LE LIVRE DES OMBRES (2007)
Auteur : Gerald Brousseau Gardner
Traduction : Armand Seguin
Langue : Français
Parution : 2007
Maison d'édition d'origine :
Maison d'édition Française :
Nombre de pages : 157
Genre : Guide pratique et magique de la wicca
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-13 : 9782910196660
Donner son point de vue sur Le livre des ombres sans être "pratiquant", c’est un peu comme donner son avis sur un livre de recettes sans être cuisinier. Par ailleurs, l’ouvrage de Gerald Brousseau Gardner ne se présente pas comme un bréviaire devant être suivi à la lettre par chaque wiccan, puisque chacun est invité à élaborer son propre livre des ombres. La wicca est une religion aux mains de sorciers et sorcières – même s’ils rejettent cette terminologie – new age, principalement adeptes de magie blanche et qui, dans leurs célébrations et autres sabbats, exaltent la nudité et la sexualité.
En termes de magie, il est plus ici question de préparation et de travail sur soi que d’invocation de quelconques esprits bien ou malfaisants. Qui plus est, lorsqu’il y a invocation, ces forces s’avèrent d’abord intérieures, plutôt qu’extérieures, d’où la pratique de la flagellation.
Gerald Brousseau Gardner se défend d’en être le fondateur : ce culte est d’abord à ses yeux la survivance d’une pratique multiséculaire, opprimée et persécutée par les tenants du christianisme.
A la différence des tenants du satanisme, si la wicca rejette l’Eglise et ses prêtres, elle en reprend toutefois certains principes : la Bible est ainsi citée à quelques reprises dans Le livre des ombres ; quant à la magie, celle-ci n’est admise que lorsqu’elle ne nuit pas à autrui. Mais c’est là qu’un certain nombre de contradictions se fait jour : pratiquer la magie pour obtenir quelque chose de quelqu’un, n’est-ce pas par la même lui nuire puisqu’on le manipule ? Cette manipulation apparaît ici ou là à travers des formulations du type : « Les enfants sont naturellement plus faciles à influencer que les adultes », « il n’est pas inutile de laisser les profanes croire que nous, ceux du culte, nous avons plus de pouvoir que ce n’est réellement le cas ». Il est d’ailleurs à noter que la wicca adopte une position ambiguë en ce qui concerne le sacrifice humain. En outre, considérations mystiques et d’autres purement terre-à-terre se mêlent étrangement : il y est question de rémunérations des responsables de coven, d’utilisation de la magie pour l’obtention d’un terrain ou d’une maison… Au détour d’une phrase, alors que la wicca laisse une place prépondérante aux femmes, on peut également lire : « Comme un homme qui aime une femme la dirige ». C’est dire que ce livre soulève probablement plus de questions qu’il n’apporte de réponses : certaines assertions restent particulièrement obscures, du type : « Tous s’asseyent comme des sorcières » ou encore « Le quintuple baiser est nommé cinq, mais il y a huit baisers, car il y a deux pieds, deux genoux, le sexe, deux seins et les lèvres ». C’est beau comme du Jean-Claude Van Damme.
Enfin, j’évoquais des considérations terre-à-terre, d’autres paraissent au contraire complètement déconnectées de la réalité. Même si la levée de l’interdiction de la sorcellerie ne date que de 1949 en Angleterre, la paranoïa guette lorsqu’il est encore question de l’attitude à adopter face à la torture ou au bûcher. De tels propos nous rapprochent des dérives sectaires, avec l’Autre perçu comme une menace.
Celles et ceux qui cherchent des réponses ne les trouveront donc pas a priori dans cet ouvrage : à réserver aux érudits ou aux apprenti(e)s sorcier(e)s qui souhaiteraient apporter un peu de piment Charmed à leur traditionnelle soirée pyjama.
Ajouté : Mercredi 14 Mai 2008 Chroniqueur : Le Comte de la Crypte Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 80377
|