HACRIDE (FRA) - Back To Where You've Never Been (2013)
Label : Indie Recordings
Sortie du Scud : 22 avril 2013
Pays : France
Genre : Death Metal progressif et moderne
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 42 Mins
Il faut avoir frôlé la mort pour mieux apprécier la vie. Et si on arrêtait une seconde d’être suffisant ? Si pour une fois, juste une seule, on ne considérait pas cette existence, cette respiration machinale comme un acquis ? Les gens tristes écoutent souvent des chansons tristes, comme pour se rendre encore plus tristes. Mais ils ne savent pas la chance qu’ils ont d’être vivants. La musique véhicule parfois de drôles de pensées. Ce soir, je découvre le nouveau HACRIDE bien avant la plupart de ces gens. Et voyez-vous, je n’avais pas particulièrement envie d’être optimiste, mais les Français ont généré un tel univers autour de Back To Where You’ve Never Been que je me sens obligé d’expliquer en quoi c’est beau de se réveiller chaque matin. Certains remercient Dieu, d’autres ne remercient personne et si quelqu’un était redescendu de là-haut pour nous dire ce qu’il faut faire, ça se saurait. Alors le mieux est peut-être de ne pas trop calculer et d’apprécier cet album pour ce qu’il est. Pas seulement, le successeur du Lazarus de 2009, pas non plus un aboutissement mais juste un chapitre. Et comme souvent avec HACRIDE, on prend plaisir à lire ces quelques essais.
Le groupe poitevin est un fer de lance. J’espère que ce n’est un secret pour personne. Ce qu’il a construit tout au long de sa carrière, tout au long de ses albums dépasse l’entendement. Il n’y a rien de plus logique que d’avoir un avis sur ce Metal dit « moderne » et le mien n’a jamais été un soutien. Lazarus débutait par un « To Walk Among Them » de 15 minutes et HACRIDE aurait voulu se tirer une balle dans le pied qu’il n’aurait pas fait autrement. Là, le quatuor renoue avec des formes plus conventionnelles, plus accessibles aussi. Après presque trois minutes d’un flottement qu’on devine finement calculé, « Introspection » ouvre ses chakras et libère la matière. A mi-chemin entre terrain conquis et friches fertiles, cette ouverture relance la machine là où elle avait stoppé sa course folle. Les guitares vont très vite s’épanouir dans des rythmiques progressives, fourbes et entortillées, soutenues par un batteur tout frais en la personne de Florent Marcadet (de KLONE et STEP IN FLUID). Ce dernier apporte incontestablement son expérience de batteur à l’affaire, qui voit certains de ces titres grandis par ladite recrue (« Edification Of The Wall »). Je n’ai jamais été véritablement convaincu par ce type de Metal, souple et imprévisible. Il me faut des bases. Et peut-être que pour la première fois, HACRIDE parvient à capter mon attention par le biais des temps forts qui manquaient cruellement sur le précédent album. Back To Where You’ve Never Been dure exactement 17 minutes de moins que Lazarus pour une chanson en plus. Il serait alors facile de croire que les mecs ont voulu aller à l’essentiel en se délestant du poids des arrangements aériens, des atmosphères lunaires. C’est simplement oublier qu’HACRIDE n’a pas vocation à uniformiser sa musique. Chaque composition est différente. Chaque seconde a un enseignement à livrer. Je le répète surement, mais l’ennui s’invitait trop souvent sur Lazarus pour qu’on considère cette œuvre comme complète. Avec ce quatrième full-lenght, on se rapproche un peu plus de cet équilibre. L’épique et alambiquée « Ghost Of The Modern World » est à couper le souffle. L’écrasante « Synesthesia » est un poil trop rapide pour qu’on lui prête quelques intonations Doom. « Overcome » est débordante de justesse technique et vocale. Tout ça s’imbrique comme dans une partie de Tetris, avec un étonnant Luiss Roux au micro qui prend avec succès la relève de l’emblématique Samuel Bourreau. Je n’irai pas jusqu’à dire que le bonhomme m’a réconcilié avec ce chant si singulier, camaïeu de cris profonds et d’hurlements un peu plus envolés, mais en tout cas il supporte avec professionnalisme le poids du rôle dans lequel il s’est engagé, et c’est un signal fort qui nous est adressé.
Back To Where You’ve Never Been est une incitation à l’examen de conscience. Il invite l’auditeur à jeter un bref coup d’œil à l’intérieur de sa carcasse de muscles et d’os pour y trouver un peu d’espoir. Très peu d’albums ont cette capacité. Encore faut-il être consentant. HACRIDE n’a certainement pas réussi à devenir mon groupe préféré par le biais de cet opus. Pire, le désamour que je ressens à l’encontre de ce Death un peu progressif, un peu incompréhensible, continue de bouillonner en moi. Puisque je ne suis pas assez concerné pour l’aimer profondément, je préfère compenser en tentant péniblement de ne pas masquer la vérité. Ce disque est un bel effort, un effort généreux apte à donner du sens à certaines vies. On pourra s’y fera, en oubliant d’être égoïste.
Ajouté : Mercredi 19 Juin 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Hacride Website Hits: 8182
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