MARDUK (se) - Serpent Sermon (2012)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 28 mai 2012
Pays : Suède
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 54 Mins
« Par moi on va dans la cité dolente,
Par moi on va dans l'éternelle douleur,
Par moi on va parmi la gent perdue.
Justice a mû mon sublime artisan,
Puissance divine m'a faite,
Et la haute sagesse et le premier amour.
Avant moi rien n'a jamais été crée
Qui ne soit éternel, et moi je dure éternellement.
Vous qui entrez laissez toute espérance »
L’Enfer de Dante, La Divine Comédie. La Vie, la Mort, le Paradis, l’Enfer. D’une poésie macabre, le monde à bâti une réalité tangible de nos jours. Sans cesse plus égoïstes, les hommes assassinent la planète, se replient sur eux-mêmes, et refusent l’inéluctable, en une course en avant aussi désespérée que dérisoire et pathétique.
Le serpent qui chassa Adam et Eve du Paradis revient en 2012, lové au creux des mains griffues de son messager infernal pour annoncer l’apocalypse à venir.
MARDUK
Jamais créature protéiforme n’eut allure plus effrayante. Née des flammes il y a maintenant vingt deux ans, elle s’est évertuée à propager la parole du malin, renversant sur son passage la morale, la bienséance, et surtout, la crédulité des hommes en un pardon final. Si parfois son discours a balbutié, s’il a parfois été trop approximatif, il s’est condensé, recentré depuis quelques années, au point de défier toute velléité de contradiction de la part de ses adversaires, voire de certains de ses compagnons de misère. Et trois ans après son dernier passage, son impact et sa détermination sont encore plus impressionnants. La chaleur se fait suffocante, les alternatives inexistantes, et sa suprématie incontestable. Que les bien pensants se mettent à genoux et implorent sa clémence…Qu’elle n’accordera jamais.
Serpent Sermon
D’une prose plus explicite et moins allégorique, il me faut affirmer ici, et maintenant qu’avec Serpent Sermon, MARDUK devient le groupe de Black Metal le plus crédible et le plus dangereux de l’histoire de cette musique.
Si la période Legion m’a pratiquement toujours laissé de marbre (à l’exception de Heaven Shall Burn, véritable pavé de violence), les trois albums sortis avec Mortuus au chant ont déclenché chez moi une passion indéfectible, une adhésion immédiate, et sans réserve.
Rom 5 :12, quasi miraculeux pour un effort né d’une mue qui aurait pu coûter cher au groupe, était quasiment sans faille, et montrait la tendance des années suivantes. Le refus de la stagnation, l’innovation à tout prix, pour un Metal sombre et poisseux comme un ciel sans étoile.
Wormwood, n’en déplaise à quelques esprits chagrins, confirmait cette suprématie à venir. Rempli de titres voués à la violence latente (le traumatisant « To Redirect Perdition » en reste l’exemple le plus probant) et de climats délétères, il se posait en nouvelle pierre angulaire d’un genre à l’agonie.
Mais aussi extraordinaires que furent ces deux albums, et aussi intense fut mon enthousiasme à leur égard, ils étaient encore emprunts d’une certaine complaisance de composition.
Ce qui n’est pas le cas de Serpent Sermon.
Rarement un album de Black Metal aura été aussi intense, aussi varié, aussi créatif. Morgan et Mortuus, au somment de l’art né de leur collaboration ont pioché au plus profond d’eux même une inspiration diabolique et séduisante pour réduire notre résistance à néant.
Chaque pièce à sa couleur, sa personnalité, sa raison d’être.
C’est le propre des nihilistes égocentriques qui désirent qu’on les reconnaisse en tant que tel.
Tout ici est justifié, palpable, tangible. De l’ouverture éponyme au refrain en forme de leitmotiv infernal (on aura rarement eu droit à un hymne aussi définitif), au final hypnotique et épique « Coram Satanae », tous les morceaux présents sur ce LP résonnent d’une aversion au bien, d’une dévotion au mal, au grotesque, à l’inéluctable.
Et si « Hail Mary (Piss-soaked Genuflexion) », « Messianic Pestilence » et « Gospel of the Worm » ne sont que haine et vitesse effarante, ils ne sont en aucun cas de simples prétextes, et étalent plus d’idées à eux seuls que toute la première partie de la carrière du groupe.
Si vous doutez encore qu’un groupe puisse rivaliser de puissance et de colère avec MARDUK, écoutez « Souls For Belial », durant laquelle Mortuus vomit sa haine à la face d’un monde hideux qu’il souhaite voir périr dans les flammes. Sublime alternance de fureur et de pesanteur, il est l’emblème même des suédois, leur porte étendard, leur blason.
Et lorsque « World Of Blades » résonnera à vos tympans, la conclusion sera nette et définitive. Sur la scène mondiale du Black Metal, MARDUK se pose à présent en leader incontestable, proposant une musique unique, riche, dense, fruit d’années de travail et d’acharnement.
Cet enregistrement à la maison (dans le studio du bassiste Devo) est – malgré son caractère frondeur et nihiliste – une épiphanie musicale, une illustration sonore de la douleur et de la lucidité.
MARDUK est arrivé cette fois à équilibrer parfaitement tous les ingrédients de sa musique, soufflant le chaud et le brûlant sans jamais errer sur les routes de l’hésitation, sans jamais tergiverser. Et ridiculise ainsi tous les autres prétendants à la couronne.
En vingt deux ans d’existence, et douze albums.
« Nous faisions route avec les dix démons.
Ah féroce compagnie ! Mais à l’église
Avec les saints, et à la taverne avec les gloutons.
Mes yeux se fixaient encore sur la poix,
Pour voir tous les aspects de cette bolge,
Et des gens qui brûlaient là-dedans. »
Ajouté : Vendredi 24 Août 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Marduk Website Hits: 7519
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