TOP ! Je suis, je suis, groupe américain de Brutal Deathcore formé en 2005 dans la ville de Cincinnati, Ohio. Considéré par beaucoup comme une alternative crédible et rafraichissante aux vieilles formations essoufflées, je suis membré par quatre beaux bucherons musclés et tatoués. Ayant fait forte impression avec mes deux premiers albums sortis en 2007 et 2009 dont notamment The Resting Sonata unanimement salué par la critique, je reviens sur le devant de la scène en 2011 avec mon troisième album intitulé Gates Of Punishment et rencontre un succès certain en Europe grâce à ma signature sur Metal Blade Records. Groupe dont le nom évoque des funérailles bien que leur musique soit très peu diffusée aux enterrements, je suis, je suis ? Vous ne savez pas ? Eh bien les 36 ouvrages de l’encyclopédie complète sur la botanique camerounaise ne seront pas pour vous. Ce qui sera pour vous, c’est la méga grosse baffe infligée par ROSE FUNERAL avec ce nouvel effort.

Concernant la posologie de ce groupe et la configuration de cet album, tout a été dit. Il faut l’avaler avec un grand verre d’eau. Et si la digestion est pénible, s’armer d’antiflatulents tels que Maalox. Parce que même les estomacs les plus endurcis par la malbouffe, mêmes les foies les plus abimés par la picole auront du mal à assimiler ce comprimé ultra-compact. Les seules secondes de répit seront en ouverture de « Legions Of Ruination ». Un feu qui crépite, le glas de la mort et la déferlante. La déferlante de rage, de haine, d’un son typiquement américain qui vous déboite les cervicales une à une. Un parpaing en fusion qui vous explose le crâne, un rempart de riffs dégueulasses qui s’abat sur vous. On n’enlèvera pas à ROSE FUNERAL sa brutalité outrecuidante, ni même sa volonté permanente de verser dans les univers apocalyptiques, comme pour mieux figurer sur le prochain film catastrophe à succès. Les ambiances glauques chevauchent des guitares boostées aux amphets. Une approche très masculine, presque machiste se dégage d’un album aux couilles hirsutes. Heureusement, c’est quand on est sur le point d’appeler l’association Ni Putes, Ni Soumises, que les américains nous collent la charmante chanteuse lyrique Kate Alexander sur le titre « Malignant Amour ». L’occasion de relever que ROSE FUNERAL a vraiment fait un effort sur les vocaux. Si Steve Tucker (cinq ans chez MORBID ANGEL) fait un featuring discret sur « False Divide », c’est surtout la performance exceptionnelle de Ryan Gardner qui sera au centre de toutes les attentions. Alternant des growls de rhinocéros enragé avec des screams râpeux aux frontières du Black, ce garçon livre juste une prestation de malade. Et il en fallait une sacrée paire pour jouer des coudes et se faire entendre entre des instrumentistes qui rivalisent de technicité. Le fait est que justement, la cohésion de groupe est très appréciable ici. Les ricains tirent tous dans le même sens et ça joue énormément sur la fluidité d’une œuvre que rien ne saura ébranler. Je crois que le pire ennemi d’un tel full-lenght c’est lui-même. A trop vouloir oppresser, martyriser, détruire et harceler, c’est aussi une homogénéité bête et méchante qui ressort parfois. On ne veut pas vraiment demander à ROSE FUNERAL d’être plus créatif ou plus modéré, car cette violence plait totalement, mais ils gagneraient à mettre en avant leurs talents de compositeurs, maintenant qu’on a bien compris qu’ils savaient bourriner. Tout ça, on y pensera au prochain album, l’important étant de savourer celui-là.

Car fréquentes sont les démonstrations de bestialité exubérantes. Mais rares sont les démonstrations de bestialité intelligentes. Assurément, Gates Of Punishment est à ranger dans ces deux familles. C’est une belle performance, pleine de promesses, d’avenir. ROSE FUNERAL n’est pas considéré comme la relève pour rien. Et maintenant que le stade « espoir » est validé, on fera preuve d’un peu plus d’intransigeance à l’avenir. Plus rien ne leur sera désormais pardonné.