Beware, période faste et productive pour AMORPHIS ! Encore sur la lancée de son sublime Skyforger paru l’année dernière, nos sympathiques finlandais se sont mis en tête de nous gaver une bonne fois pour toute de leur Metal progressif et mélodique, glacé comme les vents polaires, avec le coffret Forging The Land Of Thousand Lakes, à qui succèdera, moins de trois mois après, le best-of Magic & Mayhem (review à suivre) qui regroupe des chansons des trois premiers albums réarrangées et réenregistrées. Hélas, et croyez bien que je le regrette, le label Nuclear Blast ne nous a octroyé l’accès qu’à la section CD de cette sortie en vue de cette chronique. Toute la partie DVD passe donc à la trappe. Mais de quoi se compose réellement cette œuvre ? De 2 DVD’s. Le premier vous plongera dans l’ambiance du concert qui a eu lieu à Oulu en 2009. Le second contient le set qui a été joué lors du Summer Breeze Open Air 2009. En bonus, un documentaire sur les 20 ans d’existence du groupe, tous leurs vidéoclips, une galerie photo ainsi qu’une interview du groupe. Les plus veinards d’entre nous, qui auront la chance d’acquérir l’édition limitée, bénéficierons en plus, de deux CD’s avec l’intégralité du concert d’Oulu. Une sorte de best-of live qui sera analysé ici.
Ce sont deux des tubes de Skyforger qui introduisent ce Forging The Land Of Thousand Lakes, à savoir « Silver Bride » et « Sampo ». C’est toujours un grand plaisir de redécouvrir ces mélodies puissantes, ô combien mélancoliques mais agencée avec tant de virtuosité que nos pieds se détachent peu à peu du sol. L’ami Tomi est en grande forme derrière son micro. Ça ne se voit peut-être pas, mais ça s’entend ! Ses rugissements de fauve copulent avec de longues plaintes claires. L’esprit AMORPHIS, le vrai et l’unique, plane au dessus de chacun des morceaux, tel un blizzard hurlant à la mort. Seule la Finlande est capable de livrer ce genre d’atmosphères, presque religieuses sur « Castaway ». LACRIMAS PROFUNDERE aura essayé, tant bien que mal… mais au final, ce sont les AMORPHIS, les SENTENCED, les NIGHTWISH qui dominent ce courant. Nous sommes à des années lumières du AMORPHIS violent et un brin brouillon des débuts. Il n’y a d’ailleurs aucun représentant de The Karelian Isthmus (1992) et seulement deux de Tales From The Thousand Lakes (1994). Preuve qu’AMORPHIS s’épanouit davantage dans son nouveau mouvement, plutôt axé Gothic Rock mélancolique que Death / Doom mélodique. Mais vous le savez, on n’oublie jamais d’où on vient. Et « Majestic Beast », bien qu’issue de Skyforger, est là pour le rappeler avec son tempo très grave, typé Death et ses growls bien foutus. Pour le reste, arrivé à la moitié de l’effort, j’ai réalisé que ce coffret s’adressait vraiment aux fans de longue date et/ou aux inconditionnels purs et durs de nos scandinaves. AMORPHIS propose tout de même une heure et demie de son répertoire. Et aussi varié et riche soit-il, il faut une volonté de fer ou un amour d’enfer pour rester concentré tout ce temps. Sachant que la même performance, illustrée en image, devrait être un régal pour les yeux et les oreilles, à n’en pas douter. Nonobstant, il serait déplacé de railler pareille avalanche de tubes. Il faut serrer les dents, fermer les yeux et simplement se laisser transporter. Forging The Land Of Thousand Lakes aura eu le mérite de réveiller en moi la flamme AMORPHIS. Mon aversion pour le Metal progressif n’a pas bougé d’un iota. Mais je m’étale de tout mon long devant le talent et le génie du combo finlandais, qui est la seule vraie « machine à hits » que j’ai croisé dans ma courte carrière. Interpréter un « Sky Is Mine » aussi parfaitement après ce set de malade, ça se résume à plus que du professionnalisme. C’est une classe, un monde à part.
Même si on sent qu’AMORPHIS s’est surtout adressé à ses fans avec une box très complète, on ne peut s’empêcher, même en néophyte, de glorifier un groupe qui a su être intemporel, qui en 20 années d’existence, n’a pas pris une ride et qui est encore capable aujourd’hui, de se transcender pour faire de chaque sortie, un effort meilleur que le précédent. Leur musique ne comblera sans doute pas toutes les oreilles, mais la notion de respect sera en lumière dans le cœur de chacun. Le mien en premier.