SHAKA PONK (FRA) - Frah (Juin-2009)
J’ai découvert SHAKA PONK en 2006. Depuis, leur premier album fait partie de ceux que j’écoute le plus. Du coup, attendre aussi longtemps pour voir enfin le promis Bad Porn Movie Trax fut une véritable torture. N’ayant pas eu la chance de les interviewer la dernière fois, je m’en vais de ce pas réparer cette erreur. Par contre, les questions risquent de mélanger actualité toute chaude et questions plus générales sur le groupe. Quelqu’un m’en voudra ?
Line-up : Frah (chant), CC (guitare), Ion (batterie), Mandris (basse), Steve (samples)
Discographie : Loco Con Da Frenchy Talkin' (Album - 2006), Bad Porn Movie Trax (Album - 2009)
Metal-Impact. On va commencer par la question conne qu’on a dû vous poser des centaines de fois, mais je me lance. SHAKA PONK, ça veut dire quoi ?
Frah. SHAKA PONK c'est le nom de groupe qu'on a piqué à SHAKA PONK avant qu'il ne s'appelle comme ça...
MI. Sur la jaquette de Loco Con Da Frenchy Talkin' on pouvait lire « Parental advisory no-sens lyrics ». Outre le pied de nez à l’avertissement qui annonce aux parents qu’il risque d’y avoir des « foutredieu » et autres « screugneugneu » sur le disque, pourquoi cet avertissement ?
Frah. C'est un petit pied de nez aux labels français qui nous faisaient des propositions de signature avant notre expatriation en Allemagne. La plupart d'entre eux voulaient signer la musique mais changer les paroles en Français, comme si le travail que nous avions fournis avec les quelques 6 ou 7 auteurs pour créer les lyrics (nous ne les écrivons pas nous-mêmes) n'avait aucun sens... D'où le petit sticker...
MI. Par contre, il (l’avertissement) n’apparaît plus sur Bad Porn Movie Trax. Les paroles ont maintenant du sens ?
Frah. Toujours le même principe pour le second... Les paroles "s'écrivent" d'elles-mêmes... On a un procédé d'écriture un peu spé : on fait écrire les gens qu'on rencontre dans des voyages. Par exemple, on va tomber sur un artiste un soir dans une soirée à Berlin, se revoir le lendemain et commencer à le pousser à écrire des textes sur un sujet choisi... Ca donne des choses étonnantes, des mélanges de styles, de langues ... Au final on repasse un peu sur les lyrics pour les "GOZifier". Mais 80% des textes de SHAKA ne sont pas directement de nous... Ca nous plait de travailler comme ça car ça donne encore plus vie à notre monkey leader. Le concept de ce groupe est la description du monde absurde des hommes par un singe super cynique pro-écolo... Le fait que les textes ne soient pas de nous rend ce singe encore plus réel à nos yeux... c'est un peu comme s'il écrivait lui-même les paroles.
MI. Bad Porn Movie Trax est annoncé depuis deux ans sur votre site. Que s’est-il passé exactement pour que les fans doivent attendre aussi longtemps la sortie de l’album ?
Frah. La joie des signatures en maison de disque ! A Berlin les choses ont été très difficiles financièrement... Donc, quand les labels ont commencé à nous repérer et nous proposer des contrats, nous nous sommes précipités sur le plus "gros" deal... En tant qu'artiste on croit souvent que la signature est un début, une naissance, alors qu'à notre époque ce peut être tout simplement la mort d'un groupe... Si tu ne tombes pas sur une vraie équipe composée d'artistes, et que la team avec laquelle tu te maques est en mode "soit rentable et tais toi", tu te retrouves vite dans un tiroir... en prison... Nous étions signés dans le plus gros label indé européen, qui travaillait avec plusieurs dizaines d'artistes... entre autres SHAKA... mais pas trop... Donc pas le droit de sortir un son, une vidéo de notre côté... Mais aucune aide du label pour augmenter notre visibilité... On est entré dans un long combat juridique pour regagner notre indépendance... Ce fut long... et pas bon... Mais nous voici free as a monkey !
MI. Avez-vous pensé, suite à ces problèmes, à mettre quand même l’album en téléchargement (gratuit ou payant) sur votre site ?
Frah. On savait qu'on allait trouver une porte de sortie un jour ou l'autre. En attendant on continuait à tourner beaucoup et à produire de l'image et du son 24/24h... Donc on était quand même bien content.
MI. Un changement de line up a eu lieu entre le premier et le deuxième album ? Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?
Frah. Depuis 2004 SHAKA est un collectif regroupant musiciens et graphistes. Steve, Ion étaient là quasiment depuis le début, mais n'ayant pas été sur scène pour les premières tournées, il semblait peu judicieux à notre label de mettre trop de monde en première ligne médiatique pour Loco. Il n'y avait donc que 4 musiciens en plus de GOZ sur les photos de com... Mais STEVE et ION sont là depuis bien longtemps, ils ont participé à la créa de Loco mais sont maintenant devenus officiellement musiciens live. Thias (premier bassiste live) est sorti de l'aventure mais reste très proche de nous. Bob (premier batteur live) ne trouvait plus de plaisir dans cet énorme délire qu'est SHAKA PONK. Juste Mandris est un vrai "nouveau"... En fait, pour nous, rien n'a vraiment changé, certains SHAKA ont bougé de poste... c’est tout.
MI. Quels sont, selon vous, les plus gros changements (musicaux, de production…) entre le premier et le deuxième album ?
Frah. Loco n'était pas vraiment un "album". Plutôt un CD sur lequel on avait mis nos démos. Sans aucune production... On avait tout enregistré en mode grosse débrouille à Berlin sur un 12 pistes numérique... dans notre local de repet. Apres la signature, on a fait quelques tentatives de réenregistrement pour produire le son... Mais le résultat était tellement éloigné de nos maquettes... On ne retrouvait pas nos souvenirs en écoutant ça. Cette époque de Berlin a été très riche en évènements et très bouleversante pour nous. Derrière chacune de nos démos il y avait une histoire... heureuse ou triste... des tranches de vie... On voulait donc que ce soit ces fichiers qui soient gravés sur notre première galette... Pour immortaliser tous ces moments... Ca n'a pas fait du tout rigoler notre label à l'époque, mais le premier album de SHAKA n'est qu'un tas de démos pourries ! qu'on aime d'amour !
On s'est équipé suite à la réussite (mini mais quand même) de cette... démo... Maintenant on a notre LA CASA (le studio de SHAKA) qu'on traîne partout avec nous. Et Bad Porn sort de ce studio... Toujours pas de la prod’ à l'américaine... mais ça sonne moins "maquette dans un blockhaus" qu'avant quand même... On a d'ailleurs ré-édité Loco en le reproduisant dans LA CASA. Pour rendre les 2 premiers albums similaires et écoutables en mode random pour notre génération iPod... bô trô des fous quoi !
MI. Les morceaux de Bad Porn Movie Trax ne semblent pas tous de la même période de composition (certains auraient pu trouver aisément leur place sur Loco Con Da Frenchy Talkin'). Pouvez-vous nous raconter un peu leur histoire ?
Frah. On a des tonnes de titres... on arrête jamais de faire du son et de l'image entre nous... Bad Porn c'est 14 titres issus de la période Paris. Composés et recordés en 2007 entre concerts et vidéos... On a attendu ensuite 1 an pour avoir le droit de les diffuser... Mais nous sommes bien les derniers mecs au monde capable d'analyser tout ça... Le seul scoop que je peux te donner c'est que nous avons prévu de faire 3 albums dans ce style SHAKA-electro-rock... Avec GOZ en pochette. Un pendant notre histoire Berlinoise (Loco), 1 pendant celle de Paris (Bad Porn), le dernier probablement à Barcelone (PAS DE TITRE ENCORE). Puis on fera quelque chose de très différent sur 4ème SHAKA... Genre la big surprise ...
MI. Le côté Metal semble avoir été remplacé par un côté plus Rock. C’est venu comme ça ou c’est une volonté de calmer un peu les morceaux ? (même si je sais qu’ils dépotent quand même en concert… voire pour cela le compte rendu de l’Elysée Montmartre)
Frah. Comme tout le monde au quotidien, on fonctionne à l'humeur... Disons que les quelques riffs un peu "Metal" qu'on pouvait entendre sur Loco n'était pas au goût du jour dans la CASA à Paris... mais encore une fois, aucune sur-analyse... ça c'est fait comme ca... un coup d'bol ! ... ou de pas d'bol...
MI. Le titre « Get Out » avait été mis un temps à disposition sur votre site, et, il ne se retrouve pas sur l’album. Y a-t-il une raison à cela ?
Frah. Tiens c'est vrai... On en a tellement dans tous les sens... A vrai dire j'ai quasi-découvert la tracklist de Bad Porn après le mastering.
MI. Vous n’avez pas utilisez le premier visuel qui était « prévu » pour l’album Bad Porn Movie Trax (Goz sur fond jaune). Une raison particulière ? Goz semblait trop agressif ? Il ne voulait pas apparaître avec trop de cicatrices ?
Frah. La même... Comme pour le son, on a des versions de pochette à foison, même plusieurs versions de clip pour 1 song parfois... On a dû se lasser de sa tronche sur cette image... Avec ce groupe c'est comme si au dernier moment, juste avant la sortie d'un album, on jetait tout en l'air...ce qui retombe ça finit sur un CD... ce qui reste perché dans la gouttière c'est pour plus tard...
MI. Vous aimez mélanger les genres et les styles. Quelles musiques écoutez-vous et quelles sont vos influences ?
Frah. Tout... sauf le RNB en fait... Je crois qu'aucun d'entre nous n'est branché "chanteurs à vibes"… Ou alors pour de gros fous rires ...
MI. Est-ce aussi ce mélange qui vous a poussé à reprendre, d’abord FRANKY GOES TO HOLLYWOOD puis DE LA SOUL en concert ?
Frah. FRANCKY c'est notre côté homo qui est ressorti... Pour DE LA SOUL c'est plus un délire parti d'un jam... mais ça marche pas mal ce truc ! On va essayer d'en faire quelque chose.
MI. Vous êtes franciliens. Pourquoi être parti un temps en Allemagne ? Sont-ils plus sensibles aux mélanges musicaux que les français ?
Frah. Le but était de créer quelque chose à partir d'expériences nouvelles. Faire un groupe en restant chez soi avec ses petites habitudes, ses copains, sa famille ne donnera jamais la même chose qu'après une expatriation où une multitude de nouvelles problématiques, de peurs, de joies, de découvertes, de rencontres et des cultures nouvelles viennent chambouler ta vie.
SHAKA PONK est donc né à BERLIN de nos galères et de nos réussites là-bas. C'est une ville extraordinaire...
Et c'est devenu un des concepts clés du groupe. 1 ville, un album ...
MI. Le côté visuel joue un grand rôle dans SHAKA PONK. Aussi bien sur les albums au design très travaillé que sur scène où vous projetez des films. Comment voyez-vous ce mélange et imaginez-vous la musique sans le visuel ?
Frah. On est tous des fans de musique et des drogués de l'art visuel... Mais à chaque fois qu'on écoute un truc génial ou qu'on tombe sur un clip énorme on ne peut pas s'empêcher de se demander où se trouve réellement l'artiste... Où il intervient et où le real ou le producteur intervient... Ce qu'il apporte au résultat final et ce qu'il est incapable d'apporter sans l'aide d'un ingé son ou d'un studio de FX extérieur... On s'est donc imaginé avec SHAKA un concept ou tout serait créé par nous, par le collectif. Le son, la prod, les clips, le montage, les animations, la 3D, le web design... Pour livrer du 100% SHAKA, sans aucune aide extérieur... Quitte à avoir un son bizarrement produit ou des images un peu cheap...Le but c'est que tout le monde soit certain que chaque son qui sort de la CASA, chaque image en TV ou online sort de nos petites têtes, se monte avec nos petites mains et porte le label GOZ.... un peu comme de l'art BIO... Sans substances chimiques ajoutées !
MI. D’une autre manière, comment abordez-vous le côté visuel du groupe ? Quelles sont vos influences pour amener à cet univers délirant ?
Frah. Comme pour le son... pas facile à analyser... On est souvent en mode brainstorming... on improvise des tournages sauvages... on teste des trucs, on s'endort devant l'ordi.... et on réattaque quand on se réveille.
MI. Pourquoi ne plus passer le clip d’introduction de « Body Cult » en concert ? Les gens s’y sont trop habitués ?
Frah. Il n'était pas de nous... Thias (ex bassiste live) avait bossé dessus... On l'avait donc "emprunté" à son réal car il collait nickel avec la chanson « Body Cult »... Mais c'était totalement opposé au concept dont je te parlais plus haut puisque tout le monde croyait que nous en étions les auteurs... Donc exit...
MI. Oui FM qui vous passe (enfin), les Francofolies à l’été 2009, Taratata, l’Elysée Montmartre, une campagne d’affichage dans les rues… la reconnaissance arriverait-elle enfin ? Comment la vivez-vous ?
Frah. On en entend parler... Les copains qui nous laissent des tonnes de messages "on vous voit, on vous entend partout !!!" mais on ne s'en rend pas vraiment compte, on reste en mode prod dans LA CASA...Ca avance bien pour nous c'est indéniable... donc c'est bueno ! Mais ce qui compte c'est ces fuckin' d'images et sons qui n'existent pas encore... Et qu'il faut qu'on trouve.
MI. Quel est le futur pour SHAKA PONK ?
Frah. Un bon déménagement à BARCA !
MI. Il ne me reste plus qu’à vous remercier pour ces réponses. Un mot de la fin pour les lecteurs de Metal-Impact ?
Frah. Allez mater ça : http://www.youtube.com/watch?v=5JvVf1piHXg
Ajouté : Mardi 16 Juin 2009 Intervieweur : Wong Li Lien en relation: Shaka Ponk Website Hits: 65724
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