TEMPLE OF BAAL (FRA) - Amduscias (Jan-2012)
A la lecture de la littérature enflammée des quelques lignes qui vont suivre, on ne peut s’empêcher de se réjouir que d’authentiques gardiens maintiennent la flamme du Black Metal français en éveil. Depuis toujours, TEMPLE OF BAAL est un groupe qui va au combat, sans jamais se départir de sa philosophie. A l’occasion de la sortie du split avec les Orléanais de RITUALIZATION, Amduscias a accepté de livrer sa vision personnelle sur cette collaboration et revient avec nous sur 14 années de félicité musicale. Un discours qui transpire de passion et d’amour, n’en déplaise à ceux qui voudraient que le Black Metal implique éternellement un comportement froid et austère. Entretien.
Line-up : (guitare), (chant), (batterie), (basse)
Discographie : Satanas Lux Solis (démo – 1999), Black Unholy Presence (démo – 2000), Unholy Chants Of Darkness / Faces Of The Void (split – 2001), Rituals Of Black Plague (démo – 2003), Servants Of The Beast (album – 2003), Sargeist / Temple Of Baal (split – 2004), Traitors To Mankind (album – 2005), Ancestral Fog / Temple Of Baal (split – 2006), Temple Of Baal / Aosoth (split – 2007), Lightslaying Rituals (album – 2009), The Vision Of Fading Mankind (Split Album - 2011)
Metal-Impact. Salut Amduscias, je suis Stef pour le webzine Metal-Impact. Merci de nous accorder de ton temps. La première chose que j’aimerais te demander, c’est de nous décrire ton ressenti concernant la sortie de ce split avec RITUALIZATION. L’objectif est-il atteint selon toi ?
Amduscias. Je ne sais pas si l’on peut parler d’objectif, je ne raisonne pas vraiment en ces termes. Chaque sortie de disque est une émanation du Temple, une sorte de déclaration, mais j’aurais tendance à assimiler cela à une éruption volcanique. Personne ne sait quand ça arrivera, ça explose d’un coup puis c’est le retour à la normale pour une période indéterminée. Ceci dit, nous allons tacher de ne pas faire trop durer cette période, et de jouer un maximum en live avant la sortie de notre prochain disque. Mais quand Filip d’Agonia Records, m’a proposé de faire un split avec « un très bon groupe français » dont il nous laissait le choix, nous n’avons pas hésité et nous avons immédiatement proposé à RITUALIZATION de se joindre à nous. Donc pour en revenir à ton terme d’objectif : en effet, j’ai pensé à utiliser la renommée de TEMPLE OF BAAL pour donner un coup de pouce à RITUALIZATION parce que ce groupe est une tuerie. Je regrette toutefois que ce split ne soit pas sorti il y a un an comme nous l’avions initialement prévu. Hélas, des impératifs d’ordre personnel (j’ai dû déménager trois fois entre 2010 et 2011 !) ont retardé l’enregistrement de la partie de TEMPLE OF BAAL. Mais c’est chose faite, le disque est sorti et le résultat est 100% à la hauteur de nos attentes !
MI. Pourquoi avoir choisi de collaborer avec RITUALIZATION ? Est-ce un groupe dont vous vous sentez particulièrement « proches », d’un point de vue idéologique ou spirituel ?
Amduscias. Absolument. Il était hors de question de sortir un split avec un groupe lambda. Chaque split que TEMPLE OF BAAL fait, il le fait avec un groupe dont les convictions et l’idéologie sont au moins comparables aux nôtres, sinon similaires. On peut déjà, sans connaître aucun des deux groupes, établir un pont entre les deux noms. En effet, nous voyons tous les deux notre musique comme un rituel. Chaque concert que nous faisons, chaque note que nous enregistrons, chaque étape du processus créatif est vu comme un rituel ésotérique. RITUALIZATION et TEMPLE OF BAAL ont plus ou moins la même vision des choses à ce sujet. D’autre part, nous avons un gros background commun, nous connaissons les musiciens de RITUALIZATION depuis de très longues années. Warchangel (chant) était présent au premier concert de TEMPLE OF BAAL en 1999, et nous sommes amis depuis. Nous avons peu ou prou le même âge et avons connu les mêmes choses : l’Underground avant Internet par exemple, les démos sur cassette, les flyers, les lettres envoyées et reçues des quatre coins du monde, les fanzines papier à la mise en page faite aux ciseaux et à la colle… Il y avait un aspect définitivement ésotérique. A l’époque, j’avais l’impression d’accéder à une connaissance cachée d’une certaine manière, puisque tous les groupes de Black et de Death Metal étaient pour la plupart ignorés par la presse Metal conventionnelle. Etre en contact avec les bonnes personnes garantissait l’accès à cette connaissance, et la découverte de groupes incroyables. D’autre part, il fallait attendre, attendre que la démo ou le zine convoité arrive dans ta boite aux lettres. La musique avait donc un aspect bien plus important. On écoutait et lisait tout ceci quasi religieusement… Bien loin de l’aspect facile et jetable d’aujourd’hui. D’ailleurs, et c’est encore une fois révélateur à mon sens, nos deux groupes ont débuté en sortant des démos au format cassette, même si RITUALIZATION s’est formé en 2006, il a respecté cet « ordre des choses » alors que la plupart des nouveaux groupes cherchent à tout prix à sortir tout de suite un CD en publiant des démos en ligne… Non, l’histoire d’un groupe, c’est un parcours initiatique. A nos débuts, sortir un CD semblait quasi inaccessible. Bien sûr que nous en rêvions, mais nous n’avons jamais cherché à brûler les étapes. A l’époque de nos démos, je peux même te dire que nous aurions pu sortir immédiatement Black Unholy Presence chez Chanteloup Creations, bénéficiant ainsi immédiatement de l’étiquette d’une maison de disques, et c’est moi même qui ai tenu à sortir la rehearsal-tape Satanas Lux Solis en auto-production, par mes propres moyens, pour respecter le parcours d’un groupe, tel que je pensais qu’il devait être. Nous avons beaucoup discuté de cet aspect des choses avec Warchangel de RITUALIZATION et nous avons, encore une fois, exactement la même vision à ce sujet. Pour toutes ces raisons, RITUALIZATION était un choix évident à mon sens.
MI. Peux-tu nous expliquer comment ce projet s’est mis en place et avec quel état d’esprit TEMPLE OF BAAL a abordé la composition de sa partie ?
Amduscias. Rapidement, après l’enregistrement de Lightslaying Rituals, j’ai eu l’envie de sortir un MCD avec TEMPLE OF BAAL, afin de combler le vide entre deux albums. J’en ai parlé à Agonia Records et Filip, le patron du label, m’a plutôt suggéré un split album avec un « très bon groupe français », et nous avons donc contacté RITUALIZATION pour toutes les raisons que je t’ai exposées ci-dessus. La composition n’a pas été réellement différente de notre travail habituel. Nous composons pour TEMPLE OF BAAL, quel que soit la réalisation discographique envisagée. Ce n’est qu’une fois l’intégralité du split enregistré que nous avons mis les choses en commun, et instauré une discussion triangulaire entre les groupes et Christophe Jager, qui s’est occupé du layout et des photos, afin de donner un aspect unifié et cohérent à ce split. Ainsi, les deux univers musicaux sont différents, mais l’aspect graphique étant unifié, nous avons réussi à montrer notre vision de ce split album. Ce n’est pas un versus, c’est une alliance entre deux groupes qui partagent une même vision des choses, en la développant chacun à sa manière et dans son style propre.
MI. Malgré votre longévité au sein de la scène Black Metal française, vous accordez toujours une importance particulière aux splits. Que symbolise pour toi ce format ? Allez-vous continuer à en enregistrer ?
Amduscias. Je ne sais pas si nous continuerons à en enregistrer. Les groupes avec lesquels je pourrais l’envisager ne sont pas légion, loin de là. Cela arrivera peut être à nouveau bien sûr, je ne ferme pas la porte, mais aujourd’hui la priorité est notre prochain album, pour lequel je me suis déjà mis au travail. Quant au format du split, il symbolise pour moi une adhésion à des valeurs communes, le souci d’imposer une vision. Cette pratique était très courante dans les années 90 par exemple, je pense à des choses légendaires comme le split EMPEROR / ENSLAVED bien sûr, mais à d’autres choses plus obscures comme le split FUNERAL WINDS / ABIGAIL, ou dans le Death Metal, KILLING ADDICTION / ETERNE DE SADE (là je pense que ça parle à trois personnes en France), je pense aussi à tous ce qu’ont fait des groupes comme DEAD INFECTION ou AGATHOCLES… Nous nous inscrivons dans cette lignée, nous avons cette vision du split qui n’est en aucun cas la vision galvaudée d’un « War » ou d’un « Versus », et c’est bien pour ça que les groupes avec qui nous choisissons de sortir ce genre de release sont triés sur le volet.
MI. Parmi vos collaborations passées, on retrouve de très beaux noms comme SARGEIST ou AOSOTH. A quel niveau d’intensité émotionnelle se situe cet enregistrement par rapport aux précédents ?
Amduscias. Le fait de sortir un split avec un ami de 15 ans fait de ce disque quelque chose de spécial. Nous avons eu le même feeling quand nous avons sorti le split avec AOSOTH, les musiciens de ce groupe étant des amis de longue date, puisque j’ai moi-même, vers 96, joué dans ANTAEUS. Ceci dit, partager un split avec un groupe étranger est fort gratifiant et intéressant dans le sens où les groupes ne touchent pas forcément le même public. Mais si l’on doit parler d’intensité émotionnelle, les choses ne sont clairement pas au même niveau, bien entendu.
MI. Il y a néanmoins un fossé terrible qui sépare votre prestation de celle de RITUALIZATION ? C’est aussi ça un bon split ? Que la démarcation musicale entre deux univers et deux entités qui n’ont pas la même expérience soit aussi flagrante ?
Amduscias. Je n’aime pas trop le terme fossé, je le trouve péjoratif et pour moi la partie de RITUALIZATION est vraiment bonne. Bien sûr, leur production est différente, plus brute que la nôtre, mais dans un sens, elle me rappelle fortement celle du premier album de DEICIDE. Elle sonne très début 90’s et j’apprécie beaucoup. Un bon split, ce sont deux groupes, deux personnalités, qui s’allient mais ne perdent pas leur individualité !
MI. Quel est ton avis sur la musique de RITUALIZATION et comment as-tu appréhendé leur reprise de MORTEM ? Ils se sont attaqués à du lourd non ?
Amduscias. J’ai trouvé cette décision excellente. Nous adorons ce groupe depuis longtemps et ce morceau tue ! Ils se sont attaqués à du lourd, mais je trouve qu’ils ont rendu justice au titre, et puis cela change des reprises habituelles téléphonées que font tous les autres groupes. Qui a besoin aujourd’hui d’entendre une énième reprise de SLAYER, franchement ? Non, MORTEM était un choix courageux et très cohérent avec RITUALIZATION, et leur version est excellente !
MI. Y a-t-il un concept particulier derrière ce split ? Peut-on relier les deux parties et le cas échéant, avez-vous cherché à donner malgré tout une ligne directrice à cette sortie ? Si oui laquelle ?
Amduscias. La ligne directrice, c’est la dévotion absolue que nous avons tous deux envers nos groupes, et le rapport que nous faisons entre musique et ésotérisme. Nous avons par ailleurs cherché à obtenir un visuel cohérent entre les deux groupes, en confiant tout l’aspect visuel et photographique à Christophe Jager.
MI. Vous avez choisi de réenregistrer « Slaves To The Beast » à l’occasion de ce disque. Pourquoi avoir fait ce choix ? La version présente sur Servants Of The Beast a-t-elle mal vieillie ?
Amduscias. Cette version n’a pas mal vieilli, même si je trouve que le mastering de Servants Of The Beast a été totalement bâclé, mais ça, c’est l’aspect technique. Non, je réécoute souvent cet album, et j’adore toujours tous les titres qui le constituent. Seulement, nous jouons maintenant « Slaves To The Beast » d’une façon différente par rapport à cette époque, et nous pensions qu’il serait bon d’en sortir une version studio après l’avoir bien rôdée en live. On peut ainsi faire des comparaisons, et si le son du TEMPLE OF BAAL d’aujourd’hui est bien plus imposant qu’il y a une dizaine d’années, l’esprit est réellement resté le même et c’est celui qui perdurera.
MI. Vous vous démarquez particulièrement avec « Heresy Forever Enthroned », une composition longue de neuf minutes que tu achèves de manière brillante avec un solo très intense. Ce genre de procédé est-il un moyen efficace de faire passer un message que la voix humaine ne saurait véhiculer ? J’aimerais ton ressenti de guitariste à ce sujet.
Amduscias. Je considère en effet la musique comme un langage sans paroles, qui me permet d’exprimer l’ineffable. Vient un moment où je ne peux trouver les mots et c’est la musique qui prend le dessus. D’ailleurs, invariablement, c’est la musique que je compose en premier, les paroles viennent ensuite, comme si elles « complétaient » ou « traduisaient » ce qui se passait. Mais les mots ne peuvent, selon moi, qu’approcher d’une façon relativement lointaine ce que la musique exprime. Ce qui ne signifie pas que j’accorde moins d’importance aux paroles qu’à la musique. Au contraire, je cherche toujours à rendre les paroles les plus parfaites possible, les plus intéressantes et « efficaces » selon mes critères. D’ailleurs, j’ai mis très longtemps à écrire les paroles de ce split, car je n’étais jamais satisfait du rendu des différentes versions. Ensuite, pour en revenir à mon ressenti de guitariste, ce n’est pas pour rien que des solos ont été présents dans la musique de TEMPLE OF BAAL dès le début du groupe. Ils expriment la dévotion totale de mon âme au moment du Rituel qu’est pour moi chaque minute que je consacre au Temple. Ils naissent d’ailleurs d’improvisation, aux moments desquelles je laisse totalement la musique guider mon esprit. En ressortent des grandes lignes, des éléments mélodiques, qui constituent la base immuable du solo. J’affine ensuite, en rajoutant des éléments de détail, mais dans 99% des cas, la toute première improvisation contient facilement 75 à 90% du solo final.
MI. Quels sont les premiers retours de vos fans, de la presse spécialisée sur ce split ?
Amduscias. La presse est assez enthousiaste, les chroniques sont très bonnes. Les fans sont également agréablement surpris, autant par notre partie que par celle de RITUALIZATION. Maintenant, nous cherchons des dates de concert. J’espère aller jouer un peu à l’étranger, il faut absolument imposer TEMPLE OF BAAL en dehors de nos frontières. Je n’ai aucune illusion et je suis très réaliste : en 2012, un groupe qui ne joue pas live est un groupe mort !
MI. Comment la presse étrangère considère t’elle le parcours de TEMPLE OF BAAL et comment réagit votre public lors de vos déplacements à l’étranger ?
Amduscias. La presse étrangère nous respecte, et depuis notre signature sur Agonia, nous avons pas mal de retours de sa part. Bien plus qu’à l’époque de nos premiers albums, pour lesquels la promo était davantage centrée sur la France. TEMPLE OF BAAL s’est assez peu déplacé à l’étranger, hélas, et là nous redoublons d’efforts pour booker le groupe hors de nos frontières, ce qui reste très difficile. Nous avons pourtant fait d’excellentes apparitions live, au Portugal au Caos Emergente, en Norvège à l’Inferno, en Belgique au Mass Deathtruction, en Suisse… Mais cela reste un parcours du combattant, et la situation financière de l’industrie musicale étant ce qu’elle est… Cela n’aide pas non plus.
MI. Un mot sur cette pochette teintée de rouge sang. Peut-on y lire une représentation morbide du Saint-Suaire de Turin comme je l’ai fait ? Quelle importance accorde TEMPLE OF BAAL aux artworks ?
Amduscias. L’importance accordée aux artworks est aussi forte que le reste. Tout doit se compléter dans la même vision. Il est impensable de sortir un album avec un artwork en décalage avec ce que TEMPLE OF BAAL exprime dans son art strictement musical… Mais je vais laisser la parole à Chris, responsable de l’artwork et des photographies du split.
En premier lieu, je suis content que cela t'inspire l'image d'un Saint-Suaire détourné.
Christophe Jager. A vrai dire, il s'agissait plutôt à la base d'un détournement d'icones russes orthodoxes, seuls les portraits des membres étaient une référence au Saint-Suaire. Il était important de laisser transparaître un sentiment "religieux" assez intense. Pour ce qui est du rouge, il s'est imposé de lui-même à l'écoute d'« Heresy Forever Enthroned » et d'« Ave Dominus ». Je remercie les groupes de m'avoir proposé ce projet en m'accordant une liberté de création totale. Ça a été vraiment intéressant de pouvoir mélanger photographies, dessins et scans personnels pour créer cette ambiance légèrement « old-school » et de le faire pour des groupes en adéquation avec cette ambiance. Il est plutôt rare pour moi de travailler sur ce genre de projets car je suis photographe de profession, mais je suis heureux de collaborer avec TEMPLE OF BAAL et RITUALIZATION dont je respecte l'idéologie et la musique. Nous avons déjà d'autres projets en cours d'ailleurs !
MI. Quelle est la suite du programme pour le groupe ? Etes-vous déjà en train de préparer le successeur de Lightslaying Rituals ? Peut-on s’attendre à des surprises ou à une évolution dans votre musique qui est toujours restée très intègre ?
Amduscias. Je suis actuellement en train de travailler sur sept nouveaux titres, pour préparer le prochain album de TEMPLE OF BAAL que j’espère pouvoir sortir fin 2012 - début 2013. Nous ne sommes pas du genre à faire des surprises style boucles électro ou autres, nous sommes un groupe de Metal extrême et nous le resterons. Les compositions du split album donnent une idée de ce que sera la suite : violence, dévotion, oppression, exaltation. Nous continuerons à combiner des titres courts et directs, des moments de violence ultime, avec d’autres titres plus longs et basés sur les ambiances.
MI. Tu es guitariste depuis un bon paquet d’années, tu as beaucoup bourlingué et entendu pas mal de choses, plus ou moins bonnes. Y a-t-il encore des trucs qui te surprennent dans le Black Metal actuel ? As-tu un exemple précis à nous donner ?
Amduscias. Rien de bien fou, la scène Black Metal actuelle est tellement pathétique. A part peut être CHRISTICIDE, SUPPLICIUM, VI… qui restent traditionnels dans leur approche mais arrivent à créer des atmosphères bien prenantes, le reste ne m’inspire que l’ennui. Ah si, bonne surprise avec PTAHIL (US) et leur Black old-school qui encore une fois ne révolutionne rien mais dont les influences CELTIC FROST réveillent le vieux headbanger qui est en moi. Je ne supporte pas les nouvelles modes du Post Black Metal (ou comment imposer un son soft sous couvert d’évolution, ça me fait doucement rigoler et penser à la mode du BM Sympho dans un autre cadre), du Depressive Suicidal BM (pauvres petits garçons qui pleurent parce qu’ils se sont écorché les genoux dans la cour de récréation) ou du War Metal (pour la plupart des groupes : du bruit, un batteur pas carré, l’ennui).
MI. De quel œil vois-tu l’avènement de la nouvelle génération de musiciens, celle qui officie dans un registre radicalement différent comme le Metalcore, le Screamo, etc… Malgré vos différents stylistiques et spirituels, est-ce une bonne chose que les teenagers s’impliquent dans cette musique ?
Amduscias. Bien sûr, chaque musicien est libre de s’impliquer dans la musique qui le touche le plus, et heureusement ! Après, le Metalcore me gonfle, et je ne suis pas non plus ultra réceptif au Screamo même si je comprends son intérêt musical.
MI. Un mot sur ton instrument, le matériel que tu utilises et ta formation musicale ?
Amduscias. Dans TEMPLE OF BAAL, nous utilisons des Ibanez RG 1527 7 cordes. J’ai monté la mienne avec des micros DiMarzio Evolution et nous nous branchons dans des têtes Peavey 5150. J’utilise aussi une Tube Screamer TS9 en booster, et j’ai longtemps utilisé une wah Morley Bah Horsie 2, mais celle-ci étant tombé en panne, je vais repasser sous peu chez Dunlop car le son de la cry baby reste le top… Arkdaemon joue sur BC Rich Warlock 5 cordes et tête Markbass, disto Blackstar HT DistX, une tuerie à deux lampes qui marche aussi bien pour la guitare que pour la basse !
En ce qui concerne ma formation, j’ai commencé par faire du piano étant petit pendant 5 ou 6 ans. J’ai ensuite commencé la guitare en autodidacte à partir de 12 ans, à l’aide d’un bouquin dans lequel les accords étaient répertoriés (en solfège, s’il te plait, pas en tablature !). Au bout de 7 ans, j’ai commencé à prendre des cours de guitare jazz en conservatoire, puis je suis entré en faculté de musicologie, où j’ai bouffé de l’histoire de la musique, du solfège, de l’harmonie, du déchiffrage pianistique et, à mon grand bonheur, beaucoup de chant. J’ai longtemps chanté avec le chœur et l’orchestre de la Sorbonne, et j’ai ainsi pu participer à l’exécution du Requiem de Mozart, celui de Duruflé, à « Une Nuit Sur Le Mont Chauve » de Moussorgsky avec chœurs (grandiose !) et à d’autres œuvres incroyables… Parmi les plus belles années de ma vie, sans aucun doute : de la musique 24h/24, une soif d’apprendre et des profs géniaux. J’y retournerai d’ici quelques années pour passer l’agrégation, crois-moi !
MI. Avant de conclure, j’aimerais que tu nous parles de tes gouts musicaux ? Quels sont les dernières découvertes qui t’ont bien botté et les groupes / albums qui resteront à jamais cultes ? T’arrive-t-il d’écouter autre chose que du Metal ?
Amduscias. De par ma profession et mes études (je suis prof de musique et j’ai bien sûr travaillé toute l’histoire de la musique, des origines à aujourd’hui), oui, j’écoute beaucoup de choses. Etant par ailleurs curieux de nature, en particulier quand il s’agit d’art en général et de musique… Oui, je suis très ouvert d’esprit. Je pourrai aussi bien m’écouter un bon vieux MERCYFUL FATE qu’une pièce pour piano de Schoenberg, du Jazz, du Rock « conventionnel »… Je suis fan de PINK FLOYD, j’adore des guitaristes comme Gary Moore, Jeff Healey, des vieux bluesmen comme Magic Slim, T Bone Walker… Je suis fou de Beethoven, Chopin… Fan invétéré de György Ligeti… J’aime beaucoup la musique contemporaine. J’ai découvert il y a quelques années, lors de mes études, un compositeur japonais, Joji Yuasa, qui créé des œuvres à partir de bruits blancs et roses, de vrais voyages auditifs. Des albums qui m’ont botté et qui resteront cultes ?
SLAYER : Decade Of Agression
DARKTHRONE : A Blaze In The Northern Sky et Under A Funeral Moon
MORBID ANGEL : Je n’arrive pas à me décider entre leurs quatre premiers chefs d’œuvre !
DEICIDE : Legion
METALLICA : de Kill’em All au Black Album
DISSECTION : Storm Of The Light’s Bane
MAYHEM : De Mysteriis Dom Sathanas
EMPEROR : In The Nightside Eclipse
MERCYFUL FATE : Don’t Break The Oath
IMPALED NAZARENE : Ugra Karma
BEHERIT : Drawing Down The Moon
En France, ANTAEUS : Cut Your Flesh And Worship Satan, les débuts de LOUDBLAST, MASSACRA et SUPURATION : The Cube, le split VLAD TEPES / BELKETRE et tellement d’autres choses…
ELEND, quel projet fabuleux… Il faudrait y rajouter bien sûr des choses qui m’ont marqué à jamais comme l’enregistrement de 1963 de la 5e symphonie de Beethoven par Karajan chez Deutsche Grammophon, le Requiem de Mozart par Karl Böhm, le concerto Empereur de Beethoven par Maurizio Pollini, le Requiem de Ligeti paru chez Wergo, tout PINK FLOYD, Hendrix…
MI. Merci beaucoup pour cet entretien Amduscias ! J’espère que tu as pris du plaisir à répondre à ces questions, autant que moi pour les écrire. Conformément à la règle, je te laisse le soin de conclure. Merci !
Amduscias. Merci beaucoup à toi pour cette interview très complète, le plaisir est partagé ! Assos, n’hésitez pas à prendre contact avec notre booker Blackflame. Nous recherchons un maximum de concerts avant de nous consacrer à l’élaboration de notre prochain album ! AMSG !
Ajouté : Vendredi 16 Mars 2012 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Temple Of Baal Website Hits: 14860
|