ULVER (no) - Wars Of The Roses (2011)
Label : Kscope Music
Sortie du Scud : 25 avril 2011
Pays : Norvège
Genre : Rock ambiant et avant-gardiste
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 46 Mins
Si je devais choisir parmi les groupes qui imposent le plus naturellement le respect, ULVER ferait sans conteste partie du haut du chapeau. Avec une carrière comme la leur, constellée d’albums resplendissants et s’orientant sans vergogne du Folk acoustique au Black brutal pour en arriver à cet enchevêtrement malin d’Electro, de Rock avant-gardiste et de Metal ambiant, comment ne pas tomber en amour pour ce Wars Of The Roses qui atteint des sommets dans la création artistique ? Ce huitième album (et deux bandes-originales de films) pour la bande à Garm résonne comme l’accomplissement de 18 années d’une carrière hautement fructueuse. Ils n’ont plus rien à perdre, et tout à gagner. Cet album s’inscrira avec panache parmi les plus imaginatifs du combo, qui parvient ici à mêler un Rock industriel très noir avec des orgues grandiloquents, de la Lounge Music et toute une panoplie d’effets anachroniques.
La plus belle qualité que je puisse trouver à cet album, c’est que j’aurais vraiment envie de dépenser mon salaire pour l’acquérir. Il m’a raconté une histoire, il m’a transporté dans des contrées lointaines. C’est une caractéristique qui contraste énormément avec les albums traditionnels de Metal, qui enchaînent déraisonnablement les compositions. C’est là qu’on réalise qu’un bon disque, c’est surtout un disque qui sait vous faire oublier la chaise de bureau sur laquelle vous êtes assis, et que d’attribuer d’excellentes notes à des opus bien composés mais trop classiques, n’est pas le reflet du métier de musicien. Personne à mes yeux ne le représente aussi bien qu’ULVER (et Nick Cave aussi). Avec une cover qui reprend les grandes lignes de Blood Inside, les scandinaves renouent avec cette pureté qui est aussi (et surtout) transposée dans leur musique. « February MMX » commence sur des tonalités de Rock Lounge assez crispant et dérangeant mais ce n’est qu’un échauffement pour la voix de Kristoffer Rygg et des instruments de ses acolytes. Et d’entrée, ULVER nous a proposé la piste la plus « lucide » et la plus rythmée. Car le reste de l’album plonge dans un univers teinté de gothisme, de décadence, de beauté. Les odes à la littérature, à l’érotisme se succèdent sans qu’on en comprenne la logique. Une bonne demi-douzaine d’écoutes sera nécessaire avant de capter l’essence même de leurs créations, et c’est un minimum. Ce qui est certain, c’est que vous serez captivés dès la première minute par la complexité torturée qui se dégage de ces sonorités, qui, à la base, n’ont rien à faire ensemble. Probablement que les norvégiens atteindront le summum de leur art sur « England », à la mélancolie presque palpable et aux regrets très bien exprimés par Garm voire sur « Stone Angels », un long moment de plénitude (quinze minutes) marqué par une narration découlant d’un poème de Keith Waldrop avec un final en fin heureuse d’un grand péplum. ULVER a quartier-libre dans ses compositions et fait bien comprendre à son auditeur qu’il compte jouir de ce droit jusqu’au bout.
Les derniers à m’avoir titillé avec ce genre d’albums très éparpillés, c’étaient les PAIN OF SALVATION et peut-être s’en souviennent-ils encore ? Comme quoi, je réalise maintenant que je suis loin d’être allergique à l’art mais plutôt au mauvais goût. Avec ce sans faute, cet album côtoyant les étoiles, ULVER ajoute une fois de plus (et on ne les compte plus…) une sortie réussie à son palmarès.
Ajouté : Mercredi 06 Juillet 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ulver Website Hits: 8364
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