DANKO JONES (ca) - Danko Jones (Juil-2012)
DANKO JONES est un groupe canadien qui nous vient directement de Toronto et qui a déjà quelques années de route derrière lui. Il faut dire que le combo s'est formé en 1996 autour de son leader incontesté Danko Jones qui est un vrai personnage, totalement atypique n'ayant pas sa langue dans sa poche et qui reste un fan dans l'âme. Sans véritable contrat discographique nos amis parviennent tout de même à sortir trois EP autoproduits entre 1998 (Danko Jones, Sugar chocolate) et 1999 (My Love Is Bolt). Le bougre est un hyperactif et totalement polyvalent, il ne se contente pas uniquement d'assurer le chant et la guitare mais anime aussi une émission de radio, travaille pour la presse musicale internationale et à même publié un album de Spoken Word en 2004 : The Magical World Of Rock. De quoi en laisser pantois plus d'un ! Le gang n'a pas eu un parcours facile et a réussi à se forger une excellente réputation scénique grâce à une volonté extraordinaire et des concerts incessants dans tous les endroits possibles et imaginables. Cette détermination leur a permis de décrocher son premier vrai contrat en 2002. Une signature chez Universal Canada et un contrat en poche chez Bad Taste Record en Europe leur permet de sortir Born A Lion qui est fortement influencé par le Blues et d'enchaîner les dates à un rythme effréné. Les DANKO s'offrent même le luxe d'ouvrir pour les ROLLING STONES sur une date en 2006. Malheureusement la lune de miel avec Universal va s'interrompre très rapidement (ils en garderont un gout amère et une rancune tenace envers la Music Business en général) et nos canadiens vont se retrouver à la rue ou presque. La réaction sera très rapide et ils signeront avec un nouveau label qui leur permettra de conquérir une bonne partie de la planète et de s'imposer en Europe... S'en suivent plusieurs albums : We Sweet Blood (2003), Sleep Is My Ennemy (2006) ou le gang distille un Rock Heavy agrémenté d'un zeste punk des plus féroce et qui leur assurera une solide réputation sur scène. En 2008, ils s'embarquent sur une tournée en ouverture de MOTORHEAD où ils recevront un accueil plus que favorable de la part du public. A cette occasion va naître une solide amitié entre Sir Kilminster et Danko qui se conclura par une participation de notre roi de la Rickenbacker dans le clip : "Full Of Regret". En 2010 sort un album qui surprend énormément une bonne partie de leurs fans où nos killers proposent un Hard Rock bien plus mélodique qu'à l'accoutumé. Danko a décidé de se mettre à chanter (sa spécialité étant à l'origine le chant hurlé selon ses propres termes). Son idée étant de rendre ainsi hommage à tous ses héros comme THIN LIZZY, KISS, VOIVOD, RAMONES, MOTORHEAD ou encore DEATH ANGEL. Pour cela le combo n'hésitera pas à faire appel à un producteur des plus réputés en la personne de Nick Raskulinecz connu pour son travail avec les FOO FIGHTERS ou ALICE IN CHAINS. Nos buveurs de sirop d'érable partent aussitôt en tournée avec GUNS N' ROSES, ce qui leur permet de jouer devant des foules immenses et conquérir de nouveaux fans. Cette série de concerts restera d'ailleurs un événement marquant pour Danko qui se fera le grand défenseur d'Axel Rose en toute circonstance. Même si l'album très bien accueilli par toute la presse spécialisée, nos aficionados optent pour un retour aux sources avec Below for The Belt et décident de retravailler avec leur producteur de toujours, Matt Dematteo, véritable quatrième membre de l'équipe. S'en suit un album truffé de bombes mélodiques destiné à rassurer tous les fans qui, semble-t-il, avaient étés désorientés par Never Too Loud. Après une tournée mondiale de plus d'un an, nos lascars sont de retour avec un nouveau dvd : "Bring on The Mountain", une véritable pépite pour tous les admirateurs du combo, et un nouvel album : Rock'n'Roll is Black And Blue qui s'annonce d'ors et déjà comme la suite logique de Below the Belt. Bref du Danko Jones pur jus qui devrait ravir tous ses fans. Avec une actualité aussi riche, Metal Impact se devait d'en savoir un peu plus sur ces deux sorties successives et c'est avec un plaisir non dissimulé que votre serviteur se rend au rendez vous fixé en plein Pigalle. Malgré les effets du décalage horaire (le kid arrivait directement de Toronto), rencontre exceptionnelle avec un rocker très sympathique, passionné et très affable et qui n'hésitât pas à me livrer quelques anecdotes croustillantes dont il semble raffoler. C'est à toi Danko !
Line-up : Danko Jones (chant/Guitare), John "JC" Calabrese (basse), Atom Willard (batterie)
Discographie : I'm Alive And On Fire (2001), Born a Lion (2002), We Sweat Blood (2003), Sleep Is My Ennemy (2006), Never Too Loud (2008), B-Sides (2009), Below The Belt (2010), Rock'n'Roll Is Black And Blue (2012), Bring On The Mountain (DVD - 2012), Fire Music (2015)
M-I Interviews du groupe : Danko Jones (Juil-2012), John "JC" Calabrese (Nov-2014)
Metal-Impact. Bonjour Danko, cela fait deux ans que Below The Belt est sorti. Quel regard portes-tu sur cet album maintenant ?
Danko Jones. Deux ans après, je l'aime encore beaucoup. Les réactions ont été très bonnes et il s'est très bien vendu. On a fait une tournée mondiale pour assurer sa promotion. Tout s'est magnifiquement bien passé surtout aux Etats-Unis où il a été diffusé par pas mal de radios, on s'est hissé à la 32ème place dans les charts Rock. Bien sûr, si on avait été dans le top 10, cela aurait été une toute autre histoire. Je pense que les choses auraient évolué différemment. Mais 32ème, c'est déjà pas mal. Ensuite on a senti qu'il était temps d'enregistrer un nouvel album.
MI. Est-ce que les choses ont évolué pour vous après ce classement ?
Danko. Oui, je crois. On a pu faire une grosse tournée aux USA. C'est bien mieux que se qui se passait avant. Les passages radio étaient ce qui pouvait nous arriver de mieux ! Ce n'est pas simple car le Rock n'est pas si populaire que ça la bas et ce n'est pas ce qui passe le plus sur les ondes. Les années ‘80 sont bien loin maintenant.
MI. Tourner c'est vraiment votre mode de vie ?
Danko. Complètement, ça fait presque 20 ans qu'on tourne sans arrêt. Bien sûr ce n'est pas toujours rose, il y a un coté que j'adore et un autre que je déteste. J'aime jouer tous les soirs devant un public qui vient écouter les titres que l'on a écrits, c'est toujours fantastique. Mais ce qui m'horripile c'est ce qu'il y a entre deux concerts, c'est relativement ennuyeux, tu passes ton temps à attendre et a voyager, ce qui au bout du compte n'est pas très productif.
MI. Est-ce qu'après toutes ces années tu prends soin de ta santé ?
Danko. Oui et c'est très important. Il y a beaucoup de personnes qui ne réalisent pas vraiment ce qu'est la vie on the road. Il y a un gros malentendu par rapport à la vie Rock'n'Roll et l'image qui est véhiculée par les groupes Rock en général. C'est vrai que quand tu commences tu n'as peur de rien, tu es jeune et tu vis au jour le jour sans jamais penser au lendemain. Tu t'éclates toute la nuit mais quand tu débutes, les tournées ne durent pas plus d'une semaine ou deux et souvent tu ne fais des concerts que le WE, tu peux récupérer sans aucun problème de tes folies nocturnes. Mais quand tu commences à vendre et avoir du succès tu pars en tournée pour plusieurs semaines voir des mois et là tu t'aperçois très vite que tu ne peux pas faire des excès tous les jours. Et les seules personnes qui font ça sont souvent les grandes stars du Rock, c'est eux qui véhiculent cette image très caricaturale, ce style de vie complètement dingue. Mais ce que très peu de gens savent c'est que ces musiciens sont totalement assistés, ils ont des assistants qui prennent soin d'eux et qui s'occupent de toutes les choses du quotidien. Ils ont en général deux jours de repos entre chaque show pour récupérer et ils voyagent en classe affaire ou première quand ils prennent l'avion. Du coup ils peuvent dormir toute la journée, dans l'avion ou à l'hôtel, ils n'ont rien à faire d'autre que de se reposer et de jouer chaque soir ! Des gens gèrent tout autour d'eux, ils s'occupent des bagages, des hôtels, des billets d'avion, de la nourriture, des voitures, de tout ! Et ça personne ne le voit, quand le public entend des histoires ou lit des articles où tu apprends que telle ou telle star s'est couchée à 7 heures du matin après une nuit de dingue, ils ne savent pas qu'ils n'ont même pas à porter leurs propres valises ! [Rires] Mais la plupart des groupes de Rock ne sont pas dans cette situation. Nous ne sommes pas un groupe énorme, on voyage en classe restreinte, on porte nos bagages, on fait tout par nous même. Il n'y a personne qui vient me réveiller le matin, je mets mon réveil comme tout le monde ! Ces stars qui racontent qu'ils ont fait un méga show et qu'ensuite ils sont partis faire la fête toute la nuit sont de gros bébés entourés de nombreux serviteurs. Voilà la différence avec nous, mais dans notre cas si tu ne manges pas bien, si tu ne dors pas assez, tu vas très vite tomber malade, et ça on ne peut pas se le permettre. DANKO JONES fait cinq ou six shows de suite avant d'avoir une journée de repos et ainsi de suite. Si tu ne fais pas attention, tu ne vas pas assurer sur scène et ton public qui paie cher sa place va être déçu. Il va trouver ton show pourri et ça me mettrait très mal à l'aise car j'aurais l'impression de les voler. Je ne veux pas faire ce genre de connerie, je veux donner le maximum et être correct avec mon public, ce n'est pas parce que je fais du Rock que je dois être défoncé à longueur de journée et faire n'importe quoi. Et quand je vois des combos se comporter de cette manière, je pense qu'ils n'ont aucun respect pour leurs fans et qu'ils les volent tout simplement.
MI. GUNS N' ROSES sont vraiment l'image parfaite de ce style de vie Rock ?
Danko. Oui, Axel est capable de se coucher à 9 h du matin et chanter le jour suivant sans aucun problème. Je crois que c'est un des derniers vrai Rocker, il est l'incarnation de la Rock Star comme on l'imagine. C'est un génie ! Faire la fête comme il le fait et assurer un concert de 2H30 le lendemain, c'est impressionnant. C'est vrai qu'il a une très mauvaise réputation pour de nombreuses raisons mais elle n'est pas méritée. Les avis sont très tranchés sur lui, ou tu adores Axel ou tu le hais, il n'y a pas de juste milieu. Mais j'ai énormément de respect pour lui, il nous a très bien traité et je l'ai vu se vider les tripes sur scène chaque soir. C'est un seigneur, il a été extraordinaire avec nous. J'ai adoré ouvrir pour les GUNS N' ROSES ! On n'avait aucune contrainte venant du groupe ou de son entourage, on faisait notre set en toute liberté.
MI. Alors vous avez vraiment été bien traité !
Danko. [Rires] Oui, il faut savoir que c'est les GUNS N' ROSES qui choisissent leur première partie, ils ne tournent pas avec des musiciens qu'ils n'apprécient pas. On a eu de la chance d'être choisi et pour nous, ça a été du bonheur. Les roadies, le groupe, tout le monde veillait à ce qu'on soit bien et que l'on puisse jouer dans les meilleures conditions. Ils nous voulaient pour ouvrir sur leur tournée, que demander de plus.
MI. Tu es prêt à repartir immédiatement alors ?
Danko. On est prêts à assurer n'importe quelle tournée avec eux, n'importe quand et n'importe où ! On les suivra partout où ils iront et d'ailleurs c'est ce qu'on a fait. On est prêts à faire plusieurs fois le tour du monde avec eux.
MI. C'était comment les dates avec OZZY ?
Danko. On a joué à Bercy avec lui, c'était énorme mais on ne l'a pas rencontré, on l'a juste vu de loin ! [Rires] Mais OZZY, c'est toujours impressionnant. On a ouvert pour lui en Espagne le mois dernier dans le cadre du Azkena Rock Festival et c'était grandiose ! C'est un monument et il assure toujours autant.
MI. Vous allez faire quelques festivals cet été ?
Danko. Oui, cinq ou six ce qui n'est pas beaucoup pour nous. En général, on en fait 20 ou 30, je pense que c'est ce qu'on va faire l'année prochaine d'ailleurs. J'adore ça.
MI. Que préfères-tu, les clubs ou les énormes concerts ?
Danko. Dans les clubs, l'avantage c'est que tout le monde te voit bien, ce qui n'est pas le cas dans les festivals. Mais ce genre d'événement te permet de présenter ta musique à beaucoup de gens qui ne te connaissent pas forcément et conquérir de nouveaux fans. Dans les petites salles, c'est plus intense car tout le monde est là pour toi, connait tes morceaux et tu dois donner beaucoup. En même temps, il y a beaucoup de pression car c'est ton concert. Les fans te connaissent par cœur, tu ne peux pas te planter. Dans les festivals, c'est totalement différent mais tu dois aussi donner le maximum car tu dois convaincre et essayer de faire en sorte d'être accepté, tu dois faire tes preuves devant beaucoup de gens qui ne connaissent pas ta musique, le challenge est différent !
MI. ous venez de sortir un double dvd : Bring On The Mountain, c'est quelque chose qui te tenait à coeur ?
Danko. Oui, ça représente un an de travail pour tout monter et trier le matériel dont on disposait. On a filmé tous les shows de la dernière tournée. Du coup on s'est retrouvé avec énormément d'images, beaucoup trop même. On a demandé à un ami qui a travaillé sur les clips de Below The Belt de faire le tri et de voir ce qui était exploitable. On ne voulait pas filmer un concert unique avec cinq ou six caméras, parce qu'au bout de cinq ou six titres je trouve que tu t'ennuies. Nous, on a choisis de filmer une cinquantaine de dates, ce qui fait qu'on avait cinquante versions différentes de chaque titre. Après on n'avait plus qu'à choisir. Chaque concert a une ambiance particulière et c'est ça qui est intéressant. C'est une manière de travailler différente et le public ne va pas s'ennuyer ! Quand tu mets un dvd live et que tu es assis dans ton canapé, tu peux t'ennuyer très très vite car ce sont les mêmes prises de vues tout au long du concert. On a voulu éviter ça à tout prix. On a fait un double dvd avec un beau packaging et des shows qui vont de 1996 à 2011. Plus un documentaire de 90 minutes qui retrace toute notre histoire, et on a ajouté tous les clips qu'on a tournés au cours de notre carrière. On avait envie d'en donner un maximum à nos fans. Cela fait 16 ans qu'on existe, ça fait un long parcourt maintenant et on voulait que le public découvre d'où on vient. On ne voulait pas se focaliser sur les cinq ou six dernières années. Avec ce doc, tout le monde va découvrir qu'on est là depuis un bon moment. Par exemple en Europe, la plupart des gens ne nous connaissent que depuis onze ans, mais on a commencé cinq ans avant au Canada et dans le nord des Etats-Unis. Certains fans américains ou canadiens ne connaissent pas notre parcours en Europe. D'autres nous ont découvert il y a trois ou quatre ans, tout le monde devrait y trouver son compte au final des deux côtés du monde. Les gens vont découvrir notre véritable parcours et voir d'où on vient. Tu sais, je suis un collectionneur et j'ai gardé une âme de fan et je sais ce qu'attend quelqu'un qui aime un groupe. C'est pour ça qu'on a mis un maximum d'infos, c'est important, et puis il y a un superbe livret. Mon idée c'est que ce dvd me plaise aussi à moi comme si je l'achetais, je ne voudrais pas être déçu par le produit.
MI. Il y a aussi un court métrage qui s'appelle The Ballad Of Danko Jones, tu te lances dans le cinéma ? [Rires]
Danko. [Rires] Oui on peut dire ça comme ça. En fait l'idée est née quand on a fait la série de clips pour Below The Belt, on s'est dis qu'on pouvait faire un court métrage avec tout un tas d'invités. C'est pour s'amuser qu'on a fait ça, il ne faut pas prendre tout ça très au sérieux. D'ailleurs il ne faut pas s'attarder sur l'histoire. Ca me fait toujours rire, il y a des personnes qui viennent te voir et qui te posent tout un tas de questions sur le scénario et sur ce qu'on a voulu dire. Ils analysent tout, et ils sont surpris souvent car je leur réponds : mais on s'en fout ! [Rires] … "On a fait un petit film pour s'amuser avec l'acteur qui joue le rôle de Frodo dans le Seigneur Des Anneaux et toutes ces personnes qu'on admire et qui nous on fait le privilège de bien vouloir participer à cette petite aventure c'est tout !". On a de la chance d'avoir des amis comme Lemmy, Elijah Wood, Selma Blair (Hellboy, Sexe Intention) et on a pris un grand plaisir à travailler avec eux. Tout le monde cherche à comprendre la raison, le sujet du film, c'est carrément drôle !!! La raison est simple, on a fait ça pour bien s'amuser et c'est tout ! [Rires]
MI. Bring On The Mountain a un rapport direct avec le titre que vous jouez live et que vous n'avez jamais enregistré ?
Danko. Oui, c'est une chanson que l'on joue tous les soirs depuis des années et qu'on n'a jamais voulu enregistrer en studio. On a trouvé que c'était un bon titre pour le dvd, c'est un morceau important pour nous, on le joue depuis le tout premier jour.
MI. C'est un hommage à tous les héros du Rock qui ne sont plus parmi nous comme Bon Scott, Eric Carr ou Steve Clark ?
Danko. Oui, c'est exactement ça. Steve Clark, je me souviens pas si j'en parle mais j'aurais dû ! [Rires] Je l'ai rencontré une seule fois dans un magasin de disques, je devais avoir quinze ans.
MI. C'est comme pour DEATH ANGEL, tu étais très jeune quand tu les as rencontrés pour la première fois ?
Danko. Oui, je me souviens, je devais avoir 16 ans. J'étais un super fan, j'étais encore à l'école et ils faisaient une dédicace dans un magasin de disques et Mark Osegueda et Andy Galeon se sont marrés en me voyant arriver parce que j'étais habillé bizarrement avec mon uniforme d'écolier un peu comme Angus. C'est bizarre de repenser à ça, j'ai jammé avec eux l'année dernière, on a reparlé de cette histoire avec Mark et on a bien rigolé. Maintenant je joue avec eux de temps à autres et souvent on plaisante à propos de cette anecdote. C'est drôle la vie !
MI. Comment t'es-tu retrouvé dans cette situation ?
Danko. C'est un truc de dingue, je sortais du lycée et comme j'habitais loin, je n'avais pas le temps de rentrer chez moi pour me changer. Si je faisais l'aller retour, je loupais la signature. J'ai donc foncé direct en sortant de l'école sans hésiter une seule seconde. Je savais qu'après ils allaient repartir à la salle faire le soundchek donc il n'y avait pas d'autre solution. Finalement, je les ai rencontrés de nouveaux des années après, en 2004 et je leur ai tout raconté. Mark et Andy ont bien ri je peux te l'assurer [Rires]. Cette histoire était gravée dans ma mémoire. Maintenant je suis resté en contact avec eux, je corresponds par email avec Dennis, Rob et même Mark et Andy. Le seul que j'ai jamais rencontré c'est Gus qui a fait partie du groupe il y très longtemps, il joue sur le premier album.
MI. Est-ce que c'est facile d'avoir de vrais amis dans le milieu musical ?
Danko. Oui, j'ai été très chanceux j'ai pu rencontrer tous mes idoles, tous ceux dont j'ai adoré la musique quand j'étais gamin. Ceux qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Un gang comme VOIVOID a beaucoup compté pour moi, je suis devenu ami avec Michel Langevin. Je me souviens que j'avais des posters de VOIVOID dans ma chambre et maintenant je les connais très bien, j'étais pote avec Piggy (Dennis d'Amour) qui malheureusement nous a quitté en 2005. Quand j'ai pu le voir en chair et en os pour la première fois, ça a été certainement une des plus belles rencontres que j'ai jamais faite. Il est décédé maintenant, mais ça a été extraordinaire pour moi, je n'oublierai jamais. On jouait dans un club et des types qui travaillaient dans la salle m'ont dis que Piggy venait voir notre show, j'ai répondu : "le gars de VOIVOD" et ils m'ont dis "oui". Je leur ai dis : "Whao mais j'adore ce groupe". C'était notre concert et ce que j'ai fait c'est que j'ai été l'attendre dehors, j'étais dans une voiture et je guettais son arrivée. Je voulais être là pour l'accueillir et quand il est arrivé j'étais comme un gosse, je me suis présenté et puis on a discuté et pour moi c'était incroyable j'en revenais pas. Je peux te dire que c'était un gars fantastique, c'est des moments comme ça que j'apprécie, des instants magiques que tu n'oublies jamais.
MI. Que ferais-tu si Gene Simmons venait te voir sur scène ? [Rires]
Danko. [Rires] Mais je l'ai rencontré, c'était en 2005. J'avais entendu énormément d'histoires à son sujet comme quoi il pouvait être très sympa et parfois être très désagréable. Mais avec moi ça s'est très bien passé, il a été très convivial et j'ai passé un bon moment.
MI. Pourquoi avoir appelé ce nouvel opus : Rock n Roll is Black And Blue ?
Danko. Le Rock n Roll est une musique qui reste très populaire même si il y a eu des hauts et des bas. Elle a influencé tellement de styles et le Heavy Metal reste aussi bien présent dans le monde ! C'est pour se rappeler que cette musique est toujours vivante et qu'elle est là depuis des décennies.
MI. Ca n'a pas un rapport avec l'album Black'n'Blue des ROLLING STONES ?
Danko. [Rires] C'est marrant ta réflexion, tu peux penser cela, mais pour moi c'est en rapport avec la passion qui m'anime et l'état du Rock ‘n' Roll.
MI. Quelle est pour toi la définition du Rock ? Est-ce que c'est un mode de vie ?
Danko. Pour moi c'est juste de la musique. Petit à petit les gens en ont fait un style de vie mais la majorité de ces personnes n'ont pas vraiment une vie rock alors qu'ils pensent en avoir une. Ils pensent avoir cet état d'esprit mais ce n'est pas la vraie vie Rock'n'Roll. Pour moi cela correspond à écouter cette musique autant que tu veux. Mais c'est vrai que cela représente quelque chose pour la population : un genre de choix de vie ! Etre Rock c'est avant tout être libre, faire ce que tu as envie et vivre comme tu l'entend. Ce n'est pas forcément ce à quoi tout le monde pense. Cette caricature qui circule et à laquelle certains adhèrent: sexe, drogue et alcool ! Etre défoncé en permanence peut être un style de vie pour certain mais pas pour moi, c'est une autre attitude qui me fait avancer, faire ce que je veux et être libre voilà ma devise. Mais certainement pas être défoncé 24H/24H en me ventant que c'est ça la vie Rock. Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas mon attitude parce qu'ils ne voient que tous ces clichés qui sont souvent véhiculés par les média et ils appliquent cela au pied de la lettre en pensant que c'est ça être Rock. Mais pas moi, je suis très conventionnel, c'est un mode de pensée, un état d'esprit mais lié à la musique et pas à ses à cotés. Pour moi, ce qui compte c'est jouer partout où je peux, c'est ça mon style de vie Rock. Ce qui se passe à coté ne m'intéresse pas vraiment, seule la musique compte et j'aime des styles très variés ; ça va du Metal au jazz en passant par le Punk. Et pour moi c'est avoir l'esprit Rock mais dans le bon sens du terme.
MI. J'ai vu que tu étais très intéressé par les pochettes de jazz et qu'elles t'ont même inspiré pour DANKO JONES !
Danko. Oui, complètement. Pour moi c'est les meilleures pochettes que l'on peut trouver sur le marché. Et c'est vrai que je les adore, il y a une attitude qu'on retrouve dans cet univers. Elles sont très Rock et elles ont beaucoup de classe.
MI. Et la nouvelle pochette de Rock'n'Roll is Black ‘n' Blue elle est comment ?
Danko. Elle n'est pas faite (l'album sort le 9 octobre 2012) !!! [Rires] Je pense qu'on va y songer dans les prochaine semaines, je ne sais pas encore ce que ça va donner. On a fait une photo session il y a deux semaines mais on n'a pas pu tout terminer en temps et en heure. Du coup on assure des journées de promo sans que tout soit finalisé. J'ai une idée mais je n'ai pas terminé d'en parler avec les autres. Je suis quelqu'un qui fonctionne par flash donc je ne sais pas du tout ce qui va se passer pour l'instant. Cette nouvelle pochette sera une surprise totale.
MI. Est-ce que l'écriture a été facile pour ces nouveaux morceaux ?
Danko. Oui, quelque part c'est toujours facile, on a de la chance tout a été très vite. L'inspiration est venue sans problème. Ca a pu être de difficile pour certains albums parce qu'on ne savait pas vraiment ce que l'on voulait. Cette fois ci on a un nouveau batteur, il est arrivé il y a un an et il nous a donné une nouvelle énergie. Du coup cela nous a inspiré pour composer, on a écrit 40 titres et on en a enregistré 15 ou 16 et 12 ont finis sur ce nouveau disque.
MI. La sélection n'a pas du être facile !
Danko. Non, ce n'est pas un problème pour nous, choisir les morceaux a été très facile, ce qui est difficile c'est d'être prêt à rentrer en studio pour enregistrer. Ce qui est important dans le choix c'est ce que tu ressens par rapport à chaque titre, c'est ce qui te permet de faire la différence. Bien sur, il y a certaines chansons qui auraient pu finir sur ce cd et qui ont été écartées, ce n'est pas grave elles seront peut être sur le prochain.
MI. Quand j'ai entendu "Always Away", je me suis dit "Whao mais c'est AC/DC" , l'intro fait immédiatement penser à Thunderstruck !
Danko. Oui, on a bossé avec Mike Frazer et c'est lui qui a enregistré le morceau "Thunderstruck" ! [Rires] Il a enregistré et mixé l'album Ballbreaker, Stiff Upper Lip, il a travaillé avec METALLICA, AEROSMITH, MOTLEY CRUE, moi j'adore Who Made Who. Et "Always Away" est un hommage à "Thunderstruck" à The Razor Edge, Who Made Who toute cette période où AC/DC avait cette créativité incroyable. C'est d'ailleurs un titre qui nous a posé un problème et on en a beaucoup discuté entre nous. On ne savait pas si on devait l'inclure dans Rock n Roll is Black And Blue. Au final on a décidé de le garder c'est pour ça qu'il y a douze titres, au départ il ne devait y en avoir que onze.
MI. Pourquoi ce titre vous a posé problème, parce qu'il sonnait trop AC/DC ?
Danko. Non pas du tout, car justement on voulait qu'il sonne comme ça, c'est un hommage à nos héros. C'est juste parce qu'on n'était pas d'accord sur ce titre, certains pensaient que c'était le meilleur titre qu'on ait écrit, d'autres le contraire. Parfois quand tu es trop impliqué dans l'écriture, tu n'as plus le recul nécessaire pour avoir un avis objectif et tu ne sais plus ce qui est bon ou pas. Je me souviens avoir écouté des morceaux inédits ou des bonus de groupes et ces titres étaient fantastiques et pourtant personne ne les connaissaient. Et souvent quand je leur posais la question "Mais pourquoi ce titre n'a pas fini sur l'album ?», ils me répondaient invariablement que leur jugement avait été altéré. A force d'avoir travaillé sur ces morceaux pendant de longues semaines, leur choix avait été faussé au moment de la sélection des morceaux qui allaient finir sur le disque. Ce genre d'aventure nous est aussi arrivé c'est pourquoi on a sorti un album qui s'appelle B-Sides. Parfois certaines chansons inédites sont meilleures que celle de nos albums. Cette fois ci on n'a pas voulu commettre une nouvelle erreur, d'ailleurs c'est possible que les fans pensent que c'est le meilleur morceau de cette galette, on verra bien.
MI. Comment avez-vous rencontré Mike Frazer ?
Danko. Il vit à Vancouver et il y a deux ans il est venu nous voir en concert. Après le show, il est venu parler avec nous et on lui a dit : Si tu viens pour bosser avec nous ça ne va pas être possible parce que Below The Belt vient juste de sortir et on ne va rien enregistrer pendant au moins deux ans. Il nous a répondu : Je ne suis pas là pour trouver du travail, je suis ici parce que j'aime DANKO JONES, j'ai tous vos albums et voilà la messe était dite. On a décidé de travailler avec lui parce que c'est un fan de DANKO JONES et qu'il avait envie de s'investir un maximum avec nous.
MI. Tu as pu récolter quelques anecdotes à propos d'AC/DC ?
Danko. Oui, je suis friand de ce genre d'infos. Je lui ai demandé comment s'était passé l'enregistrement du morceau "Thunderstruck" et il m'a répondu que la mélodie que l'on entend au début et que tout le monde connaît (Il se met à chanter) a été faite en une seule prise. Et le plus dingue dans toute cette histoire, c'est qu'Angus fumait une cigarette pendant la session et que la cendre n'est pas tombée par terre pendant toute la prise. Pour te dire qu'Angus peut être d'un calme olympien quand il enregistre. La clope s'est consumée alors qu'il jouait sans tomber au sol. Incroyable ! [Rires] Et si tu écoutes attentivement le morceau tu t'apercevras que ce n'est pas parfait, c'est juste ce que l'on peut faire de mieux en une seule prise. Mais tout y est, il ne fallait surtout pas en refaire une autre, il y avait cette forme de magie le petit truc en plus qui fait que c'est devenu un classique incontournable, qu'il joue toujours sur scène d'ailleurs. Je vais te raconter une anecdote à propos de Rock'n'Roll is Black And Blue ; j'étais en studio pour enregistrer un morceau, et j'étais intimement convaincu qu'il fallait que je le fasse en une seule prise. Sinon je savais que j'allais y passer la nuit ! J'avais beaucoup répété mais tu ne sais jamais combien de temps il te faut pour mettre en boite un titre. On avait rendez-vous au studio à vingt et une heure et je me suis dis bon je vais terminer au petit matin et je n'avais vraiment pas envie de rentrer chez moi à quatre heures du matin. C'était trop tard pour moi. Je ne voulais pas passer des heures sur cette chanson alors j'ai tout donné sur une seule prise, les autres m'ont regardé et m'ont dis : mais c'est bon ce que tu viens de faire ! J'ai répondu : Vous êtes sérieux les gars ? Ils m'ont dis : oui c'est super ! Ok et bien moi maintenant je rentre à la maison alors ! [Rires]
MI. L'enregistrement s'est bien passé alors ?
Danko. Ce n'est jamais facile, c'est beaucoup de travail et tu rencontres toujours des difficultés pour des tas de raisons différentes à chaque fois. Un enregistrement facile ça n'existe pas.
MI. Vous avez retravaillé avec votre compère de toujours, Matt Dematteo, ça ne vous facilite pas la vie ?
Danko. Oui et non, ça nous aide bien évidemment mais en même temps le fait qu'on se connaisse depuis longtemps peut être un frein à la créativité. On veut toujours essayer de se renouveler et parfois ce genre d'exercice est difficile avec quelqu'un que tu connais bien. Mais l'avantage c'est que Matt nous connais bien sur scène et ça nous apporte un plus énorme, ce n'est pas comme un producteur que tu ne connais pas du tout et qui t'a vu une seule fois en concert. Mais c'est toujours très dur, chaque album est un challenge et je pense que c'est pareil pour n'importe quel artiste.
MI. Quel est ton sentiment maintenant que l'enregistrement est terminé ?
Danko. C'est un énorme soulagement ! On vient juste de terminer et tu es toujours heureux d'avoir abouti et pu mener à terme ton projet. Tu te dis ouf ça y est c'est fini, même si on a encore plein de travail et de choses à finaliser avant la sortie officielle. J'aime cet album, je l'ai écouté complètement terminé il y deux semaines et hier encore et je pense qu'il est dans le prolongement de Below The Belt, c'est vraiment une continuité parfaite. C'est du pur Rock'n'roll comme on aime. On ne se prend pas la tête, on n'est pas des intellos et on n'est pas là pour donner notre avis sur l'état du monde, on n'est pas du genre à se poser trop de questions.
MI. Pourtant "I Believe In God" est très provocateur. Finalement vous avez rencontré Dieu ? [Rires]
Danko. [Rires] On a fait ce morceau parce que depuis le début de notre carrière on entend un peu partout que nous sommes des prédicateurs et on ne fait pas partie de ce mouvement, on a rien à voir avec les évangélistes et toute cette mouvance chrétienne. Et on s'est dit que puisque tout le monde pense que nous sommes un groupe chrétien qui porte la parole de Dieu, alors allons-y, faisons un morceau sur ce thème. On n'est pas des chrétiens et j'ai fait très attention aux paroles pour que les gens ne se trompent pas à notre sujet. Et finalement le titre est génial. J'ai incorporé des éléments qui rappellent un peu ces groupes chrétiens comme du gospel mais c'est pour rire !!! C'est uniquement pour nous moquer de ceux qui pensent cela de nous.
MI. Merci Danko !
Danko. Merci Beaucoup (en Français).
Ajouté : Lundi 10 Septembre 2012 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Danko Jones Website Hits: 15052
|