OUGHNAUT (usa) - Pigs In The Parlor (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 16 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Jazz Math Noise
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 18 Mins
J'ai l'habitude de bosser sans avoir grand chose à me mettre sous la dent, mais là, j'avoue c'est le bouquet. A part un Bandcamp aux informations diffuses et concises, je ne sais absolument rien de ce groupe étrange qui nous vient de Dallas, Texas. Ok, on va faire avec, tant pis.
Avec SAXON, il est toujours treize heures à Dallas. Avec JR, c'est un monde impitoyable. Derricks, pétrole, motards, cow-boys, farmers, et tutti quanti, mais qu'en est il du Dallas décrit par ces mystérieux pourfendeurs de la musicalité ?
D'abord, rien que le titre de cet EP est bizarre. Il en manque une partie dans la description de cette chronique, puisque in extenso, ça donne Pigs In The Parlor/Random Bits And Pieces.
Qu'est ce à dire ? Que nous n'avons droit qu'à une partie du délire ? La portion congrue ? Ce qui reste écoutable ?
Si cette dernière solution est à envisager, je n'ose imaginer le reste...
Mais allons-y, lançons-nous et parlons en...OUGHNAUT ou l'art d'accumuler les tags sur sa page, en alignant rien de moins que les affiliations suivantes :
Doom experimental free jazz metal noise stoner rock weird.
Sans connaître leurs travaux antérieurs, j'affirme. Doom, pas du tout. Expérimental, j'approuve. Free Jazz évidemment, Noise aussi, d'une certaine façon, Stoner il va falloir m'expliquer, à moins qu'ils ne fument en jouant, Rock oui aussi sous un certain angle et Bizarre là, c'est une certitude absolue.
Oui autant dire la vérité, le Metal est ici... ailleurs. Ne cherchez pas. Sans non plus tomber dans le Free Jazz pur de LITTLE WOMEN ou DEAD FRANK, les musiciens du jour s'en inspirent pour sa liberté de ton et de direction, mais autant le dire tout de suite, le reste est plutôt Noisy, et sacrément barré. Il n'est pas question de Harsh Noise ici, une certaine forme de musicalité est de mise, mais le bruit est quand même omniprésent dans l'expression, sans occuper tout l'espace.
A dire vrai, les compos ne se ressemblent absolument pas. Sans que la trame n'en pâtisse, chaque morceau à sa raison d'être, et si certains gardent la trace d'une étude Jazz très libre, d'autres au contraire ne sont constitués que d'arrangements sonores, d'assemblages hétéroclites, qui parfois sonnent comme un croisement entre le dadaïsme de Zappa, et les fantaisies rythmiques de PRIMUS ("Impending Doom—and Bourbon, Neat.").
Le titre est bizarre ? Oui, mais il est à l'image de la musique. Des couches s'empilent comme aux plus grandes heures des recherches de l'avant garde, on devine les instruments plus qu'on ne les écoute, et le tout suit sa route, et reste terriblement prenant, pour peu que l'on soit réceptif à ce genre d'abstraction.
Ca commence même par le truc le plus abordable du lot, ce qui implique dès l'entame un voyage plutôt étrange. Avec cette sorte de fanfare décalée qui se fraye un passage à travers les dissonances, "The Ballad of Sausage Biscuit" évoque une sorte de Polka sous acide, avec contrebasse complètement défoncée, lignes vocales lapidaires balancées entre deux retours de trip, et puis des cuivres, hystériques, une rythmique atypique, et un décalage permanent qui balance entre Jazz louche (franchement louche même), et Post Rock expérimental un peu space.
Pas besoin de gober des pilules, la musique fait le même effet, et sans danger pour la santé.
Mais bien que plus "classique", "I is" n'en est pas forcément plus facile d'accès. Saillie la plus étirée de l'ensemble, c'est certes un démarquage jazzy un peu plus conventionnel, à la limite de la BO de film noir un peu déjanté, mais c'est sans compter sur des stries de sons de guitare, à la disharmonie délicieuse, mais le tout garde quand même l'apparence d'un sale duo d'égoïste basse/batterie, à peine dérangé par un soliste qui s'ennuie ferme à côté. Mais les deux exilés ne restent pas tranquille longtemps, et le tout se met en branle autour d'un piano aux chromatismes irritants, et le volume monte, pour atteindre un paroxysme qui sait rester discret. Pas confidentiel, mais discret.
Metal ? Allons donc... Mais Noisy, oui. Un peu groovy aussi quand même.
Allons, on se finit sur le diptyque "Mechanically Seperated Chicken Parts", qui ne trompe personne parce qu'on sent bien que ce pauvre poulet à été désossé à la main.
Première partie sans aucune volonté mélodique, bruitiste au possible avec une nappe de bruitages électroniques, et seconde qui se la joue tangente, et qui flâne sur les rives de l'expérimental, avec toujours cette contrebasse Jazzy qui parfois fait même un peu peur de ses grincements, mais qui se calque sur la ligne du parti. Pas encore aussi assourdissant que MERZBOW, mais on en est quand même pas loin. Disons que si Masami Akita apprenait les rudiments du Free Jazz, il pourrait jouer ça, un sourire sadique en coin. Ou pas, peut être qu'il s'en fout après tout.
Mais ne renoncez pas, l'outro est sympa. Non en fait je mens, elle est comme le reste.
Je ne vais pas monter un dossier à charge, si le Free Jazz à tendance Noisy vous donne des hauts le coeur, laissez tomber. Si vous n'êtes pas contre un peu d'expérimentation, il y en a ici encore un peu trop. Mais si comme moi, vous avalez des couleuvres en croyant manger du saumon, alors allez-y, et collez-vous Pigs In The Parlor dans la face. D'une pour toutes les raisons que je n'ai pas énoncées, de deux parce là pochette est El Santo SM friendly, et de trois parce que le bouzin est dispo gratos sur le Bandcamp des animaux en rut. Il n'y aura pas de quatrième raison. Les porcs m'attendent au parloir, et je n'ai rien à leur dire. Alors bonsoir.
Ajouté : Samedi 16 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Oughnaut Website Hits: 5000
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