WHITESNAKE (usa) - David Coverdale (Avril-2015)
La destinée de David Coverdale est extraordinaire au vu du nombre d'albums auxquels il a participé et qui sont devenus des références indispensables pour tout passionné de Rock. Il est clair qu'une bonne fée s'est penchée sur son berceau à sa naissance au vu de son parcours exceptionnel. Après plus de quarante ans de carrière, sieur David est toujours présent sur le devant de la scène avec son groupe fétiche WHITESNAKE. Et il est déjà prêt à repartir sur les routes pour défendre sa nouvelle progéniture. Mais c'est au sein de DEEP PURPLE que notre ami a fait ses premières armes. Il a eu la lourde tâche en 1973 de remplacer Ian Gillan au sien du pourpre profond, un véritable challenge qu'il a remporté haut la main malgré des conditions difficiles car le gang était à cette époque dans une situation alarmante suite au départ de son chanteur mythique Ian Gillan. Sa force a toujours été sa voix exceptionnelle et son charisme hors du commun qui lui ont permis en trois ans de marquer a jamais les esprits et de graver trois albums (Burn, Stormbringer, Come Taste The Band) qui, au fil du temps, sont devenus des classiques incontournables, des pièces d'anthologies sans aucun doute. A 63 ans, David Coverdale a jugé bon de rendre hommage à sa façon à ces morceaux d'anthologies qui ont perduré à travers les décennies et se sont installés dans le patrimoine du Hard Rock des seventies. The Purple Album est une nouvelle version de ces titres immortalisés par DEEP PURPLE au milieu des années 70. Un hommage du serpent blanc à cette formation à qui il doit tout et qui lui a permis de tutoyer les étoiles. Inutile de vous dire que lorsque l'on m'a annoncé que Monsieur David Coverdale était disponible pour un entretien, votre serviteur s'est précipité. Interviewer une telle légende est toujours un privilège et un vrai plaisir qu'il faut savoir savourer à sa juste valeur. C'est un chanteur sympathique et détendu qui a bien voulu répondre à mes questions. Entretien avec un gentleman charismatique intarissable qui nous fait voyager à travers les couloirs du temps ! Un vrai régal de pouvoir s'entretenir avec un personnage qui a écrit une partie de l'histoire du Rock et qui après tant d'années est toujours aussi disponible. Magnéto David, c'est à toi !
Line-up : David Coverdale (chant), Reb Beach (guitare et choeurs), Joel Hoekstra (guitare et choeurs), Michael Devin (basse et choeurs), Tommy Aldridge (batterie)
Discographie : Snakebite (1978), Trouble (1978), Live At The Hammersmith (1978), Lovehunter (1979), Ready An' Willing (1980), Live... In The Heart Of The city (1980), Come An' Get It (1981), Saints & Sinners (1982), Slide It In (1984), Whitesnake (1987), Slip Of The Tongue (1989), Restless Heart (1997), Starkers in Tokyo (1998), Live...In the Shadow of the Blues (2006), Good To Be Bad (2008), Forevermore (2011), Live At Donington (2011), Live Made In Japan (2013), Live In 1984: Back To The Bones (2014), The Purple Album (2015)
Traduction / Retranscription : Laurent Machabanski
Metal-Impact. C'est toujours un immense plaisir de parler avec toi. Te souviens-tu de ton dernier show à Paris ?
David Coverdale. Oui, c'était avec Doug Aldrich sur une tournée acoustique. C'était grandiose car j'adore aborder la musique sous cet angle. C'est une approche très personnelle. C'est une façon intermédiaire de travailler sur les chansons qui, de mon point de vue, rend le travail si passionnant comme par exemple de mettre les vidéos en ligne sur internet. J'écris toujours mes chansons avec ma guitare acoustique.
MI. Quelle est ta relation avec Paris ?
David. J'adore vraiment Paris. Quand j'ai la possibilité d'y aller, je me ballade avec ma fille car nous adorons visiter la ville. C'est ma ville préférée au monde.
MI. Comment as-tu eu l'idée de faire un album regroupant les plus grands classiques des chansons de DEEP PURPLE ?
David. C'est fantastique. C'est en quelque sorte un accomplissement. Burn est le premier album de ma carrière. Tout a commencé à partir de cet instant. Nous discutons souvent avec Glenn Hughes et nous nous sommes toujours demandés pourquoi le management n'a jamais souhaité faire un "best of" de Mark III et Mark IV. C'est pourquoi j'ai décidé de le faire moi-même. Cela permet à WHITESNAKE de prendre une nouvelle orientation. C'est un projet plein d'amour et de respect. C'est un hommage rendu à mes anciens collègues. DEEP PURPLE a été véritablement le point de départ de ma vie artistique. Avant, c'était juste de la préparation pour prétendre un jour obtenir ce résultat.
MI. Est-ce que tu te souviens de ta première audition pour le groupe DEEP PURPLE ?
David. Oui, je m'en souviens très bien, c'est une évidence. J'ai apporté une bouteille de whisky. Le gars qui était présent avait un cancer. J'ai eu le cœur brisé car il fut mon manager des années auparavant. Il m'a pris la bouteille de whisky des mains afin que je ne sois pas saoul avant l'audition ! [Rires] Il débitait des phrases incompréhensibles dignes des réunions d'alcooliques anonymes. Puis, j'ai rencontré Jon Lord et ils ont commencé à boire la bouteille de whisky. Glenn Hughes est apparu et après Ritchie est entré avec deux grands chiens et sa femme. Jon Lord a été une des personnes la plus généreuse envers moi car il m'a consacré tout son temps et son attention. Tout le monde était calme. Ce n'était pas mon cas : j'étais très nerveux et anxieux.
MI. Avais-tu le sentiment qu'après l'audition tu serais le nouveau chanteur de DEEP PURPLE ?
David. Oh, non ! Je n'en avais pas la moindre idée. Le groupe DEEP PURPLE était dans ma ville dans le Yorkshire. Je les ai vus à la télévision interprétant les chansons "Black Night" et "Strange Kind of Woman". Les titres étaient merveilleux ainsi que la manière dont ils jouaient. Pour l'audition, j'ai emprunté des albums de DEEP PURPLE à des amis pour être complètement dans le moule. Musicalement, cela n'avait rien à voir avec ce que j'avais fait auparavant avec des groupes locaux. Mais j'avais le sentiment que je devais le faire. C'était à un moment dans ma vie où il fallait que je fasse quelque chose sérieusement. Il fallait aboutir. Dans le journal Melody Maker, il y avait une photo de Jon Lord. L'article mentionnait que DEEP PURPLE n'avait toujours pas trouvé de nouveau chanteur. Celui-ci était considéré à ce jour comme inconnu. J'ai posé le journal et je me suis précipité pour téléphoner d'une cabine publique pour demander à mon manager le numéro de téléphone du bureau de DEEP PURPLE. Il me l'a donné en me demandant pourquoi. Je lui ai répondu que j'allai postuler pour l'annonce. Je crois qu'il s'est évanoui ! [Rires] Pour cette raison, si j'avais juste un conseil à donner aux gens avec tous les obstacles que l'on rencontre dans la vie ce serait celui-là : "Soyez ambitieux. Si vous pensez que vous devez le faire : faites-le !". N'écoutez pas ceux qui vous disent le contraire. Foncez ! Seulement si c'est quelque chose que vous souhaitez vraiment faire. C'est ce que j'ai fait. J'ai rappelé mon manager pour connaître la réponse du management. Il m'a dit d'envoyer une photo. Le souci est que je ne disposais pas de photos. J'ai été obligé de demander à ma mère de m'envoyer des photos. Sur celles-ci, j'étais habillé en boyscout. La seule cassette que j'ai envoyée n'était pas très flatteuse car j'étais plutôt bourré lorsque je l'ai enregistré. Par conséquent il n'y avait aucune chance de prétendre à une quelconque audition. Ian Paice écoutait tous les enregistrements, les démos. Deux fois par semaine les musiciens et les managers se réunissaient dans leur bureau pour donner leurs impressions sur les cassettes et démos qu'ils recevaient. Ils les écoutaient toutes chez eux. C'est Ian Paice qui a choisi ma cassette. Il a partagé son sentiment avec Ritchie en lui disant que ce gars avait l'air intéressant. Il lui a dit : "de plus il est drôle car ce salaud (en parlant de moi) a envoyé une photo de lui en boyscout". Je crois qu'il a le timbre de voix que nous recherchons mais le problème est qu'il est sévèrement saoul [Rires]. Le reste ; c'est de l'histoire. C'est juste incroyable !
MI. Est-ce que l'album Burn demeure ta première expérience professionnelle ?
David. Oui, nous avons enregistré et mixé l'album dans les studios des ROLLING STONES à Londres. Nous avons mixé aussi en Suisse comme pour Machine Head. Toutes les opportunités que j'ai eues avec DEEP PURPLE durent depuis toujours. Effectivement, je suis toujours là. Je me prosterne devant eux et je tiens à leur exprimer toute ma gratitude. Ils ont été incroyablement courageux de prendre le risque de me choisir.
MI. Comment s'est passée la collaboration avec Ritchie Blackmore ?
David. C'était fantastique. Je suis tellement content de savoir que nous nous sommes retrouvés. Ritchie m'a pris sous son aile. Les deux personnes qui m'ont encouragé dans DEEP PURPLE étaient Ritchie et Jon. Je leur en serai reconnaissant pour toujours. Quand Jon est décédé en 2012 du cancer, il était important de renouer le contact. Je n'ai pas eu de nouvelles de Ritchie pendant des décennies. Je voulais le contacter pour deux raisons. D'une part pour partager le chagrin de la perte de Jon, l'un des fondateurs de DEEP PURPLE. D'autre part, je souhaitai le remercier personnellement pour tout son enseignement, ce qu'il m'a apporté et le temps que nous avons passé ensemble. C'était plus approprié que de le raconter dans une interview qu'il n'aurait même pas eu d'occasion de lire.
MI. Est-ce que tu feras quelque chose à l'avenir avec Ritchie Blackmore ?
David. J'ai eu plus de contact avec son manager. Il m'a demandé si j'avais des projets avec Ritchie Blackmore. Je lui ai demandé qu'il m'envoie des riffs pour des chansons. J'aurai été honoré de le faire et cela remonte à quelques mois déjà. Et je leur ai dit de se dépêcher car comme tu vois maintenant je vais partir en tournée et je suis très occupé. Je ne peux faire qu'une seule chose à la fois.
MI. Comment as-tu choisi les chansons de l'album ?
David. Très simple. Ce sont les chansons que j'aime. Comme je te le disais, avec Glenn Hughes on s'est toujours demandé pourquoi le management ne sortait pas un album "best of" de Mark III et IV. Durant cette période, il y a des chansons magnifiques qu'ils n'ont jamais voulu faire en tant qu'album. J'ai pris les meilleures chansons comme je le fais avec WHITESNAKE. Il faut bien comprendre que ce n'est pas une compétition ou un défi dans l'idée de faire mieux que les titres originaux. C'est un hommage que veut rendre WHITESNAKE à DEEP PURPLE.
MI. Est-ce que tu as ressenti de la pression quand tu as enregistré cet album en studio ?
David. Non, j'étais dans de bonnes mains, avec mon manager qui est aussi mon coproducteur : Michaël. Autre chose qu'il est important de comprendre c'est que je ne vais pas comparer le David Coverdale de 63 ans et celui qui avait 22 ans. Ce genre de comparaison ne m'intéresse pas. Les personnes qui encouragent mon travail sont absolument conscientes de cet état de fait. Mes souvenirs de ces époques sont différents. Mes musiciens et Michaël ne se seraient pas impliqués si je n'avais pas leur confiance totale et aussi la confiance dans ma voix. On ne s'engage pas dans un projet comme celui-ci si tu ne l'encourages pas ou si tu n'y crois pas. Ma confiance est totale. Et depuis qu'on l'a fait, c'est absolument génial.
MI. J'ai été surpris que Glenn Hughes ne figure pas sur deux ou trois chansons de l'album...
David. Non, c'est très amusant cette question. En fait, c'est logique car c'est un album de WHITESNAKE. Si j'utilise la voix sublime de Glenn Hughes, comment suis-je censé reproduire sa voix sur scène ? Avec Glenn nous avons une amitié solide et sincère. Nous communiquons tous les weekends et parfois tous les jours. Que ce soit pour l'encourager ou lui dire des mots comme "Amuses toi bien", "Bonne chance" ou "Joyeux anniversaire" et toutes ces bonnes paroles. Glenn n'est pas un membre de WHITESNAKE: il a fait sa propre carrière. Il y a une chanson qui s'intitule "Holy Man". Glenn a écrit les paroles et j'ai écrit les mélodies et les chœurs pour Glenn sur Stormbringer. J'ai travaillé sur la chanson "You Fool No One" et j'ai essayé de faire encore mieux jusqu'à ce que je m'aperçoive que je faisais du Glenn Hughes ! [Rires] (Ndi : David chante à la manière de Glenn Hughes...) J'adore Glenn et je le respecte : il n'y a pas d'autre considération pour moi. Une fois que les musiciens étaient d'accord pour faire cet opus, j'ai demandé à ma maison de disque de garder le secret. Avec internet, il est si difficile de garder secret quelque chose d'excitant. Tout le monde veut savoir ce qu'il aura pour les fêtes de noël. Il est très difficile de surprendre les gens. Lorsqu'on a mis en ligne la vidéo de "Stormbringer", on a constaté que les gens ont trouvé cela majestueux.
MI. Est-ce que tu penses que le public va redécouvrir DEEP PURPLE avec ces grands classiques ?
David. Absolument. Quand on a démarré le projet avec mes musiciens en 2004, j'ai commencé à jouer le titre "Burn". A cet instant je me suis dit : "non, arrêtes tes bêtises". Je voulais faire des chansons pour WHITESNAKE et le groupe m'a encouragé et m'a supplier de le faire. J'ai accepté en stipulant que j'allais mettre en relief cette version. Quand ils ont commencé à jouer "Burn", ils ont vraiment mis le feu. C'était impressionnant et je n'arrêtai pas de faire des bonds partout et chanter. Quand on a joué ce morceau en public à Londres, bien avant les Twitter et autres Facebook, le site web de whitesnake.com s'est affolé et il y eu un pic d'augmentation de trafic pour demander d'où venait cette chanson, ils ne l'ont pas identifié comme une chanson de DEEP PURPLE. Je le vois au travers des réseaux sociaux, avant la sortie annoncée de notre album, les gens ont acheté l'original Burn, Strormbringer et Come Taste The Band. Toutes les listes des chansons que nous avons sur notre album Purple. Nous sommes donc prêts. J'aimerais présenter des gens de la période de Mark III et Mark IV. Ce que je souhaiterais le plus au monde est de faire un concert, un concert de charité avec plein de musiciens et inviter Ian Gillan que j'ai côtoyé il y a quelques années de cela. C'est un gars super avec qui je m'entends bien et nous avons pris des verres ensemble. Je n'ai absolument pas de problème d'égo pour faire un spectacle au chant avec Ian Gillan. Tout d'abord je tiens à remercier les fans de DEEP PURPLE et aussi les membres du groupe tel qu'Ian, Steve, Glenn, Roger, Ritchie. Bien sûr pour ce concert, la présence de Ritchie est obligatoire. Ritchie et Jon sont des personnages remarquables. Pas d'irrévérence pour les autres en tant que musicien. Ce qui a fait l'identité du groupe de DEEP PURPLE : Ritchie avec ses incroyables riffs de guitares et Jon avec son orgue.
MI. Quel a été ton sentiment lorsque tu as appris la mort de Jon Lord ?
David. C'était horrible et terrifiant. Au début j'ai tout de suite pensé à ce projet. Un des représentants de Jon m'a appelé pour me dire qu'on lui avait diagnostiqué un cancer. Il m'a demandé si je voulais faire le projet DEEP PURPLE quand Jon irait mieux. Je lui ai dit de dire à Jon que c'était d'accord. Et soudain il est mort. Au même moment ma femme a perdu son frère Daniel et j'ai perdu ma tante Sylvia. Ce fut un défi pour toute la famille durant cette période. Avec tout ce chagrin il en résulte que je suis trop vieux pour avoir de la rancœur ou dépenser mon énergie inutilement ou de l'amertume. J'ai perdu un ami incroyablement important qui n'a cessé de répéter qu'il m'adorait. Il était important que Ritchie sache que je comprenais la perte de cet ami. Et aussi de remercier Ritchie personnellement pour le courage incroyable qu'ils ont eu de donner la chance à un chanteur inconnu et m'offrir ces immenses opportunités. Tout était consacré pour lui dans mon agenda durant la période 2012-2013. J'ai plus parlé avec les managers et sur les souhaits de Ritchie que le projet potentiel dans sa totalité. Tout dépendait de quoi il s'agissait. S'agissait-il d'un projet avec Jimmy Page ou d'un duo Blackmore/Coverdale ou encore jouer de la musique de DEEP PURPLE comme RAINBOW et WHITESNAKE. Toutes ces questions étaient intéressantes et rendait le projet passionnant. Les réponses ne furent pas à la hauteur. Ritchie était plus enclin à savoir quel bassiste devait jouer dans le groupe. Qui prendre Roger ou Glenn ? Gros dilemme car Roger est le bassiste et Glenn est mon frère de race. Je voulais aussi qu'il y ait Miller Anderson. A l'époque Jon Lord et Miller étaient très proches. En plus c'est un musicien hors pair. Nous avons effectivement parlé du projet. Le problème est que le projet s'est transformé sous un aspect commercial, ce côté business qui ne m'intéressait pas. Ce projet consistait à rendre véritablement une reconnaissance en amitié plutôt qu'un projet musical. Je travaillais déjà sur "The Gypsy" et "Sail Away" pour avoir un jugement neuf.
MI. Dans l'album Come and Taste the Band, Tommy Bolin est à la guitare. Comment l'as-tu rencontré ?
David. C'est moi qui ai mis le nom de Tommy Bolin sur la table. Quand Ritchie a annoncé qu'il partait, je lui ai répondu que je restai. Nous étions en contact à Munich avec les managers allemands. Je ne me rappelle pas si Glenn était présent. Je me suis posé la question de changer le nom du groupe, non pas le nom entier de DEEP PURPLE, mais de prendre juste le nom PURPLE. DEEP PURPLE est toujours la référence. Cette idée a été avortée. Personne n'avait d'autres propositions, alors que j'avais trois idées à faire partager. La première consistait de prendre Jeff Beck comme guitariste. Jeff Beck avait une sacrée réputation et c'était un peu comme Ritchie Blackmore. La seconde solution était Rory Gallagher que j'ai rencontré plusieurs fois. Un fabuleux guitariste dont je savais qu'il pouvait faire du bon boulot en amenant plus de blues dans le groupe PURPLE qu'auparavant. Un peu dans le style de "Mistreated". Et enfin Tommy Bolin. Et tout le monde s'est écrié : qui ça ? [Rires]
Je suis allé dans ma chambre et j'ai pris la cassette des titres sélectionnés sur l'album de Billy Cobham Spectrum. Je leur ai fait écouter car c'est la première fois qu'ils entendaient ce nom. La dernière chose auquel j'ai pensé est d'attribuer à Tommy une couronne. Personne ne savait qui il était et nous ne savions pas qu'il avait une session musicale à Los Angeles. Nous l'avons cherché partout pendant des semaines et nous sommes aperçus qu'il vivait à côté de chez moi à Malibu en Californie. Nous l'avons convié à une audition et il était terrible. Superbe chapeau mais il avait une terrible histoire d'amour avec la drogue. C'est très frustrant. C'est triste mais prédictible. Ce qui est intéressant ce sont les films, la musique, les fans qui admirent ton travail et peuvent t'aider à t'élever. A ce niveau tu as un super statut. Tu es un héros. Certaines personnes ont la conviction d'être des super héros et non des êtres humains, c'est-à-dire qu'ils peuvent prendre plus de drogues que n'importe qui. Nous sommes tous des êtres humains. Nous avons tous un éco système très fragile qui est le corps humain. Lorsque tu te coupes avec un couteau, tu saignes. Certaines personnes n'y prêtent même pas attention. C'est une énorme perte et j'ai du mal à en parler. Je ne peux pas lui en vouloir car nous avons fumé de l'herbe ensemble en écoutant du BOB MARLEY avec des musiques comme "Love Child" ou «You Keep on Moving". Je le disais encore à Reb Beach "Love Child" est une chanson Heavy et aussi une reggae à la LED ZEPPELIN dans l'album "Physical Graffiti". La première version que l'on a faite avec Tommy Bolin était une chanson reggae avec un riff Heavy. "Love Child" et «You Keep on Moving" nous ont totalement influencés car nous nous défoncions avec BOB MARLEY & THE WAILERS.
MI. Est-ce qu'il a été possible d'aider Tommy Bolin à sortir de ses démons ?
David. Non. A la fin de DEEP PURPLE, chacun vivait sa vie individuellement et s'occupait de ses propres intérêts. Ce que je veux me souvenir c'est de mener à bien ce projet qui me crée beaucoup plus de souvenirs positifs. C'est plutôt intelligent de ne pas avoir compromis ces souvenirs dans le mauvais sens et de ne pas garder les mauvais souvenirs. Mon envie est que je ne veux pas revivre ces moments. C'est la raison pour laquelle je n'écrirais pas de livres. La fin de DEEP PURPLE a été très dure car il n'a pas été facile de partir. C'est difficile de voir l'attitude des gens et la manière dont ils réagissent. Et l'inverse est vrai aussi car les gens te font réagir de cette manière pour avoir les clés du trésor. Personne ne te dira que tu vas dans la mauvaise direction. Tout le monde veut toujours être mieux payé et la tragédie se déploie partout.
MI. Je comprends, tu veux garder dans ton esprit une bonne image de Tommy Bolin...
David. Oui, je le savais avant. Il avait une grande âme et il était très talentueux. Je me souviens de son premier album solo Teaser. J'espère que quelqu'un aura l'idée de le remixer parce que ce n'est pas un album comme les autres. Les gars étaient défoncés, et ils ont over mixer les titres qui n'étaient pas bien coupés au montage. L'essence même de cet opus studio est incroyable. Ce qui est surprenant est que je ne me souviens pas quand Tommy a remplacé Ritchie. Je déteste le terme remplacer. Ritchie est irremplaçable. Ce fut dur pour lui car Ritchie était si populaire que lors de certain shows on pouvait entendre le public sur certaines chansons qui demandait: "où est Ritchie ?". Un grand défi pour Tommy.
MI. Il y a une tournée mondiale de prévue aux USA et aussi en Europe...
David. Oui, nous annoncerons sur notre site le 15 mai la tournée européenne. Nous jouerons j'espère en France car je ne connais pas encore les dates. Actuellement, je suis très occupé, Michaël remixe des chansons et Joe travaille sur des solos. Pour moi, c'est le moment de faire des interviews, de parler de l'album et de la tournée car c'est peut-être la dernière grande tournée que je ferai. Je vais avoir 64 ans en septembre et cela commence à se faire sentir. J'ai une femme magnifique et j'essaie de rester jeune. Pour ça, j'ai arrêté de boire et ça craint totalement. Toute ma carrière, j'ai eu des défis pour écrire des chansons et plus tu deviens vieux plus on te met encore plus de défis afin de démontrer encore que tu as toute ta créativité. Il y a aussi ce superbe groupe avec moi. J'ai encore plus de chanteurs que je n'en ai eus par le passé car ils assurent tous aussi des parties vocales. J'ai aussi un nouveau gars au synthé que j'annoncerai prochainement (ndi : il s'agit de Michele Luppi qui a joué avec VISION DIVINE / SECRET SPHERE). Tu vas avoir droit au privilège d'un grand groupe de rock et bien sûr les chansons que j'ai écrites lorsque j'étais un jeune homme [Rires]
MI. Tu as aussi un nouveau guitariste en la personne de Joël Hoekstra qui vient juste d'arriver...
David. Je l'ai rencontré en 2013 lorsque nous étions en première partie de NIGHTRANGER. Il était fan et je n'avais pas remarqué tout le talent qu'avait ce gars-là. J'en ai parlé à mes managers, je trouvais que ce type devait tourner plus souvent. Nous avons répété ensemble mais quand il a vraiment joué il a créé un happening. Je crois que Joël est la personne que je cherchai pour WHITESNAKE lorsque Doug a décidé de partir. Toutes les guitares acoustiques sont de Joël. Je n'ai jamais vu un tel gars jouer avec les quatre doigts de sa main droite délivrer une telle agressivité et avoir un toucher allant de l'acoustique à l'électrique qui m'a complètement subjugué. Nous avons volé directement de l'aéroport pendant sept ou huit heures pour aller à New York au studio.
MI. Quelles sont les qualités que doit avoir un guitariste pour t'accompagner ?
David. Ce qui me désole, c'est qu'il y a tellement de guitaristes qui veulent une position au sein de WHITESNAKE. C'est toujours un compliment pour nous mais ils essaient de jouer le plus rapidement possible. Ces guitaristes ne m'intéressent pas. C'est juste un aspect de l'instrument. Hors dans WHITESNAKE ce que l'on cherche ce sont les mélodies, le feeling. Ce que j'attends de ces guitaristes c'est qu'ils apportent une nouvelle position d'un point de vue musical au groupe WHITESNAKE. Ils doivent m'aider et m'inspirer. Je ne prends pas en considération le fait de remplacer en faisant une comparaison avec Doug et Joël. Doug est un musicien unique avec qui j'ai une amitié particulière, j'ai écrit des chansons sublimes avec lui. Joël a juste apporté sa propre musique qu'il m'a jeté en pleine figure j'en ai pris plein les yeux. C'était très glorieux à voir mais pas seulement. C'est un super type rassemblant tous les éléments dont WHITESNAKE a besoin, à savoir du Blues, du Rock, des solos. J'aime bien quand les gens m'apprennent quelque chose de nouveau. J'espère leur enseigner quelque chose en retour. C'est une expérience mutuelle.
MI. Merci et au plaisir de te voir à Paris en concert...
David. Merci pour ce superbe échange et à bientôt j'espère !
Ajouté : Samedi 13 Juin 2015 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Whitesnake Website Hits: 7758
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