UGLY KID JOE (usa) - Stairway To Hell (2013)
Label : Metalville
Sortie du Scud : 4 octobre 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 33 Mins
"Ah ben merde alors !!! Toi ici ! Mais c'est pas possible, ça fait combien de temps qu'on ne s'est pas vu ???"
"Je sais pas, une paye, dix sept ans je crois ! Tu vas bien ?"
"17 ans... T'as raison ! T'as pas changé c'est dingue ! Alors quoi de neuf ?"
"Ben pas grand chose, on vieillit quoi... Ah si, je viens de sortir un album !"
"Pas grand chose ??? Mais c'est énorme !! Et on peut l'écouter ?"
"Bien sur. Tu le trouveras dans les bacs, il s'appelle Stairway To Hell... Mais je t'en filerai une copie !"
"Stairway To Hell ? Ah ah, t'as pas changé toi, toujours le même !"
Le temps passe si vite... On retrouve comme ça de vieux potes au détour de l'actualité discographique... De vieux amis qui croisent à nouveau votre route comme ça, sans prévenir. Qui se pointent avec un disque, sans prétention, et qui réveillent de vieux souvenirs, agréables, chauds comme une soirée d'été.
Si vous êtes de ma génération, vous ne pouvez pas avoir oublié ce clip hilare, tourné sur une plage par cinq musiciens/potaches, sûrs de leur coup. Mais si vous savez, ces olibrius lookés surfeurs californiens pur jus, qui détestaient le soleil, la pluie, et surtout, tout ce qui nous concernait...
Oui, bien vu, "Everything About You"... Ce hit improbable, genre les BEACH BOYS en compète de dodgeball contre EXTREME, shorts, baskets, guitares en avant et sens de l'humour indispensable... Le poil à gratter d'une Amérique en train de sombrer dans les 90's...
Bah voilà, c'est bien d'eux dont je parle....
Et dix sept ans après leur révérence, Motel California, épitaphe moyenne d'un groupe attachant, ils reviennent... Alors bien sur, les années ont fait leur office, et les gus ont pris un coup de vieux, mais l'énergie est toujours là. Et le clin d'oeil aussi. Car vingt deux ans après le bon vieux doigt d'honneur de As Ugly As They Wanna Be, ils nous refont le coup du mini LP, avec six titres originaux, et trois acoustiques.
Mais bien évidemment, Stairway To Hell et son titre jeu de mots (la trademark du combo...), comme vous vous en doutez peut être, n'a pas un dixième de l'énergie débridée et de la créativité juvénile de son illustre prédécesseur. Impossible, deux décennies après, et les épreuves de la vie et du temps subies, de revenir flanquer une grosse tarte à la gueule d'un pays trop coincé pour encore se prendre une biture près d'un feu de camp. Parce que d'une, la biture est constante depuis quelques années (merci les subprimes), et que de deux, on vieillit, on s'adapte, et on se range un peu... La logique même de l'existence en somme.
On retrouve sur ce nouvel effort exactement le même casting que sur Motel California, a ceci près que Stairway To Hell est beaucoup plus enthousiasmant que celui ci. Toujours ce même Heavy Metal festif, parfois bien pesant, souvent entraînant, qui déverse sur la berge sa coulée de riffs bétons. La voix de Crane a muté bien sur, plus rauque, plus agressive, mais toujours un brin nasillarde, la rythmique est toujours solide, et les guitares mordantes.
Et comme intro, le quintette nous balance deux bombes plombées, l'une mid tempo, l'autre bien écrasée, histoire de vous montrer qu'ils n'ont pas changé de camp.
Si les intonations de Whitfield sur "You Make Me Sick" ont des accents de Rob Zombie, le morceau en lui même n'est pas sans évoquer le génial "Too Bad", avec sa chaloupe roublarde et ses guitares redondantes. "Devil's Paradise", en plus de renouer avec l'esprit frondeur du KID est une fonderie Heavy torride, lourde comme une gueule de bois du dimanche matin.
Le mélange acoustico-métal de "No One Survives", nous rappelle qu'au delà des private joke de potaches, UKJ est aussi une association de sacrés musiciens/compositeurs. Sensuel, intime mais explosif, c'est l'archétype du titre en demie teinte que le groupe est capable de nous offrir. "Love Ain't True", beuglé d'une voix de puceau en colère et légèrement dilué de saveurs cuivrées est un pamphlet d'adulte enfermé dans le corps d'un éternel ado. "Another Beer" et son refrain éthylique paie son tribut à ces ballades sudistes et annonce les trois derniers morceaux du disque, qui ne sont rien de plus que des relectures acoustiques d'anciens titres ("Cat's In The Cradle" bien sur, "Would You Like To Be There), et de nouveaux ("No One Survives"). Vous jugerez vous même de la pertinence de cette démarche, et déciderez si leur intérêt est réel ou juste destiné à faire office de remplissage.
Sur le DVD présent, vous retrouverez l'intégralité de la performance d'UGLY KID JOE au Download Festival, le 10 juin 2012, les deux clips de "Devil's Paradise" et "I'm Alright", une interview, et un court making-of de la pochette de l'album. L'interview est très sympathique, et chacun de démontrer sa motivation à participer à une reformation du combo. Motivation qui est d'ailleurs très palpable durant la prestation du quintette au festival, tant ils donnent tous tout ce qu'ils ont dans le ventre.
Whitfield est déchaîné comme à son habitude, harangue la foule, et donne du gosier. Il n'a rien perdu de cette voix puissante et volubile, et les quatre autres ne s'en laissent pas compter non plus, et enchaînent les hits ("Neighbor", "Cat's in the Cradle", "Everything About You", "Goddamn Devil") comme à la parade, pour la plus grande joie d'un public qui ne les a jamais vraiment oubliés.
Et si Stairway To Hell n'est pour l'instant qu'une simple carte annonçant le retour du groupe en attendant plus conséquent, la démarche d'UGLY KID JOE reste sincère et fidèle à la musique qu'ils ont toujours jouée. Simple d'aspect, mais travaillée. Drôle, mais profonde. Légère comme une bulle de savon, mais qui reste dans la tête. Ces joyeux farceurs ont donc encore plus d'un tour dans leur sac, et gageons que leur prochaine blague nous fera rire comme avant.
Ajouté : Vendredi 07 Mars 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Ugly Kid Joe Website Hits: 7100
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