Ce papier est un ex-voto. En remerciement à APOCRYPHE. Le nom ne fait pas rêver, mais c’est tout aussi vrai que la tendance pourrait bien vite s’inverser. Ce papier est aussi un remerciement, classique et banal, à la vie qui dans son déroulement, conduit des personnes sur le chemin d’autres personnes, à tel point qu’ils se regardent, s’ignorent parfois mais bien souvent tissent des liens. La vie à mis APOCRYPHE sur ma route un soir de décembre 2009. Les mecs sont chaleureux, leur Black Metal glacé. Un contraste thermique qui m’a incité à entretenir une relation poussée avec leur tête brulée de guitariste hermaphrodite et qui m’a convaincu de la bonne action effectuée en cas d’acquisition de cet EP. Après la démo The Genocide Of The Christians Souls en 2007, c’est au tour de Beyond A Religious Purity de venir étoffer la discographie des mulhousiens qui arpentent régulièrement les routes nationales pour défendre leur set diabolique.
Parmi les arguments incontournables qui jouent en leur faveur, APOCRYPHE est probablement un des rares groupes de Metal à avoir à sa tête un vrai black, chose que je trouve par ailleurs plutôt logique quand on fait… du Black. Les autres, retournez donc faire du White Metal et laissez ce diable de Mammon vociférer en paix. Le décor est planté, les alsaciens ont donc cette petite touche d’autodérision nécessaire pour briser des nuques. D’autant que le bonhomme s’en sort avec la classe d’un très grand au micro. Infatigable sur galette comme sur scène, on imagine la sueur perler sur son visage peinturluré. Parmi les autres points forts, APOCRYPHE est un groupe intègre. Son Black Metal est respectueux de la tradition, tant au niveau artistique que visuel. Arborant de longs clous et chaînes, le quartet sévit dans des conditions optimales. Un hurlement de douleur nous accueille sur « Blessed By Hell » avant que des guitares et une batterie aiguisée ne nous arrachent de notre torpeur. Surs d’eux et un brin culottés, les mecs introduisent leur EP avec une composition violente sur laquelle est travaillée un agréable enchainement entre les voix de Mammon et de Butcher qui découlent sur un changement de mélodie sympathique peu avant la fin. « Into The Lands Of Desolation » poursuit l’agression sonore dans un déluge interminable de frappes sèches (particulièrement efficaces sur la crash lors du « refrain ») et de riffs lancinants. A l’instar de la composition précédente, il y a là encore une variation rythmique avec une petite pause mélodique avant la reprise du déluge. L’interlude « Tenebrae Invocacio » à la guitare dans une ambiance religieuse joue pleinement son rôle. « Ad Eternam Tenebrae » en ressort glorifiée. Pour une autoproduction, le résultat est vraiment intéressant. Un souffle froid et rétro fuse derrière nos oreilles, bien qu’aucun instrument ne prenne réellement le dessus sur l’autre. La balance est équilibrée bien qu’une équipe qualifiée pour s’occuper d’un travail aussi rigoureux rendrait le son encore plus cristallin et particulièrement la batterie, extrêmement nerveuse ici. L’EP se dirige doucement vers sa fin pendant qu’« Au Nom De l’Art Noir » impose des breaks plus Death et que « Vaincu Par La Haine » se place parmi l’une des meilleurs créations du groupe avec ses sept minutes composées d’un motif relaxant qui vient couper deux élans de haine et d’un final hypnotisant et qui va crescendo, faisant monter l’intensité jusqu’au fond de nos pantalons.
C’est dit, c’est fait ! APOCRYPHE aurait-il été mon coup de cœur si je n’avais jamais rencontré ses musiciens, si je n’avais jamais vécu sa musique en live ? La réalité n’aurait pas été bien différente car compte tenu du contenu de Beyond A Religious Purity et tout sentiment douteux mis à part, les mulhousiens font une offrande des plus nobles et risquent bien de faire encore jaser la populace de longues et belles années. Puisse cet ex-voto leur apporter prospérité.