SILVERSTEIN (ca) - Rescue (2011)
Label : Hopeless Records
Sortie du Scud : 26 avril 2011
Pays : Canada
Genre : Post-Hardcore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 40 Mins
SILVERSTEIN, on circule, y’a plus rien à voir. Après onze années de présence assidue, les canadiens n’en ont toujours pas marre de nous refourguer leur post-Hardcore bouillonnant à intervalles réguliers, peut être pour la bonne raison qu’on n’en a toujours pas marre non plus de l’écouter. Cinquième album, cinquième fait d’arme pour un groupe qui traine ses guêtres avec sensualité dans un registre où ils sont souvent pris en référence. Autrement dit, Rescue sera une formalité. Pas tant que ça, puisque deux solutions s’offraient à eux. Soit ils continuaient dans la droite lignée de ce qu’ils font depuis maintenant onze ans, soit le changement de label effectif depuis cette sortie leur aura donné l’idée de modifier un peu leur trajectoire musicale, avec les risques que ça comporte. Il apparaissait aujourd’hui inconcevable que SILVERSTEIN, en réutilisant indéfiniment les ingrédients qui font leur succès depuis des lustres, puisse produire un disque qui surpasserait ses prédécesseurs. La chose est techniquement difficile à sa base, et même la meilleure volonté du monde ne suffit pas toujours au dépassement de soi.
En l’écoutant de plus près, il est loin le temps du SILVERSTEIN période Discovering The Waterfront et son tube « My Heroine » qui emballait le compteur de lectures de mon baladeur MP3 à l’époque. Il est loin le SILVERSTEIN qui donnait une ligne directrice à sa musique. D’albums en albums, ce tissu noble s’est décousu et continue de s’effilocher. Même Victory Records, un label pourtant très en avance scientifiquement (qui d’autre pouvait signer DESIGN THE SKYLINE ?), ne veut plus des canadiens dans son catalogue. C’est quand même assez tordant, non ? Je trouve ça assez dommage, car le nom de SILVERSTEIN donnait quand même une toute autre crédibilité à ce major. Passons. Rescue est une affaire vite classée. C’est comme un meurtre, une victime qui baigne dans son sang. Suspens. Et quand la police débarque, elle découvre que l’assassin s’est grillé tout seul en tapissant la pièce de ses empreintes, en ayant éjaculé sur la dépouille et en ayant jonché le sol de mégots. Dossier classé. C’est exactement le cas avec « Medication ». Cette seule ouverture lève le voile sur ce que sera cet opus. Du SILVERSTEIN bête et méchant. Ils n’ont même pas la modeste ambition de changer ne serait-ce qu’un détail. Mixture cent fois avalée de Punk faussement en rogne, d’Hardcore vindicatif, d’Emocore larmoyant, de refrains popisants, enrobé d’une couche épaisse de brillantine, Rescue divertit l’espace d’un petit quart d’heure, le temps nécessaire pour comprendre que les deux suivants seront consacrés à un bourrage de crâne en règle, sur fond d’interrogations existentielles à propos d’amour, d’amitié, de solitude, etc… J’aimerais pouvoir dire que certaines compositions font office de remplissage, si seulement elles n’endossaient pas presque toutes ce rôle ingrat. Pas inspiré et encore moins transcendant, Rescue déroule sans qu’on puisse faire la moindre différence entre lui et ses prédécesseurs. Le chant de tête de Shane Told est sur la même fréquence depuis son anoblissement sur Arrivals & Departures, idem pour ses screams à l’impact médiocre, à quelques exceptions près. « The Artist », qui profite peut-être de l’engouement suscité par le chef d’œuvre de Michel Hazanavicius, fait vraiment très bonne impression parmi cette marmelade trop sucrée. Le seul coup de cœur de ce disque, et la présence de Brendan Murphy (COUNTERPARTS) y est pour beaucoup, contrairement à celle d’Anthony Raneri (BAYSIDE) sur l’anecdotique « Texas Mickey » ou d’Anna Jarvis et de ses violons (THE REST). L’utilisation de deux guitaristes est aussi devenue caduque depuis que Neil Boshart et sa lead se sont mis à l’Euphytose. Son envolée miséreuse sur « Burning Hearts » est loin d’être rassasiante, de même que ses lignes mélodiques embuées ne feront pas illusion longtemps.
Mes amis, ce disque est d’un ennui… Parce que SILVERSTEIN se repose sur ses nombreux acquis, ne faisant preuve d’aucune initiative, rabâchant avec obstination son Emocore jadis transportant et actuellement très fade. Le pire, c’est qu’on ne peut même pas qualifier cette sortie de mauvaise, parce qu’elle ne l’est pas. C’est à mon avis un enregistrement dont ils sont très fiers, parce qu’ils continuent de faire la seule chose qu’ils savent faire. Sans vraiment se soucier de nous, qui devenons ostensiblement usés d’un tel entêtement. Mais comme toujours, quand ils sortiront un énième remake d’ici deux années, je me sentirais obligé de l’écouter, avec l’espoir secret de rajeunir de dix ans. SILVERSTEIN reste et restera une de ces formations qui intéresse le public, même dans l’adversité. C’est aussi à ça qu’on reconnaît les grands groupes. Alors on leur offre encore un dernier joker ?
Ajouté : Mercredi 09 Novembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Silverstein Website Hits: 8362
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