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PEARL JAM (usa) - Sydney, Australia, 11-07-2006 (2006)






Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2006
Pays : Etats-Unis
Genre : Grunge
Type : Live Bootleg
Playtime : 27 Titres - 114 Mins





Pour beaucoup d’entre nous, le Grunge aura été un fléau qui vida des ondes nos stars préférées. Nous avons toujours une dent contre les NIRVANA, STONE TEMPLE PILOTS, MUDHONEY qui ont renvoyé nos idoles à leurs chères études, trop engoncées dans leurs manteaux de fourrure, avachis dans leur Porsche pour se remettre en question. Il n’empêche.
Objectivement, tout comme le punk, le Grunge aura eu un effet salvateur sur le monde de la musique puissante en l’obligeant à se remettre en question. Foin des apparats clinquants et autres logorrhées verbales à l’encontre d’une société dont ils abusaient des bienfaits tout en faisant semblant de la vilipender pour garder cet indispensable côté rebelle, ce style semblait pur, honnête, comme le cri du cœur d’une génération X qui n’en pouvait plus de supporter une starification à outrance synonyme de montagne de dollars et d’attitude méprisante envers les fans et la réalité de la vie.
Alors oui, pour le coup, tout le décorum flashy tombait aux oubliettes, et il fallait pouvoir supporter l’idée de voir des groupes monter sur scène habillés comme ils l’étaient dans la vie (mais le Thrash n’était il pas déjà calqué sur ce moule d’authenticité ?), jouant sur du matériel de fortune, foirant des soli exécrables qui auraient fait vomir de honte un Jimi ou un Ritchie. Exit la superficialité, bonjour la vérité, et il en des vérités comme des postulats. Certains sont difficiles à admettre.
Alors, on pouvait tabler sur le côté nihiliste de la chose, et attendre que le mouvement se tue de l’intérieur, ou simplement patienter, le temps que le public se lasse de cette révolte promise à une fin de non recevoir. Ou alors une deuxième option se présentait. Faire preuve d’objectivité, trier, éplucher, scruter le moindre comportement suspect, et rester au final avec la matrice originelle, une fois écrémés les déchets dispensables qui recouvraient la plus belle peau.

On savait que seules deux des figures de la scène de Seattle avaient vraiment quelque chose à dire, et à offrir. Outre Kurt, trop sensible et puriste pour assumer son statut de demi Dieu vivant, et qui finira par rejoindre les cieux aidé en cela par une Nancy Spungen d’occasion ramassée sur le bord du trottoir, il y avait aussi Eddie. Bel homme, chevelure ondulée et brillante, regard de braise, sorte de cover boy solitaire et taciturne, capable comme Jim de tourner le dos au public et/ou de ne pas décrocher un mot entre les morceaux. Mais derrière cette timidité de façade se cachait un auteur capable en quelques mots de résumer un profond mal être, partagé par des millions d’adolescents attendant autre chose de l’existence qu’un job minable derrière un comptoir de restauration rapide. Il voulait plus, il exigeait le meilleur, et cette quête du Graal fut aussi la notre.

Quand on parle de Metal et d’albums live, on cite invariablement les mêmes pierres angulaires. De Made In Japan à Worldwide Live, en passant par Live After Death, The Songs Remain The Same ou No Sleep ‘Til Hammersmith, autant de témoignages indispensables d’une débauche de décibels et d’une dextérité sans faille de musiciens aguerris.
Il est vrai que le Grunge n’aura accouché que de peu de communions solennelles avec son public, tant la relation qu’il avait tissé avec elle était particulière, sans doute trop pudique pour être étalée sur la place publique et encore moins gravée sur CD.
L’intimisme étant de rigueur, la philosophie de base s’accommodait fort mal de cris d’un public en extase ou de démonstrations volontaires d’instrumentistes capables de prouver leur talent. Les critères n’étant pas les mêmes, il est impossible de comparer les prestations respectives de combos basant leurs performance sur un tonnerre d’amplis mal bridés, tandis que d’autres avaient opté pour l’émotion brute, calquée sur un monde agonisant de son propre aveuglement.
Et pourtant…
En tournée de promotion de son dernier né et éponyme album, après des années de lutte contre le géant de l’organisation de concerts Ticketmaster, PEARL JAM tente un coup de poker impensable, et aux yeux du business, une folie incommensurable. Pour lutter contre le piratage des live, le groupe balance toutes les dates de son périple en format double CD, d’une manière officielle.
Packaging sobre, de la musique jusqu’à plus soif, il était difficile de croire que de cette pléthore de présents sortirait une quelconque pépite. L’énormité de l’entreprise revêtait alors une dualité incroyable. Celle d’occuper les bacs de façon pharaonesque tout en restant anecdotique. Comment choisir ? Comment tomber sur le frisson qui allait nous parcourir l’échine des nuits entières, comme si nous avions été présents ce jour là ?
A une époque, j’avais dans la tête l’intention de me procurer toutes ces sorties, pour le fun, pour l’amour du geste. J’ai vite renoncé. Mais je les ai écoutés. Pas tous bien sur, mais la plupart. Alors, peu de différences notables entre bon nombre d’entre eux, mais l’intensité variable permettait de faire son choix. Et je le fis.

Et c’est l’Australie qui remporta la palme. Mais entre Brisbane et Sydney, mon cœur balançait. Car Brisbane offrait une reprise épileptique du MC5, un « Kick Out The Jams » d’anthologie, qui aurait pu séduire Kramer s’il ne s’en moquait. Mais c’est finalement l’homogénéité de Sydney qui me força à admettre l’évidence. Ce live en est un, c’est une certitude, le groupe semble soudé comme jamais, proposant des versions atomiques de standards pourtant entendus mille fois auparavant.
Et le mélange promotion/tradition est parfaitement équilibré. Les interventions d’Eddie sobres et touchantes. Et surtout, tous les morceaux sont essentiels. Considérablement accélérés parfois, comme les immortels « Even Flow », « Go ». Et même les derniers nés, tels « Big Wave », « Worldwide Suicide » ou « Severed Hand » sonnent comme des classiques de début de carrière.
Les versions offertes de « Daughter » ou encore « Better Man » vous font dresser les poils sur les bras, et on se damne de ne pas avoir pu assister à tout ceci en temps réel.
On n’écoute pas ce live, on le vit. Et quelle plus parfaite définition pour un album qui se doit d’être vivant ?
Aux côtés d’un Vedder quasi christique, le groupe bastonne, louvoie, séduit, amadoue, pour finalement nous emporter dans son monde, si particulier, si attachant.
Et la courte reprise de « Wasted » sonne si vraie qu’on regrette un jour d’avoir pu douter de la sincérité de musiciens qui finalement, cherchaient la même chose que nous. Partager une passion pour la musique, sans rien d’autre à donner que du plaisir, tout en éveillant les consciences sur les dérives d’un monde toujours plus égoïste.
Alors c’est pour ceci, et pour cela aussi que ce live se perçoit comme une osmose totale, comme une immersion dans l’émotion, la sincérité, et l’amour aussi pourquoi pas, n’ayons pas peur des mots.
Et ce contraste permanent entre la douceur, la nostalgie, mais aussi la violence, l’ignorance et l’égocentrisme est illustré à merveille par l’enchaînement entre le décidemment magnifique « Better Man » et le soufflant « Do The Evolution », caustique, cruel et pourtant si juste. On retrouve cette dichotomie dans la transition entre le cathartique « Black », noir, sombre comme la nuit, et le cri du cœur « Alive », cheval de bataille du groupe depuis la naissance de sa carrière, passage obligé de tout groupe coupable d’avoir pondu un hymne auquel se sont identifiés des milliers d’adolescents souffrant de ne pouvant mettre des mots sur leur douleur.
Et pourtant, alors qu’on pourrait croire Pearl Jam exsangue, épuisé d’avoir tout donné, le dernier rappel prend des allures de baroud d’honneur, pour bien enfoncer dans le crâne déjà saturé d’une audience conquise que PEARL JAM est synonyme de Rock. Le seul, le vrai, l’unique, celui qui se gagne à la sueur de sa chemise à carreaux, oripeau que le quintette à bien vite abandonné pour s’éloigner des clichés les plus indéracinables.
Et comme dans un songe désordonné, ce sont l’épileptique « Go », le syncopé « Why Go », le plus nonchalant « Throw Your Hatred Down » qui se succèdent avant l’attaque finale, l’estocade fatale, la reprise du monstrueux « Rockin’ In The Free World » du pote Young…
Alors bien sur, le combo en 2006 avait déjà joué un nombre incalculable de fois ce morceau incroyable, proposant des versions toujours plus hargneuses, mais cette fois ci, je ne sais pas, on se sent emporté, on virevolte, on crie, on pleure, on accompagne le quintette aussi loin qu’il veuille nous emmener, mais on ne revient pas indemne.
On ne peut pas écouter ce live et rester sans avis. Sans émotions, sans envie de changer les choses, mais surtout, et c’est la le plus important, sans clamer au monde entier que PEARL JAM a offert au Rock de nouvelles lettres de noblesse. Oubliés les clivages, oubliée la jalousie, on accepte ce que l’histoire a bien voulu dessiner, juste parce que comme nos grand frères qui ont connu l’apogée des 70’s, nous aurons connu ce souffle, cette respiration essentielle et pourtant futile, qui s’échappe d’enceintes gigantesques ou de petits haut parleurs de salon crachotants.
Même installés dans le confort de son appartement, on se lève, on brandit le poing, on ferme les yeux, et on chante, on hurle avec Eddie et les siens, on ne fait plus qu’un avec une vie qui n’avait peut être pas besoin de nous, mais qui nous accepte quand même, tant bien que mal.
C’est organique, c’est vital, c’est honnête. On ne peut pas faire autrement.

Mais merde, comment peut on s’y prendre à la fin ? Se prostrer et attendre l’avenir ? Ou agir pendant qu’il est encore temps ?

Ecoutez ce live. Ressentez le au plus profond de votre âme. Prenez le pour ce qu’il est. Une respiration, un remède, je ne sais pas. Mais fermez les yeux. Il n’y a pas de prophète. Juste une lumière qui essaie de vous guider là ou vous n’êtes jamais allés.
Au plus profond de vous-même.

Discographie Complète de PEARL JAM :
Ten (1991), Vs (1993), Vitalogy (1994), No Code (1996), Yield (1998), Live On Two Legs (1998), Binaural (2000), Riot Act (2002), Lost Dogs (2003), Live At Benaroya Hall (2004), Rearviewmirror (Greatest Hits 1991-2003) (2004), Sydney, Australia, 11-07-2006 (2006), Pearl Jam (2006), Backspacer (2009), Live On Ten Legs (2011), Lightning Bolt (2013), PEARL JAM AU PAYS DU GRUNGE (BOOK - 2011), PEARL JAM : Pulsions Vitales (BOOK - 2013)



Ajouté :  Lundi 21 Février 2011
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Pearl Jam Website
Hits: 12912
  
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