C’est vrai que d’être chroniqueur pour un webzine a des avantages. On écoute plein de choses différentes, on découvre plein de groupes différents sur lesquels on n’aurait même pas posé la moindre parcelle d’oreille en temps normal. Et puis, parfois, on tombe sur des perles rares ou des OVNIS. Aussi, il arrive qu’on tombe sur des groupes avec lesquels la rédaction d’une chronique devient plus ardue. C’est un peu le cas avec DON CABALLERO. Déjà parce que là où les groupes habituellement marquent les titres qui sont instrumentaux, DON CABALLERO devrait marquer ceux qui ne le sont pas. Et, mine de rien, sans cette composante mélodique ou structurante qu’est le chant, les choses ne sont pas pareilles. Ensuite, le groupe m’a fait entrer dans un univers dont je ne maîtrise pas forcément les codes, ce qui m’a déstabilisé. Pour lui poser une étiquette, on peut dire que le Math Rock correspond pas mal à la musique du groupe. Mais ce n’est pas seulement ça. C’est emprunt d’une influence Jazz très poussée, composante universelle de tous les groupes de type « Math ». On pourrait aussi simplifier les choses en disant que DON CABALLERO pratique un Jazz Rock avec parfois une distorsion un peu plus forte, mais ce serait encore faire fausse route. On pourrait enfin parler d’un croisement improbable entre UZEB et PRIMUS mais, là encore, ce serait réducteur. La vérité doit se situer certainement à la croisée de toutes ces définitions erronées. Vous comprendre donc mon désarroi.
Parler des morceaux n’est pas non plus choses aisées. Ils peuvent être longs, comme « Loudest Shop Vac In The World », à tel point qu’on se demande si le groupe n’a pas décidé de mettre tous ces morceaux à la suite. Ça joue, ça s’arrête avec un vague bruit de fond, ça reprend sur autre chose. Et ainsi de suite. Etant donné que c’est le premier morceau de l’album, on est quand même assez secoué pour la suite. Ils peuvent être courts aussi, comme « Shit Kids Galore », où la batterie est seule en piste. Pas étonnant quand on sait que le projet du groupe est né sous l’égide de Damon Che, le batteur. D’ailleurs, sous sa tutelle, les habitués de Metal ou de Rock plus dur redécouvriront ce qu’on peut faire avec un charley bien utilisé et toutes les subtilités qu’il apporte au jeu de batterie.
Le mieux, pour comprendre et apprécier la musique du groupe est encore de ne pas essayer de l’intellectualiser et de la prendre comme elle vient. C’est sûr, c’est complexe, surtout d’un point de vue rythmique, et on sent une grande maîtrise des instruments, même si les montées et descentes de manche ne sont pas présentes. Cependant, cette complexité n’est pas un frein à l’écoute, simplement un élément naturel de cette musique inspirée.