BLOCKHEADS / MUMAKIL (FRA-ch) - Blind (2008)
Label : Bones Brigade Records
Sortie du Scud : 1er novembre 2008
Pays : France / Suisse
Genre : Grindcore
Type : Split CD
Playtime : 6 Titres - 9 Mins
Que peut bien être le champignon radioactif qui s’est formé jadis au-dessus d’Hiroshima comparé à la rencontre entre le plus bourrin des groupes français et le plus bourrin des groupes suisses ? Même le plus compétent des historiens section mycologie de cette planète vous répondrait que si l’évènement arrivé le premier dans l’histoire est plus « médiatique », le second est définitivement plus dévastateur. Pour resituer brièvement le contexte, BLOCKHEADS (France) et MUMAKIL (Suisse), c’est ni plus ni moins le must en matière de Grindcore actuellement en Europe car deux des seuls à avoir réussi à percer sur leur scène nationale respective grâce à deux obus phénoménaux livrés en 2006, « Shapes Of Misery » pour les frenchies, « Customized Warfare » pour les helvètes. Leur rencontre en vue d’un split CD était donc tout naturellement attendue de pied ferme par les aficionados du genre. Qui dit Grind vomit. Mais qui dit Grind dit aussi « on va passer un sale quart d’heure, et pas une seconde de plus ». Car oui, si le Grind pur est souvent caricaturé comme étant un son bruitiste extrême, il est aussi décrié pour être un genre totalement déstructuré où les chansons excèdent rarement deux minutes. Et encore, seuls les intellectuels du style sont capables de cet exploit. Vous l’aurez compris, Blind est donc la réunion entre un duo de loups affamés et étant donné que BLOCKHEADS, c’est pas MUMAKIL et inversement, une analyse indépendante est donc de rigueur afin de ne pas fausser la note.
BLOCKHEADS
On commence donc par BLOCKHEADS, que j’ai toujours apprécié pour avoir eu le mérite de donner à sa musique une facette (minime, certes) Death. L’ouverture, « Buenos Aires » (sic !) dure une minute tout rond. Une minute sur laquelle on a l’horreur de constater que la batterie, dont le mixage est une pure cagade, prend le dessus sur tout. Néanmoins, si vous avez une oreille plus fine que la silhouette de Whoopi Goldberg, vous apprécierez sans soucis majeur les vocaux de Xav et de ses petits copains, qui se dédoublent fréquemment et qui apportent une puissance hallucinante à un morceau de Grind, somme toute classique. « Famin » met, pour sa part, beaucoup plus en relief le vrai BLOCKHEADS, celui qui bastonne avec des riffs Death breakés insérés au milieu d’un océan de bestialité. Les français montent en puissance et « Follow The Bombs » le confirme. A noter que cette proposition dure deux minutes et trente-huit secondes. Les lorrains rentrent donc dans le cercle très fermé des A.C.G., les « Authentiques Cerveaux du Grind » qui récompensent ceux qui sont capables de disserter plus de deux tours de trotteuse sur les bienfaits d’un tir de panzer dans la face d’un mongol orphelin unijambiste. Et avec un final comme celui-ci, qui aère, aère et aère encore, on ne peut que féliciter BLOCKHEADS de nous livrer trois plages qui vont crescendo et qui leur permettent de décrocher un honnête 7/10.
MUMAKIL
Pour MUMAKIL, le son du glas est différent. Jamais les suisses ne se sont permis un quelconque écart vis-à-vis de leur style de prédilection. Les helvètes tabassent sec en enchaînent les splits depuis Customized Warfare. INHUME, MISERY INDEX, OBTUSE et THIRD DEGREE ont tous partagés l’affiche récemment avec le quatuor de grindfreaks. Leur prestation est ici, beaucoup plus compacte et on a plus l’impression d’avoir affaire à une grosse compo qu’a trois petites. Heureusement que quelqu’un est pris d’une violente quinte de toux en guise de sampler pour démarquer les tracks les unes des autres. Le jeu de corde est peut-être plus aiguisé que chez BLOCKHEADS mais les vocaux ne me plaisent définitivement pas. Ils ont quelque chose de moins performant, un je-ne-sais-quoi qui ne m’interpelle pas. Finalement, MUMAKIL m’a un peu refroidi avec trois complaintes trop peu imaginatives et surtout bien en deçà de ce qu’ils savent faire. « Wish You The Worst », « No Warning » et « Doomed », qui se sauvent de justesse par une technicité haut-de-gamme et une production décente, ne méritent toutefois pas mieux qu’un famélique 5/10.
La rencontre s’annonçait explosive. Elle l’a été. Avant de rendre aveugle, Blind rend sourd. Hélas, les neufs ridicules minutes qui composent ce split CD se révèlent mitigées. Dans ce domaine, BLOCKHEADS est la figue et MUMAKIL le raisin.
Ajouté : Samedi 13 Décembre 2008 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Blockheads Website Hits: 17735
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