SLIPKNOT (usa) - Iowa (2001)
Label : Roadrunner Records
Sortie du Scud : 28 août 2001
Pays : Etats-Unis
Genre : Metal
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 66 Mins
[People = Shit]
Parfois, le chaos et la violence ne suffisent pas. Il faut aller plus loin, plus profond dans son corps, dans sa chair pour en retirer la douleur suprême, celle qui vous réveille la nuit, celle qui nécessite plus qu’un simple cri pour attirer l’attention. Il faut hurler à pleins poumons, vomir tous les mots qui vous viennent à l’esprit jusqu’à l’asphyxie, et alors, peut être que l’indifférence se brisera d’elle-même devant ce carnage. C’est de ce fracas crépusculaire que naîtra la catharsis, quand bien même il faudra y laisser le peu d’innocence qu’il vous restait.
(People make noises when they’re sick.)
Si l’on devait décerner la palme du second album le plus attendu de la planète Metal, Iowa trusterait sans doute le Top 5. Juste derrière Ride The Lightning sans doute, mais au devant de Life Is Peachy. Parce que pour beaucoup, Slipknot était au mieux un coup de bol, au pire de l’esbroufe gratuite. Mais pour beaucoup d’autres, un début de réponse, une voie à emprunter, une voix à suivre. Et si cet éponyme essai en avait ébranlé plus d’un de par sa brutalité, sa lucidité et son décorum digne des pires cauchemars du réal de Killer Clowns From Outer Space, les neuf de Des Moines ne s’en retrouvaient pas moins le dos au mur.
Ils n’avaient que deux options possibles.
Faire autre chose.
Ou faire plus fort, plus lourd, plus violent, et plus sombre.
Ils choisirent cette seconde possibilité, aussi ardu soit le chemin pour y arriver.
Et ils transformèrent l’essai.
[I know why you blame me.]. (I’m just a bastard, but at least I admit it.)
Car après “515”, l’intro pesante de rigueur, c’est un ouragan qui s’abattit sur nous, sans aucune accalmie se laissant entrevoir. « (Sic) » était en son temps une leçon de rage incontrôlable, mais le pamphlet misanthrope « People=Shit » l’a relégué au simple rang de faire valoir, de mise en bouche. Une tuerie sur CD, une boucherie en live, avec son refrain simplissime repris en chœur par des milliers de gorges en feu, le poing dressé comme un avertissement aux bien pensants. Avec en exergue un Joey qui avait décidé d’envoyer son kit et ses baguettes à la casse, et un Corey en diable sortant de sa cage rouillée, l’effet était maximal. Des blast beats, des sonorités blanches et assourdissantes, des samples parfaits de cohérence, la messe était dite. Iowa célébrait le retour de SLIPKNOT dans un état d’esprit encore plus revanchard que deux ans auparavant.
[8,7,6,6,6,5,4,3,2,1,0.]
Iowa, c’est Slipknot puissance mille, plus puissant, plus lourd, plus méchant, plus tourmenté. Les morceaux tampons sont encore plus rapides, encore plus hurlés, les titres les plus abordables sont plus travaillés, plus mélodiques, comme le prouvent les toujours insurpassables « My Plague », et son refrain presque trop surréaliste pour y croire, ou « Gently » et ses harmonies plombés comme un ciel d’hiver.
Certains diront que le KNOT est tombé dans la facilité des refrains téléphonés, et des slogans pré mâchés destinés à des ados pré pubères en mal de sensations fortes, je n’y ai vu personnellement que la réaction naturelle d’un combo sur lequel la gloire était tombée, et qui cherchait par tous les moyens à s’en extirper dignement. Mais il est toujours plus facile comme je le disais il n’y a pas si longtemps de faire tomber les légendes que de les construire.
Oui il y a sur Iowa des « titres instantanés ». Mais peut-on en vouloir au groupe d’avoir toujours su composer ce genre de chanson systématique qui vous vrille le cerveau en moins de temps qu’il n’en faut pour hurler ?
Non.
Et même si pour les vieux cons, « If you’re 555, then I’m 666 », c’est du tape à l’œil, de l’urgence de teenager boutonneux, c’est aussi une autre façon de décrire son mal être, de l’assumer, et d’obliger les autres à vous accepter tel que vous êtes. De toutes façons, les vieux cons n’ont jamais été fait pour le Metal. Pas une question d’âge, juste d’état d’esprit. Parce qu’on peut être un vieux con à 20 ans.
(It doesn’t change the fact that you suck.)
Si une fois de plus, deux titres de Mate.Feed.Kill.Repeat ont été recyclés (« Gently », déjà cité, et « Killers Are Quiet », qui une fois réécrite donnera la longue suite éponyme de l’album, Iowa), SLIPKNOT arrive encore à surprendre, comme à l’occasion du terrifiant « Skin Ticket », qui dans sa première partie évoque le KORN du premier album avant de dévier vers un univers si désespérant que son écoute en est rendue très difficile, émotionnellement parlant. Mais dans ce cas, que dire justement de « Iowa », la chanson-titre ?
Quinze minutes de souffrance ? NEUROSIS ? Ambiant ?
Tout ça, et rien à la fois, juste une manière de fermer un nouveau chapitre de façon cohérente, et d’entraîner l’auditeur jusqu’au bout de la peine et de la violence, latente ou pas.
Iowa, c’est une main qui se serre encore plus autour du cou d’un destin qui n’épargne personne. C’est éteindre la dernière lumière pour se plonger dans les ténèbres et en ressortir le corps usé, mais l’esprit assaini.
[I will kill you to love you.)
Ils auraient bien aimé, tous ces moralisateurs et ces « esthètes » de la musique que SLIPKNOT se casse la gueule, et qu’il se fasse bien mal. Et ils auront été satisfaits à moitié. Pour accoucher de Iowa, ils ont morflé, c’est vrai, ils se sont déchirés, entretués verbalement, ils ont été plus d’une fois au bord du précipice. Mais au final, ce pavé qu’ils nous ont balancé à la tronche valait bien des discours. « People=Shit », « Disasterpiece », « Left Behind », « The Heretic Anthem », « My Plague », « Skin Ticket ». Qui a part eux aurait pu nous jeter ça en pâture tout en regardant le spectacle de loin ?
Personne.
Les neuf de Des Moines sont autant d’asticots rongeant le cadavre de la bienséance.
Et vous savez quoi ?
[People = Shit]
Discographie Complète de SLIPKNOT :
Mate.Feed.Kill.Repeat (1996),
Slipknot (1999),
Iowa (2001),
Vol.3 : The Subliminal Verses (2004),
9.0 : Live (2005),
Voliminal: Inside The Nine (DVD - 2006),
La Monstrueuse Parade (BOOK - 2006),
All Hope Is Gone (2008),
.5: The Gray Chapter (2014)
Ajouté : Mercredi 28 Septembre 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Slipknot Website Hits: 10324
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