SLIPKNOT (usa) - Voliminal: Inside The Nine (2006)
Label : Roadrunner Records / Universal
Sortie du DVD : 4 décembre 2006
Pays : USA
Genre : Metal
Remettre en question le phénomène SLIPKNOT serait ici vain. Ce concept apparu il y a maintenant presque dix ans ne saurait souffrir d’une critique linéaire, puisque sa cause est déjà acquise pour des millions de jeunes fans à travers le monde. SLIPKNOT est plus qu’un groupe, c’est un lapin sorti d’un chapeau retrouvé il y longtemps dans un jardin de Des Moines, Iowa, qui depuis a transformé ses illusions de bases en un gigantesque Barnum digne d’une lévitation de la Maison Blanche au dessus des nuages.
Comment aurait on pu se douter qu’un modeste ensemble de l’Amérique profonde aurait pu conquérir le monde à grands coups de gimmicks éculés et d’une violence instrumentale certes intense, mais ô combien réfléchie, qu’on croirait presque sortie du cerveau fécond d’un génie du marketing. Mais SLIPKNOT, tout du moins son image, c’est ça. Le paradoxe de musiciens paraissant sincères dans leur démarche, mais aussi terriblement conscients des demandes d’un marché de plus en plus avide de sensations inédites. Pour un adolescent de quinze ans, l’illusion est parfaite. Pour un adulte de 35, la stratégie est impeccable. Mais d’autres ont tenté le coup bien avant. Les masques. La provocation. Les heurts. Les costumes. KISS. MÖTLEY CRÜE. TWISTED SISTER. CRIMSON GLORY. LES RESIDENTS. NO MEANS NO. La liste est longue, et loin d’être exhaustive. Rien de nouveau sous les ténèbres.
Si vous avez acheté ce DVD, ou bien si vous avez sérieusement l’intention de le faire, c’est que vous êtes déjà contaminés par le virus. Donc inutile d’essayer de vous dissuader. Ce que je ne ferai pas. J’aime la musique de SLIPKNOT. C’est brutal, subversif, rythmiquement imparable. Le décor, une fois digéré est plutôt plaisant. Mais il ne doit pas servir de forfaiture destinée à faire gober la pilule à n’importe quel prix.
Le premier des deux DVD, est une supercherie grotesque, une parodie d’explication. Ou bien au contraire, un moyen incroyablement subtil de perpétuer le mythe. 90 minutes de vide pictural, d’images quasi subliminales. Aucun lien entre les scènes, si ce n’est les personnages qui animent cette vision apocalyptique qu’est le groupe en tournée. Un passant. Un roadie qui dégueule. Une baston. Des extraits lives avec son pourri en option obligatoire. Backstage. Des groupies en pleurs devant Joey. Du n’importe quoi. Visionner ce « documentaire » jusqu’à son terme relève de la gageure. Je l’ai fait. Je le regrette. Aucun intérêt. Quel besoin d’affamer les fans avec un prétendu docu, si ce n’est pour rien montrer. Est-ce la le but ? On peut garder l’opacité de la légende en distillant savamment les indices au travers de vérités générales. Ici, rien. Du flou. Rideau.
Le second DVD est autrement plus intéressant, dans la mesure où il présente le groupe sans artifices, et où l’on parvient à entrevoir ses membres sans fard, humains, et simples individualités d’un ensemble qui les a d’ores et déjà engloutis. Les interviews sont savoureuses. On redécouvre Corey qui vient de rencontrer son père après plusieurs années de doute et d’oubli. Joey avouant que SLIPKNOT est sa force et en même temps sa nemesis. Les autres musiciens semblent plus terre à terre, et on les découvre jouant au golf, au sortir de leur voiture, naturels en somme. Prétendument abasourdis par l’ampleur qu’a pris leur destin, mais en arrière plan, terriblement conscients que leur stratégie a bluffé l’industrie, mais que ce stratagème peut s’évanouir du jour au lendemain.
Les vidéos sont déjà bien connues des fans (« Duality », « Vermillon part I & II », « Before I Forget », « The Nameless »), et on appréciera leur mise en scène, graphiquement parfaite et si bien adapté à la bande son. Les morceaux live sont une tuerie, et rappelle que SLIPKNOT est surtout un monstre scénique, hydre à neuf têtes que rien ne semble épuiser. Mention spéciale à « The Heretic Anthem », « People=Shit » et « Sic », les morceaux de bravoure habituels du groupe live.
Alors, glosons. SLIPKNOT n’est il qu’un autre tour de magie orchestré par une maison de disque qui n’en est pas à son coup d’essai, ou bien la réaction musicale sincère de neuf personnages atypiques, désireux de se sortir d’une vie déjà trop bien tracée, qui les aurait cantonné à un insupportable anonymat ? La réponse est dans la question, car peu importe. Peut être le saura t’on un jour. Mais doit on savoir à tout prix ? Ne peut on pas accepter le semblant de justification offert ici par le groupe à travers ce DVD ? SLIPKNOT, à savoir une face commerciale, design ultime d’un créateur connaissant sur le bout des doigts le fonctionnement d’une mécanique industrielle implacable envers la rentabilité, et une face humaine, créature improbable qui a dépassé son créateur par ses besoins de grandeur, au risque d’y laisser des plumes.
SLIPKNOT, c’est tout cela. C’est un rêve de gosse devenu réalité. Admettons le.
En tout cas, ils resteront la seule attraction réellement excitante depuis l’apparition en 1974 d’un groupe qui allait acheter ses colliers cloutés dans une animalerie.
You wanted The Best? Here they are, the greatest rock’n’roll band in the world, you got it, SLIPKNOT!!!
Discographie Complète de SLIPKNOT :
Mate.Feed.Kill.Repeat (1996),
Slipknot (1999),
Iowa (2001),
Vol.3 : The Subliminal Verses (2004),
9.0 : Live (2005),
Voliminal: Inside The Nine (DVD - 2006),
La Monstrueuse Parade (BOOK - 2006),
All Hope Is Gone (2008),
.5: The Gray Chapter (2014)
Ajouté : Lundi 08 Janvier 2007 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Slipknot Website Hits: 54833
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