SHINING (se) - Ninkasi Kao à Lyon (28/11/13)
Groupes Présents au concert : SHINING (se), STERBHAUS (se), CREST OF DARKNESS (no)
Date du Concert : jeudi 28 novembre 2013
Lieu du Concert : Ninkasi Kao (Lyon, France)
Habiter à Lyon et aimer les décibels, c’est définitivement quelque chose de génial. Pourquoi ? Parce qu’en l’espace de deux semaines, vous pouvez :
- Secouer la tignasse à s’en démolir les cervicales avec AIRBOURNE.
- Choper de nouvelles idées pour faire peur à votre grand-mère avec WEDNESDAY 13.
- Jouer à l’énervé standard avec DYING FETUS et HEAVEN SHALL BURN.
Ce n’est pas comme si on avait l’embarras du choix, c’est clair. Et en ce vendredi 28 novembre 2013, à peu près 250 personnes auront choisi de se rapprocher un peu plus d’un hiver qui arrive à grands pas, alors que le temps en région lyonnaise est glacial. La chaleur à l’intérieur du toujours aussi sympathique et accueillant Ninkasi Kao se fait réconfortante, et c’est un plaisir de retrouver toutes ces têtes connues et de pouvoir profiter à nouveau de la savoureuse bière servie ici. Mais cette ambiance accueillante, conviviale, presque familiale va détonner à côté du déluge de haine et de misanthropie prévu ce soir, grâce à la venue de la désormais légende suédoise, SHINING, pour sa première date lyonnaise depuis 2007.
Lorsque CREST OF DARKNESS débarque sur les planches, le public est bien évidemment extrêmement dispersé. L’écoute d’In The Presence Of Death, dernier opus en date de l’entité norvégienne, m’ayant été des plus agréables, j’étais bien décidé à ne pas louper leur concert. Bon. Il se trouve que si j’avais écouté leur musique, je n’avais pas vu leurs photos. Déjà, pourquoi le guitariste tout à gauche est le seul à avoir le visage masqué et encapuchonné (les vannes ont alors fusé en train quant aux ressemblances avec les membres d’un certain groupe suédois qui cartonne en ce moment…) ? L’autre guitariste et le batteur sont « corpse-paintés » jusqu’au trognon… Vu et revu, mais ça fait toujours son petit effet. Et là mes amis, c’est le drame. Car jamais je n’aurais imaginé voir un frontman aussi ridicule que le bassiste / chanteur Ingar Amlien. La cinquantaine bien entamée, le gaillard arrive tel le messager diabolique de la Messe Noire qu’il prétendait diriger, vêtu d’une longue tunique noire. Ses grimaces façon Gene Simmons sont franchement exagérées, et d’un pathétique rare. Alors oui, je sais, l’image, ça ne fait pas tout… Mais quand même ! Musicalement, c’est globalement plus que correct, les compos sont très bien senties et jouées avec panache, et de nombreux morceaux du dernier album sont de la partie. Si ce n’est ce son mettant trop en avant la voix criarde du Sir Amlien. Mais bon, il nous aura quand même bien fait rire quand il fera un rapide aller-retour backstage pour se mettre du faux sang sur la bouche et pour enlever sa tunique, nous révélant ainsi un splendide t-shirt noir moulant à merveille 15 kilos d’excès de rockeur vieillissant. A découvrir, car le Black Metal acéré de CREST OF DARKNESS est vraiment une réussite. Mais à ne pas voir sur scène, si vous voulez éviter de découvrir le côté obscur du job de frontman. Parce qu’en concert, c’était vraiment mou du genou. (4/10)
Il est maintenant temps de faire place à quelque chose d’un peu plus fun, avant de tomber définitivement dans l’obscurité la plus totale. STERBHAUS, toute jeune formation Thrash / Death basée à Stockholm, foule ce soir la scène du Ninkasi Kao pour effectuer, comme le souligne bien Marcus Hammarström (chant / basse), son tout premier concert français, ce qui augmentera forcément le côté symbolique, voire presque solennel du concert. Alors, quand j’emploie ici le terme ‘solennel’, en aucun cas ça ne se rapporte à quelconque rituel païen que les scandinaves chercheraient à accomplir, comme l’ont essayé les CREST OF DARKNESS une demi heure plus tôt. Malgré leurs discrets maquillages et leurs tenues d’une sobriété presque exemplaire, le contact avec le public lyonnais est sympa, simple, presque drôle. En connaissant la réponse à l’avance, le Marcus n’hésite pas, par exemple, à demander qui avait déjà entendu parler de STERBHAUS avant ce soir. Les trois musiciens derrière lui, tous tout sourire et plus carrés les uns que les autres, délivrent leur Death Metal aux forts relents Black et thrashy, le rendant imparable en live, et créera donc la seule pointe d’effervescence physique de la soirée. Toujours dans la joie et la bonne humeur, cela va de soi. Le public répond donc plus que présent, ce qui ne manquera pas de toucher le groupe qu’un tel accueil pour leur première date française leur soit réservé. Marcus ne manque pas de remercier les « mother fucking headbangers », alors présents en masse, qui agitent les tignasses comme si leurs vies en dépendaient. La setlist du show de ce soir comprendra beaucoup de titres du dernier album, au titre tout aussi poétique que rafraichissant Angels For Breakfast… And God For Lunch. On regrettera seulement un set que l’on aurait aimé voir durer encore un peu. Pas besoin d’en rajouter des tonnes : STERBHAUS a fait le taf, et a l’a fait bien. Alors qu’ils sont en train de ranger leur matériel sur scène, le public désormais chaud bouillant hurle à tue tête le nom du groupe, dont les membres viendront donc sur le devant de la scène serrer des paluches et remercier tout ce petit monde. Il est à parier que ces suédois vont vite repasser par chez nous. Et que depuis chez nous, on entende rapidement parler à nouveau de ces gars. Et en bien. (8/10)
Et vient le moment où l’ambiance devient aussi glaciale à l’extérieur qu’à l’intérieur. Christian Larsson (basse) et Rainer Tuomikanto (batterie) (les commis de la soirée ?) montent sur scène pour effectuer les derniers réglages. A noter que les Suédois, toute clope dehors, ne sont manifestement pas au courant des réglementations françaises. Il en ira de même pour le public, qui transformera rapidement la salle du Ninkasi Kao en enfumoir. Les lumières s’éteignent, les quatre musiciens arrivent sous les applaudissements d’un public bien plus conséquent qu’une heure auparavant. Mais bien sûr, l’homme de la soirée, celui qui est attendu par tous, se fera désirer un petit plus longtemps, pendant que résonne une intro des plus malsaines et sombres. Et une fois que Niklas Kvarforth aura rejoint ses compagnons d’armes, une bouteille de rouge dans une main et une bouteille de Jack Daniels dans l’autre, le catchy « Människa O'Avskyvärda Människa » entamera cette descente dans la noirceur la plus palpable qui soit, et ce, pendant une heure et quart. La présence de ce bonhomme aussi fascinant qu’inquiétant, dérangeant, méprisant et méprisé ne laisse pas indifférent et mettra bouche-bée les 250 personnes du public. Ce n’est un secret pour personne: une fois sur scène, Niklas n’est pas spécialement apôtre de la demi-mesure. Les frasques s’enchainent, apportant à ce spectacle déjà incroyable musicalement une dimension visuelle des plus intenses. Notre misanthrope préféré, fidèle à lui-même, demande des cigarettes aux premiers rangs, se traîne à quatre pattes durant les longues accalmies acoustiques pour cracher de l’alcool sur ses musiciens, se met au dessus d’une jeune demoiselle du premier rang pour lui verser du vin de bouche à bouche (ce qui ravira sa chère maman, un peu plus éloignée de la scène), fait mine de tirer un coup de feu à votre serviteur alors qu’il lui serrait la main, s’accroupit comme s’il était en transe… Et nous fait clairement comprendre qu’il nous déteste. Beaucoup de musiciens se sont essayé au même jeu de scène extrêmement théâtral, mais aucun n’égale la puissance malsaine que dégage cet homme énigmatique.
La setlist, quant à elle, contentera les fans de toutes les époques. Comme si cela étonnait qui que ce soit, le chef d’œuvre de noirceur qu’est V : Halmstad est plus que représenté. A la grande surprise du charismatique et dérangé frontman, ses lamentations sur le pont de « Lat Oss Ta Allt Fran Vrandra » seront reprises par une bonne dizaine de personnes du premier rang… Faut vraiment que je me mette au Suédois ! Alors que le Niklas considère que VI : Klagopsalmer est « une belle merde », on sera surpris de voir interprétés « Vilseledda Barnasjälars Hemvist » et la magnifique reprise de SEIGMEN, « Ohm ». Bien évidemment, ce sera le classique « Submit To Self-Destruction », qui restera à jamais l’une des pires déclarations d’intention de l’Histoire du Black Metal, qui remportera les suffrages de la part d’un public scotché face à ce à quoi il assiste. Cependant, étant donné les retours très peu positifs de la part des fans (même si l’on peut supposer sans crainte de se tromper que Niklas n’en n’a rien à foutre) du dernier album de réenregistrement de vieux matériel, 8 ½ - Feberdrömmar I Vaket Tillstånd, il sera peu étonnant de n’en voir interprété seulement un morceau. Il s’agira de « Terre Des Anonymes », enregistré avec Famine au chant. Et surprise, concert français oblige, le Famine en question rejoindra le groupe pour interpréter cette chanson aux paroles françaises (obligé), tandis que Niklas se charge de remplir les verres de bière sur scène et tend différentes bouteilles au leader de PESTE NOIRE. Initiative plus qu’appréciée du public… Cependant, les convictions politiques de ce groupe français sont connues de tous. Et c’est ainsi que nous verrons de nombreux crétins vêtus de t-shirts « Aryan Black Metal » faire le salut hitlérien et pousser les personnes du public, alors que la musique ne s’y prêtait absolument pas. Encore une fois, je ne saurais que trop recommander à tous de se reporter à l’évangile selon les DEAD KENNEDYS, verset « Nazis Punks Fuck Off ». Bien triste de voir que de telles dérives existent dans le Metal… Nous ferons fi de ces agissements des plus dérangeants pour nous concentrer sur l’intense prestation que délivre SHINING. Prestation qui se terminera en apogée, sur le final de l’album Redefining Darkness, le déjà-classique « For The God Below ». Et que vous dire, si ce n’est que ce morceau à la beauté si sombre, mais si pure, distillée par ce refrain au chant clair, nous aura tous fait définitivement comprendre que l’espoir ne se trouvera pas ici bas. Et tout simplement, les prouesses musicales des guitaristes Peter Huss et Euge Valovirta nous auront appris la définition de l’orgasme auditif. Une fin des plus intenses et des plus magistrales. A l’image de cet incroyable concert.
Il s’est passé quelque chose ce soir là. Quelque chose à vivre au moins une fois. Parce que oui, il est possible de trouver du bonheur, du plaisir, et de la beauté dans l’obscurité. (10/10)
Un grand bravo à l’assos’ de passionnées (oui oui oui… seulement des filles !) Sounds Like Hell Productions, qui revient en force après de nombreux mois d’absence. Bravo pour avoir réussi à mettre sur pied une telle soirée. Soirée que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Et que nous serons nombreux à revivre à Clisson le 21 juin 2014.
Ajouté : Samedi 02 Août 2014 Live Reporteur : Hizia Score : Lien en relation: Shining website Hits: 12333
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