Aujourd’hui, je me suis levé avec la gueule de bois. Alors je me suis dit qu’une bonne chronique devrait m’aider à mieux démarrer la journée. J’ai choisi au hasard un disque parmi tous les promos, et il a fallu que je tombe sur ZEBARGES… Imaginez mon désarroi en voyant la tête de winner de l’ami Paskiss 51 sur la pochette de Stay Barges Or Die, le troisième album de notre duo de comiques. Avec ses magnifiques chicos rongées par la clope et le café, son entonnoir sur le crâne et ses cheveux délavés, il ne manque pas grand-chose pour que son haleine aux relents d’houblon ne vienne traverser le Jewelcase et chatouiller nos narines. Alors bon, il convient quand même de présenter ZEBARGES qui n’est pas vraiment connu à l’international et dont la réputation peine à dépasser les troquets aubois. Actifs depuis une grosse décennie, cette formation à la particularité d’être composée de trois membres présents physiquement mais absents mentalement ; on y retrouve Paskiss 51 au chant, AC/JC à la basse et… une boîte à rythmes.

Vous m’épargnerez la honte d’user de mes piètres talents de dessinateur puisque pas besoin d’un dessin pour comprendre qu’avec ZEBARGES et son Punk / Crust franchouillard, l’ironie et le cynisme sont les garants du succès. Et malgré sa relative décontraction, cet album soulève un problème bien plus intéressant. Quelle est la place de l’humour dans la musique ? Des CHARLOTS de Bernard Minet à GRONIBARD, il a toujours existé. Dire que ZEBARGES est inexistant de bout en bout, c’est être un pisse-froid et dire qu’on se marre bien, c’est ouvrir la porte aux dérives extrémistes du mauvais goût. La réalité, c’est que ces gars ne se prennent pas le chou et ils ont bien raison. On débouche donc sur un Punk / Metal qui frôle l’indigence et défèque allègrement sur les notions basiques de musicalité. Au micro, Paskiss 51 de sa voix rocailleuse et alcoolisée fait concurrence à Lou Reed pour entrer au Panthéon des chanteurs échappés du service pédiatrie. Les chansons sont comme des billets d’humeur. Dans certaines, ZEBARGES lave son linge sale comme sur « Traitres Et Menteurs » qui règle ses comptes avec les faux-frères du milieu, « Bienvenue En France » et ses rythmiques presque Grind qui dénonce le français suiveur ou « Samba 666 » qui pointe du doigt les « gothopoufs de merde » qu’on croise dans les concerts. Fort heureusement, on s’éloigne d’O.K Corral avec « Heureux Comme Un Funéral Black Métalleux » ou « Les Fils De La Bière » qui traitent de sujets un peu plus légers et spontanés. Je dois avouer qu’il n’y a pas eu un seul rire franc en écoutant ce disque, à peine quelques rictus. Néanmoins, il y a une certaine satisfaction à enfin entendre des musiciens se lâcher et se démarquer clairement du club des coincés du cul. Cette euphorie est hélas douchée par la non-existence artistique de cet album et la piètre performance d’un duo dont la volonté de faire toujours dans l’humour et la vulgarité éclipse les idées musicales. A peine la reprise de l’« Orgasmatron » de MOTORHEAD qu’on pourrait qualifier d’acoustique si la batterie n’était pas électronique, coupée avec le thème de « La Panthère Rose » de Mancini est une sympathique balade américanisée dans un magma de Punk graveleux.

Stay Barges Or Die est au final un album lourd, très lourd qu’il convient d’écouter avec quelques grammes de sang dans l’alcool. Si l’on voulait analyser une œuvre uniquement musicale, on aurait bien peu de matière pour commenter. Et pourtant, ZEBARGES patauge dans un délire pipi-caca-bite-couille-bière avec la candeur d’un chérubin. Deux constats différents pour un disque en demi-teinte. Mais mieux vaut ne pas trop se prendre la tête pour ça, rien que pour faire honneur à des gars malgré tout respectables pour démontrer par A + B que si le ridicule tuait, ça se saurait !