Moins d’un an après I Krig, les norvégiens de VREID quittent leur contrée enneigée par la désolation pour revenir en forme pour ce qui sera leur quatrième opus studio, Milorg. Depuis 2004 et leur création, le quatuor scandinave est pour le moins très actif ces dernières années, avec des produits tantôt intéressants, tantôt inégaux. Inégalité, quand tu nous tiens. C’était déjà le cas lorsqu’ils évoluaient sous la bannière WINDIR, on ne leur en voudra pas d’avoir conservé cette patte et ce goût pour l’inachevé. Les hommes de Sogndal signent pourtant ici une œuvre dense comprenant huit pistes sonores pour plus de quarante minutes. C’est que VREID aurait des choses à nous raconter… Toujours en colère contre leurs propres démons, VREID se base cette fois ci sur l’histoire nationale de la Norvège qui, durant la Seconde Guerre Mondiale, créa MILORG pour Military Organization, organisation de résistance nationale, corps nyctalope qui opérait surtout la nuit pour chasser l’occupant allemand.
Plus mature et atmosphérique que leurs opus précédents, VREID semble avoir grandi dans tous les sens du terme pour accoucher de ce quatrième album. Produit par le groupe lui-même, avec un son plus vigoureux et plus chaleureux malgré les thèmes glauques et austères développés sur Milorg, Hvall et compagnie paraphent des titres plus raffinés aux constructions apprêtées.
Les survivants de WINDIR allient de manière plutôt sensée un Black’n’roll aux détroits symphoniques démontrant d’un savoir faire et s’écartant de plus en plus de l’esprit de WINDIR qui planait encore sur leurs anciennes productions. Lancés dans le bain par l’évocateur morceau «Alarm», l’écoute du morceau suivant «Disciplined» et ses riffs assassins pourront conforter cette idée.
Bien mieux produit et construit que les trois précédents opus, Milorg voit enfin pointer le talent inhérent des anciens membres de WINDIR qui ici passent enfin à la vitesse supérieure. La faute entre autre à des compositions plus variées et plus osées que ce VREID avait l’habitude d’offrir. Véritable labyrinthe rythmique, le trio norvégien réalise de vrais morceaux de bravoure tels que «Speak Goddamnit» et son enchaînement magistral avec «Blucher», la tuerie de la galette. Toutes les pistes sont de plus appuyées par des lignes de basse claquantes, mettant des baffes en stéréo à l’auditeur ! L’instrumental «Blucher Part II» et son intro Heavy montre à quel point VREID est capable d’assimiler pléthore d’influences et de les resservir à sa sauce. VREID impressionne grâce à la qualité des titres et à son inventivité. Le trio offre également de grands moments plus Thrashy avec «Heroes & Villains» de bon augure pour la suite de leur carrière. Pour finir, la plage éponyme «Milorg» clôt de fort belle manière cette galette des Rois.
Une remise en cause et un travail qui finit par payer. VREID est devenu une entité sur laquelle il faudra désormais compter, un Homme. Un album dont on n’attendait pas nécessairement grande chose, mais auquel on est bien obligé de leur accorder du crédit tant la prestation offerte est enivrante et intéressante. Un quatrième opus qui montre enfin tout le talent que possède ce combo nordique. Une belle surprise de ce début d’année.