Ok le Pakistan se met à l'heure du Grind. La musique n'ayant pas de nationalité, je peux donc affirmer que cette anecdote n'est qu'une amorce destinée à gagner quelques signes. Car, plus important, Transcending Obscurity Distribution à le plaisir aujourd'hui - via votre serviteur - de vous présenter un duo iconoclaste et rageur. Hassan Umer Amin (Chant - paroles revendicatrices et agressives) et Sheraz Ahmed (tout le reste, mais agressif quand même) forment donc l'hydre à deux têtes MULTINATIONAL CORPORATIONS (merci qui ? Merci NAPALM !), qui loin de se contenter de se vautrer dans un Grind paillard et bourrin, s'amuse à multiplier les influences pour proposer une tambouille hétérogène, mais franchement goulue.

Bon, neuf titres pour un quart d'heure, il était clair que dès le départ, nous étions loin des canons du genre. Ici, pas de course contre la montre de 0:00:00 à 15:07:68, mais une petite dizaine de morceaux construits qui finalement, sont plutôt agréables, et convaincants. Si le groupe aime à citer dans ses influences des cadors comme NAPALM DEATH, DISRUPT, DRILLER KILLER, DISFEAR, ASSUCK, CAPITALIST CASUALTIES, DISCHARGE, FULL OF HELL, TERRORIZER, EXTREME NOISE TERROR, AGATHOCLES, INFEST ou BRUTAL TRUTH, ça ne les empêche pas de piocher à droite à gauche pour enrichir leur boucan qui n'en est pas tant que ça au final.

Alors, on retrouve un peu de Death (à la MORTICIAN, boucherie), le son sec des premiers ensembles bruitistes anglais (nerveux et agressif, la trademark de Hassan au cas où vous l'ayez oublié), des soli (enfin j'en ai surtout noté un, sur "L.P.C., et bien exécuté de surcroît), l'ambiance Punk approximative qui a dégénéré un jour en Anarcho-Punk, puis en Grind (vous suivez ?), des riffs mémorisables et lourds (à la Roger J. Beaujard, MORTICIAN encore, la c'est facile), un chant assez atypique, très Punkcore lui aussi dans l'esprit, qui vous harangue comme un anarchiste en plein G8, et même un truc au feeling assez Indus, genre ND dans sa période Inside The Torn Apart/Words From The Exit Wound (climat lourd et oppressant, samples scandés, guitare qui distille des arpèges inquiétants).

Mais lorsque les deux potes se décident à lâcher la vapeur, ça fonce à tout berzingue, et ça respecte absolument pas les limites de vitesse, sans pour autant négliger de trouver LE petit truc qui va faire exploser un morceau qu'on pressentait convenu ("Ehsas-e-Jurm", qui commence pleine bourre et finit en Death barbare et bien charcuté, avec en prime le deuxième solo très court du EP). Et c'est justement cette façon de ne rien faire comme les autres qui m'a séduit chez MULTINATIONAL CORPORATIONS. Je m'attendais à un cas d'école, propre, net, sans bavure, et j'ai trouvé une copie avec des ratures, des fautes, mais pas mal d'imagination. Certes, le soin apporté à la présentation est fluctuant (boite à rythmes pas forcément bien réglée, son qui se barre un peu en couille, shunt de fin un peu trop nets), certes, les démonstrations se perdent parfois en route (accumulation de riffs qui s'emboîtent plus ou moins bien, tempo qui a le tournis, choc des styles qui tourne parfois au crash), mais tout ça ne fait que renforcer ce côté artisanal et sincère qui finalement me séduit. Alors, de là à savoir si les deux acolytes feront une grande carrière ou laisseront une emprunte durable dans l'extrême, il y a une marge, mais au pire, qui s'en préoccupe.

Do it yourself, croyez en vos combats, faites ce que vous voulez, et puis voilà. Il n'empêche qu'en écoutant Jamat-Al-Maut, vous ne vous ennuierez pas, et vous n'aurez pas l'impression d'ingurgiter la 157ème sortie Grind du mois. Et ça, c'est pas qu'une anecdote destinée à me faire gagner des signes en fin de chronique parce que quand même je suis un peu juste.