Déjà, quand on reçoit une autoproduction et que le tout est servi dans un digipack soigné avec des annonces de journaux débiles dessus, c’est une bonne première impression qui s’installe. ALREADY SALTED… one point, aurait dit la voix de l’Eurovision si cela n’avait pas été remplacé par de l’électronique (alors que, franchement, c’était le seul truc marrant dans ce concours, l’énoncé des notes… mais passons).
La première impression suite à l’écoute nota que le son était quelque peu aléatoire. Tantôt la basse est à fond, tantôt moins, on entend le chant super bien sur certaines chansons et il y a des refrains sur lesquels on ne pipe rien. D’un autre côté, ce son dégueu n’a pas été sans me rappeler mon adolescence et les groupes Punk que je pouvais écouter à l’époque. Parfois même j’ai eu l’impression de redécouvrir la guitare de Nono des LUDWIG VON 88 sur Houlala ! tellement c’est crade et rugueux. Mais, loin de me décourager, cela m’a fait penser que ce groupe a les couilles de sortir une telle production, que certains qualifieront de merdique, et de, je pense, l’assumer complètement. D’ailleurs, les mêmes chansons avec une production dont rien ne dépasse n’auraient pas de sens. Pour parfaire le moment « nostalgie quand tu nous tiens », la tête de mort qui se trouve en dos d’album m’a fait penser à celle de DESERT CULTUREL sur Plus D’Espoir Que De Haine.
Sinon, quoi qu’il y a dans ce disque ? On va retrouver un rien de Blues sur « Blues Keupon En Doigt Majeur », du Hardcore sur des titres comme « Faith Is Death » mais aussi des éléments plus calmes, comme sur « Dose De Folie ». Bref, c’est un joyeux mélange qui, au premier abord, manque peut-être d’un liant cohérent. Seulement, en prenant le temps d’écouter le disque, on se rend compte que tout se tient. Déjà par les textes, qui ont tous justement cette dose de folie irrespectueuse. Ils sont à la fois cinglants, provocateurs et naïfs par la manière ils sont exprimés. Mais le fait est que le groupe aime bien se foutre de la gueule des gens avec des phrases simples que le plus ignare des abrutis comprendra (« j’aime la police, j’ai la police au cul » ou encore « si j’avais un couteau, j’ouvrirai le crâne des fachos pour y mettre un cerveau »). C’est sûr, c’est pas forcément aussi profond que les chansons de Carla Bruni (même si le groupe et elle ont un point commun : leur amour pour notre cher président adoré) mais ça se tient. Et puis la cohérence de l’ensemble est assurée par une homogénéité dans la manière de composer des morceaux bruts qui, même s’ils empruntent à divers styles leur influence première, nous arrivent quand même en plein dans la gueule de la même manière frontale.
Pas aussi sérieux que peuvent l’être des groupes à vocation purement sociale, pas aussi délirant que ceux qui ne font que porter des nez de clowns sur une musique brutale, ALREADY SALTED est peut-être le chainon manquant dans l’évolution entre ces deux courants… alternatifs.