HATEBREED (usa) - Jamey Jasta (Déc-2012)
HATEBREED, un nom qui vous titille immédiatement les neurones si vous vous intéressez un tant soit peu à la scène Punk Hardcore US et plus spécialement celle issue de la côte est. Le gang est devenu culte au fil d’années de dur labeur au même titre que ces ainés SLAYER, CRO-MAGS ou encore AGNOSTIC FRONT pour n’en citer que quelques uns. Originaire de Bridgeport dans le Connecticut, le groupe s’est formé en 1994 et est régi depuis, d’une main de fer, par Jamey Jasta leader incontesté du combo et principal compositeur. C’est en 1997 que déboule leur premier méfait Satisfaction Of The Death Of Desire qui va leur permettre de se faire remarquer d’emblé sur la scène underground ! S’en suivirent des concerts aux quatre coins des Etats-Unis, un véritable sacerdoce. Les lascars jouant partout où ils étaient acceptés et ce dans n’importe quels conditions, n’hésitant pas à démarcher par eux même les promoteurs ! Une volonté d’acier qui fini par payer puisque qu’ils furent remarqués par SLAYER (Les gus portant fièrement des tee shirt à l’effigie de HATEBREED). Tom Araya et sa bande n’hésitèrent d’ailleurs pas un seul instant à les couvrir de louanges dès qu’une opportunité se présentait. Le résultat de tous ces efforts ne se fit pas attendre puisque dès le deuxième opus, nos américains se retrouvèrent sur la major Universal et balancèrent à la face du monde Perseverance, un véritable manifeste du Hardcore comme on en fait rarement, une référence absolue pour tous ceux qui sont passionnés par ce style pur et dur, sans concession. Ultime hommage Kerry King est venu les accompagner sur le morceau « Final Prayer », fait rare quand on sait que nos gladiateurs du Thrash sont extrêmement avares en termes de collaboration extérieure ! La galette fut couronnée de succès et leur permis de tourner en Europe en compagnie de SLAYER, SLIPKNOT et MASTODON, une affiche qui laisse rêveur. Conscients qu’il fallait faire vite, nos bad boys décident de mettre les bouchées doubles et déboulèrent l’année suivante avec The Rise Of Brutality qui ne fit que confirmer qu’HATEBREED n’était pas là pour faire de la figuration et qu’il allait falloir désormais compter sur eux. Après deux années fructueuses dont le point culminant fut leur apparition au Download Festival à Donington et une participation au Ozzfest. Supremacy marque un tournant puisque nos killers changent de label et signent chez Roadrunner, une collaboration qui durera trois ans et qui verra le combo accoucher de quelques pépites dont un hommage sous forme de tribute à leurs pères spirituels intitulé For The Lions qui débarque dans les bacs en 2009 accompagné d’un nouveau méfait sobrement nommé Hatebreed. Trois années s’écoulèrent pendant lesquelles notre insatiable Jamey Jasta ne resta pas inactif, loin de là puisqu’il en profita pour réaliser un de ses vieux rêves : enregistrer son premier disque solo. Le bougre en a d’ailleurs profité pour se faire plaisir en invitant de nombreuses pointures comme Zakk Wilde (BLACK LABEL SOCIETY) ou des membres de LAMB OF GOD histoire de pimenter un peu l’affaire. Une réussite totale qui lui permettra de montrer une autre facette et de conquérir de nouveaux fans. Ce break fut aussi l’occasion de retrouver une nouvelle maison de disque Nuclear Blast pour revenir en force avec The Divinity Of Purpose, un séisme des plus efficaces qui prouve que le combo est en pleine forme et n’a pas dit son dernier mot ! Il n’en fallait pas plus pour que votre serviteur fonce par une froide mâtinée de décembre au cœur de Panam rencontrer Jamey Jasta afin d’en savoir un peu plus sur The Divinity Of Purpose. Magnéto Jamey !
Line-up : Jamey Jasta (chant), Wayne Lozinak (Guitare), Frank Novinec (Guitare), Chris Beattie (Basse), Matt Byrne (Batterie)
Discographie : Satisfaction Is The Death Of Desire (1997), Perseverance (2002), The Rise Of Brutality (2003), Supremacy (2006), For The Lions (2009), Hatebreed (2009), The Divinity Of Purpose (2013)
Metal-Impact. Bonjour, tu as sorti un album solo en 2011 comment a t’il été accueilli ?
Jamey Jasta. Salut, je dois dire qu’il a reçu un très bon accueil. Je suis très fier de cet album, d’autant plus qu’au départ c’était loin d’être gagné. Mon chant en solo était totalement différent de ce que je faisais avec HATEBREED. Du coup, il y a pas mal de monde qui a été surpris, tout à coup les gens se sont dis que j’étais capable de chanter d’une manière normale sans hurler. Je n’ai fais aucun trucage, c’est bien moi que tu entends sur cet album. Et c’est très bien car j’avais envie de faire quelque chose de différent de ce que je fais avec HATEBREED, c'est-à-dire du Hardcore très Heavy où je crie sans cesse.
MI. N’as-tu pas eu peur de décontenancer une partie des fans de HATEBREED ?
Jamey. Non, je n’ai jamais eu peur de perdre des fans. On ne peut pas comparer ma carrière solo et HATEBREED, c’est trop différent. Ce n’est pas pour tout le monde, ça s’adresse aussi à ceux qui ne sont pas forcément accros au Hardcore. Mais je regrette de ne pas avoir fait plus de promotion, je n’ai pas vraiment tourné à part quelques dates aux Etats-Unis et en Europe et je n’ai pas fait de vidéo non plus. Mais de toute façon, je n’essayais pas de m’adresser aux fans de HATEBREED. J’avais juste eu envie d’en parler simplement, sans forcément faire un lien avec ce que j’avais fait auparavant, je voulais surtout que le public découvre cet album sans a priori. Ca n’a rien à voir avec mon parcours musical antérieur, c’est un projet à part et je ne voulais surtout pas que l’on fasse un amalgame car je savais que ça pouvait ne pas plaire forcément aux fans purs et durs de HATEBREED. Mais j’ai vraiment eu un très bon retour sur JASTA et ça m’a surpris agréablement. J’ai eu de très bonnes critiques. J’ai fais quelques shows en Europe comme en Allemagne au Festival en pleine air Summer Breeze, il y avait 10.000 personnes et j’ai été très bien accueilli. Le public chantait toutes les mélodies et connaissait les paroles. Ce fut une expérience incroyable pour moi car j’ai travaillé très dur pour écrire ces morceaux et ça a été une sacrée récompense de voir tous ces gens chanter mes refrains. J’ai adoré.
MI. Sur JASTA tu as tout un tas d’invités prestigieux comme Randy Blythe et Mark Morton de LAMB OF GOD ou bien Zakk Wylde de BLACK LABEL SOCIETY ?
Jamey. Oui, c’était extraordinaire de pouvoir réunir tous ces musiciens prestigieux. Zakk m’a fourni pas moins de 50 pistes de guitares différentes dans lesquelles j’ai pu faire mon choix. Certains musiciens te disent oui tout de suite et tu attends désespérément qu’ils t’envoient quelque chose. Et quand tu les recontactes, ils te répondent qu’ils travaillent dessus [Rires] … J’ai appelé Zakk et très peu de temps après j’ai reçu cinquante soli différents. J’étais un peu comme un gosse qui va ouvrir ses cadeaux le jour de Noel. Et quand j’ai écouté, je me suis dis : « Oh mon Dieu, c’est Zakk qui vient de m’offrir ces présents ». J’ai trouvé ça tellement cool, j’étais comme un fou.
MI. OZZY OSBOURNE et BLACK SABBATH sont des groupes qui ont compté pour toi ?
Jamey. Oui définitivement, il y a plusieurs morceaux dont les mélodies m’ont été inspirées par OZZY.
MI. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour sortir The Divinity Of Purpose ?
Jamey. Je crois qu’à une certaine période on a sorti beaucoup trop de produits en même temps. On a enregistré un opus de reprises For The Lions, des nouveaux morceaux de HATEBREED et sortit un dvd, ce qui est pas mal sur un laps de temps aussi court. On a enchainé sur deux tournées afin de promouvoir For The Lions puis on a décidé de rentrer directement en studio sans faire aucun break pour enregistrer un nouveau disque. Je crois qu’on a été trop ambitieux quelque part, la charge de travail était considérable et difficile à assumer. Le plus drôle, c’est que le dvd Live Dominance est devenu numéro 1 aux Etats-Unis ce qui nous a satisfait pleinement. Pour HATEBREED, le résultat a été plus que probant puisqu’on est rentrés directement dans le top 40. Au final, ça a très bien fonctionné mais on a du fournir un effort considérable en seulement 12 mois ce qui est trop. C’est pourquoi cette fois-ci, on a décidé de prendre notre temps. On en a profité pour signer un nouveau contrat avec Nuclear Blast et s’assurer une bonne distribution au Canada et aux USA. C’était nécessaire de faire un break afin de nous réorganiser.
MI. Que s’est il passé avec Roadrunner ?
Jamey. Je crois qu’il était temps qu’on se sépare. Mais tout s’est très bien passé. Roadrunner a été racheté par la major Warner et a commencé à fermer de nombreux bureaux et licencier une bonne partie du personnel. On a senti le vent tourner ! On a préféré anticiper et on s’est mis à la recherche d’un nouveau label. Il se trouve que certaines personnes ayant travaillées chez Roadrunner sont parties chez Nuclear Blast, ce qui fait qu’on ne s’est pas senti perdus. Ils y en avaient qui étaient d’ailleurs des amis et qui avaient travaillé très dur pour HATEBREED dans le passé, ils nous avaient toujours soutenus à 100%. Du coup on les a retrouvés et c’est très bien que l’on puisse collaborer de nouveau avec eux dans un cadre différent.
MI. Tu as crée ton propre label Stillborn, c’est un avantage pour HATEBREED ?
Jamey. Tu sais, c’est un business très difficile surtout dans la situation actuelle où les ventes de cds s’effondrent. Je suis vraiment heureux de faire partie de Nuclear Blast. A notre époque, ce n’est pas évident de pouvoir tout gérer, de s’assurer de la vente et de la distribution de tes propres cds. Il y a de moins en moins de magasins qui s’intéressent à la musique sous forme de support matériel et l’espace offert pour ces produits se réduit de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe. C’est bien mieux de vendre des Smartphones de nos jours ! [Rires] … J’ai très vite compris que Roadrunner allait disparaitre, c’est triste parce que c’était un bon label qui défendait au maximum ses artistes, j’aimais Roadrunner. Mais je savais qu’après son rachat ce ne serait plus pareil et surtout que Warner n’aurait certainement pas la même politique vis-à-vis des musiciens jouant du Hardcore. Par contre je me sens très bien chez Nuclear Blast, ils savent travailler ce genre de Metal, ils ont déjà à leur catalogue des combos comme TESTAMENT, KREATOR ou bien encore SABATON qui vendent beaucoup de disques en ce moment grâce au travail du label. Ils sont forts au niveau de la promotion et en Angleterre on a tout un tas d’amis venant de chez Roadrunner qui bossent pour eux, on a d’excellents rapports avec eux.
MI. Comment s’est passée l’écriture de Divinity For A Purpose ?
Jamey. Ce fut une très bonne expérience à tous les niveaux, on a composé dans un bon contexte. Nous avons pu faire 35 jours de pré production pour préparer tous les titres qu’on avait écrit chacun de notre coté. Chris, notre bassiste m’a envoyé de bonnes lignes de basse et aussi une centaine de riffs qu’il avait accumulés au fil des mois. Quand à moi, j’ai écrit les paroles pour environ une vingtaine de chansons ce qui fait qu’on était très confiants quand on s’est attaqués à l’enregistrement, on ne ressentait aucune pression. Il faut dire que grâce à cette méthode on avait maquetté énormément de morceaux donc tout a été ensuite très facile, la seule difficulté a été de choisir les douze meilleures. Et puis on a fait de nouveau appel à Zeus et Josh Wilbur pour la production ils ont travaillé sur les quatre dernières galettes. Zeuss fait partie intégrante de HATEBREED.C’est un peu notre sixième membre. Au final, tout a été très vite et s’est déroulé de manière parfaite.
MI. Qu’est ce qui explique que vous travaillez depuis tant d’année avec lui ?
Jamey. C’est comme un frère pour nous, il fait partie de notre famille. Ma mère est passionnée d’astrologie, je suis du Lion et une des particularités de ce signe c’est d’être très loyal. Zeus est un ami et je me dois de lui rester fidèle quelque part, il est avec nous depuis si longtemps. Ce n’est pas uniquement une relation de travail, il a des enfants, j’ai une fille et ils sont très amis eux aussi. On est très liés de différentes manières, il est complètement normal que nous continuions l’aventure ensemble.
MI. On parle souvent d’une grande solidarité au sein du mouvement Hardcore est-ce une réalité ?
Jamey. Oui, c’est vrai mais je pense que cela existe dans tout le monde du Metal. On a des affinités avec certains groupes, certaines personnes avec qui on aime travailler, c’est vrai qu’il y a un coté famille qui se dégage de tout cela On vient juste de terminer une tournée avec IN FLAMES et LAMB OF GOD. C’était la fête en permanence, il n’y avait pas de rivalité, juste une grande famille heureuse de se retrouver pour donner des concerts. On a passé des moments fantastiques, tout le monde était souriant, il n’y avait pas de problème d’égos ni de micro drame comme on peut en voir sur certaines tournées. Il n’y avait pas ce genre de règles stupides qui interdit à un groupe de faire certaines choses comme toucher a la nourriture de la tête d’affiche tant qu’ils n’ont pas mangé. Ce genre de situation peut être très frustrante. Il y avait au contraire une super ambiance, c’était un peu la famille du Metal en balade ! C’est bien et en plus ça se ressent lors des shows quand les musiciens sont heureux, les concerts sont encore meilleurs.
MI. Vous êtes un des rares groupes de Hardcore à avoir vendu 500 000 cds de Perseverance et avoir obtenu un disque d’or aux States !
Jamey. Oui, c’est vrai, ça a été une époque complètement dingue. Mais on considère que cela est la juste récompense de notre travail, on a beaucoup donné et au final on est heureux que cela ait fonctionné. On est conscient que c’est exceptionnel, en général un gang évoluant dans notre style vend en moyenne 50 000 ou 60 000 opus. Et nous d’un coup, on en a vendu des wagons entiers, c’était énorme. On a toujours essayé d’être les meilleurs possibles et de donner le maximum et puis Perseverance est devenu disque d’or aux Etats-Unis et a cartonné dans plein d’endroits comme le Tennessee, le Kentucky où la scène Hardcore n’existe pas. Aux USA, la pop et le Rock dominent le marché et tout d’un coup on s’est retrouvé a jouer sur les même scènes qu’eux, c’était hallucinant. Avant, on était assimilés à des musiciens faisant du Punk/Metalcore, on nous considérait comme un groupe de la côte est. On jouait partout où on voulait de nous et ce dans n’importe quelles conditions. On a fait ça pendant des années, on appelait nous même les promoteurs des salles pour leur demander si on pouvait donner un show, petit à petit cela nous a permis de nous faire un nom. Kerry King est venu jouer sur un de nos morceaux « Final Prayer » ce qui pour nous est un honneur vu que nous sommes de grands fans du combo. C’était énorme. SLAYER nous avait remarqué à la suite des ces quatre années de concerts non stop ! Quand Perseverance est sorti, je crois que toutes ces tournées nous ont servi. Les ventes ont explosé, on a même eu un titre sur la bande originale d’un film à gros budget qui s’est retrouvé Numéro 1 au box office, c’était dingue. On a tourné pendant dix semaines avec SLIPKNOT et on a fait deux tournées avec SLAYER. Tous ces concerts nous ont beaucoup aidés. Après tout s’est enchainé très vite, les bonnes opportunités n’ont cessé de tomber. A cette époque les gens achetaient encore des Cds, on a eu de la chance de pouvoir vivre cela, le marché du disque était encore important et on a pu en profiter. Maintenant tout cela est révolu et il faut s’adapter.
MI. Penses-tu que le public Metal a une attitude différente et continue à acheter des albums ?
Jamey. Oui, j’espère que cela va perdurer, que les fans vont continuer à acheter des Cds, à lire les paroles et à collectionner. Mais il y a tant de gens qui maintenant considèrent que la musique doit être gratuite et contre ce phénomène, tu ne peux rien faire. Je télécharge aussi bien sur mais quand un artiste me plait j’achète ses productions. Tout ce que je souhaite c’est que le public ait la même attitude que moi. On essaye de faire de bons albums pour convaincre les gens d’acheter.
MI. Quels sont les thèmes que tu as souhaité aborder sur The Divinity Of Purpose ?
Jamey. C’est très personnel, je crois que 99% des textes que j’écris sont basés sur mes propres expériences. J’essaye de transmettre un message positif pour tout ce qui concerne les rapports humains. J’aime avoir un bon esprit. C’est un sujet qui me passionne, j’en parle déjà sur Satisfaction Is The Death Of Desire. Mais là, j’évoque mes frustrations personnelles par rapport à des situations que j’ai vécu, cela permet de te libérer, d’évacuer tout ça et au final d’être meilleur. J’essaye toujours de positiver par rapport à tel ou tel événement, de transformer l’énergie négative en positive. Souvent les gens pensent que le Hardcore est une musique très négative car c’est souvent l’expression d’une colère où bien d’une haine. Mais parfois, cette hargne est un présent dans le sens où elle te permet de développer une nouvelle forme de pensée. Il faut regarder les choses en face, quand tu t’attaques à tes problèmes ou que tu donnes ton opinion sur ce qui pour toi ne va pas, tu arrives à trouver une solution. Tu t’en sors grâce à cela. Il faut avoir un but qui te permet d’exister, c’est pourquoi j’ai appelé ce nouveau disque The Divinity Of Purpose. Il faut trouver ce pourquoi on est fait, pour moi c’est la musique, c’est un peu miraculeux, c’est en quelque sorte une intervention divine qui fait que tu sais pourquoi tu existes au sein de ce monde. Si je n’avais pas eu la musique peut être qu’aujourd’hui je serais un Junkie, ou bien je moisirais au fond d’une cellule. Peut être même que je ne serais plus de ce monde, qui peut savoir ! Souvent les personnes qui n’ont pas trouvé leur voie finissent mal, ils deviennent des criminels ou des dealers, c’est très négatif et au final ils se retrouvent dans des situations très malsaines. Je veux avoir une vision positive car je sais que l’on peut faire de belles choses à partir du moment où on est motivé. Je ne veux pas que le public associe le Hardcore ou le Metal avec le mal, la colère, les démons et toutes ces images qui sont véhiculées à tort et à travers. Nous sommes avant tout des pacifistes et du genre assez calmes dans la vie. Si tu t’intéresses à nos anciens disques, tu t’apercevras qu’on est loin de l’image qu’on veut nous donner. Perseverance traite de la volonté de s’en sortir, The Rise Of Brutality présente notre vision du monde qui devient de plus en plus fou. J’ai beaucoup tourné à travers le monde et rencontré tout un tas de gens qui m’ont inspiré. Le plus souvent, les bonnes et mauvaises expériences sont à l’origine de mes textes. Supremacy parle du pouvoir des mots qui, utilisés dans un sens positif peuvent avoir un impact sur le monde. Nous aimons nous intéresser au concept de fin du monde aussi. Mais avec The Divinity Of Purpose j’explore de nouveaux horizons, avec l’âge j’ai changé et évolué au fil des ans, c’est pourquoi je m’intéresse à d’autres perspectives. Je pense que si tu n’as pas un but dans ta vie, tu n’avances pas. Pour moi chaque instant m’apporte quelque chose d’intéressant que j’utiliserai dans le futur. Je veux essayer d’amener les fans à réfléchir, j’essaye de disséminer une forme de pensée positive. J’ai envie que ceux qui s’intéressent à nous s’interrogent sur leur vie et sur ce qui les motive vraiment et qui serait susceptible de les faire avancer. C’est le genre de réaction que je voudrais déclencher avec The Divinity Of Purpose.
MI. C’est très ambitieux comme projet !
Jamey. Quand je suis dans un aéroport et qu’un douanier contrôle mon passeport et qu’il me demande ma profession, je réponds : « musicien bien sur ». Et ça parait toujours bizarre, nous sommes là pour divertir le public mais aussi pour essayer de leur apporter un plus. Si quelqu’un aime HATEBREED mais ne lis pas les paroles parce qu’il ne comprend pas l’anglais, c’est parfait pour moi. Il peut s’éclater rien qu’en écoutant la musique. Si d’autres fans s’intéressent au sens des paroles, ça me va aussi. Les deux sont importants ce qui est fondamental c’est qu’ils se retrouvent dans notre musique.
MI. Vous allez bientôt fêter vos vingt ans d’existence pourtant j’ai l’impression d’être face à un étudiant, c’est quoi ton secret ?! [Rires]
Jamey. [Rires] Je ne sais pas c’est fou ! Ca fait seize ans que Satisfaction Is The Death Of Desire est sorti et pratiquement dix huit ans que nous existons entant que combo et je n’en reviens toujours pas. Quand tu débutes, tu veux juste jouer, enregistrer, faire des concerts partout où tu peux. Et petit à petit, tu t’installes dans le paysage musical et tu fonces sans trop te poser de questions. Et un jour, tu te dis : « whao c’est dingue ça fait presque vingt ans qu’on est là » !
MI. Vous avez envie de célébrer ces vingt années d’existence ?
Jamey. Oui, je pense qu’on pourrait faire une tournée spéciale ou bien sortir un album package qui regrouperait tout ce qu’on a fait depuis le début. On a pensé aussi à réenregistrer des vieux titres pour un best of un peu spécial, ça serait pas mal aussi !
MI. On parlait de but tout à l’heure, tu as eu à une époque de sérieux problèmes avec la drogue et l’alcool, tu as finalement réussi à arrêter ?
Jamey. Oui, je n’ai pas touché ni à la drogue, ni à l’alcool depuis 7 ans. Il y a un an ou deux, j’ai craqué et je me suis avalé quelques pilules magiques mais c’est terminé, je suis totalement clean et sobre. C’est bien d’être libéré de toute cette merde, j’ai envie maintenant de me consacrer à la musique et à ma famille. J’ai vécu des moments difficiles, j’ai fait souffrir ma famille à cause de mon alcoolisme et des abus de drogues en tout genre. Maintenant, j’ai envie d’être un bon exemple pour ma sœur qui a trois enfants, pour ma fille qui a treize ans et pour tous ceux qui m’entourent. Je n’ai plus du tout envie d’être dans le trip Rock Star ! [Rires]
MI. Est-ce que cela a été difficile de stopper tout ?
Jamey. Oui, le sevrage m’a pris énormément de temps. J’ai commencé mon parcours en 1999 et j’ai arrêté définitivement en 2005. J’ai progressé petit à petit et au fil du temps cela s’améliorait, ma dépendance faiblissait. Mais il m’a fallu plus de cinq ans pour tout stopper. Tu sais, plus un artiste à du succès, plus il a de pression. Personne ne peut y échapper. Souvent pour échapper à toute cette folie, tu empruntes le chemin le plus facile c'est-à-dire la drogue et l’alcool. Beaucoup sont tombés dans le piège. Cette expérience difficile m’a appris beaucoup de choses, j’ai compris que pour pouvoir apprécier le bien, il faut avoir vécu des périodes très dures. Je crois que tu ne peux pas saisir le sens du bien sans avoir vécu le mal. Après avoir vécu tous ces excès, j’ai pu apprécier la vie simple, j’ai compris que s’envoyer toute cette merde n’était au final pas une chose agréable même si sur le moment cela te procure du plaisir. En fait tu n’a que des problèmes quand tu es dans ce trip.
MI. Est ce que ces six années de combat contre la drogue t’ont inspiré pour l’écriture de certains textes ?
Jamey. Oui, sur The Divinity Of Purpose j’ai écris deux titres qui traitent directement de l’alcoolisme et de la dépendance à la drogue. Je parle aussi de ce problème dans Supremacy ou encore Hatebreed. Sur The Divinity Of Purpose, il y a « Before The Fights Ends You » qui parle de cette catégorie de personnes qui sont confrontées en permanence à des problèmes qu’ils créent eux même de part leur attitude. Ils se battent chaque jour avec des personnes et ont des ennuis en permanence, c’est un sujet intéressant lié directement aux difficultés sociales que rencontrent certains individus. Je parle de ces gens qui sont angoissés en permanence et qui n’arrivent jamais à solutionner leurs soucis d’une manière positive, ils répondent à leur tracas par la violence ou l’agression. Ca ne devrait pas arriver mais ils n’ont pas la clef pour solutionner leurs ennuis et n’ont pas les moyens de se comporter autrement. Il y a aussi le titre « Idolized And Vivified » qui s’intéresse à cette manière qu’ont les media d’idolâtrer et de célébrer des artistes afin de vendre encore plus de produits. On présente leur style de vie décadent comme un modèle, une star doit boire et se droguer, ça fait vendre et on présente cette image comme quelque chose de bien. Mais tout le monde ne peut pas vivre comme cela, ce n’est pas réel, c’est de la foutaise. Certains vivent le truc à fond et finissent très mal. Cette manière de faire croire que ces artistes sont fabuleux en exhibant leurs excès au monde entier, fascinent la population et peut attirer certaines personnes faibles. Mais ces types ne sont pas heureux, ils ont en fait de très gros problèmes personnels, un mal profond qui les rongent. C’est ça qui les pousse souvent à boire et à se droguer, ils veulent éviter d’affronter leurs démons intérieurs et faire face à la réalité. Pour moi ce sont de très mauvais exemples, je préfère nettement les gens qui font du bien en aidant d’autres personnes car ils agissent d’une manière positive dans leur vie de tous les jours.
MI. En tant qu’Américain quel regard portes-tu sur la réélection de Barack Obama ?
Jamey. C’est marrant parce que j’ai croisé beaucoup de personnes qui voulaient quitter les Etats-Unis pour aller vivre au Canada. Je pense qu’ils ont eu peur de la politique d’Obama. Par contre, d’autres pensent que c’est la meilleure chose qui soit arrivée au pays depuis longtemps. Moi quand je rentre chez moi, j’ai envie de comprendre et apprendre sur ce qui pourrait bien arriver dans le futur. Parce qu’en fait je ne sais pas ce qu’il a l’intention de faire politiquement et économiquement et comment cela va affecter ou avoir des conséquences directes sur ma vie ou celle de ma mère et de ma grand-mère. J’ai besoin de connaitre ses désirs réels. J’ai donné plusieurs interviews récemment où on me demandait ce que je pensais de Paul Ryan et je répondais : « mon promoteur de concerts en Angleterre ? » [Rires] Et on me disait non le futur candidat à la présidence des Etats-Unis. Je ne savais même pas qui c’était parce que je ne regarde jamais la télévision et je ne lis pas non plus les journaux donc je n’avais aucune information en ce qui le concernait. C’est pourquoi j’ai besoin de m’informer et de me faire ma propre opinion, analyser les médias et savoir qui soutient tel ou tel candidat. Rien n’est innocent et quand je parle avec des amis ils ont des avis bien tranchés ils me disent : « Ne regardes pas cette chaine de télévision où ne lis pas ce journal », chacun a une opinion bien établie et je ne sais pas qui croire !
MI. Est-ce que tu souhaiterais ajouter un mot avant que l’on se sépare ?
Jamey. Oui, je veux juste remercier tous les fans français qui nous suivent depuis si longtemps. Et je tiens à dire merci au public du Hellfest qui nous a si bien accueillis lors de notre concert en juin dernier. J’ai adoré ce Festival tout y était génial. J’ai pu jouer sur la même scène que mes idoles : BLUE OYSTER CULT, OZZY OSBOURNE, SLASH, BLACK LABEL SOCIETY. Pour moi ce sont tous des héros, j’ai passé une journée fantastique. J’espère revenir très bientôt en France pour donner une série de shows. J’ai envie de jouer dans toutes les petites villes de votre pays, un peu à la manière de GOJIRA ou SUICIDAL TENDENCIES qui tournent énormément chez vous. Je veux connaitre l’hexagone d’une autre manière et découvrir des endroits où je n’ai jamais mis les pieds.
MI. Merci beaucoup Jamey !
Jamey. Merci à toi !
Ajouté : Samedi 23 Mars 2013 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Hatebreed Website Hits: 13406
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