WITHDRAWN (FRA) - Christophe Helwin (Oct-2009)
Entrevue avec Christophe Helwin, le bassiste chanteur de WITHDRAWN. Ce trio créé en 2004 nous offre une musique extrême, basée sur le concept du surhomme. Le groupe travaille actuellement sur leur nouvel album qui devrait toucher un public plus large. Ils semblent confiants pour l'avenir, malgré la décision prise quant au départ du guitariste session début 2010. A la veille de leur tournée, il nous explique les choix du groupe, leur parcours, leurs projets, etc.
Line-up : Christophe Helwin (Basse et Chant), Julien Helwin (Batterie), Jamyz (Live Guitar)
Discographie : This Is Not Therapy (Démo - 2005), Tear V2.0 (Démo - 2006), Skulls Of The Weak (Album - 2009)
Metal-Impact. Pour commencer, tu peux nous expliquer comment WITHDRAWN est né ?
Christophe Helwin. Salut! En 2002, le premier groupe que mon frère et moi avions fondé sous le nom de DAWN CHAOS a splitté. A l'époque, Julien était guitariste et face au manque cruel de blasteurs sur la Gironde, il a décidé de prendre les baguettes afin de pouvoir jouer lui-même pour son groupe les blast beats qu’il voulait entendre, en se disant qu’on aurait plus de facilité à trouver un guitariste qu’un batteur de Metal extrême. Nous avons trouvé un premier guitariste après deux ans de recherche intensive et avons pris le nom de COVERED pour un concert effectué à base de reprises. Puis nous sommes devenus WITHDRAWN qui stigmatisait notre colère et notre envie de musique extrême mais isolée au milieu de tous.
MI. Vous êtes souvent comparés à BEHEMOTH. Font-ils partie de vos influences ?
Christophe. Ca serait te mentir si je te répondais que nous ne connaissons pas BEHEMOTH et qu'ils n’ont pas d’influence sur nous. C’est un des premiers groupes à nous avoir démontré qu’on pouvait créer une musique agressive et mélodique à la fois, avec des vrais refrains et des vrais riffs «chantants». Puis leur charisme sur scène était assez impressionnant, ce qui n’enlevait rien à leur musique puissante, au contraire. Nous apprécions beaucoup l’énergie que délivrent leurs morceaux, mais leur influence s’amenuise avec le temps, au fur et à mesure que nous découvrons d’autres groupes et envisageons la musique d’une autre façon. Néanmoins, cet album Skulls Of The Weak garde une trace, un «hommage», au groupe polonais. De toute façon, vu leur renommée actuelle, je me demande quel groupe ne va pas être influencé par eux d’une manière ou d’une autre.
MI. Les textes de Skulls Of The Weak sont sombres, énigmatiques. D'où vient cette noirceur ?
Christophe. Les textes sont énigmatiques par leurs images et métaphores et par le concept du surhomme que j’ai développé tout au long des morceaux mais ils ne sont pas sombres à proprement parler. Bien sûr, ils partent d’une base assez agressive, ou obscure, mais leur aboutissement se veut être la lumière, du moins, une lumière parmi d’autres vers quelque chose de plus grand et positif. Au final, je trouve ces textes plutôt optimistes.
MI. La sortie de l'album était trop tardive pour que vous fassiez des festivals. Est-ce qu'on vous verra sur des fest l'été prochain ?
Christophe. Pour l’été prochain je n’en suis pas sûr du tout. Tout simplement parce que nous serons en train d’enregistrer notre nouvel album. Donc nous ne pourrons pas faire les deux en même temps. En revanche, 2009 aura été une année assez riche en festivals puisque nous avons participé à la Gomorah Delirium Night 2, au Rock X Trem Fest, au Howling Zone Fest 2 et nous avons un autre festival en fin d’année qui devrait être annoncé d’ici peu. Ce ne sont pas des festivals d’été mais on se félicite de ces participations.
MI. Skulls Of The Weak s'avère très prometteur pour l'avenir du groupe. Vous êtes arrivés à ce que vous vouliez ?
Christophe. En terme de production oui. Sur le plan musical nous sommes satisfaits de ce que nous avons accompli mais cet album a été enregistré il a plus d’un an déjà. Nous l’achevions à la fin de l’été 2008. Pour nous, il sonne déjà daté, et imparfait sur plusieurs plans comme l’aspect technique, la composition, le son obtenu, etc. Néanmoins, nous avons eu plus de 20 chroniques de l’album sur des webzines et dans la presse nationale, et toutes ont été élogieuses et on ne peut que s’en féliciter. Ca a dépassé nos espérances mais le travail fourni était colossal et cela a payé.
MI. Vous travaillez actuellement sur le nouvel album. Est-ce qu'il sera dans la veine du premier ?
Christophe. Je ne peux rien dire de très précis pour l’instant, la moitié de l’album n’étant même pas encore totalement composée et susceptible d’être modifiée. Il sera véritablement d’avantage question de Metal extrême que de Death ou de Black pur et dur. Je pense qu’il y aura quelques surprises notamment au niveau des arrangements. Ce qui est sûr, c’est qu’on retrouvera le côté «catchy» du premier album que l’on va essayer de développer encore plus. Wait and see…
MI. Vous savez exprimer vos sentiments essentiellement par la vitesse, la hargne. Est-ce qu'un jour, la musique de WITHDRAWN évoluera vers des passages plus mélodiques/calmes ?
Christophe. Pas vers des passages plus mélodiques/calmes… Je dirais plutôt vers des passages plus «lents» ou «lourds», c’est possible. Je ne pense pas que nous fassions un jour un titre se rapprochant d’une ballade ou un titre essentiellement lourd comme «God of Emptiness» de MORBID ANGEL, qui est un titre que nous apprécions beaucoup, mais qui ne nous correspond pas et que nous n’arriverions pas à composer à l’heure actuelle de toute façon. Mais le prochain album aura peut-être quelques surprises, qui sait ?
MI. Jamyz est votre guitariste session : il ne participe pas aux compositions. Est-ce que cette situation est définitive ?
Christophe. Cette situation était d’abord provisoire en novembre 2008 quand Jamyz nous a rejoint en urgence pour assurer une date avec nous aux côtés de DESTINITY et MINUS HUMAN. Il n’était pas prévu que cette «intermittence» s’éternise, mais de fil en aiguille et face au manque de guitaristes, Jamyz a pris une place un peu plus importante dans le groupe jusqu’au moment où nous avons senti qu’il était peut-être temps que nous l’intégrions dans le groupe. Ses qualités ont été démontrées plusieurs fois. Un bon guitariste complet, doté d’une bonne oreille, sympa, sage et plein de bons conseils, avec une bonne présence scénique et du bon matériel. Bref, le fait qu’il intègre WITHDRAWN nous apparaissait de plus en plus comme une évidence. Nous lui avons donc proposé d’intégrer officiellement le groupe fin juin. Cependant, après réflexions de sa part et plusieurs discussions il s’est avéré que cela ne pouvait se faire. Plusieurs évènements dans nos vies futures respectives vont faire que bientôt cela sera impossible pour Jamyz de nous suivre, musicalement et logistiquement parlant. Début 2010 il quittera le groupe comme nous en avons convenu entre nous, ce qui est la plus sage des décisions mais aussi une des plus regrettables. Nous ne le remercierons jamais assez pour son implication, son temps et son énergie qu’il a donnés au groupe et nous lui souhaitons bonne chance dans tous ses futurs projets en musique comme dans la vie de tous les jours. Un mec bien et un bon guitariste assurément!
MI. On sent une sorte de psychologie dans vos textes, une vision définie du monde. Comment vois-tu l'existence ?
Christophe. Vide. On naît, on meurt. Entre ces deux périodes on cherche à se trouver un but, à se débattre contre le temps qui passe pour survivre dans l’éternité, on tente de répondre à des questions existentielles qui n’auraient pas eu lieu d’être… Tout ce que je sais, c’est que tout ce que l’on a été et tout ce que l’on a accompli durant notre vie disparaîtra avec notre mort. Rien ne restera. Pourtant, chaque instant peut révéler d’incroyables surprises et nous faire éprouver diverses sensations. Un rêve peut donner un véritable but à l’existence, une véritable envie d’aller toujours plus de l’avant contre vents et marées. Mais pour accomplir ce rêve il faut une volonté à toute épreuve, c’est en cela qu’intervient le surhomme dont j’explique le concept au travers des paroles de l’album. Le surhomme périra également mais il aura selon moi enflammé l’existence, la vie. Sans rêve, la vie n’a pas vraiment d’intérêt.
MI. Comment expliquer cette envie d'une musique qui se vit, qui prend tout son sens en live ?
Christophe. Puissance et agressivité. Renouer avec le côté le plus sombre en chacun de nous. Le défouloir! Plus ou moins inconsciemment, faire du Metal c’est libérer une forme de colère, de frustration qu’on a en soi. Mais c’est aussi la symbiose avec le public lorsque celui-ci réagit positivement à ton énergie. J’aime bien tripper avec le public lorsque celui-ci est à bloc. Headbanguer au rythme du chevelu du premier rang, serrer des mains, etc… Il y a également un côté performance physique qui ne nous déplaît pas lors d’un concert. Et puis je pense que c’est tout simplement l’expansion de la vie… Le moment où tout s’accélère, où tout est plus violent, où la pulsation et le rythme sont plus rapides qu’une pulsation standard… Peut-être qu’il s’agit du dépassement de la vie, faire quelque chose d’extrême, quelque chose qui va plus loin que la vie. De plus, je suis très satisfait lorsque nous finissons un morceau et toujours curieux de voir quelle va être la réaction du public face à ce nouveau titre : quel va être le moment où le public va se déchaîner, celui où le public va écouter attentivement, crier, etc. ?
MI. Vous avez déjà 5 concerts prévus pour novembre 2009. D'autres dates vont être annoncées ?
Christophe. Un festival de fin d’année 2009 devrait bientôt être annoncé si tout se passe bien. Nous attendons aussi pour annoncer notre participation à un festival en début d’année 2010, et nous espérons pouvoir partir une nouvelle fois en tournée en avril 2010 mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant, moi-même n’étant pas au courant de tout.
MI. Novembre approche : vous avez des appréhensions pour cette nouvelle tournée ?
Christophe. La seule appréhension qu’il y a c’est de savoir s’il y aura du monde ou pas. Tu peux très bien faire carton plein dans une ville à une certaine date, et y revenir pour faire une répétition live à quelque chose près. C’est pour cela que nous ne restons pas les bras croisés à attendre que les dates se fassent: nous avons commencé de notre côté à faire de la promo sur les webzines, forums et myspace afin de promouvoir au maximum cette tournée, même en étant distant de plusieurs centaines de kilomètres des lieux où nous allons jouer. Par contre, c’est la première fois que Jamyz part en tournée, il a quelques appréhensions quant à sa résistance à la fatigue et aux kilomètres à avaler mais je pense que ça ira.
MI. Si vous deviez ranger votre musique dans un style, ça serait lequel ?
Christophe. Le Metal extrême. Pour les Metalleux tatillons je dirais plutôt le Death Metal. Il y a bien quelques touches Black Metal mais elles sont assez minimes. Cela concerne quelques ambiances ou l’utilisation de certains accords ou type de voix. En revanche, nous ne nous reconnaissons pas trop dans le Thrash, le Hard Core ou autre chose que le Death et le Black.
MI. Trouves-tu bénéfique le fait d'être dans le même groupe que son frère ?
Christophe. Cela est bénéfique dans le sens où l’on sait tous les 2 que la tête de locomotive du groupe c’est un duo et non pas une personne seule. Quand l’un à une perte de motivation, c’est l’autre qui prend la relève. Et puis pour composer et discuter des décisions à prendre vis-à-vis du groupe il y a plus de facilité. L’énorme avantage réside aussi dans le fait que nous savons tous les deux pourquoi nous sommes là avec ce Skulls Of The Weak en poche. Notre but est le même et nous savons les moyens qu’il faut nous donner pour l’atteindre. Notre seul regret est de ne pas être 3 frères dans la famille pour que nous puissions avancer d’un bloc commun indépendant de tous. Nous dépendons en live forcément d’une tierce personne que nous avons du mal à trouver.
MI. Quel est ton attachement à la culture Metal ?
Christophe. Au risque de choquer, je ne pense pas avoir d’attachement particulier à la culture Metal. Je ne rentre pas dans les «clichés» du Metal à savoir bière, clopes, drogue, gros son, vêtements noirs, barbe, cheveux longs. J’ai même eu une discussion avec une amie qui me disait qu’aller au Hellfest était pour moi l’occasion de me sentir dans mon élément, en compagnie de gens comme moi. Ce à quoi j’ai répondu qu’elle se trompait, j’adore le Metal mais en écouter 8 heures d’affilée à fort volume ça me gonfle, et ne serait-ce qu’au niveau des filles je préfère les nanas plutôt classiques aux gothiques et Metalleuses. Au niveau musical, c’est une autre histoire. Je me sens proche de la culture Metal pour son énergie positive comme négative et pour les sentiments qu’elle véhicule. Ca peut être du Death mélodique ou de l’émo style BULLET FOR MY VALENTINE, tout comme le dernier GORGOROTH ou que sais-je. La dose d’énergie me plaît vraiment tout comme la capacité qu’ont certains groupes à créer des ambiances inquiétantes et à aller chercher au plus profond de chacun la part sombre. Le fait qu’il s’agisse également d’un vrai groupe avec chaque instrument mis en valeur rend cette musique beaucoup plus dynamique et vivante. Ca rejoint l’idée d’énergie je trouve. J’ai un attachement à la culture Rock/Metal mais presque uniquement sur le plan musical.
MI. Quels autres styles musicaux écoutes-tu ?
Christophe. De la Techno, de la Dance, du Rap, un peu de New wave, du Pop-rock également même si ça devient de plus en plus guimauve… Trois accords distos sur un beat électro avec une nana qui déblatère du texte et on a du rock actuel… Je préfère écouter le dernier AT THE DRIVE IN dont je ne me lasse toujours pas ou BILLY IDOL.
MI. Quel album tu ne peux pas t'empêcher d'écouter en ce moment ?
Christophe. Hell is Empty d’ANAAL NATHRAKH, surtout pour l’excellent «Shatter the Empyrean».
MI. Avec qui souhaites-tu tourner ?
Christophe. A une époque je t’aurais répondu sans hésiter IN FLAMES et MORBID ANGEL. Aujourd’hui je dirai n’importe quel groupe avec des musiciens sympas. Peut-être BEHEMOTH et IN FLAMES si quand même mais si ça n’arrive jamais je n’en mourrai pas.
MI. Quel est ton parcours musical ?
Christophe. Autodidacte à la basse depuis 2001. Une année de cours de chant mais sans grands résultats, ça m’aurait presque plus desservi qu’autre chose en fait. Je joue de la guitare également depuis peu pour composer.
MI. Si tu veux parler de ton instrument, c’est le moment.
Christophe. Demande originale… Mais avec plaisir! J’aime beaucoup la basse pour le contact direct des doigts sur les cordes et pour l’énergie que cet instrument demande. La taille de l’instrument fait aussi qu’on ne maîtrise pas une basse comme cela sur scène, surtout si l’on commence à bouger dans tous les sens. Mais son aspect «massif» d’instrument à cordes m’a toujours plu. Je possède une Fender de 2004 avec deux micros dont un double bobinage. Au début je détestais cette forme «vieillote» mais j’ai fini par y regarder à deux fois et à trouver cette forme en fait très rock'n roll. L’accès aux cases les plus aigues est plutôt difficile mais c’est un instrument qui se joue plutôt sur les graves, en bout de sangle ballante au niveau des genoux. Simple mais efficace!
MI. Je te laisse conclure cette interview.
Christophe. Un grand merci pour cette interview, ton temps et ton intérêt. La promo du premier album de WITHDRAWN devrait s’achever à l’été 2010 et l’enregistrement du prochain débuter dans la foulée. Je pense qu’il plaira aux fans mais à d’autres également. Je ne m’avance pas trop, la moitié de l’album n’est pas encore complètement finie donc je ne sais pas encore la couleur finale qu’aura cet album. Ce sera du Metal extrême à écouter à plein volume, ça c’est sûr!
Ajouté : Vendredi 13 Novembre 2009 Intervieweur : Vani Lien en relation: Withdrawn Website Hits: 22169
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