que ces membres soient d’une fiabilité irréprochable. Inutile de dire que ça s’annonce très difficile. Mais une chose est sure, STAAR ne peut pas exister sans moi et surtout sans Julien.

MI. Vous êtes assez intègres dans votre démarche puisque vous refusez les modes musicales, les grosses productions, les avances des labels et l’enregistrement studio. Penses-tu que ce soit la meilleure marche à suivre pour l’épanouissement de votre musique ?
Thomas. Ça dépend ce que tu entends par « épanouissement ». Je note bien que tu parles de l’épanouissement de notre musique et pas de notre « épanouissement personnel »… Notre musique, c’est la musique qui nous plait à nous, avant d’être celle qui va plaire à notre public. Suivre les modes et les tendances, c’est faire l’inverse, c’est très bon pour l’épanouissement de la musique et la santé financière des grosses maisons de disque, mais très mauvais pour notre épanouissement à nous. Et c’est pourtant ce dernier point qui importe avant tout. Si je ne prends plus de plaisir à faire de la musique, ça ne sert à rien de continuer. C’est pour ça que nous ne suivons pas les modes, pour continuer à faire ce qui nous plait sans être emmerdé, tout simplement. Après est-ce que ça va nous aider à nous faire connaître et à vendre des CD ? Je n’en sais absolument rien et je m’en fous pas mal. Dans une scène Black Metal où le fait de rejeter les modes est lui-même devenu une mode, je ne jure plus de rien. Nous voulons juste partager la musique avec ceux qui l’aiment et rembourser (je ne parle pas de faire des bénéfices) les sommes que nous avons avancé pour produire notre album. L’argent et le succès éventuel que pourrait nous apporter STAAR ne peut pas nous aider à notre épanouissement, ça peut au mieux nous filer la chiasse et au pire nous rendre cons. J’aime bien le terme « épanouissement », ça me fait penser au bourgeon d’une petite fleur en train d’éclore, pile le genre de Black Metal que j’aime !

MI. Très peu d’infos circulent à votre sujet. Vous êtes restés silencieux pendant deux ans, entre 2009 et 2011 et pourtant, vous êtes inscrits sur Facebook et tu nous accordes aujourd’hui la faveur d’une interview. N’est-ce pas un peu paradoxal comme mode de fonctionnement ?
Thomas. Nous sommes restés silencieux entre 2009 et 2011 parce que nous n’avions rien à dire, notre musique n’était pas prête. Quand on n’a rien à dire, on la ferme. Quand c’est le moment de parler, on parle. Je ne vois pas ce que ça a de paradoxal, sauf peut-être dans un monde où l’on parle quand on n’a rien à dire, et où quand il faut prendre une décision, il n’y a plus personne. Mais heureusement, un tel monde n’existe pas… Pour ce qui est de Facebook, c’est un très bon moyen de communication, malheureusement très mal utilisé. Je ne comprends pas bien cette critique gratuite des groupes qui sont sur Facebook ; sans doute que ce n’est pas à la mode d’être sur Facebook, ou le contraire, à force je ne sais plus. Là où je ne comprends pas bien l’intérêt de Facebook, c’est lorsque des gens y étalent leur vie privée alors que tout le monde s’en contrefout. Ça donne aux gens l’impression d’avoir une vie exceptionnelle (enfin, plus exceptionnelle que celle des autres) alors que objectivement, c’est faux. Personne ne devrait avoir une existence exceptionnelle, surtout pas STAAR, ça n’a aucun intérêt, j’ai déjà expliqué pourquoi. Nous utilisons Facebook simplement pour transmettre de l’information et absolument pas à titre privé. Cette utilisation ne me parait pas du tout en contradiction avec notre philosophie musicale. Enfin, pour ce qui est de l’interview, je ne pense pas qu’il y en aura beaucoup si ça peut rassurer les intégristes du Raw Black Metal minimaliste underground. Je pense que je finirai vite par me lasser de répéter les mêmes choses.

MI. Egalement, vous semblez réfuter l’utilisation de pseudonymes, l’utilisation du corpse-painting et de tout l’attirail visuel classique fait de clous et de cuir. Ne penses-tu pas que cela fasse aussi partie du folklore de cette musique ?
Thomas. Est-ce que ça fait partie du folklore ? Je ne sais pas. En tout cas, ça fait partie de la mode du Black Metal, c’est sûr. Le Black Metal est une mode, il faut être lucide. Nous ne trouvons aucune satisfaction dans cette mode, donc nous nous efforçons de ne pas la suivre mais je suis conscient que ce n’est pas toujours facile parce qu’elle a quelque chose de paradoxal en elle (particulièrement dans le Black) qui fait qu’elle peut s’insinuer dans notre musique sans qu’on s’en aperçoive ou presque. Les labels, les webzines nous catégorisent dans le Black Metal voir le Raw Black Metal minimaliste. Je ne sais pas si ça veut dire grand-chose. C’est un nom pour nous mettre dans des catégories sur les sites internet et dans leurs catalogues, mais ça s’arrête là ; ça ne représente pas l’essence de STAAR. Je pense qu’on s’est un peu avancé en disant qu’on réfute cette mode (puisque réfuter une mode est une forme de mode). Dire qu’on s’en tape me parait plus juste. Le corpse painting, les clous et le cuir, ça devait avoir un sens pour ceux qui l’ont inventé. Pour les autres, je ne vois pas l’intérêt.

MI. Vous défendez un Black Metal très pur, très sombre, très minimaliste. C’est un peu une philosophie pour vous que de suivre ce chemin ? Regrettez-vous l’évolution du Black Metal actuel ?
Thomas. Je pense qu’on en revient à ce que je disais précédemment. On ne défend aucun Black Metal, aucune scène, aucun style, aucune mode, aucune tendance. On défend notre musique, juste notre musique, « artisanale », directe et sincère. Notre philosophie, c’est de suivre notre chemin et libre à nous d’emprunter les routes que nous souhaitons sans savoir où celà va nous mener. Je ne vois pas ce que je pourrais regretter d’un phénomène qui, quelque part, ne me regarde pas vraiment. Tout est amené à évoluer. J’aurais beau regretter, je n’y changerais rien. Alors à quoi bon s’en soucier ? Que ceux qui aiment écoutent et que ceux qui n’aiment pas n’écoutent pas.

MI. Quels sont tes références musicales et t’arrive-t-il d’écouter des musiques moins extrêmes ou moins « underground » ?
Thomas. Tu sais, je farfouille par ci par là, chez les disquaires, sur Internet. Parfois une pochette attire mon regard, alors j’écoute. Parfois j’aime, parfois pas. Comme tout le monde quoi, enfin je pense. C’est comme ça que je découvre de nouveaux groupes et il y en a tellement. Commencer à en citer serait très long (Thrash, Speed, Death, Black, Heavy, Ambiant, Electro, Rock, Classique, Jazz, Blues et autres). Mais c’est ça qui forme le terreau sur lequel pousse STAAR. Ça moisit, ça se mélange, ça fermante, ça pue et ça pète mais c’est de ce jus merveilleux que naissent toutes nos idées. Bien sûr, nous avons beaucoup de références et d’influences mais c’est le mélange qui nous est propre et la façon de l’interpréter, de même que la quantité de bière et de purin qu’on va injecter dans tout ça. Il faut que ça sente la ferme, la grosse couille de taureaux ! Pour citer quelques bons artistes qui me passent par la tête : PINK FLOYD, MUTIILATION, RESISTANCE, SANTANA, SLAYER, OLD, DARKTHRONE, IRON MAIDEN, BURZUM, ASHBURY, WINTERHAWK, MANILLA ROAD, MORTIIS, etc…

MI. Parlons maintenant de votre premier album éponyme. Avec un peu de recul, êtes-vous satisfaits du travail accompli ? Y’a-t-il quoi que ce soit que vous souhaiteriez modifier avec le temps ?
Thomas. Je suis de nature assez perfectionniste. Bien sûr qu’il y a des choses à améliorer, mais à un moment il faut savoir dire stop sinon on ne fini jamais ! On a dû se fixer des limites, sinon on y serait encore. Mais avec le recul, oui, pour ma part je suis satisfait. Cela ne veut pas dire que c’est un bon album ; ce n’est pas à nous d’en juger.

MI. Cet album suit-il un concept ? Raconte t-il une histoire ? Peux-tu nous en dire plus sur les thèmes qui sont abordés ?
Thomas. Cet album raconte la guerre, sous toutes ses formes et pas seulement au sens « militaire » du terme. En fait, il parle de la dualité qui existe en toute chose et particulièrement chez les êtres humains : le bien et le mal (banal mais tellement essentiel), l’intégrité et la perversion, la guerre et la résistance, les traditions (le français) et la mondialisation (l’anglais), l’absurdité et la cohérence, la révolte et la soumission. L’un ne peut pas exister sans l’autre. Toute chose ne peut exister que par contraste avec son opposé. Comment pourrait-on définir le bien si le mal n’existait pas ? C’est là que se situe le point central de l’album. Bien sûr, tout autour gravitent d’autres concepts qui s’y rattachent : nos influences, les origines du groupe, la vie, la mort, la bêtise, la misère, ceci toujours en jouant sur les oppositions et les contrastes. Si je devais trouver un mot pour définir le thème de l’album je dirais : l’existence, tout simplement.

MI. Niveau rythmique, on ressent davantage de lourdeur et d’oppression que de vitesse pure ou de technicité. Avez-vous délibérément choisi de mettre l’accent sur les ambiances plutôt que de faire étalage d’une quelconque palette technique ?
Thomas. Oui, tout à fait. C’est un choix délibéré. Il n’y a pas besoin d’être un artiste pour avoir de la technique. De l’entrainement et du travail suffisent. Je ne dis pas que nous sommes des artistes, mais avec juste de la technique, il n’y a aucune chance d’en devenir un. La technicité peut très bien être remplacée par une machine. L’ambiance, l’âme, c’est ce qui fait la différence entre l’humain et la machine. L’ambiance fait passer bien plus de messages et de sensations que la technique. Et puis la technique c’est surtout de la frime, ça fait « classe », je ne vais pas y revenir.

MI. Cet album se décompose en deux parties, un peu comme un vinyle. Une intitulée « World War » dont les compositions portent des noms anglais et une autre intitulée « Resistance » dont les morceaux, cette fois, sont nommés en français. Pourquoi ce choix ?
Thomas. Il y a plusieurs raisons à ce choix. Chronologique d’abord : les pistes en Anglais ont été composées en premier, celles en Français l’ont été ensuite. De plus, on sent une légère différence de style, surtout dans le chant, entre les deux parties. Il était donc assez logique de les regrouper de cette façon. On pourrait presque parler d’une sorte « d’auto-split album ». Ensuite, ces deux parties sont complémentaires et se répondent : la première représente la domination (et l’Anglais omniprésent, la mondialisation), la seconde l’oppression (et nos racines, nos traditions) et s’oppose à la première. Toutefois, une certaine ironie englobe le tout et permet de relativiser chaque partie, le tout étant renforcé par le fait que la première partie s’enracine profondément sur la seconde et s’en nourrit, tout comme STAAR puise ses forces dans la crasse, la misère et la souffrance. De la même façon, la puissance et la force de certains n’existe que par la misère et la faiblesse des autres. Bien sûr, on retrouve également un parallèle avec la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui vient renforcer l’esprit martial et « guerrier » de l’album et la notion de lutte des « faibles » (des plus forts en réalité) contre l’oppressions des plus forts (finalement les plus misérables). Sur une note plus légère, le nom « Résistance » est aussi un clin d’œil au groupe de Thrash Metal strasbourgeois RESISTANCE que nous apprécions particulièrement. Enfin, comme je le disais précédemment, ces deux parties symbolisent également la dualité et l’opposition qui existent en toute chose. Chaque chose existe grâce à son opposé, les deux étant intimement liées pour atteindre un certain équilibre permettant leur existence.

MI. Etant moi-même originaire de Strasbourg, je n’ai pas pu ignorer le morceau intitulé « Petite France », qui porte le même nom que le quartier historique de la ville. Y’a-t-il une quelconque relation ?
Thomas. Bien sûr, ce choix de titre n’a pas été fait par hasard. Il représente évidemment nos origines strasbourgeoises, ce quartier étant profondément ancré dans l’histoire. Ce quartier tire son nom de l’hospice pour syphilitiques qui y a été construit au XVème siècle. Ce titre mêle donc nos origines et nos traditions à une certaine forme de misère ; c’était donc une très bonne entrée en matière pour la deuxième partie de l’album.
Julien. C'est une référence à nos racines. De cette piste ressort toutes les heures sombres de l'histoire de nos régions (Alsace-Moselle).

MI. Une autre chanson a particulièrement retenu mon attention, il s’agit d’« Ode Aux Crasseux ». Y’a-t-il un message particulier derrière ce titre assez explicite ?
Thomas. Les crasseux, les rebus de notre société, personne n’en parle. Ils gênent, mettent mal à l’aise, tout est fait pour les cacher, les nier et les renier. Pourquoi ? Parce qu’ils nous mettent face à l’échec de notre société, notre échec. Cela nous permet de réfléchir et d’avancer, grâce à eux, si nous le voulons bien. De plus, pour qui sait y prêter attention, les « crasseux » (ce terme n’est pas péjoratif mais ironique) nous apportent une richesse considérable et une grande source d’inspiration pour progresser. Je voulais simplement les remercier. Mais au fond, qui sont réellement les « crasseux » ?
Julien. Pour moi, c'est un appel à tous les rejetés et rebus de cette société, tous ceux qui ne rentrent pas dans un moule. Cette chanson leur est dédiée. Levez-vous, frères !

MI. La dernière composition, « Passage », démarre avec un extrait audio du film « Les 120 Journées De Sodome ». C’est vraiment surprenant de votre part d’entendre un tel trait d’humour, aussi noir soit-il, après ces quarante-cinq minutes glaçantes. Là encore, à quoi réfère ce choix ?
Thomas. Oui. Plus précisément, c’est une des dernières scènes du film. Pour moi, cet extrait conclut bien l’album, il permet de relativiser, de réaliser qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre et ne pas trop se prendre au sérieux. Cette « blague » nous met face à l’absurdité de l’existence, absurdité souvent retrouvée dans l’album. Pour en revenir au film plus généralement, il nous montre la perversion dans une de ses formes les plus extrêmes. Là encore, cette perversion ne quitte jamais nos chansons. Par elle, tous les messages contenus dans l’album perdent de leur intégrité et de leur crédibilité. Mais c’est délibéré, car tout être humain aussi intègre et droit soit-il sera toujours rattrapé et décrédibilisé par une forme de perversité qui est une caractéristique complètement humaine et à laquelle nous ne pouvons pas échapper. Les exemples sont innombrable de personnes au-delà de tout soupçon qu’on a retrouvé en train d’enculer leur chien, de se faire prendre par leur cheval ou de se tripoter dans les sous-vêtements de leur grand-mère. On est dégoûté, on s’indigne, on gerbe, mais c’est d’un banal affligeant, c’est humain. Aussi banal (et à la fois effrayant) que de plonger et de faire « plouf ». Vouloir le nier serait dangereux et risquerait de nous faire fermer les yeux sur des agissements intolérables. Mais qui n’a jamais fait un truc pervers, comme ça, juste pour le plaisir ? STAAR étant profondément ancré dans l’humain, dans ce qu’il a de bien et surtout dans ce qu’il a de pire, il était indispensable d’en tenir compte. C’est pourquoi, faire un clin d’œil au film « Les 120 Journées de Sodome » nous a paru particulièrement cohérent.
Julien. C'est un hommage à la décadence sous toutes ses formes: la sodomie, le caca... et tous ces petits plaisirs du quotidien !

MI. Un mot sur l’artwork qui est une photo que tu as toi-même prise. L’as-tu choisie pour son esthétisme ou y’a-t-il une signification plus poussée derrière ce tas de débris ?
Thomas. Bien sûr que je l’ai choisie pour l’esthétique, mais pas seulement. Je l’ai également choisie pour sa simplicité et sa sobriété. Elle est crue, authentique. Elle est en noir et blanc, et de ce fait, souligne bien l’esprit de contraction de l’album. Le tas de débris représente, entre autre, le mélange de nos influences, un mélange teinté de crasse et de décadence. Le métal pour le style de musique et la froideur, le bois pour l’authenticité. Il a été mis là en attendant, mis de coté parce qu’inutile et encombrant. Mais la lumière vient l’éclairer pour le remettre en valeur, lui trouver un nouveau sens. Au fond, on remarque une échelle partant du tas de débris et montant vers le logo : c’est dans la crasse et les rebus que STAAR puise ses forces et son inspiration. Posé dans le coin gauche, on remarque un vieux lavabo, c’est un élément mis en lumière mais inutile, incongru. Comme dans la vie, il y a toujours un grain de sable qui vient foutre la merde, personne ne comprend ce qu’il vient faire là, c’est le paramètre hasardeux. Enfin, le mur (un clin d’œil à PINK FLOYD), qu’on retrouve plusieurs fois dans l’artwork représente l’enfermement, l’absence de liberté de pensée. S’y ajoute le caractère exigu de la pièce, donnant une impression de réclusion, avec toutefois son plafond en bois, moins froid, protecteur. Ce ne sont que quelques éléments de réponse, je pourrais m’étendre bien plus mais ce serait un peu long.

MI. STAAR est l’acronyme des mots « rasta » et « astra ». Etes-vous plus proches de « rasta » pour ce côté philosophie de vie presque syncrétique ou d’« astra » qui signifie « étoile » en latin et qui réfère à une vision des choses plus… mystique ?
Thomas. Rasta, certainement pas. Ce terme contient une connotation plus religieuse que philosophique. Le mouvement rasta trouve ses origines dans la religion chrétienne qui prive ses adeptes d’une grande partie de leur liberté de pensée, tout l’opposé de ce que défend STAAR. Astra ? Oui et non. Non, parce que j’aime ce qui est carré, terre à terre. Oui, parce que ce n’est pas incompatible avec une vision plus abstraite des choses. Les deux ne sont pas incompatibles. C’est à ça que sert l’art à mon avis, à réinterpréter des concepts parfois très simples et concrets en les montrant sous un autre angle plus abstrait pour nous faire réfléchir autrement.
Julien. En fait, c'est le nom d'un mec qu'on connait et qui est mort... Il n'y a pas de sens caché derrière.

MI. Quelle est la suite du programme vous concernant ? Envisagez-vous de vous produire sur scène prochainement ou privilégiez-vous la composition ?
Thomas. On travaille sur de nouveaux morceaux en ce moment. C’est ça notre priorité. Faire de la scène n’est pas à l’ordre du jour, pour deux raisons : nous ne sommes que deux et nous manquons de temps.

MI. Que pensez-vous d’un groupe comme BLUT AUS NORD, qui juge incompatible de pratiquer du Black Metal et de se produire en concerts ?
Thomas. C’est un avis qui ne regarde que les membres de BLUT AUS NORD, groupe que j’apprécie beaucoup. Maintenant si tu veux savoir si pour STAAR, jouer notre style de musique est incompatible avec les concerts, la réponse est non. Comme je l’expliquais plus haut, jouer en live n’est pas à l’ordre du jour mais plus pour des raisons pratiques que « philosophiques ». Par ailleurs, il me semble que BLUT AUS NORD n’est pas le seul groupe à tenir ce genre de discours, faire du live ça ne fait pas « true »… Tu sais ce que j’en pense, je ne reviendrais pas sur le sujet…

MI. Que peut-on souhaiter pour STAAR en 2012 ?
Thomas. De rester libre autant que possible.

MI. Merci Thomas de nous avoir accordé de ton temps pour répondre à ces quelques questions. Je suis convaincu que nos lecteurs tireront pas mal d’enseignements de votre musique et de cet entretien. Je te laisse le mot de la fin. Merci !
Thomas. Merci à toi Stef pour ton soutien, ton intérêt et tes questions très pertinentes !


Ajouté :  Jeudi 15 Mars 2012
Intervieweur :  Stef.
Lien en relation:  Staar Website
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