THE CNK (FRA) - Révisionnisme (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 19 octobre 2012
Pays : France
Genre : Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 50 Mins
Revoilà donc nos provocateurs préférés, nos esthètes du mauvais goût, nos dandys grandes gueules raffinés…
Cinq ans après le remarqué L’Hymne A La Joie, THE CNK revient donc animer nos soirées rances avec son approche si particulière de la finesse, das kolossal humour included, les batteries chargées à bloc, et les yeux emplis de larmes de stupre.
Et leur comeback se fête de la plus fainéante manière qui soit, avec un album de reprises.
Vous êtes sérieux les mecs ?
Non. Bien sur. Enfin si, parce que les meilleures blagues sont toujours les plus travaillées.
Alors donc, Révisionnisme ? A la Faurisson ? Encore une private joke… Je goûte… Mais venant de vous, je ne peux qu’acquiescer, avec prudence toutefois.
Car les relectures de l’histoire, qu’elles soient de la musique ou de France sont souvent dangereuses. Mais ici, point de jeu de mot crématoire, alors que cet album risque justement de n’être qu’un point de détail de l’histoire du Métal international. Ou pas.
Revenons un instant en arrière je vous prie.
Les « cover albums » jonchent en effet la longue saga du Heavy Metal. Pour le meilleur, parfois, et pour le pire, souvent. La liste est longue… De la reprise fugace au LP intégral, on trouve de tout au sein de notre monde forain haut en couleur.
On ne peut bien sur pas passer sous silence les deux volumes mal rangés du Garage de METALLICA, le Rhinoplasty de PRIMUS, les multiples tentatives de MANSON, ou même la cargaison toujours plus impressionnante de Tribute Albums qui envahissent le marché…
Et quelque chose que j’ai toujours remarqué dans cette entreprise pléthorique, c’est la pertinence de la démarche en cas de travail sur un monde différent du groupe qui se risque à l’exercice.
Mais comme d’habitude, THE CNK échappe à moitié à la règle…
Ce que j’aime chez ceux là, c’est leur habitude de donner l’impression de s’en foutre. De faire les choses avec nonchalance, mais classe. Et Révisionnisme en est une nouvelle preuve.
Et en cette occasion, ils ont partagé l’affiche avec Snowy Shaw (Musicien suédois qu’on retrouve au chant, à la guitare et à la batterie dans des groupes aussi variés que KING DIAMOND, MERCYFUL FATE, DREAM EVIL, DIMMU BORGIR, NOTRE DAME ou THERION…), Swan des excellents BLACKRAIN, ou encore l’énigmatique Pills de PRIME SINISTER. Collaborations réussies ?
Oui.
Et c’est une fois de plus avec les titres les plus « évidents » que THE CNK se ramasse. En effet, le pourtant naturel « Weisses Fleisch » est une plantade sans nom, et parait bien fade face à son modèle original, qui possède pourtant la grandiloquence si chère à nos frenchies.
« I Am The Black Wizards » n’est pas plus convaincant, même si moins souillé. Ne s’appelle pas EMPEROR qui veut, et le malaise nordique n’a pas vraiment inspiré nos amis, qui décidemment ne semblent pas à l’aise avec leurs homologues.
Non, le meilleur, la quintessence est à aller chercher dans les tréfonds des surprises, dans les coffres de l’improbable. Là où personne n’attendait nos chers chevaliers trash.
« Gadd Ist Gott » est à classer au rayon des merveilles. Ce medley de notre chère poupée gonflable glam aux tendances limites et répréhensibles Gary Glitter est un bijou. D’abord pour le côté provoc du choix de l’artiste, plus que controversé depuis quelques années (vous avez dit BBC ?), mais aussi dans le traitement. C’est clinquant, martial, brillant, dansant, ironique, enfin tout ce qu’on peut attendre d’un morceau de CNK. En gros, une ouverture fatale.
Même conclusion pour le fabuleux « Too Fast For Love » des CRÜE, avec Swan en guest. Bon ok, sur ce coup là, je ne suis sans doute pas objectif, parce que Swan, je suis client… Et ses chœurs enfantins mais pervers sur ce titre m’ont complètement conquis… Alors la fusion entre les deux, j’ai craqué, et je me passe le titre en boucle. C’est comme ça…
Triturer de travers le cultissime « You Could Be Mine » des GUNS aurait pu leur coûter cher… Une bonne plombée de fusil à pompe de la part d’Arnold par exemple… Mais le riff d’Izzy est toujours aussi tranchant, doublé cette fois ci par une rythmique explosive. Le chant nasillard de Pills offre une tribune d’outre-tombe inespérée à notre rouquin préféré, et le quartette emballe l’affaire comme une vieille groupie affamée…
Voilà pour le nec plus ultra… Mais ça n’est pas tout, bien sur. Et en fouillant dans le reste de l’album, vous tomberez au choix sur le très bon « Sabotage » des BEASTIE (à croire qu’il est impossible de rater une reprise de ces trois là…), furieux à souhait et suintant la corruption, sur un « Everybody Knows » qui va à coup sur dessiner un léger sourire en coin sur la bouche de mon bien aimé Léonard Cohen (et par la même occasion donner une attaque à CONCRETE BLONDE…), ou encore sur un intéressant « Where The Wild Roses Grow », qui, sans avoir la beauté trouble et vénéneuse de la version de Cave et Minogue, arrive a ressusciter par moment le fantôme de TYPE O’NEGATIVE.
Le cas épineux reste cette cover de l’intouchable « Seasons In The Abyss » de SLAYER. Le traitement offert par CNK est foncièrement original, avec ces lignes de clavier se substituant à la seconde guitare, et même au solo… Un tempo appuyé, un chant habité et de travers, un refrain sombre et hurlé comme un écorché vif… Je vous laisserai seuls juges sur ce coup là. Il est vrai que pour certains puristes, le rendu tiendra de l’affront. Pour les autres, qui aiment l’original sans cracher sur un brin d’impudence, le résultat sera… Troublant, pour le moins… Mais n’est ce pas l’essence même de CNK, groupe hors norme ?
Quant à la production, elle est une fois de plus énorme, brillante, et savamment dosée. Suffisamment subtile lorsqu’il le faut, emphatique la plupart du temps, elle met en valeur certains morceaux sans franchement dénaturer les autres.
Alors ?
Alors, une fois de plus, la baïonnette en avant, THE CNK nous troue les flancs et nous laissent dessus… Ils irritent, c’est un fait, ils agacent, on les conspue, on les cloue au pilori ou à l’opposé, on les encense pour leur esprit frondeur, leur Ego (faussement ?) surdimensionné, mais force est d’admettre qu’ils sont uniques, et sublimes dans la démesure.
Et Révisionnisme, au-delà bien sur de sa provocation évidente, est encore une preuve de leur talent. Dénaturer tout en respectant. Profaner en lissant la terre.
Mais la leur tourne elle dans le même sens que la notre ?
Ajouté : Mardi 27 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The CNK Website Hits: 9630
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