ESKIMO CALLBOY (de) - We Are The Mess (2014)
Label : Redfield Records
Sortie du Scud : 10 janvier 2014
Pays : Allemagne
Genre : Partycore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 34 Mins
J'ai saigné. Une fois, deux fois.
J'ai vomi. Une fois, deux fois.
Puis au final, c'est pas si grave. Ce n'est que de la musique.
Le problème, c'est que ça fait parfois beaucoup trop de guiliguilis dans le ventre, trop de rage contenue dans la gorge pour la musique qu'on aime tous ici. Et de voir les ESKIMO CALLBOY continuer à sévir en toute impunité, verser une fois de trop dans ce Shakeyourbootycore dégradant, c'est juste un acte métallicide bête et méchant. Mais c'est de bonne guerre, et quitte à être ulcéré, autant ne pas leur laisser le privilège d'avoir en main un des clous de notre cercueil. L'évidence même, c'est que ces six Allemands ont tout compris. Absolument tout. Ils ont compris que la culture du vide ferait vivre leur business, et qu'un noyau dur de groupies sera toujours là, à attendre bien sagement qu'on leur balance de généreuses pelletées de cette soupe Liebig fluorescente dans leurs bouches grandes ouvertes. Ils ont compris que cette jeunesse, à l'heure où elle sort, veut arriver le plus vite possible au seuil 0 de la pyramide humaine, ce stade si particulier où seul le vêtement sépare l'homme de l'animal. Et dans un élan de générosité à peine intéréSSé, ESKIMO CALLBOY leur offre la déchéance sur un plateau de bric et de broc.
Sauf qu'à l'inverse de la dernière fois où j'ai failli faire un AVC en écrivant sur Bury Me In Vegas (pour finalement parvenir à plutôt apprécier "Is Anyone Up", comme quoi...), je vais vous raconter pourquoi We Are The Mess mérite d'être salué et récolte une note aussi élevée. Je ne parle pas au nom de l'ouverture d'esprit ou d'un quelconque concept de vérité universelle (dédicace aux hipsters qui vont me cramer sur Deezer, ça va votre chaude-pisse ?), par contre, il y a effectivement une infime (infâme ?) dose de morale à cette histoire. ASKING ALEXANDRIA ? Stérile. ATTACK ATTACK ! Aseptisé. La différence, c'est qu'à l'inverse de ses glorieux ainés, ESKIMO CALLBOY ne se prend pas au sérieux l'espace de trente secondes, que ce disque est un foutoir général permanent qui porte vachement bien son nom et que quitte à vouloir se masturber sur un concept éloigné de coolitude, mieux vaut le faire avec de vrais talents labélisés NRJ12. Chronique de la haine ordinaire ? Pas tant que ça figurez-vous. Car il serait tout aussi intelligent de foutre la paix aux préjugés sur des garçons qui doivent être le charme et la classe incarnée, sur des motivations impossibles à prouver et sur un talent qui n'est pas le mien à un dixième (Dieu merci) pour enfin nous concentrer sur la musique. Le charme n°1 de We Are The Mess, c'est bien sur cette bonne humeur communicative qui galope au rythme de samples Trance, de passes Dubstep, de breakdowns Metalcore, de pléthore de voix barrées, d'invités prestigieux, de refrains putassiers, de canulars téléphoniques hilarants ("#elchtransformer", symptomatique des neurones perdus en route) et de paroles satiriques, hommage littéraire à notre fierté nationale commune : le mondialement célèbre "Fuck Me, I'm Famous". Des culs, des chattes, booze et baise font lit commun au plus grand bonheur des associations féministes qui ne manqueront pas de tomber avec la sévérité qu'on leur connaît sur cette prose un peu miso. Isabelle Alonso, si tu me lis, n'oublie pas de taper "Attila band" sur Google. Ça, c'est pour la forme, car dans le fond, ESKIMO CALLBOY assume toujours autant sa différence et en joue avec ce culot caractéristique qui faisait de Bury Me In Vegas un premier album hyperglucidique. Qu'on se le dise, son successeur n'est pas beaucoup plus évolué, mais à l'instar du petit polisson en quête d'identité comportementale qui a toujours voulu savoir quel goût a le caca, on se surprendra peut-être à apprécier "We Are The Mess" et son refrain racoleur, "Party At The Horror House" et son riff bien Rock N' Roll ou la déjà-incontournable "Jagger Swagger" sur laquelle on retrouve BastiBasti de CALLEJON et l'Américain Deuce pour une sorte de "Porn From Spain, Part 2" du pauvre. Sinon, la production est excellente, bien artificielle, boostée aux hormones. Chaque instrument peut s'épanouir librement au cœur d'une cacophonie junkie délirante ("Final Dance" frôle la perfection). Seul véritable défaut : la fête perd de son intensité sur les derniers instants ("Voodoo Circle", bof et "Broadway's Gonna Kill Us", trop Pop). A moins qu'elle n'ait commencé à s'étioler au moment où les mecs ont eu l'idée de former le groupe ?
Il faut vraiment être totalement hermétique à l'évolution pour ne pas trouver le côté attachant de ce second album décalé et, soyons francs, réussi ! ESKIMO CALLBOY commence à empiler les tubes comme ses membres empilent les meufs et les MST. Plus sérieusement maintenant (et c'est quand même bien de l'être un petit peu), ce que nous apprennent ces garçons, c'est qu'une carrière comme la leur n'aurait jamais pu s'épanouir dans l'Hexagone. VS se serait chargé de leur compte depuis longtemps. Comme d'hab, l'Allemagne possède une longueur d'avance dans les mentalités, et nous offre la chance unique de pouvoir nous faire les dents en attendant le grand retour de BETRAYING THE MARTYRS. C'est pour cette raison précise que cette chronique est d'une méchanceté gratuite, d'une mauvaise foi sans nom. Je connais le profil de ceux qui ont applaudi des deux mains les termes orduriers de ce torchon, et l'important était avant tout de leur faire plaisir. Ma tâche accomplie, il faut que je vous avoue avant de nous quitter que les quatre étoiles reçues par We Are The Mess ne doivent rien au cynisme, à l'arrogance, à la bêtise-crasse, à l'hypocrisie, encore moins au hasard, et que peut-être que le petit pourcent de sincérité que contient ce papier (au demeurant pas du tout assumé) se love dans cette dernière phrase...
Ajouté : Samedi 23 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Eskimo Callboy Website Hits: 7506
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