« Je suis observé ». C’est en tout cas ce que les plus paranoïaques d’entre nous auraient tendance à penser après la découverte de l’artwork du premier bébé d’ABOROTH. Difficile de chroniquer sereinement ce type d’essai pour peu que l’on soit sujet à une maniaque application dès qu’un regard empreint de froideur se pose sur vous. Voici pour la thèse extrêmement tortueuse et perverse qui tend à me traverser l’esprit dès qu’il s’agit du décryptage du visuel, même le plus futile qu’il soit. D’ailleurs, ABOROTH n’a pas l’air d’être le groupe de mauvais bougres aptes à produire un répulsif sonore. Loin de là. Originaires de la région Centre et réunis en konzern avec des formations telles NECROPSY, KOLIZION, OFFENDING (comprenez par là : indépendants mais liés entres eux à l’art du bon gros Death local qui tâche), les types qui composent ce combo ne semblent avoir pour objectif que l’espoir de faire leur trou dans le milieu. Et c’est au prix d’enregistrements probants qu’ils y parviendront.
Alors quel verdict pour une première démo qui, apparemment, n’a pas l’air d’avoir été pourvue d’un nom ? Eh bien, je dois avouer que le résultat dépasse mes espérances. Tout commence avec le premier titre (incroyable, non ?) intitulé pour sa part « Unbelivable Humanization ». Dès le premier abord, ABOROTH envoie du bois. Sortez les blasts, échauffez votre gosier et vos phalanges, ça va être douloureux ! Un premier tour de piste tout ce qu’il y’a de plus convaincant doté d’un chant caverneux remarquable, d’une doublure plus typée Metalcore, et d’un ralentissement rythmique fortuit et appréciable dès la première minute. Là où certains néophytes auraient sans doute bâclé les mélodies au profit d’un « bourrinisme » illusoire, les tourangeaux ont pris le temps de développer et d’oxygéner leur musique. Avec des cassures dans le tempo de fort bon aloi et même une introduction à « Blinded Frenzy » sur laquelle on entend un être haletant déambuler dans un silence de mort avant un puissant hurlement du vocaliste Kavöx (même pas peur !), ABOROTH fait preuve d’une maturité déconcertante. Il me tient également à cœur de souligner une production sans bavure, qui y est pour beaucoup dans l’accessibilité de la démo. Démo à ce propos conclue avec « Unwanted Truth » où l’on découvre la facette « virtuose » des gratteux qui nous refourguent pour trois fois rien d’harmonieux solis. Trois pistes, trois mesures avec des arguments de choix pour chacune, les frenchies nous pondent ici un des essais les plus prometteurs qu’il m’ait été offert d’entendre.
Vous avez bien trois petits euros qui traînent dans cette boîte à sablés bretons cachée sous le sommier ? Alors il ne vous reste plus qu’à foncer sur leur MySpace y commander cette démo.