La musique était, est et sera toujours sans frontière. Et ceci vaut également pour le Metal. Mêmes si les mouvances métalliques proviennent en général de pays bien connus dans le genre, citons les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne et ceux de Scandinavie, il reste agréable et enrichissant pour tous de découvrir parfois un combo venu de terres presque improbables.
Prenons MYRATH. Un guitariste fondateur inspiré (Malek Ben Arbia), un claviériste omniprésent (Elyes Bouchoucha), un chanteur aux capacités impressionnantes issu de la Star Academy libanaise (Zaher Zorgatti), un bassiste déjà rôdé dans le circuit (Anis Jouini), et un batteur efficace (Piwee Desfray), soit un quintet venu de Tunisie. Après les prometteurs albums intitulés Hope (2007) et Desert Call (2010), le groupe de Malek Ben Arbia nous offre aujourd’hui Tales Of The Sands. Assumant pleinement son Metal arabisant fort légitime, MYRATH confirme son immense potentiel, flirtant tour à tour avec le Power Metal et le Metal progressif, sans complexe, et ajoutons même avec une belle maturité.
A plus d’une reprise on se prend à penser au KAMELOT de The Fourth Legacy, au passage « myrath » est un terme arabe qui se traduit par « legacy » en Anglais … Mais c’est plutôt le groupe américain qui à l’époque puisait dans les lointains folklores pour accoucher de titres comme « Nights Of Arabia ». L’influence revendiquée de SYMPHONY X, notamment par le biais des claviers orientaux au souffle épique, n’a rien de transparente. Au-delà de ces références élogieuses, le Metal de MYRATH respire beaucoup trop la sincérité pour dissimuler son attachement à son passé, ses coutumes, ses origines. Au point de parfois s’aventurer vers des chansons presque plus traditionnelles que métalliques, comme en atteste le titre éponyme. Comme le dit si bien sa bio, MYRATH est une collection d’idées et d’histoires capturant la rage, l’optimisme et la saveur de l’Orient.
Il est d’ailleurs difficile d’y échapper à l’écoute de « Merciless Times » et « Under Siege ». Le dernier nommé, titre d’ouverture de Tales Of The Sands, applique la recette de l’hymne parfait : tout est bien amené, couplets, ponts, refrains, avec un soupçon de mélancolie, pas de doute, MYRATH sait y faire. Et malgré des qualités techniques bien au dessus de la moyenne, les cinq Tunisiens n’en font jamais des tonnes. Seuls « Wide Shut » et « Requiem For A Goodbye » combleront à 100% les amateurs de démonstrations techniques et passages instrumentaux progressifs. On leur préfèrera ces morceaux enchanteurs où le talent se met au service de moments d’extase, à l’image de ce final époustouflant sur « Dawn Within ». Effectivement, non seulement Zaher Zorgatti est le meilleur chanteur tunisien, mais on peut affirmer qu’il appartient à la race des très grands. Car le bonhomme véhicule avec l’aide de ses partenaires des émotions très puissantes. Y compris cette furieuse envie de danser sur l’entraînant « Beyond The Stars », à peine assagi par cette courte et calme incursion au violon.
Certains titres ont clairement été composés dans une optique plus directe (« Time To Grow »), d’autres envoient ce côté dynamique et mélodique (« Requiem For A Goodbye », « Sour Sigh ») qui rapproche MYRATH de cette nouvelle génération de Power mélodique regroupant les MANIMAL et autres TRIOSPHERE. Aidé dans son œuvre par les textes d’Amen Jaouadi, la production de Kevin Codfert (clavier d’ADAGIO), le mixage de Fredrik Nordstrom (qu’on ne présente plus …) et le mastering à Jens Bogren (lui non plus, d’ailleurs …), MYRATH a su parfaitement s’entourer pour faire de Tales Of The Sands l’un des albums les plus beaux et chaleureux que votre serviteur ait écouté depuis longtemps. Si l’ouverture aux autres cultures pouvait toujours se faire de cette manière, avec sincérité, avec grâce, avec passion et avec respect, le Monde se porterait beaucoup mieux. Certaines belles histoires viennent aussi du désert de sable chaud.