RAMMSTEIN (de) - Rammstein In Amerika (2015)
Label : Mercury
Sortie du DVD : 25 septembre 2015
Pays : Allemagne
Genre : Metal Industriel
Rammstein In Amerika est un concept coffret qui cherche à expliquer les motivations du groupe pour conquérir le public américain et les raisons de leur réussite. Cet objectif est rempli par deux DVD, un reportage chronologique sur la carrière américaine de RAMMSTEIN et, en apothéose, l'intégrale du concert donné en décembre 2011 au Madison Square Garden après dix ans d'absence sur le sol américain. On peut aborder le propos dans l'ordre que l'on veut, même si la réalisation incite à commencer par le reportage. Les deux DVD sont présentés dans un joli coffret gris métallisé enrichi de photographies originales des six allemands posant de dos et à poil dans des paysages typiques américains.
DVD reportage (2h00) : Il s'agit d'un long documentaire consacré à la relation RAMMSTEIN avec les Etats-Unis. Comment un voyage en Amérique au début des années 1990 a forgé leur style, comment ils ont cherché à percer outre Atlantique, quels moyens ils se sont donnés, qui a cru en eux, qui les a aidés et qui leur a mis des bâtons dans les roues. Le sujet est constitué d'images d'archives, d'interviews du groupe, d'intervention de leur staff américain (agent, manager, PR), d'interviews d'artistes américains. Analyses fines et réfléchies de Moby et Kieffer Sutherland, ressenti sortie de concert de Steeve Tyler et Iggy Pop, auto-satisfaction outrancière de Marylin Manson, sans oublier les musiciens avec lesquels RAMMSTEIN à tourné, comme SYSTEM OF A DOWN, LIMP BIZKIT, KORN, SLIPKNOT ou KISS. En tout, une vingtaine de témoins donnent leur avis ou leur éclairage sur le phénomène RAMMSTEIN aux Etats-Unis.
Si le sujet est traité chronologiquement, du premier concert à New York devant trente personne jusqu'au show du Madison Square Garden et ses 20 000 fans, les étapes intermédiaires ne sont pas toujours très claires. Il manque quelques inserts texte ou une chronologie croisée entre les albums studio et les tournées. Mis à part le succès fracassant du single "Du Hast" et le coup de pouce donné par David Lynch en utilisant deux extraits de Herzeleid dans son film Lost Highway, le reportage met surtout en avant le côté spectaculaire des concerts et le rôle de ces derniers dans le succès du groupe. La plus grande partie du reportage est une longue enfilade de scènes de concerts et de scène de vie en tournée. Ce n'est pas dans ce DVD que vous apprendrez pourquoi le groupe a développé ce Metal indus martial si caractéristique alors que les musiciens originels évoluaient plutôt dans la scène Punk. Il suffit à Richard de déclarer "les USA nous ont décidés à" et "c'est la musique qu'il fallait à l'occident" pour faire la transition entre l'avant et l'après RAMMSTEIN.
Le docu met en lumière des spécificités de la scène musicale américaine qui expliquent pourquoi il est si difficile de s'y implanter pour un groupe non américain. Le territoire est immense et il est nécessaire de tourner régulièrement en couvrant tout le pays (c'est à dire une centaine de dates au minimum). Pour RAMMSTEIN, le sacrifice est grand : éloignement d'avec les proches, vie sur la route, déphasage totale, routine lénifiante "Il y a 24 heures dans une journée, on passe 1h30 à jouer et le reste du temps on se fait chier" (Richard Z.Kruspe). Loin d'être inédit, cet aspect de la vie en tournée est pourtant particulièrement intéressant et riche en révélations. Des frustrations de Richard ou Flake de ne pas comprendre l'anglais aux after éthyliques de la tournée Family Value Tour de 1998, avec KORN et LIMP BIZKIT en passant pas les affres de l'éloignement, la mise en garde à vue de Flake et Till après un "Buck dich" un petit peu trop subversif pour le public de Worcester, les déboires avec les pompiers de Chicago qui interdisent le show pyrotechnique ou les mormons de Salt Lake City qui envoient les autorités interrompre le set à la nuit tombée. La partie consacrée à l'Amérique du Sud réserve aussi son lot de surprises, avec une émeute à Mexico lors d'une séance de dédicace ou cette première partie de KISS à Sao Paulo où le groupe se fait copieusement siffler. Un roadie ira même jusqu'à les rassurer d'un "estimez-vous heureux qu'ils ne vous aient pas lancé des morceaux de carcasse de chêvre". Ambiance !
Le groupe a joué régulièrement aux USA et en Amérique du Sud entre 1997 et 2001 mais les attentats du 11 septembre 2001 et le climat qui en est résulte ont quelque peu douché l'enthousiasme du sextet et mis un terme à cette volonté de conquérir le public américain.
Ils quittent les Etats-Unis où ils ne remettront plus les pieds pendant dix ans.
Si l'analyse amont est dense et complète, les motivations du groupe pour opérer ce retour en 2010 ne sont pas clairement exposées et la partie du reportage consacrée à la préparation de cette date américaine unique manque cruellement de fonds. Elle consiste principalement à annoncer le concert du second DVD. De la même manière, aucun constat n'est fait sur les suites de cette date et les aspirations de RAMMSTEIN quand au marché américain ou plus généralement quant à la poursuite de sa carrière.
C'est une réalisation très carrée, à l'allemande : un angle, un sujet. Il n'est question que de RAMMSTEIN et les américains, bien que les raisons de cette obsession américaine ne soient jamais clairement exposées. Dans l'angle et les coupes, on a clairement affaire à un documentaire promotionnel. Les sujets qui fâchent ne sont pas abordés. Il n'est pas vraiment question des tensions qui ont fait vaciller le gang entre Reise Reise et Rosenrot, de l'exil américain de Richard, ou des side project bien qu'il soit aisé de comprendre dans les déclarations des uns et des autres les raisons de la mise en veille du groupe depuis 2013.
Le DVD Docu contient également un film de 20 minutes consacré à l'enregistrement de l'album Liebe Ist Für Alles Da réalisé en 2009 à Sonoma en Californie. Ce sujet est réalisé par Paul Landers lui-même et apporte quelques éclairages intéressants sur le processus créatif du groupe. Une partie de ce reportage est d'ailleurs inclue dans le docu RAMMSTEIN in Amerika.
DVD live (1h40) : Vu que le préambule a été abordé dans le précédent disque, le dvd du live entre directement dans le vif du sujet : Le concert du 11 décembre 2010 au Madison Square Garden. En réalité c'est un montage entre le set américain celui du 9 décembre 2010 au centre Bell de Montréal. Le montage est très fin et il n'est pas évident d'identifier les images canadiennes à moins de les chercher... L'image est très propre, la musique bien dense, le show est riche en surprises. Des surprises pyrotechniques certes, mais aussi des mises en scène accessoirisées que je vous laisse le plaisir de découvrir. Malheureusement, le film est monté comme un immense video clip. Des filtres de couleur et une succession épileptique de plans courts. C'est dynamique mais cela ne permet pas toujours de se faire une bonne idée du concert ni d'apprécier le jeu de chaque interprète. Pour des artistes qui privilégient l'effet spectaculaire on aurait aimé des plans fixes un peu plus longs. Faisant partie de la tournée LIFAD, le set fait la part belle à l'album Liebe ist für alles da avec 8 titres sur les 18. Il s'agit à peu de choses près de la même setlist que pour les 6 dates françaises de la tournée (novembre - décembre 2009). C'est l'occasion de découvrir des mises en scènes inédites sur une setlist différente de celle de ses autres live captés, notamment le très bon Volkerball filmé dans les arènes de Nîmes en juillet 2005. On remarquera à ce propos que tout enthousiaste qu'il soit, le public américain n'est pas aussi déchaîné qu'on pourrait s'y attendre. Au-delà des trois premiers rangs de la fosse, l'ambiance est assez posée voir carrément mollassonne dans les gradins. On s'énerve un peu plus pendant la deuxième moitié du set, quand les allemands abordent les classiques de leur discographies, véritables bombes pour live que sont "Du Hast", "Links 1,2,3", "Ich Will" et bien sûr le final "Engel" interprété par un Till revêtu d'ailes d'ange géantes très spectaculaire. Tout comme pour Volkerball, la caméra s'attarde un petit peu trop souvent sur les premiers rangs de la fosse où le public à l'affût multiplie les poses exagérées. L'assistance est en grande partie composé d'ados qui n'avaient pas 15 ans en 2001, preuve que les dix ans d'absence du groupe ont clairement rajeuni la fanbase. Comme si les fans de la première heure avaient cédé la place à une nouvelle génération qui a découvert le groupe grâce à ses clips sur Youtube.
En synthèse, malgré quelques petits défauts, ce coffret est un must have pour tout fan de RAMMSTEIN. Un bon reportage généreusement pourvu (plus de 240 mn de bande) qui en révèle autant sur le groupe que sur les dessous d'une tournée américaine et un très bon concert quoiqu'un peu moins intense et émouvant que le Volkerball qui demeure à mon goût l'un des meilleurs live captés de la première moitié du XXIème siècle !
Ajouté : Vendredi 05 Février 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Rammstein Website Hits: 31838
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