LUCA TURILLI'S RHAPSODY (it) - Le Trabendo à Paris (09/12/12)
Groupes Présents au concert : VEXILLUM (it), ORDEN OGAN (de), FREEDOM CALL (de), LUCA TURILLI'S RHAPSODY (it)
Date du Concert : dimanche 9 décembre 2012
Lieu du Concert : Le Trabendo (Paris, France)
En février 2011, RHAPSODY OF FIRE triomphait à l’Elysée Montmartre, pour ce qui était alors leur dernier concert à Paris en tant qu’entité unique, un groupe qui aura marqué le Metal d’une empreinte profonde, entraîné avec lui d’innombrables fans, et influencé des dizaines de formations de par le monde.
Deux ans plus tard, le split est consommé, RHAPSODY OF FIRE essaie tant bien que mal de poursuivre sur sa lancée, alors que Luca Turilli a formé sa proche branche, maladroitement baptisée LUCA TURILLI’S RHAPSODY. Tandis que les premiers peinaient à remplir les deux tiers d’un Bataclan en début d’année, Luca a opté pour le modeste Trabendo, pour conclure un petit mois de tournée européenne. Pour assurer une certaine promotion et des taux de remplissage honnêtes, le management a ajouté à l’affiche deux groupes qui montent (VEXILLUM et ORDEN OGAN) et une valeur sûre (FREEDOM CALL), tous en pleine promo de leur dernier opus.
Ils étaient déjà là lors du concert de 2011, leur Heavy Metal épique et leurs kilts écossais avaient alors reçu du public un accueil positif, mais leur musique n’avait pas marqué les esprits. VEXILLUM a depuis fait son petit bonhomme de chemin et sorti « The Bivouac », un disque assez réussi qui explique en partie l’enthousiasme du public à leur entrée en scène. Rien de bien transcendant pendant les 25 minutes de leur set, si ce n’est une naïveté rafraîchissante et des sourires accrochés aux lèvres, qui en disent long sur le plaisir des italiens. « Avalon » est particulièrement plébiscité, il faut dire que le refrain en papier mâché est particulièrement accessible et les mélodies à la portée de tous, y compris des plus jeunes qui composent les premiers rangs. En attendant une production plus complexe et mature, VEXILLUM eu le mérite de chauffer les planches pour les suivants.
ORDEN OGAN, c’est tout de même sept albums à leur actif, et une période faste connue en 2008-2009 où leur présence aux plus gros festivals et les critiques unanimes les avaient propulsés au rang de grand espoir de la scène Heavy Speed. Depuis, on ne peut pas dire qu’on ait beaucoup entendu parler d’eux, pourtant ils ne ménagent ni leur peine ni leurs efforts. Leur présence à l’affiche est une bonne surprise, et leur show ne la gâchera pas, loin s’en faut. Bien plus pro et carré que celui plus fou-fou de leurs prédécesseurs, leur set égraine quelques morceaux aussi bien écrits qu’interprétés. De surprenants passages résolument prog ponctuent certains titres, tous puissants et solides. Malgré une tenue de scène absolument atroce, cousue de morceaux de pneus et d’éléments gris / sales non identifiés, et un jeu très statique, ils parviennent, Seeb (chant, guitare) en tête, à obtenir du public une participation inespérée. Leur hit « The Things We Believe In », ainsi que « To The End » de leur dernier album éponyme, emportent l’adhésion.
Une demi-heure et puis s’en vont, place désormais à d’autres allemands, qui prennent place en toute décontraction sur la petite scène du Trabendo, réduite de moitié par le matériel de la tête d’affiche. Cela ne contrarie pas les gars de FREEDOM CALL, qui démarrent sans plus de cérémonie avec « Freedom Call », du premier album. Le line-up a été remanié ces dernières années autour du libidineux Chris Bay, qui va multiplier les poses et les attitudes attrape-gonzesses. On retrouve notamment Lars Rettkowitz (guitare) qui se montrera très à son avantage. En revanche, le son et les lumières sont très brouillons, mais ça s’arrangera par la suite. Tout auréolés du dernier « Land Of The Crimson Dawn », FREEDOM CALL s’accorde ici une répétition générale avant leur prochain passage à Paris en tête d’affiche, déjà prévu pour le mois de mai. Un nouveau disque dont ils nous offrent deux extraits : « Rockstars », et « Power And Glory », que Chris trouve bon de dédier à son pénis. Sur ce titre, festif au possible, la salle se laisse vraiment aller. Le reste de la courte set-list est aussi propice à la fête, « Warriors » et « Land Of Light », sur lequel ORDEN OGAN au complet vient se trémousser sur scène et démonter le kit de batterie, concluant un concert « à-la-cool » dans la bonne humeur.
L’heure est venue de voir ce que vaut vraiment LUCA TURILLI’S RHAPSODY, une fois mis de côté tous les enjeux extra-musicaux qui polluent les premiers pas de ce groupe qui a du tout reprendre à zéro. A commencer par son line-up : Alessandro Conti (ex-TRICK OR TREAT) et Alex Landeburg (ex-AXXIS, ANNIHILATOR et STRATOVARIUS) se voient confier respectivement le micro et les baguettes, en plus des deux Frenchies ex-RHAPSODY OF FIRE qui sont restés fidèles à Luca Turilli, Dominique Leurquin (guitare) et Patrice Guers (basse).
A première vue, une formation de qualité, qui peut s’appuyer, en plus de son premier effort « Ascending To Infinity », sur l’important répertoire de RHAPSODY OF FIRE, et de LUCA TURILLI, qui a lui-même sorti trois albums solo et son projet DREAMQUEST. De quoi meubler une set-list, c’est le moins que l’on puisse dire ! Depuis quelques années, et d’autant plus depuis la création de cette nouvelle franchise, Luca Turilli revendique la création d’un nouveau genre, le Hollywood Metal, autrement dit une version fortement imprégnée par sa passion du cinéma, du Metal symphonique qu’on lui connaît. Autant dire que le show de ce soir se veut une expérience très différente, visuellement parlant, des concerts que donnait RHAPSODY auparavant.
Tout commence en effet par une longue intro dans le noir, avec projection sur le fond de scène d’images d’illustrations, puis des photos des musiciens, comme le casting d’une super-production. Au son d’une bande résolument grandiloquente (« Quantum X »), les acteurs entrent en scène et envoient d’emblée « Riding The Winds of Eternity » (issu du cultissime « Symphony of Enchanted Lands »). L’occasion de voir et surtout entendre Alessandro se frotter au répertoire taillé pour Fabio Lione, dont la voix, puissante et lyrique, est une référence pour tous les fans. On y reviendra… Sans pause, on enchaîne avec « Clash of Titans », déjà un titre exigeant et rapide. Luca court partout et exécute ses premiers soli de la soirée. Habituellement secondé par l’excellent Dominique Leurquin, qui s’est soigneusement écharpé avec une scie circulaire avant la tournée, il ne peut compter que sur lui-même ce soir. Mais ça n’effraie pas le bonhomme, au contraire, ça lui laisse plus de place ! S’ensuit « Tormente E Passione », en duo avec une vocaliste certes charmante, mais dont la voix, parfois nasillarde et surtout assez commune, peine à exister. Alessandro, lui, prend ses marques, et la scène à son compte.
Entre alors une danseuse dont la robe est éclairée de tubes luminescents, un effet un peu cheap mais qui fait son office. Grosse intro, archi-cinématique pour le coup, avant les premières notes de « Demonheart », du deuxième album solo de Luca. Toujours accompagnés de cette inoffensive duettiste, Alessandro et ses collègues sont dans le ton ! Cavalcades furieuses et envolées lyriques sont au rendez-vous. Notre compatriote Patrice Guers est déchaîné, lui d’habitude plutôt sur la réserve. Il faut dire qu’il y a un enjeu ce soir : savoir si le public français sera à la hauteur de celui rencontré sur la tournée en Italie (pour Luca et Alessandro) et en Allemagne (pour Alex) ! Pour l’instant, la petite salle de la Villette tient son rang. « The Village Of Dwarves », un classique de « Dawn of Victory », met le feu au Trabendo, et ça bouge dans la foule : danses collectives bras dessus-bras dessous, pogo, ça commence à se lâcher. « Excalibur », certainement le meilleur morceau du premier né de LT’s RHAPSODY, continue de battre ses fans tant qu’ils sont chauds, avec notamment un beau solo de Mirko Härkin au clavier (ex-SONATA ARCTICA), qui se fait discret dans son coin, caché par un rideau de fumigène pendant les trois-quarts du concert…
Après le traditionnel solo de batterie, on installe des rondins de bois en guise de tabourets, et le groupe se pose un instant pour jouer « Forest of Unicorns » en acoustique, pendant que les mecs de FREEDOM CALL, serviettes autour de la taille, viennent faire les zouaves sur scène. « Warrior’s Pride », la jolie balade de « King Of The Nordic Twilight », donne quelques frissons, même si Alessandro lutte un peu. Issu du même opus, « The Ancient Forest of Elves » est parfaitement interprété. Une bien bonne idée que de ressortir de l’oubli ces titres solo de LUCA TURILLI, qui, sortis dans l’ombre du grand RHAPSODY de l’époque, retrouvent ici la lumière. En lumière aussi, Patrice Guers pour un solo bien senti, comme souvent, une belle démonstration sans une once de frime.
« Of Mickael’s The Archangel and Lucifer’s Fall » est le gros morceau de ce milieu de concert, pas vraiment passionnant mais l’enthousiasme et l’élégance sur scène suffisent à aimanter le regard. « Son Of Pain », une balade de RHAPSODY OF FIRE où les refrains grandioses sont doublés de chœurs samplés, fait l’espace d’un instant regretter la voix de ténor de Fabio Lione.
En parallèle, Alessandro prend ses aises entre les morceaux et commence à raconter des histoires, avec un anglais de collégien LV2 et un accent à couper au glaive rouillé. Compte-tenu de la solennité très poussée que souhaite installer Luca Turilli, ces interludes maladroits sont plutôt malvenus… Pour le reste, la dimension cinématique est intégrée : chanteuse et danseuse en costume, projections systématiques sur les écrans entre et pendant les morceaux, fumigènes, effets de lumières, enchaînements rodés… Tout y est ! Seul le manque cruel de charisme de son frontman entame un peu tout ça.
Il compense cependant avec un talent certain, une voix aigüe et puissante, qui fait souvent mouche, y compris sur les anciens morceaux, comme le débridé « Dawn Of Victory », de l’album du même nom, et dont le refrain hymnique est repris en cœur par un Trabendo qui ne se fait pas prier. Fondue au noir, bande-son, montée en pression et retour des acteurs : « Dark Fate of Atlantis », le single de « Ascending To Infinity », rapide et accrocheur au possible, tombe à pic. Alors qu’on s’était vite résigné et ennuyé au Bataclan il y a un an, on regrette l’imminence de la fin au Trabendo. D’autant que c’est le tube « Emerald Sword », dont aucun des deux groupes n’a finalement osé se départir, qui arrive. Oh bien sûr, ce n’est pas exactement la même chose, mais qu’importe le flacon, l’ivresse est là. On aurait pu finir là-dessus. Mais Luca tient à imposer sa marque, celle qui inspira le final grandiloquent de la tournée de « Frozen Tears Of Angels », avec une outro orchestrale majeure pour achever les concerts. Cette-fois c’est « The Ancient Fire of Haar-Kun », de l’inaperçu « The Cold Embrace Of Fear », qui donne son point final à un concert très riche, où le groupe, en fin de tournée, a tout donné, et s’est manifestement fait plaisir.
Le public, lui, en a eu pour son argent et sa sueur, dans un hiver déjà rude qui anesthésie et déprime. Une set-list vraiment intelligente, variée, avec ses surprises et ses inspirations, et des musiciens au top de leur forme.
Ajouté : Vendredi 14 Décembre 2012 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Luca Turilli’s Rhapsody website Hits: 13604
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