Lorsqu'on constate que la culture du Metal n'est pas très médiatisée dans nos contrées, on se rend très vite compte que ce n'est finalement pas plus mal. Surtout quand on voit le monceau de conneries que peut débiter notre chère télévision. Et pourtant, les productions locales intéressantes ne manquent pas ! Et vous aurez très vite compris que LES DISCRETS font partie de cette catégorie. Formés en 2003, nos Lyonnais se sont très vite fait remarquer, notamment avec la naissance d'un split avec ALCEST en 2009 qui a contribué à faire grandir leur renommée. Puis vint ce Septembre Et Ses Dernières Pensées en 2010, premier opus de la formation.

Après une introduction enivrante, les guitares nous plantent leur mélancolie, telle une pierre noire venant s'imposer sur un terrain vague. Une fois que quelques phrases mélodiques viennent ponctuer le tout, il ne manque plus que le magnifique chant brumeux de Fursy Teyssier pour nous faire basculer dans un monde poétique à souhait. Nous poursuivons sur ces sentiers tapissés de feuilles mortes et tombons sur un "Song For Mountains" qui selon moi, est le morceau le plus complet de l'album, car commençant par un petit arpège à l'acoustique du plus bel effet, embrayant sur une douce montée de tristesse pour retomber sur un break atmosphérique. Vous aurez compris qu'avec un tel départ, LES DISCRETS n'ont eu aucune difficulté à nous faire voyager. Et pourtant, il n'en aura pas fallu beaucoup ! Il suffit d'un tempo lent et bien amené ainsi qu'une pointe de mélodie, le tout exécuté avec finesse et discrétion. Cela vous semble impossible ? Écoutez donc "Sur Les Quais". Avec en complément la magnifique voix d'Audrey Hadorn, cette piste acoustique vous fera rêver dès ses premières notes. Mais le voyage dans la nature n'est certainement pas terminé ! Nos Lyonnais deviennent plus virulents avec "Effet De Nuit", la piste sortant le plus du lot sous ses sonorités assez Black Metal dans le fond, mais qui reste de très bonne qualité, l'un n'empêchant pas l'autre me direz-vous. Une fois passé le doux vent éponyme, nous tombons sur le morceau de plus long de l'album, "Chanson D'Automne". Le chant de Fursy est ici à son apogée, et les guitares s'écrasent sur le sol telles les vagues se brisant sur les rochers. Nous relevons la tête, et nous constatons que l'introspection est bientôt terminée. C'est en tout cas ce que nous dit l'instrumentale "Svipdagr & Freyja". On termine la galette par "Une Matinée", titre peu commun pour boucler la rondelle mais voulu, sans l'ombre d'un doute. Car les saisons ne sont-elles pas qu'un éternel recommencement ? Tout comme la vie ? En tout cas, ce titre a tout du final réussi ! Après une prestation pareille, je n'en attendais pas moins d'eux. Et l'automne se termina. Il fut court. Très court. Mais de tous, ce fût le plus merveilleux.

Et quand bien même la communauté métalleuse se fait pointer du doigt et désigner comme une "horde de gothiques sanguinaires", qu'est-ce que cela peut bien faire ? Au final, a-t-elle quelque chose à prouver ? Non. Mais avec une galette pareille, j'en connais plus d'un à qui cela fermerait le clapet. Au final, laissons donc les abrutisseurs de masses gaver le cerveau des jolies têtes blondes que nous ne sommes pas. Pour en revenir à l'album, si vous êtes encore en train de chercher ses défauts dans cette chronique, j'ai catégoriquement refusé d'en trouver. Pourquoi ? Parce que LES DISCRETS est une formation qui ne s'est pas mise à suivre bêtement un mouvement où à rentrer dans un quelconque moule. Et même en tentant d'être sadique, je n'aurais pas trouvé grand-chose pour assouvir mes désirs de petit saligaud. En 2010, LES DISCRETS étaient trois à exprimer purement et simplement leurs sentiments et leur passion à travers une bande-sonore qui n'a cessé de m'envoûter, et ce jusqu'à la dernière seconde. Tout est dit.