DEADLY CARNAGE (it) - Sentiero II: Ceneri (2011)
Label : Aeternitas Tenebrarum Musicae Fundamentum
Sortie du Scud : 1er septembre 2011
Pays : Italie
Genre : Black / Doom Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 42 Mins
Comme souvent, fonder un groupe est une histoire de convictions. Convictions qu'on peut apporter sa pierre à l'édifice, convictions qu'on a quelque chose de différent à proposer... Autant de raisons qui laissent croire que DEADLY CARNAGE serait un groupe à part, alors que sur le papier, il est définitivement quelconque. Sa création part donc d'une intention louable ; offrir à la scène Black Metal italienne un nouvel enfant, qui serait un peu plus italien que les autres. Inutile de dire que ces garçons sont fiers de leurs origines, un peu moins de préciser qu'ils n'affectionnent pas particulièrement le monde qu'ils côtoient de force. Ce besoin de crier haut et fort que tout fout l'camp sur fond de poésie, de philosophie, de romantisme et de mythologie, il s'entend assez distinctement sur leur second album, le bien nommé Sentiero II – Ceneri. "Ceneri" comme "cendres". Cendres d'une société dirigée par des pyromanes qui ont la mainmise sur des mentalités hautement inflammables ? Toutes les hypothèses sont envisageables.
Ce qui est certain, c'est que cette formation redonne ses lettres de noblesses au Black Metal italien. Il peut-être rugueux et abrasif comme celui de NEFARIUM, infiniment créatif comme celui de FORGOTTEN TOMB ou grand-guignolesque comme celui de THEATRES DES VAMPIRES. A dire vrai, cet album vaut le détour pour la piste la moins Metal de toutes : l'éponyme. Après une bonne demi-heure d'un Black Metal atmosphérique et lunaire sur lequel je m'épancherais plus tard, arrive "Ceneri". Une conclusion d'une infinie beauté, croisement idyllique et paradoxal entre la tristesse d'une balade mélancolique guidée par des guitares pleines de spleen, des chants clairs en italien assurés en trois parties par les deux guitaristes et le chanteur d'une justesse et d'une intensité remarquables et une forme d'optimisme incompréhensible qui s'installe au fur et à mesure que cesse la pluie. Si en plus, vous comprenez l'italien, je vous assure que vous aurez des frissons. Dix minutes d'une pureté à peine concevable. Auparavant, DEADLY CARNAGE nous en aura fait voir de toutes les couleurs avec par exemple "Guilt Of Discipline" opérant dans un Black Metal rapide et effectivement discipliné, proche des carcans du style. Avec "Growth And New Gods" également, qui marie tempos rapides et lents au rythme d'un jeu de batterie habile, qui pour le coup sonne plus Death que Black. Mais la grande attraction de cette sortie, ce sont les ambiances. Le chagrin, la nostalgie prennent le pas sur la morosité et l'ennui. Au travers de guitares lead très musicales, qui mettent en exergue les aspects les plus progressifs du Black Metal, DEADLY CARNAGE compose avec son cœur et avec une rage, démesurée parfois, mais qui trahit la défiance qui bouillonne en eux. Toujours en quête d'expérimentations et soucieux de donner de la profondeur à leur musique en y incorporant des éléments Doom ("Parallels"), les italiens réussissent avec maestria à nous prendre par la main et nous emmener sur un champ de ruines désertique, qui pourrait bien symboliser un monde qui va à vau-l'eau. Au sortir de cette expérience, on est hagard, on se sent délavé. On se sent vide.
Voilà fort longtemps que je n'avais plus eu la chair de poule en écoutant un album de Black Metal. Je ne pourrais donc guère vous recommander plus que de jeter votre dévolu sur DEADLY CARNAGE. Ce disque pénètre l'âme humaine comme une lame, la sonde, l'évalue, la juge et laisse derrière lui une carcasse vide au teint blafard que seule une longue promenade nocturne sous la pluie saura ranimer. Alors si je pouvais vous donner un dernier conseil, éteignez vos télés et profitez de l'occasion offerte par ces messieurs pour désinfecter vos pensées.
Ajouté : Lundi 16 Janvier 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Deadly Carnage Website Hits: 10300
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