ALL THE SHELTERS (FRA) - Reach (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 15 juillet 2011
Pays : France
Genre : Metalcore mélodique
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 21 Mins
ALL THE SHELTERS n’est pas un de ces petits groupes de garage, dont la discographie est à peine plus épaisse que Keira Knightley et qui tombe comme un cheveu dans la soupe de chroniqueurs qui se doivent d’y accorder une certaine importance pendant qu’à côté, les derniers WE CAME AS ROMANS, THE DEVIL WEARS PRADA et autres IWRESTLEDABEARONCE attendent gentiment de passer à la moulinette. Même si n’importe quel revieweur normalement constitué accorderait sa priorité aux noms ronflants qui squattent son bureau, j’ai personnellement mis tout ce beau monde en attente pour accorder ces quelques lignes à des mecs du terroir, très attachants et dont la fougue et l’envie de réussir sont autant d’arguments suffisants pour ne pas négliger leur premier EP, intitulé Reach. Mon affection pour ces garçons et leur Metalcore pétillant ne restera pas secret très longtemps. N’allez pas croire pour autant que j’emploierais plus de vaseline pour faire passer le message avec douceur car comme de nombreux disques, Reach possède son lot de défauts et il serait évidement injuste de priver le groupe d’une occasion de les améliorer.
Pour les avoir vus en concert deux fois, pour avoir passé leur démo à maintes reprises dans mon mange-disque et pour avoir beaucoup bavardé avec eux, le premier truc qui m’a marqué à l’arrivée d’« Agora » et de ses gros breakdowns touffus, c’est la mise en scène. Intro tranquille, un peu théâtrale avec un bruit d’averse, d’orage avant un lâcher de guitares fantasque, ALL THE SHELTERS se professionnalise. Les arrivées conjuguées de Richard (guitare et chœurs) et de François (basse, en lieu et place d’Hadrien) sont hautement bénéfiques. Raph et Richard avancent en cadence sur les cordes, soutenus par la rythmique intelligente et discrète de François comme on l’entend sur « When The Light Turns On », un titre ma foi globalement efficace bien qu’il faille tendre l’oreille pour entrevoir de l’originalité. Alors si en plus, le Metalcore c’est pas votre tasse de café, laissez tomber… Voilà peut-être le plus gros problème de Reach. Il s’adresse à un public résolument connaisseur mais pas épicurien. Il n’y a pas de grosses prétentions artistiques ici mais une certaine volonté de s’éclater. Chacun voit midi à sa porte. Si les réfractaires mettront en avant les riffs en carton-pâte entendus mille fois ou le chant clair putassier de Richard, je leur répondrais bien gentiment qu’il fallait être là avant pour constater que les riffs ont, au contraire, pris beaucoup de profondeur et de densité et que la diversité vocale était la meilleure chose qui puisse arriver pour briser la linéarité du chant de Julien qui n’excellait pas non plus en chant de tête et qui se retrouve subitement très à l’aise sur ses couplets. Dans leur globalité, les compositions ont la même structure. Aucune n’est en dedans mais à l’inverse, seule « Hours » s’impose comme le tube de ce disque, grâce à son refrain ultra-racoleur et ses breakdowns successifs bien « crabbys ». Le tout est enrobé d’une production bien sentie, moins grasse que les superproductions à l’américaine mais autrement plus authentique. ALL THE SHELTERS a clairement changé de dimension et peut revoir ses prétentions à la hausse. Même s’ils ont choisi d’évoluer dans une scène qui sature et qui logiquement, fait saturer son public, les strasbourgeois ont la pugnacité nécessaire et les pieds bien cimentés au sol pour viser plus haut. Artistiquement aussi, même s’ils ne provoquent pas encore des effusions de joie, on ne peut que constater bêtement tous les progrès réalisés en l’espace d’un an. A ce rythme de croisière et avec cette marge de progression, être ambitieux ne s’apparente pas à un luxe.
Reach est donc un EP appétissant, bien foutu même si je comprends qu’il paraitra trop homogène pour certains, trop calculé pour d’autres et trop racoleur pour ceux qui n’en ont pas l’habitude. Pour ma part, avec un panel d’influences qui va de FOR TODAY à CALIBAN, avec des fortes odeurs de BRING ME THE HORIZON (notamment sur le final épique de « Always An Exit »), ALL THE SHELTERS fait davantage partie de ces formations qui font vivre la scène Metalcore plutôt que de ceux qui la tuent à petit feu.
Ajouté : Mercredi 14 Septembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: All The Shelters Website Hits: 10708
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