JONO (se) - Johann Norrby et Stefan Helleblad (Nov-2017)
Alors que "Life", le quatrième album studio de JONO sort le 1er décembre, le groupe qui se remet à peine de sa signature avec le géant du rock mélodique Frontiers Records, résume pour nous le chemin parcouru, et se projette sur la suite. Johann Norrby, pierre angulaire du projet, Stefan Helleblad, expat’ à mi-temps chez les hollandais de WITHIN TEMPTATION, et leurs acolytes de Gotland ne manquent ni d’envie ni d’humilité. Une belle découverte...
Line-up : Stefan Helleblad (guitare), Leo Olsson (guitare) Johan Norrby (chant), Nicka Hellenberg (batterie), Janne Henriksson (basse), Johan Carlgren (claviers)
Discographie : Jono (Album - 2006), Requiem (Album - 2013), Silence (Album - 2015), Life (Album - 2017)
Metal-Impact. Comment est né JONO, dont on n’entend parler que maintenant ?
Stefan Helleblad. Johan (Norrby, chant) écrit de la musique depuis très longtemps, et a créé le groupe "JoNo" (JOhann NOrrby) pour que ses morceaux soient enregistrés et distribués. Il a demandé à Hanne, Stefan et Johan Carlgren de l’accompagner en studio. Joakim Janthe (batterie) et Fredric Lytholm (guitare) se sont également joint à nous. Le premier album "Jono" est sorti en 2006. Entre temps nous avions écrit d’autres morceaux, et on a pris la décision de monter ce groupe de façon plus permanente. Nicka était revenu s’installer à Gotland à ce moment là donc il a rejoint le line-up. On a enregistré les premières pistes pour "Requiem" en 2007-2008 mais il n’est sorti qu’en 2013. On a pas mal tourné et continué d’écrire. Ces morceaux se sont retrouvés sur "Silence" qui est lui sorti en 2015. Léo Olsson a rejoint JONO en 2015.
MI. Après ces débuts plutôt confidentiels, Frontiers Records est donc venu vous chercher...
Johann Norrby. Frontiers nous a contactés alors qu’on allait sortir "Silence". Ils avaient déjà entendu parler de nous et écouté "Requiem", et ils voulaient vraiment nous faire signer après "Silence", ce qu’on a fait. A priori on est tombé d’accord pour deux albums. Mais chaque chose en son temps ! On est super heureux en tout cas.
MI. Cela ne vous ajoute pas un peu de pression ? Vous entrez dans un autre monde maintenant...
Johann. Le contrat avec Frontiers Records est un pas en avant très important pour nous. On espère vraiment qu’il nous mènera au niveau supérieur. C’est une superbe opportunité, sous pleins d’aspects. La seule chose qu’ils nous demandent, c’est de faire ce qu’on a toujours fait : écrire et jouer des morceaux qui sonnent comme du JONO. Donc vu comme ça, ça n’ajoute aucune forme de pression supplémentaire, c’est juste une chance exceptionnelle de faire connaître et évoluer le groupe.
MI. Le communiqué de presse indiquent que vos influences sont QUEEN, JOURNEY, etc. Qu’en est-il réellement ?
Johann. Ma première vraie influence était SPARKS ! J’aime toujours “Kimono My House”, “Propaganda”, “Indiscreet”... Puis, j’ai découvert QUEEN fin 1975. Le premier disque que j’ai acheté est "A Night at the Opera". J’ai aussi beaucoup écouté ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA, KANSAS, RAINBOW, ABBA et bien d’autres. Aujourd’hui, j’écoute de la musique sur Internet, ce qui ne m’empêche pas d’acheter des vinyles et des CD’s. J’écoute pas mal NICK LOWE, KANSAS et du classique. J’aime beaucoup MUSE aussi. Le dernier disque que j’ai dû acheter ? ROD STEWART, "Every picture tells a story".
MI. On connaît Stefan pour son travail avec WITHIN TEMPTATION, mais moins le reste des membres...
Johann. Chacun d’entre nous a une bonne expérience de musicien. On a beaucoup joué, localement et en Suède, on a tous fait partie de groupes, sorti des albums... Stefan Helleblad jouait avec JONO avant de s’engager également avec WITHIN TEMPTATION, et Nicka (batterie) a joué sur l’album “The Unforgiving”. On a tous grandi sur l’île de Gotland, la plupart d’entre nous y vivent encore, les autres sont à Stockholm. Comme Gotland n’est pas très grand -mais très vivant, avec beaucoup de musique et de sources d’inspiration - on se connaît depuis toujours.
MI. Et toi Johann ?
Johann. J’ai commencé assez jeune, je pense que j’ai su gratter quelques accords à la guitare vers l’âge de 8 ans. Vers 13 ans, je jouais avec mes amis dans des groupes, on reprenait des morceaux de STATUS QUO. Je n’ai jamais vraiment eu de formation musicale. J’ai donné mon premier concert en 1979, et puis de là, tout s’est enchaîné. J’ai su rapidement que j’avais une bonne voix, que je savais chanter juste avec un certain timbre... mais j’étais très timide étant jeune. Je n’ai commencé à m’affirmer et à devenir un frontman qu’à 27 ans... Mais j’ai beaucoup travaillé pendant des années, donné beaucoup de concerts et ça a façonné ma voix telle qu’elle est aujourd’hui. Je ne fais pas de gammes ou ce genre de chose, j’écris beaucoup et je chante en même temps.
MI. Du coup, c’est plus un don ou le fruit de ton travail ?
Johann. Les deux. Je chante sans arrêt ! Et j’utilise ma voix de quelque façon ou style que ce soit pour que le morceau sonne bien, qu’il soit émouvant ou juste trippant. Au fil des années, j’ai développé une technique personnelle qui me permet d’aboutir à des titres qui soient exactement au bout du compte comme je les ai imaginés.
MI. Comment ça fonctionne chez JONO ? Est-ce un travail d’équipe ou le bébé exclusif de Johann ?
Stefan. On se voit régulièrement pour les répétitions et la pré-production, une fois par semaine la plupart du temps. Johann Norrby écrit la musique et les paroles. Pendant les répétitions, nous participons tous à la création de nos parties instrumentales, et aux arrangements. On ajoute par exemple du piano ou une ligne de guitare pour changer un peu la direction du morceau. Quelque part c’est un peu le bébé de Johann Norby, de par sa façon tout à fait originale de composer. Mais c’est aussi le résultat d’une vraie concertation avec le reste du groupe, chacun apporte sa pierre à l’édifice, à sa façon. On vient tous d’univers musicaux différents, et ajoutons notre couleur au son de JONO.
MI. Vous n’avez jamais eu l’occasion de sortir de Suède, ni d’enchaîner les dates de concerts... ça vous manque une vraie tournée ?
Johann. On adore jouer en concert. C’est l’essence même du Rock non ? On a fait quelques festivals assez conséquents comme “Skogsröjet”, “Väsby Rock Festival”, “Nynäskalaset”, “Visby Strandfestival”. On a aussi été en première partie de SAGA. On aimerait en faire beaucoup plus, plus particulièrement à l’étranger. Pour l’instant, c’est assez compliqué de trouver des dates et d’avoir des opportunités de jouer. On a hâte de partir sur la route, on espère que ça sera plus facile à partir de maintenant. On a vraiment besoin de tourner pour promouvoir "Life".
MI. “Life" sort donc le 1er décembre 2017. Y a-t-il une thématique globale derrière ce titre court mais tellement vaste ?
Stefan. Non, “Life” n’est pas un concept-album, mais il a tout de même une aura thématique. Quand Johan écrit les paroles, il évoque l’état de notre planète, avec toute la folie du monde et le mal qui le pourrit, mais aussi ce que l’humanité a de bon, et l’espoir pour l’avenir. Il en va de même pour les petites choses du quotidien. La vie, quoi.
MI. Malgré des arrangements très modernes et présents, cet album sonne très authentique, presque old-school dans le bon sens. Sans ingrédients artificiels. Qu’est-ce qui mène à cette impression, dans votre façon d’enregistrer ?
Johann. Merci ! C’est totalement volontaire. Cela passe par une attention toute particulière portée à la prise de son initiale, lors de l’enregistrement. Comme cela, plutôt que d’ajouter tout un tas d’effets à posteriori lors du mixage. On utilise de vrais espaces d’enregistrements, un vrai piano à queue plutôt que des versions digitales qui ne créent pas le même feeling dans le paysage sonore. Il y a beaucoup d’exemples de productions hyper trafiquées, surtout dans le Hard Rock ou le Metal. Pour nous la musique est avant tout une affaire de ressenti, et utiliser trop d’élément artificiels et électroniques n’est pas compatible avec notre conception.
MI. Le premier single est donc "No Return", qui n’est pourtant pas particulièrement représentatif du disque...
Johann. On a réfléchi avec Frontiers et sommes tombé d’accord sur le fait que "No Return" serait le bon morceau pour démarrer. C’est compliqué de choisir un morceau particulièrement représentatif de l’album, mais celui-ci correspond bien à ce qu’on attend d’un single.
MI. Et vous avez même sorti un clip pour ce titre, avec des plans très poétiques. Qui est cet homme au visage caché ? Que signifie la flamme qu’il porte ?
Johann. Si tu regardes attentivement l’homme avec le visage couvert, tu reconnaîtras chacun d’entre nous, à des endroits différents. Ce que tu vois et ressens est juste : les interprétations que l’on en fait sont différentes et propres à chacun. A propos de la symbolique du feu, on peut en déduire que qui que soyons, peu importe à quoi on ressemble, on est porteur de la flamme. Le feu peut représenter les choses que l’on veut faire, ou changer, ou encore les choix dangereux que l’on doit parfois faire... Ou alors c’est complètement autre chose ! (Rires)
MI. D’ailleurs, on vous voit sur ce clip Johann, et vous avez encore changé de style. Cheveux courts, cheveux longs, barbe, pas de barbe : votre look est aussi diversifié que votre voix !
Johann. (Rires) Je n’y avais jamais pensé de cette manière. J’aime bien changer de temps en temps, c’est tout ! La musique que j’écris doit être enthousiasmante et touchante aussi bien que purement technique.
MI. On a souvent sur ce disque et sur le précédent notamment ces morceaux assez longs, avec une montée en puissance progressive qui aboutit à un final très intense (“My Love”, “Down Side”, “Trust”). C’est une marque de fabrique à laquelle vous tenez ?
Johann. Tout à fait ! On aime assez avoir ce côté "dramatique" dans notre musique, on adore intégrer cette dynamique à nos morceaux. Si tu écoutes "Requiem", "Letting Go, "Turn Around" ou "Opus" de nos précédents albums, on a déjà ces éléments. En arrangeant et en interprétant ces morceaux avec la dynamique, la puissance et la sensibilité qui vont avec, leur impact en est décuplé. On anticipe ainsi le moment où on les jouera en live, de façon à ce qu’on perçoive ces morceaux dans toute leur dimension.
MI. “The March” a quelque chose de différent. C’est la première fois que vous sortez un titre aussi dépouillé, et éloigné de l’humeur générale de l’album.
Johann. Bien vu. Ce morceau parle de mon père qui est un vieil homme aujourd’hui, et moi. De la façon dont nous nous sommes rapprochés, et avons tous les deux vieilli. Les arrangements collent parfaitement, c’est vraiment un joli titre, très personnel. La plupart des paroles me viennent de mes expériences personnelles, mais j’aime beaucoup observer ce qui se passe autour et me sers aussi de ce que je vois.
MI. La Suède est un pays très fertile pour les groupes de musiques... N’importe quel fan en France peut citer 10 groupes suédois sans forcer. Vous avez une explication à ça ?
Stefan. C’est tout à fait exact. Il y a beaucoup de super musiciens en Suède, de très bons groupes, artistes, producteurs, compositeurs, etc. On parle de "Swedish Music Wonder" (merveille musicale suédoise) un peu partout. Pourquoi ? C’est dur à dire, sûrement un mélange de plusieurs aspects. On a cette possibilité d’apprendre la musique étant enfant, depuis le plus jeune âge, sans payer trop cher, à l’école municipale de musique. On est entouré par de la bonne musique, et constamment influencé par celle-ci, d’où qu’elle vienne, pas uniquement de Suède qui reste un petit pays en termes de population. Il y a aussi notre fierté de l’artisanat, du savoir-faire, c’est très suédois ça ! Mais vivre de sa musique n’est pas si facile ici. Enfin pas quand tu fais du "rock mélodique aux arrangements modernes et symphoniques" ! (Rires)
MI. Du coup, vous arrivez à vivre de votre musique ?
Johann. La musique est plus une passion, on aimerait bien que ça soit un job à plein temps ! Parce que ça prend beaucoup de temps, en répétitions, enregistrement, communication... On aurait probablement plus de chance d’attirer l’attention à l’étranger qu’en Suède... Les artistes les plus connus en Suède sont les popstars qui passent à la télé, la radio et dans les magazines.
MI. Comment considérez-vous ce nouvel et quatrième album dans le cours de votre carrière ? C’est un peu quitte ou double, non ?
Johann. On pense que cet album est simplement la suite naturelle de notre cheminement musical. On a essayé de ne pas penser qu’il serait comme un tournant de notre carrière, ou un disque "quitte ou double". Mais la signature chez Frontiers est une avancée importante, c’est certain. C’est l’occasion qu’on attend depuis très longtemps. Quand on y pense, oui il y a beaucoup en jeu, mais comme à chaque fois qu’on sort un album. On a juste hâte qu’il sorte maintenant !
Ajouté : Vendredi 22 Décembre 2017 Intervieweur : JB Lien en relation: Jono Website Hits: 3541
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