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CELTIC FROST (ch) - To Mega Therion (1985)






Label : Noise Records
Sortie du Scud : octobre 1985
Pays : Suisse
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins





Devant faire face une fois de plus à des problèmes de line-up, Tom Warrior affronte bien des difficultés pour enregistrer un successeur à l’acclamé/décrié Morbid Tales. Mais malgré toutes ces embûches, ou peut être même grâce à elles, il parviendra à mettre en boite ce qui pour beaucoup constitue le point d’orgue de sa carrière, et la naissance officielle du Death Metal/Black Metal et toutes ses extensions cornues, To Mega Therion.
La Grande Bête (signification du titre de l’album en grec) se voit dès le départ parée d’un artwork impeccable, et sa pochette double est sans doute ce que le FROST nous a offert de plus abouti. Avec en décor une peinture de H.R Giger (la bébête d’Alien…) intitulée « Satan I », accompagnée d’une seconde, « Victory III », CELTIC FROST place la barre très haut et affirme un peu plus ses velléités artistiques précieuses.
Pourtant, lorsque le vinyle répand ses premières effluves, difficile de faire la différence entre le présent et le passé. Après une courte intro lourde et grandiloquente, « The Usurper » vous saute à la gorge pour ne vous lâcher que trois minutes plus tard. Concentré de tout ce que le groupe à proposé jusqu’à lors, ce morceau mid tempo au pont écrasé se pose en Best Of officieux, malgré l’intervention d’un chœur féminin assez grotesque, qu’on jurerait entonné par Warrior lui-même.
Le même constat pourrait être émis à l’égard de « Jewel Throne », qui multiplie les contretemps, pour finir dans une apothéose de vitesse qui le place parmi les réalisations les plus rapides du groupe.
Après avoir plus ou moins digéré ces deux morceaux initiaux, une constatation s’impose. CELTIC FROST a su conserver son identité tout en l’affirmant, que ce soit au niveau des structures qui s’imbriquent les unes aux autres avec précision, ou au niveau du son, ample, majestueux, et offrant aux compositions un écrin sombre et pourtant si brillant.
Mais la première vraie surprise de l’album est bien « Dawn of Megiddo ». Prolongement logique de l’intro de To Mega Therion, ce titre pachydermique offre en sus d’un chant plaintif et lointain des arrangements fouillés, funèbres, et préfigure à lui seul la vague de Black Symphonique à venir, tout en offrant à OBITUARY les riffs qui leur suffiront à construire une discographie entière. C’est la première fois que l’on découvre le groupe sous cet aspect, et les approximations d’hier semblent bien enterrées.
« Eternal Summer » revient à des recettes déjà éprouvées moult fois auparavant, et permet d’assimiler plus facilement le nouveau virage du groupe.
Inutile de revenir sur « Circle Of The Tyrants » dont j’ai déjà parlé à l’occasion de l’album précédent, mis à part pour dire que certaines parties de chant doublées sont réellement impressionnantes, et que le son à gagné en profondeur.
L’analyse de « (Beyond the) North Winds » pourrait être la même que pour « Eternal Summer » tant les deux morceaux nous rappellent parfois l’époque pas si lointaine de HELLHAMMER. Mis à part bien sur que l’exécution est clinique, et que les breaks tombent pile dans les temps.
« Fainted Eyes », et sa construction double, mi rapide, mi écrasante, sert de transition à la fin de l’album.
Car après l’instrumental « Tears in a Prophet's Dream », plus ou moins calqué sur le moule de « Danse Macabre », en moins effrayant, Tom nous réserve en final une des plus belles pièces du FROST, tous albums confondus, le monumental « Necromantical Scream ».
Avec en support Claudia-Maria Mokri qui assure les parties vocales féminines, Tom se laisse aller à la grandiloquence, et franchit une étape supplémentaire dans son entreprise d’innovation et de crédibilisation du groupe. Portée par des arrangements lourds et emphatiques, cette chanson définit un style unique, que très peu de groupes à venir sauront appréhender de la même façon, préférant se concentrer sur l’aspect le plus rudimentaire de l’héritage du FROST. C’est la composition la plus longue du groupe jusqu’alors, si l’on excepte « Triumph Of Death », qui n’évoluait pas dans les mêmes sphères. Juxtaposant ces nappes vocales éthérées et ces riffs plombés, soutenus par des cuivres d’outre tombe, Tom donne tout son sens au néologisme Nécromantique, et oppose Eros et Thanatos mieux que quiconque. Et lorsqu’il lâche telle une sentence « Je resterai seul dans le noir », je ne crois pas que qui que ce soit puisse le contredire.

En seulement deux albums, CELTIC FROST, a défini un nouveau style, et l’a fait évoluer pour en créer un autre. De simple créature aux instincts primaire, la bête est devenue un monstre, qui va engendrer à elle seule une horde de mutants prêts à envahir la terre, car ne le nions pas, une grande partie des groupes de Metal extrême, que cela soit dans le Black Metal (DARKTHRONE, USURPER, MAYHEM première formule, et même, pourquoi pas EMPEROR), ou le Death Metal (OBITUARY bien sur, voire certains morceaux de MORBID ANGEL) viendra piocher dans cette mine que représente encore 25 ans après To Mega Therion.

Tom avait réussi son pari. Mais devant les bravos de la foule, il n’hésitera plus, et franchira un cap supplémentaire à l’occasion de l’album suivant, qui sera la cause de bien des malheurs, et qui l’opposera à son label. Ce qui fera l’objet de la chronique suivante…

Discographie Complète de Celtic Frost :
Morbid Tales / Emperor's Return (Album - 1984), To Mega Therion (Album - 1985), Into The Pandemonium (Album - 1987), Cold Lake (Album - 1988), Vanity/Nemesis (Album - 1990), Parched With Thirst Am I And Dying (Best-Of - 1992), Monotheist (Album - 2006)
Metal Impact Bonus :
HELLHAMMER (ch) - Apocalyptic Raids (EP - 1984), HELLHAMMER (ch) - Demon Entrails (Best-Of - 2008), Order of The Tyrants (Tribute - 2003)



Ajouté :  Mercredi 04 Mai 2011
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Celtic Frost Website
Hits: 14688
  
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