Il va falloir courir vite, très vite pour ne pas se faire dévorer par le molosse, lâché à nos trousses, qui illustre la pochette du dernier album d’AMERICAN DOG. Pitbull baveux et enragé, spécimen que Pasteur aurait aimé trouver dans le cadre de ses recherches sur le vaccin antirabique.
Mean est le neuvième album d’AMERICAIN DOG, trio de l’Ohio que l’on ne présente plus aux amateurs de Rock’n’roll bien rentre dedans, qui conjugue la grosse déconne avec les relents de bière et les belles nanas. Raison pour laquelle on les voit souvent tourner avec les CRUCIFIED BARBARA que l’on verra de près au Hellfest en juin 2011.
« Just One More » ouvre le bal, dans un style Hard Rock old school, on est tout de suite, en terrain connu et conquis. AMERICAN DOG est fidèle à ses productions précédentes, rock’n’roll direct, qui va à l’essentiel, à consommer sur place, servi avec un papier bien gras, à ne pas jeter sur la voie publique.
« Cat Has Got You By The Tongue Again », rien que le mot Cat dans ce titre met l’AMERICAN DOG en super excitation, les miaulements s’insinuant entre la section rythmique au jeu bien présent, présage de je ne sais quelle issue! Je donne ma langue au chat.
Pour le Boogie-Woogie, arrêtez-vous sur « Drivin’ down The Sidewalk », et prenons une petite mousse sur la terrasse… toute une ambiance bon enfant, entre potes.
« Mean » le titre éponyme, nous entraîne dans un mid-tempo, bien lourd, à la rythmique bien appuyée, riff entêtant, Steve Theado vient poser ses soli pour décoller de temps en temps, car nos pieds sont pris dans le bitume. Il faut se méfier de ces gaillards, bien le genre à nous enduire de goudron et nous couvrir de plumes : c’est pour déconner, mec.
Nous avons ensuite une reprise de TANK, qui résume bien l’univers de notre combo, avec un titre comme « Blood, Guts and Beer », il y met bien sûr son coup de patte, sa griffe.
La guitare acoustique a aussi sa place chez AMERICAN DOG, elle lance le morceau « Gonna Stop Drinkin’ Tomorrow » plein d’humour, ne les croyez pas surtout ! Le rythme est tellement entraînant, et convivial, que le trio réussit à en faire une chanson à boire, trop fort.
« Mine All Mine », dans la lignée des titres Hard Rock du groupe, avec les soli de Steve, pendant lesquels on repense à son accident, jambes et bassin fracturés, rein touché. On apprécie d’autant plus la performance.
On trouve une reprise de BLUE ÖYSTER CULT, histoire d’évoquer le bon vieux temps, et l’influence de ce groupe dans les 80’s avec le titre « This Ain’t The Summer Of Love ».
Le morceau « Sunshine/Moonshine », le cliché Jour/Nuit, nous rappelle les scènes des films : OSS 117 avec Dujardin, dans le poulailler au Caire, et les Visiteurs avec Reno et Clavier découvrant l’éclairage électrique. Mais je doute que notre trio de l’Ohio ait ce type de référence cinématographique. Voyons-y plutôt l’illustration du Yin et du Yang, d’un choix perpétuel, chaque jour, et comme disait Pierre Desproges : « Tout dans la vie est une affaire de choix. Mais que choisir ? Fromage ou dessert ? La cigale ou la fourmi ? La Gauche ou Mitterand ? ».
« Ain’t Dead Yet » avec la guitare slide nous entraîne dans le Bayou, titre aux sonorités sudistes. Le chant de Michael Hannon est en phase avec cette ambiance, avec une voix qui se veut plus chaude.
« Motherfucker » clôt l’album, avec une slide bien présente, un rythme endiablé limite punk. Keith Pickens, à la batterie, sur ce titre comme les précédents, tient bien sa place, et contribue par son jeu au côté uppercut de la musique d’AMERICAN DOG.
Ne partez pas trop vite, nos amis nous délivrent quelques petites perles, le trio reprenant a cappella le titre du morceau.
Le style direct, dépouillé et jouissif de la musique d’AMERICAN DOG est une façon de nous dire que la vie est trop courte pour se prendre le chou, alors écoutez en boucle cet album que je vous recommande, en attendant le prochain…